samedi 30 novembre 2013

Help!

Dans la série "films dont je ne sais que penser", je voudrais...

By Tate Taylor

Considérée comme l'une des productions les plus importantes de 2011, The Help ne me faisait pas du tout envie à l'origine, principalement à cause de son titre français aux relents niaiseux. Mais finalement, mon amour des castings féminins et la présence de Jessica Chastain dans la troupe m'ont conduit à céder à la tentation.

Résultat : l'expérience me laisse totalement perplexe. D'un côté, le film m'a énormément diverti, quitte à utiliser des recettes faciles (la confrontation Allison Janney / Bryce Dallas Howard est par exemple fort jouissive mais franchement convenue), et je n'ai absolument pas vu passer les 2h20 de fiction. En outre, tous les personnages ont réussi à m'intéresser à un moment ou un autre, et la plupart des performances étaient effectivement à la hauteur de leur réputation. Mais... s'il est facile de se laisser porter par l'histoire le temps du visionnage, les réflexions qui s'ensuivent font place à une réalité bien plus en demi-teinte, la première impression qui ressort étant que l'oeuvre souffre d'un énorme problème de scénario. En effet, quel est l'intérêt de reléguer les deux personnages les plus importants (les bonnes) au rang de seconds rôles pour centrer la narration sur Skeeter, certes très importante dans l'avancement de l'action, mais dont la vie privée nous intéresse quand même bien moins que le quotidien difficile d'Aibileen et Minny? Et pourquoi n'a-t-on pu accorder une place plus conséquente à ces dernières sur une durée de film aussi longue? Il paraît que c'est exactement la même chose dans le livre, mais ça reste à mon avis un écueil qui aurait pu être corrigé lors de la transposition à l'écran. Notons au passage que le fait que l'héroïne soit blanche ne me pose pas de problèmes dans la mesure où de tels personnages auraient très bien pu exister, même si je comprends que, connaissant Hollywood, certains se soient interrogés sur le côté "donnons-nous bonne conscience" de l'intrigue. Mais ce qui m'ennuie surtout, ce sont toutes ces séquences pas forcément cohérentes sur la vie sentimentale de Skeeter, toutes basées sur des éléments qui n'apportent rien à la narration ni à la psychologie de l'héroïne, ce qui se fait au détriment des protagonistes que j'avais davantage envie de voir à l'écran. A vrai dire, à force de tirer dans trop de directions à la fois, le film finit par moments par perdre de vue son sujet principal, même si certaines intrigues plus périphériques ont vraiment su m'intéresser.

Pour le reste, c'est bien filmé sans que la réalisation mérite de véritables louanges, mais plutôt que vous parler technique, je préfère passer en revue les principaux personnages afin de pouvoir mieux éclaircir mon ressenti.


Prenons tout d'abord Emma Stone (Skeeter), le seul vrai premier rôle du film, mais aussi le personnage le plus problématique. Comme je le disais plus haut, elle est essentielle à l'histoire, mais son histoire personnelle l'est moins. Or, si d'un côté on peut se féliciter que le film rectifie le tir du poncif "c'est parce qu'elle n'a pas de boyfriend qu'elle se bat pour des causes progressistes", puisqu'elle ne lâche jamais son combat même une fois casée, il n'empêche que ses rapports sentimentaux avec Stuart manquent bien trop de cohérence pour nous faire croire que ça avait un quelconque intérêt pour l'intrigue. En effet, Emma Stone nous offre le revirement de situation le plus spectaculaire qui soit en acceptant finalement l'invitation à dîner du beau "fils de" alors qu'elle a simplement l'air de s'ennuyer à mort en sa compagnie, d'autant que l'actrice ne suggère à aucun moment une quelconque attirance pour celui-ci. En clair, la seule chose qui pouvait intéresser chez Skeeter était son refus de se plier aux conventions, mais comme elle finit par céder sans difficultés et, pire, sans convictions, elle en vient à perdre toute saveur. Et c'est bien dommage, car autrement, sa personnalité peine à captiver, tant elle est banale sous sa gentillesse. Par ailleurs, Emma Stone a une fâcheuse tendance à rater ses plus grandes scènes à force de grimaces en tous genres, ce qui déçoit terriblement après sa captivante apparition en mode Louise Sawyer.


Bien plus digne d'intérêt est l'Aibileen de Viola Davis, injustement délaissée dans une grande partie du film alors qu'on aurait préféré la voir davantage en scène. Que Skeeter, plus à même d'être publiée, fasse avancer l'histoire, oui, mais pourquoi toujours placer Aibileen dans une situation de dépendance vis-à-vis d'autrui, alors qu'on la sent dès le début assez ferme pour pouvoir agir par elle-même? J'admets que l'émancipation d'Aibileen aille moins vite que celle de Minny par rapport à ses drames personnels et son caractère naturellement plus réservé, mais il reste quand même dommage qu'en choisissant de ne la montrer dans des séquences archi convenues le film nous prive finalement de moments à fort potentiels concernant le personnage. Concrètement, j'ai eu l'impression de revoir Sybil de Far from Heaven en un peu plus développée, mais sans qu'on me raconte des choses vraiment innovantes à son égard. Heureusement, cette sensation de manque est un peu estompée par la performance de Viola Davis qui joue parfaitement sur le mode de l'émotion, et parvient à rester vraiment marquante malgré son rôle à clichés (le deuil). Mais disons qu'on reste malgré tout difficilement surpris par son travail : c'est très bien joué, mais il manque le je-ne-sais-quoi de plus qui aurait pu faire entrer Aibileen dans la légende.


A l'inverse, Octavia Spencer se charge de donner une touche rocambolesque à l'histoire, mais par comparaison avec Viola, sa performance pâtit quelque peu dans la mesure où elle n'a qu'à se laisser porter par un personnage plus flamboyant, en n'ayant qu'à lui donner la dose de charisme nécessaire. Minny constitue donc un bon rôle qui marque les esprits, mais Aibileen est à mon avis un plus grand challenge vu ses limites scénaristiques. Cependant, Octavia n'a nullement démérité puisqu'elle doit elle aussi apporter une note émotionnelle à l'intrigue, ce dont elle se tire avec brio. Mais là encore, on a du mal à être surpris par cette composition, tant on a l'impression d'avoir déjà vu et revu des milliers de seconds rôles de ce genre, où l'émotion perce sous une repartie rafraîchissante. Et puis, je dois confesser n'être pas du tout fan du coup de la fameuse tarte, à peu de choses près le clou du spectacle, qui me semble à la limite plus dégradant pour l'auteur que pour la victime. Après, c'est peut-être mon syndrome Natalia Landauer qui veut ça, mais le fait demeure : il y avait bien d'autres manières plus honorables de traiter ce problème, quoiqu'on puisse louer le travail de l'actrice lors de cette séquence, grâce à son regard pénétrant et ce soupçon de satisfaction qui fait du bien à voir chez Minny. Quoi qu'il en soit, on a là un personnage croustillant fort bien joué, même si l'écriture du rôle peine à nouveau à me convaincre totalement.


Malgré tout, Aibileen et Minny restent des personnages un milliard de fois mieux écrits que l'infâme Hilly Holbrook de Bryce Dallas Howard, une mégère sadique tellement caricaturale qu'elle semble avoir été pensée par un gamin en plein caprice. Et j'admets qu'il y a certainement eu des personnes aussi mesquines en vrai, mais quand on connaît le degré de violence inouïe atteint à cette époque, Hilly fait davantage croire à un cartoon, et il aurait finalement été bien plus captivant d'en faire une femme plus nuancée, au racisme plus insidieux, ce qui aurait pu donner toute sa force au film. Mais en l'état, le personnage est trop didactique, et se vautre dans bien trop de clichés, pour nier qu'Hilly perd tout intérêt dès la première demi-heure. En clair, plutôt que de charger Hilly de toutes les méchancetés du monde, accorder une plus grande place à Elizabeth Leefolt, l'employeuse au racisme beaucoup plus sournois, aurait considérablement enrichi le propos. A part ça, coincée dans cette storyline unidimensionnelle, Bryce Dallas Howard tente tant bien que mal de faire quelque chose de son personnage, mais ça ne commence à fonctionner qu'à deux minutes du générique de fin. Dommage, car l'actrice avait probablement du potentiel pour faire mieux, le rôle eut-il été un minimum plus riche.


Heureusement, Hilly n'est qu'un personnage parmi d'autres, et The Help compte aussi des seconds rôles beaucoup plus touchants. C'est le cas de Celia Foote, incarnée par mon idole de la décennie, Jessica Chastain. Alors au début, ça n'a l'air de rien : elle fait juste la fille naïve pas foncièrement brillante, mais profondément gentille, et l'on peut effectivement reprocher à ce rôle d'être un autre cas de "bonne conscience" aux ficelles un peu faciles (la blanche rejetée par ses pairs n'est pas raciste, forcément!). Toutefois, l'énorme présence de l'actrice, et les multiples opportunités qu'elle a à sa disposition pour détailler Celia (l'isolement, le mépris, les fausses couches, l'ivresse) donnent tellement de dimensions au personnage qu'on a sincèrement l'impression d'être en face d'une des meilleures performances du film. A ce titre, il est d'ailleurs assez gênant que ce soit la dame la moins centrale dans l'histoire qui ait autant de travail à exploiter, et pas Minny ou Aibileen. Mais ça n'est certainement pas la faute de Jessica qui se révèle d'une émotion et d'une flamboyance auxquelles je ne peux rester insensible. Me connaissant, la question doit cependant rester de mise: est-ce mon admiration pour Jessica Chastain qui m'a fait adorer le rôle, ou Celia est-elle réellement le personnage le plus fascinant? Je ne saurais dire, mais la réalité est indéniable : j'ai plus accroché à Celia qu'à Minny et Aibileen.


Et pour bien enfoncer le clou, celle du casting qui m'a finalement le plus marqué n'est nulle autre que le deuxième personnage le moins essentiel à la trame générale, Charlotte Pheeler, jouée par la toujours prodigieuse Allison Janney. En définitive, c'est elle qui a le plus de grain à moudre puisqu'elle doit non seulement trouver l'équilibre entre propos très réac et sympathie, mais aussi exploiter plein d'autres éléments à portée de main, de la maladie aux rapports mère/fille, en passant par l'amitié et l'image qu'elle doit renvoyer en public. Elle a donc beaucoup à faire, là encore au point d'éclipser les personnages centraux, même si par moments on aurait presque envie de tirer la sonnette d'alarme "réchauffé". Néanmoins, la performance est tellement bien maîtrisée que l'actrice s'élève constamment au-dessus des variations les plus attendues, si bien qu'on a toujours envie d'en savoir plus sur Charlotte. Un clin d’œil par-ci, une main devant la bouche par-là, Allison parvient ainsi à donner une épaisseur considérable à son personnage, au point de s'imposer comme le réel standout de la dernière demi-heure. Et c'est finalement elle qui sert le mieux le propos par son racisme insidieux, quoique, attention spoiler, son épilogue ait encore des relents de "bonne conscience" sur l'air du "ouf, mais en fait non, tout va bien"... Ceci dit, ça n'affecte pas la performance d'actrice.


Sinon, The Help fait aussi la part belle à de sympathiques figurantes, à l'instar de la légendaire Cicely Tyson, pour qui il serait plus que jamais temps de créer un Oscar du meilleur caméo! Parce qu'elle est tellement sublime lors de ses trop rares apparitions qu'en quelques regards et à peine trois répliques elle est en passe de voler la vedette à tout le monde. Hélas, Constantine reste totalement sacrifiée, de quoi ajouter aux faiblesses d'un film qui partait avec de fascinantes héroïnes mais qui préfère déplacer le curseur d'intérêt sur d'autres.


La non moins légendaire Sissy Spacek n'est pas plus en mesure de régler ce problème puisque malgré son caméo, elle est tout de même plus développée que Cicely. Mrs. Walters apporte ainsi une empreinte rigolote à l'histoire, mais comme elle reste coincée dans la storyline de Bryce Dallas Howard, elle ne fait finalement que refléter de gigantesques lieux communs. A sa décharge, elle ne passe pas inaperçue, et rien que pour ses répliques devant son horrible rejeton, on ne se plaindra pas de son rôle.

D'où mes pensées mitigées sur l'ensemble. D'accord, le film regorge de personnages pour lesquels on ressent vraiment quelque chose, mais ça ne s'épargne pas certaines maladresses, dont cet énorme problème de point de vue. D'ailleurs, finissons par crever l'abcès qui dérange le plus, sous le couvert d'une grosse alerte spoiler pour qui n'aurait pas vu la fin : l'histoire est plutôt bien balancée entre des personnages au racisme primaire (Hilly), ceux au racisme plus insidieux (Elizabeth, Charlotte), ceux a priori pas racistes mais que le système de domination ne dérange absolument pas (Mrs. Walters), et des personnages pas du tout racistes (Celia, Skeeter, Aibileen, Johnny Foote), de quoi éviter l'écueil du "tous pourris". Néanmoins, à force de reléguer les principales intéressées (Minny, Constantine, Aibileen) dans l'ombre, l'histoire échoue à dénoncer ce qu'elle voulait dénoncer, à l'image de cet épilogue à double tranchant : on devrait théoriquement croire que les choses ne sont pas aussi roses que ça et que la société va encore être très lente à évoluer, certes, mais à la manière dont c'est présenté, on a vraiment l'impression que les personnages finissent tous par atteindre naïvement un idéal enviable à la fin. Mais est-il enviable de dîner avec ses gentils patrons mais de savoir qu'on fera la cuisine pour le restant de ses jours? D'avoir brisé le cœur de sa meilleure amie mais que, ouf, on le regrette alors tout va très bien, madame la marquise... ? De rester femme au foyer dans l'angoisse de se faire belle et bonne ménagère pour son mari? De réaliser qu'on n'a pas été très gentille mais qu'on va réengager une bonne dans la seconde qui suit? Navré, mais vous ne m'enlèverez pas de l'esprit que ces épilogues sont présentés assez candidement comme de bonnes choses. Et puis non, estomper progressivement le point de vue d'Aibileen, qui ouvre et clôt la narration tout de même, pour montrer que ouf, il y a des employeurs qui peuvent être très gentils (le summum étant atteint avec Johnny), ça semble aussi hypocrite que le typecasting pratiqué par Hollywood à tout bout de champ.

Après, cette erreur principale commise par le film est en partie rattrapée par les performances, mais le fait que les deux seules qui ont le plus de nuances à apporter soient aussi les plus périphériques n'est pas très bon signe. Ça n'empêche cependant pas Viola Davis et Octavia Spencer d'être très efficaces, mais comme je l'ai déjà dit, elles font trop stéréotypées pour créer la surprise.

Pour le moment, je reste à 6/10. Je n'ose mettre moins car c'est tout de même un film qui se regarde sans déplaisir, et l'effort pour varier les nombreux personnages est indéniable. Mais entre ces maladresses et ces héroïnes moins développées que leurs employeuses, ça ne mérite certainement pas plus.

vendredi 29 novembre 2013

Scaramouche (1952)

Et l'on commence dès à présent avec le film qui a égayé ma semaine, j'ai nommé...

Un film de George Sidney.

Je suis extrêmement friand de films de cape et d'épée, mais j'avoue que passé les collaborations Flynn-Curtiz, j'avais tendance à être assez déçu par ce qui s'est fait par la suite, à l'image des médiocres Mousquetaires du même Sidney. Mais finalement, je me suis décidé à poser les yeux sur Scaramouche, les ors et cramoisis du coffret DVD et la présence d'Eleanor Parker au générique m'ayant ferré comme un brochet. Or, sans avoir été totalement ébloui, j'ai tout de même passé un excellent moment, Scaramouche étant de meilleure facture que les Mousquetaires, malgré quelques longueurs ça et là qui, heureusement, n'empêchent pas de rester totalement sous le charme. En clair, après deux bons tiers de film faisant la part belle à des combats étourdissants et des personnages flamboyants, le rythme s'accélère dans une dernière demi-heure trépidante, portée par un duel final d'une dizaine de minutes à couper le souffle. Et comme chaque mouvement est partie intégrante de chorégraphies enchanteresses, le tout dans des décors vraiment ravissants soutenus par la partition grandiose de Victor Young, je me suis finalement laissé emporter par ce grand spectacle. Il faut dire que le scénario a également le mérite d'être bien ficelé quoique peu innovant, malgré quelques surprises, parfois bonnes (un type trop lisse qui a le bon goût de ne pas faire long feu), parfois ridicules (la révélation finale), qui ajoutent du sel à l'aventure. En somme, disons que les points négatifs (une première représentation scénique aux gags peu inventifs, le Scaramouche originel potentiellement truculent qui disparaît sans explications, ou encore l'infâme bonnet de nuit de Janet Leigh!) s'effacent complètement devant des atouts bien plus nombreux, d'où cette impression de divertissement dont on ne se lasse pas.


A noter également que le film est amusant pour ses anachronismes comme les affectionnait Hollywood en son âge d'or : ces rues d'une propreté qui ferait pâlir Joan Crawford de jalousie, ces roulottes tout confort super bien rangées, sans compter ces panneaux flambants neuf en pleine campagne normande pour éviter au voyageur de s'égarer entre deux bifurcations! Et notons que je ne m'en plains pas: je vénère plus que tout ces esthétiques fantasmées. Politiquement, l'histoire prête aussi à sourire, sachant qu'il est par exemple tout à fait naturel de se pointer au parlement en s'écriant, le sourire jusque là: "Coucou c'est moi! Le député de la vallée de Chevreuse ne participera pas aux débats aujourd'hui car je viens de lui planter mon épée dans le ventre, héhéhé!" "Bon, très bien, merci de nous prévenir, la séance peut commencer." Normal...


Cependant, la grande force du film réside surtout dans cette galerie de personnages tous plus cool les uns que les autres. Stewart Granger, officiellement le plus bel acteur de la décennie, livre notamment une performance énergique, peu nuancée mais teintée d'ironie, évoquant sans avoir à rougir les héros d'Errol Flynn. De surcroît, son personnage n'est pas exclusivement sympathique, agissant moins pour des convictions politiques dont il moque la syntaxe des pamphlets que par vengeance, ce qui lui fait gagner des points.


Les personnages féminins ont quant à eux une vraie personnalité, chose assez exceptionnelle pour être remarquée dans ce type d'histoires au point de vue très masculin. Eleanor Parker se révèle à nouveau flamboyante et très charismatique, dévoilant de la douceur sous un caractère ferme, et faisant preuve de tant d'humour (le bouquet!) qu'on finit par n'avoir d'yeux que pour elle au fur et à mesure de l'intrigue. Sinon, dans les bonus du DVD, je ne sais quel intervenant vous dira qu'elle a "essentiellement tenu des rôles similaires", prenant à témoin The King and Four Queens... Et à part ça, Caged? Detective Story? Interrupted Melody? Lizzie? C'était juste pour remplir son frigo? Bref, sa Lenore, sans être sa plus grande création, n'est qu'une des multiples facettes de la dame la plus versatile de son époque, et lui aura permis d'ajouter un bon rôle entraînant à sa riche carrière.


Janet Leigh, pourtant pas à son avantage vu ses costumes bien plus carnavalesques que ceux des comédiens, parvient quant à elle à sortir totalement du cliché de la jeune fille de bonne famille douce et naïve, grâce à son fort caractère qui perce sous sa courtoisie et à sa présence d'esprit plus que vivifiante. Sans surprise, les confrontations entre les deux femmes sont d'ailleurs ce qui m'enchante le plus dans l'intrigue, à l'instar de leurs échanges de regards amusés en pleine séance au parlement. Sur le papier, ces personnages pas du tout féministes auraient pu ne servir que de faire-valoir au héros, mais les actrices y ajoutent tant de personnalité qu'elles transcendent les clichés de la "courtisane caractérielle agitée de la casserole" et de la "princesse à marier".


Mel Ferrer fait pour sa part montre de toute la hauteur et la prestance requises pour incarner un antagoniste digne de ce nom et, concernant les autres personnages, qu'il est bon de retrouver Lewis Stone ailleurs qu'en docteur/mari/amant/confident de Garbo, quand bien même il ne serve qu'à faire joli! Autrement, Henry Wilcoxon et John Dehner ont une présence incontestable, tandis que Nina Foch est elle aussi d'une irrésistible fraîcheur en Marie-Antoinette reconvertie en dame marieuse!

En somme, il ne s'agit certainement pas là d'un chef-d'oeuvre, mais Scaramouche n'en reste pas moins très réussi, et c'est un sans fautes côté divertissement. Un solide 7/10 n'est pas de trop.

jeudi 28 novembre 2013

Résurrection


Hi! En ce moment, je suis bloqué dans mon odyssée oscarienne, faute de temps, de films rares que je tiens absolument à visionner avant d'entamer de nouvelles années, et parfois de lauréates que j'ai du mal à sélectionner quand la concurrence se fait rude. Sans compter que je suis à présent victime de la fâcheuse manie de faire des listes à tout va, ce qui me pousse également à m'intéresser aux catégories que je maîtrise moins, des acteurs aux scenarii, en poussant même le vice à mettre mon grain de sel dans les costumes et la décoration d'intérieur...

Quoi qu'il en soit, si j'ai un peu de temps libre avant Noël, j'aimerais avancer du côté des fifties, tout du moins chez les actrices de premier plan, mais je ne m'engage pas. Toujours est-il que le plaisir de parler cinéma me manque, alors tant qu'à mettre les Oscars en stand-by dans l'immédiat, j'aimerais combler le vide en évoquant rapidement les films qui m'ont le plus marqué parmi mes nouvelles découvertes. Mais attention, ça va partir dans tous les sens!

So long!

lundi 23 septembre 2013

Oscar de la meilleure actrice 1988

Comme 1987, 1988 m'excite à un point inimaginable. En même temps, regardez le nom des concurrentes:

* Glenn Close - Dangerous Liaisons
* Jodie Foster - The Accused
* Melanie Griffith - Working Girl
* Meryl Streep - A Cry in the Dark
* Sigourney Weaver - Gorillas in the Mist

Apparemment, les pronostics étaient assez ouverts cette année, puisque hormis Meryl Streep qui avait été honorée tout son content en dix ans, on retrouvait quatre candidates jamais récompensées, et ce dans des rôles particulièrement marquants. Les Globes eux-mêmes ne surent plus où donner de la tête, ce dont témoigne la victoire de non pas une mais trois lauréates dans la catégorie drame. Shirley MacLaine ne s'étant pas retrouvée aux Oscars, il restait donc Jodie Foster et Sigourney Weaver, mais comme la seconde était nommée au même moment pour son second rôle dans Working Girl, elle n'était pas considérée comme une réelle menace dans cette catégorie. Malheureusement, sa double nomination eut pour effet pervers de diviser son socle de voix, si bien qu'elle fut la première actrice à repartir bredouille dans un tel schéma, à l'inverse de Fay Bainter et Teresa Wright. Dès lors, il semble bien que chez les premiers rôles 1988, l'Oscar se soit principalement joué entre Glenn Close, Jodie Foster et Melanie Griffith. La première en était notamment à sa cinquième nomination et restait totalement overdue, tandis que la troisième était pour sa part bien aidée par son Globe comédie, l'immense succès de son film, et ce petit côté "révélation" d'une actrice qu'on n'avait jusqu'alors jamais vraiment prise au sérieux. Mais c'est finalement Foster qui remporta le prix, sans doute grâce à son rôle très fort de femme violée et à sa métamorphose d'enfant star se révélant actrice de tout premier ordre.

Quoi qu'il en soit, voilà pléthore de noms tous plus prestigieux les uns que les autres, qui ne resteront malheureusement pas tous dans ma liste.

Je retire:

Melanie Griffith - Working Girl: Sur le coup, le film m'avait vraiment diverti, ce qui me donnait une bonne image de la performance de Melanie Griffith. Le problème, c'est qu'un second visionnage a changé la donne, et pas vraiment dans le bon sens. En effet, Working Girl me semble finalement très daté, voire indigeste par moments pour cette romance inutile avec Harrison Ford, et concernant l'héroïne, même si j'aime toujours la sagacité de Tess McGill, il ne fait à présent plus aucun doute que c'est vraiment le scénario qui me la rend sympathique, d'autant que Melanie comme le reste du casting se font en définitive tous pulvériser par le seul réel atout du film: Sigourney Weaver. Je suis donc actuellement plus réceptif à toutes les critiques qu'on peut faire à Melanie, à savoir qu'elle parle effectivement avec une voix de petite fille qui empêche de croire totalement que Tess puisse avoir des idées de génie pour son entreprise, qu'elle joue par ailleurs sur la même note pendant deux heures sans jamais esquisser le début d'une évolution, et que certes, la voir renverser du champagne sur son patron prête juste à sourire sans pour autant faire fendre les mâchoires. Cependant, il faut tout de même reconnaître de bonnes choses à cette performance, à savoir que l'actrice insuffle un énorme capital de sympathie à l'héroïne au point qu'on se soucie vraiment de son sort, et que, bien qu'elle prenne effectivement peu de risques, elle reste tellement rigolotte et choupinette qu'il est souvent difficile de résister à son charme. En outre, elle a beau être mono-expressive, ça lui permet de s'en tirer pas trop mal dans le registre du désabusement. Disons qu'en termes de jeu, c'est sans doute la moins bonne performance de la liste, mais en ne faisant que le strict minimum, Melanie évite malgré tout les impairs bien plus irritants des recalées suivantes.


Jodie Foster - The Accused: Lapidez-moi en place de Grève si vous le voulez, mais j'assume : I didn't get Jodie Foster in The Accused. En fait, mon principal problème vient de la première moitié du film où, malheureusement, je n'ai pas cru un instant à ce que je voyais. Par exemple, si l'émotion est bien rendue dès l'ouverture lorsque l'actrice parle à voix basse et jette des regards très nerveux, j'ai eu beaucoup plus de mal à croire à la vulgarité du personnage par la suite, comme si l'on voyait une interprète tenter de jouer avec des manières rustres, sans toutefois parvenir à les rendre réelles, et force est de reconnaître que ce très mauvais scénario, qui ne s'épargne aucun cliché du type "on n'a rien à se dire, je claque la porte", n'a pas aidé à rendre le tout plus réaliste. En outre, comme dans cette partie du film l'intrigue se perd dans un blabla juridique incompréhensible, on a encore du mal à se laisser totalement toucher par l'héroïne à ce moment-là. Heureusement, tout bascule dans la seconde moitié, à partir du témoignage de Sarah à la barre. Là, Jodie devient progressivement convaincante quand elle raconte avec une grande détresse l'ignoble viol dont elle a été victime, même si lorsqu'un flashback vient illustrer l'horreur du propos, le déchirement est peut-être plus inhérent à la scène qu'à l'actrice. En tout cas, le personnage devient tout de suite plus intéressant dans cette deuxième partie, puisque l'on voit Sarah apprendre à se battre pour sa propre dignité, chose qui ne lui était pas vraiment arrivée jusqu'alors, et cette transformation est finalement bouleversante, à l'image de ce dernier sourire adressé au témoin-clef de l'affaire. Malgré tout, j'ai trop de réserves sur l'ensemble, donc quoique étant reconnaissant envers cette nomination qui a tenté de faire évoluer les mentalités, écrire que cette interprétation est aussi exceptionnelle qu'on le dit ne refléterait pas mon opinion.


Meryl Streep - A Cry in the Dark: De plus en plus de gens s'accordent à dire qu'elle aurait dû remporter un troisième Oscar pour ce rôle, mais pour ma part, je considère que c'est l'une de ses moins bonnes performances. Déjà, comme vous le savez, je déteste les personnages crispants, et dans le genre, cette Lindy Chamberlain telle qu'on la voit ici est une championne : devenant outrancièrement froide après le drame, elle ne donne jamais l'impression de ressentir les choses en profondeur, et si le propos nécessite effectivement que l'actrice présente une héroïne glaciale dont les réactions trompent les médias, ça reste tout de même trop en surface pour qu'on puisse réellement croire que ce stoïcisme soit un moyen d'exprimer quelque chose, surtout si c'est pour redevenir étrangement humaine vers la fin. L'autre problème, et de loin le plus important, c'est qu'on a beau parler de Meryl Streep, ça ne l'empêche nullement de... faire n'importe quoi avec son accent! Mais sincèrement, c'était quoi, ça? Non contente de parler à voix basse pour masquer ses difficultés à s'exprimer comme une Australienne de souche, Meryl enfonce encore plus le clou en baragouinant la moitié de ses répliques dans un phrasé mal articulé, si bien qu'on ne comprend pas le tiers de ce qu'elle raconte! Et ne me faites pas croire que c'est la faute de cet accent australien à couper au couteau, les interprètes de ces contrées sont généralement un délice à écouter. Donc pour le coup, et à la différence de Sophie's Choice où émotion et technique étaient restituées de main de maître, cette performance ne fonctionne sur aucun tableau. Dommage.


Ma sélection:

Glenn Close - Dangerous Liaisons: Un an après avoir révélé son côté obscur dans le désormais culte Fatal Attraction, Glenn a mis la barre encore plus haut pour présenter une héroïne machiavélique d'une complexité inouïe. Et comme on le sait, le résultat est un éblouissement de tous les instants. Déjà, Glenn a tellement la classe dans ses vêtements XVIIIe siècle qu'on ne doute jamais un instant qu'elle était faite pour le rôle plus qu'aucune autre, et bien sûr, ce n'est que la moindre de ses qualités. Car l'actrice dessine à merveille cet équilibre extrêmement difficile à trouver entre l'aristocrate impitoyable qui tient le sort des tous les autres personnages dans le creux de sa main, et la femme terriblement humaine qui se laisse finalement ronger par ses blessures. A ce titre, la scène de transition lorsque Valmont lui révèle sa nuit avec Tourvel est un moment inégalable, et il est plus que jamais passionnant de voir la marquise passer de regards machiavéliques souvent fort drôles à des expressions déchirantes qui l'amènent à une chute vertigineuse particulièrement poignante. A vrai dire, même ses regards les moins subtils, telle la descente de carrosse, acquièrent un statut mythique tant Glenn Close est idéale pour incarner cette grande comédienne qu'est Merteuil. Mais si tous les aspects de cette performance me semblent absolument réussis, le morceau de bravoure reste probablement la scène où la marquise raconte comment elle a façonné le personnage qu'elle est devenue : douceur et dureté y sont savamment mêlées, au point que Merteuil nous met de son côté sans le moindre effort. Superbe tour de force.


Sigourney Weaver - Gorillas in the Mist: Peut-être pas son plus grand rôle vu qu'elle reste plus piquante dans Working Girl au même moment et qu'on l'aime encore davantage pour Ripley, mais il n'empêche que j'ai été totalement subjugué par son portrait de Dian Fossey, au point de conserver chaleureusement cette nomination ici. Pour commencer, Sigourney donne vie, à travers cette performance, à l'un de mes fantasmes les plus chers, à savoir tout plaquer pour aller étudier des animaux, et voir ce vieux rêve se modéliser à l'écran me met d'emblée dans de très bonnes dispositions à l'égard de ce rôle, quand bien même le film n'a rien d'un chef-d'oeuvre. Mais de manière plus objective, j'ajouterai  que l'actrice est une fois de plus formidable, livrant une performance héroïque pleine d'humanité qui ne peut qu'emporter l'adhésion. Sa détermination s'imprime ainsi très bien dans ses regards et les émotions qui affleurent viennent constamment souligner les forces et les faiblesses de Dian, de quoi donner une très grande épaisseur à ce rôle qui aurait pu ne rester qu'un prétexte vaguement caricatural destiné à faire pleurer les foules. En outre, Sigourney parvient à établir un lien très fort avec les gorilles réels, de quoi ne jamais faire douter de l'authenticité de ses émotions, et elle reste tout autant admirable face aux singes factices, alors qu'il n'est pas automatiquement facile de jouer aussi bien devant des pastiches. Dès lors, il s'agit pour moi d'une très bonne performance qui confirme tout le bien que je pense de la dame.


Jamie Lee Curtis - A Fish Called Wanda: Et voilà, 25 ans après tout le monde, je me suis enfin décidé à regarder A Fish Called Wanda, grâce aux bons soins de Kevin Kline que j'apprécie beaucoup par ailleurs, et que j'avais très envie de découvrir dans son rôle à Oscar. Résultat : le film est éminemment sympathique bien que ce ne soit pas du tout, mais alors pas du tout (!), mon genre d'humour (les frites dans le nez, l'avocat en sous-vêtements, pouah); l'essentiel étant de savoir que les acteurs sont vraiment bons, et souvent bien plus drôles par eux-mêmes que les situations en tant que telles. Et si Kevin Kline et surtout l'hilarante Maria Aitken ont principalement capté mon intérêt, la toujours très drôle Jamie Lee Curtis n'a pas été en reste avec son indéniable talent comique et son personnage de voleuse impénitente qui bat tous les garçons à plate couture. Le plus amusant, c'est lorsqu'elle se présente comme une jeune femme respectable, lunettes d'intello à l'appui, afin de mettre dans sa poche l'avocat dont elle a besoin pour récupérer les bijoux : le contraste avec des scènes beaucoup plus sexy qui la voient au bord de l'orgasme dès qu'on lui parle en italien devient alors tout simplement jubilatoire. Ainsi, l'actrice joue sur plusieurs tableaux à la fois, et tour à tour sage et aguicheuse, ou encore complice et sans scrupules, elle est finalement à mourir de rire à chaque rebondissement. Et si l'on ajoute que son sourire ravageur justifie pleinement le charme qu'elle exerce sur tous ses partenaires et sur le spectateur, on comprend qu'elle mérite entièrement sa place ici.


Gena Rowlands - Another Woman: Tiens, Gena Rowlands ailleurs que chez Cassavetes, ça donne quoi? Ça donne une fois encore l'une des performances les plus extraordinaires de toute l'histoire du cinéma. Rien de plus, rien de moins. De surcroît, le film est bel et bien ancré dans mon top 5 des plus grands chefs-d'oeuvre de Woody Allen, alors autant dire que lorsque j'avoue aimer ce rôle, c'est un euphémisme. Et en cet instant, vous vous dites que j'en fais peut-être trop? Même pas, car Gena parvient à illustrer avec une précision déconcertante les multiples complexités du personnage, trouvant l'équilibre exact entre l'antipathie suscitée par cette grande intellectuelle étouffante et la sympathie se dégageant de ses blessures plus ou moins refoulées. Ainsi, portée par sa voix grave et posée, elle est d'une intensité à couper le souffle devant la caméra, et c'est avec une force poignante et une subtilité exemplaire qu'elle révèle comment les certitudes de Marion s'effritent à l'aube de la cinquantaine. De même, son visage très composé, s'autorisant de rares moments de grandes émotions, est constamment frappant de justesse, ce qui est évidemment plus qu'admirable. En outre, ses rapports avec chacun des seconds rôles, dont Mia Farrow, Sandy Dennis et surtout Gena Hackman, sont tous plus sublimes les uns que les autres, et ajoutent à la perfection de ce magnifique portrait de femme. Sincèrement, le film a beau ne pas être le plus évoqué lorsqu'on pense à Woody, l'oeuvre comme la performance de Rowlands sont au-delà des mots. Admirable tour de force.


Susan Sarandon - Bull Durham: Bon, j'ai longtemps été réticent à la nommer pour ce film auquel j'ai bien du mal à accrocher, mais à la réflexion, ce n'est pas parce que je n'ai aucun goût pour le baseball, Kevin Costner, les chemises à fleurs ou les fesses de Tim Robbins qu'il faut nier le brillant de cette performance d'actrice, performance d'autant plus réjouissante pour moi que l'effet de surprise marche à plein régime, puisque avant Bull Durham je ne connaissais Susan Sarandon que pour ses rôles plus tragiques. Quoi qu'il en soit, son énorme charisme est toujours aussi présent, ce qui lui permet de porter le film et de voler la vedette à tout le monde. En outre, j'adore son personnage qui fait preuve d'un caractère flamboyant, si bien qu'Annie ne se laisse jamais marcher sur les pieds : au contraire, c'est elle qui mène la danse et impose son style de vie à son entourage sans être en aucune manière dérangée par les regards extérieurs. Susan est ainsi absolument parfaite dans ce rôle plutôt féministe, et chacun de ses sourires donne une épaisseur considérable à une histoire assez poussive par moments, de même que chacune de ses expressions les plus sérieuses ajoute de nouvelles dimensions à l'héroïne. Mais le plus grand exploit de l'actrice, c'est qu'elle me donne vraiment envie de retenter l'expérience alors que jusqu'à présent, jamais un film de sport n'avait eu la moindre chance de piquer mon intérêt. C'est ce qu'on appelle un miracle sarandien.

Voilà pour moi les cinq performances les plus excitantes de l'année, rôles qui sont également, (quelle surprise!), les plus modernes et les moins passés de mode d'un point de vue contemporain. Cependant, le prix ultime se joue surtout entre les exceptionnelles, et c'est un faible mot, Glenn Close et Gena Rowlands pour deux des plus grands rôles de l'histoire. And the winner is...


Glenn Close - Dangerous Liaisons

A mes yeux, la performance de la décennie. Tout à fait! En même temps, Les Liaisons est l'un des premiers grands films que j'ai découvert dans mon adolescence, et Glenn Close est l'une des toutes premières actrices que j'ai adoré, quoique pas forcément pour les bons rôles, alors autant dire que le choc a été très fort, et j'ai beau connaître le film par cœur à présent, je jubile toujours autant à chaque visionnage. C'est donc sans surprise que Glenn remporte un Orfeoscar pour ce qui reste incontestablement le rôle de sa vie, mais aussi le plus grand rôle des années 1980 selon mes goûts. Pour tout vous dire, j'ai fait un milliard de captures d'écran sur son visage, et comme il n'est pas une photo qui ne reflète des expressions intenses et complexes, il va de soi que Glenn est absolument imbattable. Le fait qu'elle n'ait jamais reçu d'Oscar, notamment pour ce rôle, m'irrite d'ailleurs plus que vous ne pourrez jamais l'imaginer. Alors, vivent Glenn et la marquise de Merteuil, ce sont mes idoles! Sur ce, Gena Rowlands occupe une évidente seconde place, laissant Sigourney Weaver monter sur le podium. Parmi les deux concurrentes côté comédie, je fais quand même passer Jamie Lee Curtis devant Susan Sarandon, son film et sa performance étant tout de même plus séduisants.

A part ça, je me faisais cette réflexion, à savoir qu'en dehors des Liaisons et Another Woman, voire Gorillas in the Mist dans une certaine mesure, la plupart des films de 1988 sont aujourd'hui vraiment datés. Ca n'empêche évidemment pas d'y trouver de très bons numéros d'actrices, mais dans l'ensemble, difficile d'avoir vraiment envie d'y revenir une seconde fois. L'avantage, c'est que ça facilite amplement le classement fowlerien des performances...

dignes d'un Oscar: Glenn Close (Dangerous Liaisons), Gena Rowlands (Another Woman)




dignes d'une nominationJamie Lee Curtis (A Fish Called Wanda), Susan Sarandon (Bull Durham), Sigourney Weaver (Gorillas in the Mist): voir ci-dessus. Michelle Pfeiffer (Married to the Mob): c'est très drôle et très bien travaillé, mais ce n'est pas la plus grande performance comique de l'année à mon goût. A vrai dire, je préfère laisser Michelle en second rôle pour Les Liaisons, même si ce n'est pas du tout un second rôle dans les faits. Mais ça m'arrange de faire ainsi!


dignes d'intérêt: Geneviève Bujold (Dead Ringers): sincèrement, il n'y a aucun reproche à lui faire, mais j'ai bien du mal à ressentir quelque chose pour elle dans ce rôle. Geena Davis (Beetlejuice): peut-être pas la plus mémorable du casting, mais elle est si drôle et si sympathique qu'on ne peut qu'être sous le charme.  Barbara Hershey (A World Apart): une performance subtile pour une héroïne forte, probablement la meilleure dans cette catégorie. Christine Lahti (Running on Empty): très bien joué, mais sans doute un peu trop sur la même note pour vraiment me séduire. Shirley MacLaine (Madame Sousatzka): comme Bujold, Hershey et Lahti, une bonne performance fort bien menée, mais qui peine à vraiment toucher durablement. Marianne Sägebrecht CCH Pounder (Out of Rosenheim): parce qu'elles sont touchantes à la fin, même si pour en arriver là, il faut se farcir une heure irritante de grand n'importe quoi.


décevantesMelanie Griffith (Working Girl): bon d'accord, peut-être pas une grande performance, mais à partir du moment où le personnage m'a enthousiasmé, je valide tout de même sans regrets. Jodie Foster (The Accused): oui, je sais, cette seconde partie très solide me donne quand même envie d'être plus généreux, mais j'ai quand même toujours du mal à apprécier le tout. Kelly McGillis (The Accused): dotée du rôle le moins flamboyant, elle a du mal à rester vraiment fascinante, même s'il faut reconnaître qu'elle ne fait aucun faux pas. Meryl Streep (A Cry in the Dark): voir ci-dessus.


à découvrir:  Joan Allen (Tucker: The Man and His Dreams), Anne Bancroft (Torch Song Trilogy), Juliette Binoche (The Unbearable Lightness of Being), Kathleen Turner (The Accidental Tourist), Julia Roberts (Mystic Pizza), Theresa Russell (Track 29), Maggie Smith (The Lonely Passion of Judith Hearne): à moins qu'elle ne soit éligible pour 1987.


grande performance en langue étrangère: Carmen Maura (Mujeres al borde de un ataque de nervios): où l'on comprend pourquoi Carmen Maura restera à jamais la plus grande muse d'Almodóvar.



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samedi 14 septembre 2013

Oscar de la meilleure actrice 1987

Attention, année... extrêmement excitante! Au programme:

* Cher - Moonstruck
* Glenn Close - Fatal Attraction
* Holly Hunter - Broadcast News
* Sally Kirkland - Anna
* Meryl Streep - Ironweed

Et c'est finalement Cher qui remporta le prix... de popularité : après une campagne menée de main de maître l'ayant vu faire la une de tous les magazines, participer à bon nombre d'émissions et sortir un album étrangement intitulé... Cher, on ne pouvait certainement pas la manquer en cette saison de remises de prix, et ce d'autant plus que Moonstruck avait été un gigantesque succès. De surcroît, Cher avait déjà été remarquée chez Altman, déjà nommée aux Oscars chez Mike Nichols, et injustement snobée deux ans plus tôt pour Mask, qui lui avait valu un prix d'interprétation à Cannes, soit autant de facteurs ayant énormément joué en sa faveur cette année là. D'ailleurs, sa victoire aux Globes, devant Holly Hunter, alors favorite des critiques, acheva de lui donner une longueur d'avance, sachant que Sally Kirkland ne pouvait faire le poids bien qu'ayant remporté le Globe le plus prestigieux, dans la catégorie drame. Dès lors, cet Oscar 1987 fut un prix somme toute assez peu surprenant, mais les trois principales concurrentes de Cher lui donnèrent néanmoins du fil à retordre: Sally Kirkland avait elle aussi mené une campagne effrénée, avec le soutien d'une certaine Shelley Winters, Holly Hunter venait quant à elle de faire une percée monumentale avec deux grands succès la même année, tandis que Glenn Close en était alors à sa quatrième nomination en six ans, la première en premier rôle, de quoi souligner sa grande popularité chez les votants. Sans compter que Fatal Attraction fut un énorme succès et que le rôle d'Alex Forrest fit couler beaucoup d'encre, révélant au passage le caractère "maléfique" bien connu chez l'actrice de nos jours. Ainsi, ce n'est sans doute pas un hasard si tout le monde s'accorde à faire gagner Glenn aujourd'hui, mais même ses plus ardents supporters ne peuvent nier à quel point la concurrence fut rude. Étrangement, le spot le moins sûr fut celui de Meryl Streep, qui a prouvé que déjà à cette époque elle pouvait être nommée tout le temps, pour n'importe quel rôle. Pourtant, elle n'avait reçu aucun prix précurseur et sa nomination n'était pas du tout attendue, ce qui coûta sans doute une place à Lillian Gish.

Pour ma part, je précise qu'il me manque plusieurs performances attendues pour cette année, notamment Holly Hunter dans Raising Arizona, ainsi que Maggie Smith dans The Lonely Passion of Judith Hearne, dont j'ai du mal à déterminer la date d'éligibilité pour les Oscars. Ceci dit, ma sélection me convient tellement que je n'ai absolument pas envie d'en changer. Voyez plutôt.

Je retire:

Meryl Streep - Ironweed: Ironweed fait partie de cette cohorte de films qui étaient tous disponibles sur Youtube à l'été 2010 et qui coûtent à présent une fortune en DVD, aussi me faudra-t-il faire avec de lointains souvenirs pour vous parler d'une performance dont... j'ai hélas presque tout oublié dans le détail. Oups. Je peux néanmoins vous dire qu'il s'agit tout d'abord d'un bon rôle : le film a beau être franchement oubliable, les acteurs parviennent heureusement à s'élever bien au-dessus de ce matériel assez médiocre (mais comment en douter quand on parle de Meryl Streep et Jack Nicholson?), et Helen finit par être déchirante grâce au talent d'une actrice qui adopte très facilement le langage corporel d'une clocharde, tout en conservant une charge émotionnelle très forte dans ses yeux rougis. Néanmoins, ce (bon) travail n'est pas du tout ce qui m'intéresse lorsque j'ai envie de voir Meryl Streep, ce qui semble être confirmé par le fait que j'ai tout oublié d'elle aussitôt le film terminé. Peut-être le rôle manque-t-il de complexité (sous réserve d'un nouveau visionnage, il me semble qu'elle fait la même chose du début à la fin), peut-être cette performance manque-t-elle de subtilité, ou peut-être cela vient-il du caractère vraiment terne de l'oeuvre, mais l'évidence demeure : je n'ai jamais vraiment réussi à m'intéresser à tout ça, en dépit d'une agréable scène chantée. Et puis, dans le genre "femme paumée qui écume les bouges sordides", j'aime autant me tourner vers une autre actrice mythique cette même année. 


Cher - Moonstruck: Oui, je sais, sacrilège. Et pourtant, je n'ai que du bien à dire de Cher dans cette charmante comédie : elle est excellente, ne fait aucun faux pas, et l'on sent constamment la veuve un brin désabusée dans son jeu sérieux et chaleureux. Cher est ainsi en parfaite adéquation avec le ton du film, elle est idéale pour incarner Loretta, au point qu'on ne voudrait pas qu'une autre actrice ait eu le rôle, mais... cette performance n'est pas un véritable challenge, et n'importe quelle actrice à peu près talentueuse aurait pu faire ce qu'elle fait ici. Par exemple, elle a beau avoir une présence imposante à l'écran, elle n'a jamais de vrai grand moment pour faire tourner les têtes, si bien qu'à l'image du film, elle finit par vaguement ennuyer au fur et à mesure de l'histoire, et son seul charisme ne suffit pas à me connecter au personnage, comme peuvent le faire d'autres actrices qui parviennent à m'électriser en ne faisant rien. C'est pourquoi tout en ayant pris beaucoup de plaisir devant cette performance, je n'ai pas le désir de lui laisser sa nomination, comme s'il manquait le je-ne-sais-quoi nécessaire pour emporter totalement l'adhésion. Or, Cher ne va pas assez en profondeur à mon goût : un regard amusant par-ci, deux ou trois larmes par-là, mais ça ne va pas plus loin, et la comparaison avec la très drôle Olympia Dukakis joue clairement en défaveur de la star. Cependant, que les fans se rassurent, la dame a également fait Come Back to the Five, Silkwood et Mask la même décennie, aussi n'est-ce qu'une question de temps avant de la voir passer la barre de...


... ma sélection:

Glenn Close - Fatal Attraction: Je vous avoue d'emblée que j'ai un énorme problème avec Fatal Attraction, un film que j'apprécie et déteste d'un visionnage à l'autre, et qui n'a même pas eu le mérite de me surprendre tant on voit les rebondissements arriver à des kilomètres à la ronde. En outre, le scénario a d'énormes problèmes, de telle sorte que sur le papier, on comprend mal le personnage, qui passe de tout à fait normal quoiqu'un peu dépressif à un monstre déshumanisé. Heureusement, impossible de nier, malgré toutes mes réserves, à quel point Glenn Close est iconique dans ce rôle, sachant qu'il faut être une immense actrice pour parvenir à rendre toute cette histoire cohérente. Or, Glenn ne faillit jamais à la tâche, puisqu'en humanisant constamment Alex, et préférant présenter celle-ci plus comme une femme malade que comme une psychopathe ambulante, elle s'élève très nettement au-dessus du matériel, à l'exception de la dernière scène où elle semble robotisée qui ne passe vraiment pas. En fait, tout est préparé de main de maître par l'actrice, puisque même lorsque Alex est encore à peu près normale, Glenn sait comment la rendre effrayante, y compris en phase de séduction avec ses sourires ambigus, et lorsque l'héroïne sombre définitivement dans la folie meurtrière, on entrevoit toujours les névroses qui l'ont conduite à cette situation. En somme, Glenn injecte tout ce qu'il faut au bon moment, si bien qu'on comprend totalement les changements du personnage, et il faut vraiment distinguer le film de la performance d'actrice pour comprendre à quel point Glenn est digne d'un Oscar dans ce rôle.


Holly Hunter - Broadcast News: Je ne peux pas vous dire "énorme surprise" puisque tout être ayant vu The Piano sait à quoi s'en tenir sur le talent d'Holly Hunter, mais quoique très confiant avant de lancer le film, je ne m'attendais pas à être autant conquis par cette délicieuse performance comique où sérieux et drôlerie sont savamment dosés. Pour commencer, j'ai beaucoup aimé son portrait de jeune femme talentueuse et ambitieuse, et inutile de dire qu'Holly est extrêmement crédible à ce niveau là : elle a le charisme nécessaire pour ne jamais faire douter qu'elle est l'une des valeurs les plus sûres de l'univers impitoyable dans lequel elle travaille, et elle semble tellement faite pour le rôle qu'on est sans cesse en train de reconnaître que "c'est exactement ça". Mais ce qui frappe davantage dans cette performance, c'est bien entendu le côté émotionnel, de quoi lui permettre de s'imposer comme le personnage le plus touchant du film, à égalité avec Albert Brooks. Ainsi, son agacement notoire devant William Hurt, ses doutes sentimentaux, son impression de tomber amoureuse de la mauvaise personne, sa compassion sincère face à ses collègues licenciés, et surtout cette poignante scène finale, le tout à travers une interprétation d'une incomparable fraîcheur et d'un humour non feint, constituent autant d'éblouissements à chaque nouvelle étape de l'histoire. A part ça, je ne sais qu'ajouter, puisque j'ai une fois de plus du mal à décrire en détail les performances que j'ai aimé et auxquelles je n'ai rien à reprocher, mais quoi qu'il en soit, c'est un rôle à voir de toute urgence.


Sally Kirkland - Anna: Comme le film a longtemps été difficilement trouvable et que ça n'a de toute façon pas l'air d'intéresser grand monde, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en lançant le DVD, et... je n'ai pas été déçu. J'avoue cependant que l'oeuvre n'est pas entièrement formidable, la trame générale n'offrant pas de réelles surprises pour les cinéphiles, mais il n'empêche que j'ai été totalement conquis par la performance de Sally Kirkland, qui mériterait d'être plus largement évoquée sur internet. En effet, l'actrice parvient à s'emparer de l'histoire pour en faire un hymne tout entier à son talent, tout en offrant une dimension universelle à travers ce portrait de star déchue qui perd pied dans un monde impitoyable. Or, Kirkland ne se repose pas sur ses lauriers et, loin d'imiter ses innombrables aînées ayant tenu des rôles similaires, elle livre une vision toute personnelle de ce type de personnages, à travers une profusion d'émotions bouleversantes. Ainsi, elle reproduit très bien les expressions de diva rappelant qui fut Anna au pic de sa carrière, mais cette star sur le déclin reste terriblement humaine, comme en témoignent tous ces regards émouvants et cette frustration qui perce de plus en plus. En outre, Sally parvient à être très drôle via ce rire très communicatif quoique jaune, ce qui prouve qu'elle a parfaitement saisi l'équilibre fragile entre admiration et jalousie envers cette élève qui tend à lui prendre peu à peu sa place. Par ailleurs, comme il n'est pas un regard qui soit laissé au hasard, on se laisse finalement prendre au piège avec le personnage, et la façon qu'a l'actrice de vous connecter à ses déboires, qu'elle a dû puiser dans sa propre expérience, est tout particulièrement saisissante. Tentez d'imaginer une Margo Channing plus aimable et plus fragile, et vous verrez que Sally soutient très bien la comparaison.


Faye Dunaway - Barfly: Partons d'un principe tout simple: à chaque fois que Faye Dunaway hérite d'un bon rôle, elle devrait être systématiquement nommée aux Oscars (et elle le mériterait bien plus que Meryl Streep, à mon pas humble avis). Parce que bon, c'est quand même Faye Dunaway, possiblement la plus grande actrice du monde, et elle fait à nouveau de telles étincelles qu'il m'est totalement impossible de ne pas la distinguer pour Barfly. Pour commencer, son personnage complètement largué m'a bien plus intéressé que celui de Meryl Streep la même année, car Wanda n'attire pas exclusivement la sympathie : elle peut être violente, faire mal y compris à ceux qu'elle aime, et entraîner davantage ses proches dans un cercle vicieux d'alcool et de dépression... tout cela en conservant la classe folle qu'on lui connaît. En fait, elle ne recule devant rien pour se mettre au service du personnage, et parvient à être une fois encore sublime dans un environnement sordide. D'un côté, elle rend très bien les manières brusques du personnage, sa vulgarité et son érotisme de bas étage, mais dans le même temps, on ne perd jamais de vue qu'on est en train de regarder Faye Dunaway, si bien que chacune de ses expressions devient l'une des choses les plus éblouissantes à regarder tant elle est absolument géniale. Elle crève donc totalement l'écran, donne au passage une énorme épaisseur humaine à un rôle en soi assez caricatural, et montre finalement de quel bois elle se chauffe après une série de films médiocres qui ont écorné son image après son heure de gloire la décennie précédente.


Lillian Gish - The Whales of August: Sorry Bette, mais incontestablement, le standout de cette délicieuse collaboration de deux monstres sacrés est bel et bien Lillian, qui devient à 94 ans l'actrice la plus âgée à être distinguée dans ma liste. Alors, vous me direz qu'effectivement, les énormes problèmes de santé de Bette ont pu l'empêcher d'être aussi mémorable que par le passé, mais il n'empêche que pour cette fois, la force tranquille de Lillian Gish est ce qui m'a le plus marqué dans le film. Mais là encore, comment vous parler en bien d'une performance qui m'a inconditionnellement ébloui et qui ne présente aucun défaut? Disons que Lillian réussit l'exploit d'être sublime sans aucun effort, et ses regards intenses sont bouleversants tant ils laissent transparaître un florilège d'émotions. Tout au long du film, l'actrice est absolument géniale quant à exprimer de l'humour ou des regrets, tout en parvenant avec beaucoup d'aisance à mêler à la fois de la compassion et de la déception devant sa partenaire. En fait, Lillian est en tout point adorable, et ce n'est pas un hasard si tout le monde s'accorde à lui trouver une ressemblance avec sa ou ses grands-mères. Mais bien qu'âgée, Lillian ne fait pas du tout son âge, faisant au contraire preuve d'une telle fraîcheur qu'elle semble plus intemporelle qu'autre chose.  En somme, un rôle absolument poignant dans toute sa simplicité, et qui ne devrait pas manquer de faire chavirer même les cœurs les plus endurcis.

Donc, une année très forte, et qui m'aurait tout autant plu si Cher, voire Meryl Streep, étaient restées dans ma sélection. Cependant, si mes cinq candidates méritent toutes le trophée, l'une d'entre elles se détache très nettement du peloton de tête, et c'est avec un immense plaisir que je vous annonce qu'il s'agit de...


Sally Kirkland - Anna

Oh My God! J'ai essayé de ne pas trop en révéler tout à l'heure pour le suspense, mais de fait, la claque est immense. Sincèrement, cette performance a beau ne plus être évoquée car le film se fait rare dans le commerce, mais... What an experience! Sans mentir, le personnage est bouleversant, on se sent pris au piège avec l'actrice, et l'on en ressort avec une boule au ventre devant tant d'insécurité et de solitude. Non seulement Sally Kirkland est le standout de l'année, mais c'est aussi l'un des plus beaux rôles de la décennie, sans doute ma numéro 2 dans le classement de mes lauréates des années 1980. Donc, à partir de maintenant, vous arrêtez tout, et vous allez acheter le DVD séance tenante : je peux vous garantir que même si le film n'est pas fondamentalement exceptionnel, vous en ressortirez ravis devant une telle performance d'actrice. Et au passage, diffusez le message à toutes vos connaissances : il est profondément injuste que ce rôle soit aujourd'hui oublié! Et n'hésitez pas à faire remonter le score de Sally ici, elle le mérite amplement!

Cependant, ne nions pas que sa concurrence est également très forte. Personnellement, je classe Glenn Close seconde pour son formidable travail devant un rôle impossible, Faye Dunaway troisième parce que rien ne me fait plus palpiter que la voir dans un grand rôle, Holly Hunter quatrième pour sa performance touchante et délicate, et Lillian Gish cinquième parce qu'elle est absolument sublime en se contentant juste d'être Lillian Gish, cette dernière place n'étant que le fait d'une concurrence très rude cette année-là. Mais Glenn Close ou pas, Sally reste bien loin devant à mes yeux. \o/ Sally! Sally! Sally! \o/

Et la conclusion fowlerienne selon les performances...

dignes d'un OscarGlenn Close (Fatal Attraction), Sally Kirkland (Anna)





dignes d'une nomination: Faye Dunaway (Barfly), Lillian Gish (The Whales of August), Holly Hunter (Broadcast News): voir ci-dessus. Anne Bancroft (84, Charing Cross Road): évidemment, le seul nom de l'actrice est gage d'une grande qualité, et comme toujours elle crève l'écran pour notre plus grand plaisir. Anjelica Huston (The Dead): elle est vraiment sublime, depuis son apparition au réveillon jusqu'à sa narration finale. Le film étant choral, on peut éventuellement envisager de la classer en second rôle, à méditer.


dignes d'intérêtCher (Moonstruck), Meryl Streep (Ironweed): voir ci-dessus. Bette Davis (The Whales of August): c'est Bette Davis, et vu le contexte on ne peut qu'admirer ce qu'elle fait, bien qu'elle n'ait pas la force de Lillian Gish. Barbara Hershey (Shy People): un bon rôle, porté par le visage serré d'une actrice qui sait faire transparaître l'émotion derrière cette façade dure. Diane Keaton (Baby Boom): elle est à nouveau géniale, émouvante et drôle, mais toute sympathique soit-elle cette performance n'est pas sa meilleure. Joanne Woodward (The Glass Menagerie): d'un point de vue cinématographique, j'ai l'impression que le jeu d'actrice détonne quelque peu devant une caméra, malgré une plutôt bonne performance dans l'ensemble. Robin Wright (The Princess Bride): elle est vraiment sympathique et a de la personnalité derrière son physique de blondinette passe-partout.


sans saveur: Rachel Chagall (Gaby: A True Story): le genre de performances qui me laissent totalement de marbre. Oui, l'actrice est émouvante, mais le rôle reste trop technique pour emporter l'adhésion. Sans compter que le film est une purge. Jill Clayburgh (Shy People): un personnage ni sympathique ni antipathique pour lequel je n'ai rien ressenti, même si dans les faits c'est une plutôt bonne performance. Avouons que dans cette catégorie je suis sans doute un peu biaisé par mon profond ennui devant les films en question. En même temps, j'ai bien aimé Barbara Hershey, donc... Goldie Hawn (Overboard): sincèrement, miss Hawn ne me fait pas rire du tout ici, ni dans la première partie snob, ni dans la seconde moitié amnésique. Et puis le film laisse vraiment à désirer, ce qui m'empêche sans doute de goûter plus avant à sa performance. Barbra Streisand (Nuts): une performance impossible à juger, oscillant entre de bons moments sobres comme l'expression de frayeur avant l'agression, et des passages surjoués parfois jusqu'à saturation, poing en avant et doigt levé à l'appui. Un type de jeu qui serait sans doute mieux passé dans une comédie, mais pas dans une histoire qui se prend si au sérieux.


à fuir: Jennifer Grey (Dirty Dancing): pas vu en entier (encore heureux!), mais je haïssais ce film avant même de l'avoir vu, et ce début de tentative n'a fait que confirmer l'impression initiale. En effet, il s'agit du film préféré de... ma Némésis de licence, aka "la fille qui disait du mal de tout le monde avec un air affecté de première de la classe", mais aussi de la greluche capable de s'enfermer dans sa valise pour un pot de beurre d'arachide, et qui croyait bon de nous mimer toutes les chorégraphies en soirée, avec arrêt sur images à la 53e minute! Inutile de vous dire que tout cela m'a traumatisé au plus haut point! Et si l'on ajoute que pour ce que j'en ai vu, l'actrice a un surnom débile et joue aussi bien que le bouledogue de mes voisins, vous comprenez pourquoi j'ai involontairement laissé tomber le DVD dans ma corbeille à recycler... Emily Lloyd (Wish You Were Here): alors, elle ne sait pas pleurer, ne sait pas mimer la joie, ne sait pas parler sans passer pour une gigantesque idiote et par conséquence ne sait pas jouer du tout. Que reste-t-il à admirer? Madonna (Who's That Girl?): certes, on m'avait mis en garde, mais j'aime tellement la chanson-titre que je tenais à l'entendre dans son contexte coûte que coûte. Misère!


à découvrir: Jodie Foster (Five Corners), Holly Hunter (Raising Arizona), Christine Lahti (Housekeeping), Bette Midler (Outrageous Fortune), Mary Steenburgen (Dead of Winter), Chloe Webb (The Belly of an Architect)




grande performance en langue étrangère: Stéphane Audran (Babettes gaestebud): je ne sais pas si elle aurait été éligible pour 1987 ou 1988, mais quoi qu'il en soit, énorme choc émotionnel devant ce rôle.



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vendredi 30 août 2013

10 bonnes raisons d'aimer... Miriam Hopkins


En ce moment, je suis occupé sur plusieurs fronts à la fois, de quoi me laisser peu de temps pour vous parler d'Oscars. Mais ne soyez pas tristes, vous allez gagner au change, puisque à la place nous allons évoquer mon plus grand coup de cœur de l'Age d'Or d'Hollywood, et accessoirement l'une des plus grandes actrices de sa génération, à savoir l'immense Miriam Hopkins. Comme vous le savez, Miriam fait partie de cette cohorte d'actrices un peu oubliées de nos jours, de celles qu'on évoque surtout dans les remises de prix virtuelles, sachant que même à ce niveau là, Miriam n'est pas la plus heureuse du lot puisqu'elle est généralement laissée pour compte dans bien des listes, entre ceux qui la trouvent trop over the top et ceux qui ne voient en elle qu'une figure posée là pour faire joli (???). Pourtant, Miriam est indéniablement un talent d'exception, et si quelqu'un mérite de connaître une renaissance dans les mémoires de cinéphiles, c'est bien elle. Mais alors, pourquoi faut-il redécouvrir de toute urgence la filmographie de celle qui fut en son temps l'une des plus grandes stars des années 1930?

Design for Living
Parce qu'elle a du caractère. Bette Davis, qui la détestait, ne s'est jamais privée d'évoquer sa personnalité réputée difficile, Fredric March l'a décrite comme une voleuse de scènes, et les étudiants d'Harvard ont conclu qu'elle était la dernière personne avec qui souhaiter se retrouver sur une île déserte. Whatever! C'est justement ça qui est bon, et plus une actrice a de caractère, plus elle est susceptible de me plaire. A ce titre, je suis servi, car Miriam s'est toujours révélée diablement charismatique à l'écran, s'arrangeant toujours pour laisser une très forte impression, quitte à voler effectivement la vedette à ses partenaires (même Olivia de Havilland dans The Heiress, à mon goût!). Et même si vouloir tirer la couverture à soi dans des dialogues n'est pas systématiquement une bonne chose, ceci ne pose jamais problème chez Miriam puisqu'elle a souvent incarné des femmes fortes, de celles qui agissent par elles-mêmes et ne se laissent jamais marcher sur les pieds, y compris devant d'affreux gangsters ou d'effrayants pervers. Donc si vous aimez les femmes piquantes, les héroïnes hopkiniennes sont des must see.

Trouble in Paradise
Parce que sa filmographie a la classe. Miriam n'a peut-être pas toujours fait que des choix judicieux dans sa carrière (ayant apparemment refusé It Happened One Night pour des raisons... astrales!), elle s'est quand même arrangée pour tourner sous la baguette de réalisateurs tels Ernst Lubitsch, Rouben Mamoulian, King Vidor, Howard Hawks, William Wyler, Anatole Litvak, Edmund Goulding, Michael Curtiz ou encore Arthur Penn, ce qui est déjà assez impressionnant. Et sa filmographie est d'autant plus mythique que certains des films en question sont de véritables petits bijoux, voire des chefs-d'oeuvre absolus! D'ailleurs, même si ces projets n'ont pas tous été de grandes réussites, les textes de départ témoignent d'une exigence qui ne peut que rendre jaloux: Thackeray, Stevenson, Henry James, Noël Coward, William Faulkner, Lillian Hellman, Theodore Dreiser... excusez du peu! En outre, Miriam aura eu l'occasion de donner la réplique à des monstres sacrés tels Carole Lombard, Claudette Colbert, Fredric March, Lionel Barrymore, Gary Cooper, Edward G. Robinson, Gertrude Lawrence, Bette Davis, Olivia de Havilland, Ralph Richardson, Montgomery Clift, Laurence Olivier, Audrey Hepburn, Shirley MacLaine et bien d'autres encore, de quoi rendre son parcours tout à fait palpitant.

These Three
Parce qu'elle est versatile. Contrairement à bon nombre de ses consœurs qui ont joué des rôles similaires d'un film à l'autre, Miriam a au contraire incarné des types de personnages très variés, dans des registres tous plus différents les uns que les autres. Au cours d'une même année, elle a très bien pu passer d'une princesse guindée (Le Lieutenant) à une prostituée victorienne sexy en diable (Dr. Jekyll), ou jouer des mondaines Art déco (Design) sachant s'adapter avec une facilité déconcertante à la vie rurale (Stranger's Return), tout cela avant de se retrouver en sociopathe en jupons (Becky Sharp), en institutrice bafouée par de fausses rumeurs (These Three), en grandes dames du New York du XIXe siècle (The Old Maid, The Heiress), ou encore en chanteuse de saloon au beau milieu d'un western (Virginia City). De plus, on retrouve cette versatilité notoire dans son jeu, puisque si elle a souvent joué sur des notes over the top, elle a également su faire preuve de bien plus de subtilité et de retenue dès que le personnage le demandait. A vrai dire, même Bette Davis n'a pu s'empêcher de reconnaître que Miriam fut une très grande actrice, ce qui dans sa bouche n'est pas la moitié d'un compliment!

The Story of Temple Drake
Parce que malgré son physique de Boucles d'Or, elle n'a jamais eu peur de présenter des personnages fondamentalement antipathiques, voire sordides. Sans mentir: une voleuse de bijoux (certes sympathique, mais voleuse quand même!) dans Trouble in Paradise, une arriviste amorale prête à tout anéantir sur son passage pour parvenir au sommet (Becky Sharp), une grande bourgeoise maintenant consciemment sa cousine dans un triste état (The Old Maid), une insupportable romancière futile au possible prête à tout pour surpasser sa cousine adorée (Old Acquaintance), une drôlissime matriarche asphyxiante et méprisante envers tout un chacun (The Mating Season), une drama queen complètement irresponsable (The Children's Hour)... autant de protagonistes difficilement appréciables que le talent de Miriam est pourtant parvenu à rendre attachants d'une façon ou d'une autre. Et dans le registre sordide, difficile d'être plus courageuse quant à montrer des personnages très glauques dans des intrigues d'une noirceur sans égal (Dr. Jekyll, Temple Drake).

The Smiling Lieutenant
Parce qu'elle est très drôle. Si vous regardez attentivement sa filmographie, vous la verrez tour à tour passer d'une princesse totalement coincée à une jeune femme épanouie et libérée (The Smiling Lieutenant), résister à la tentation de dérober des bijoux sous un look de secrétaire modèle (Trouble in Paradise), entarter un fermier aux yeux plus gros que le ventre (The Stranger's Return), se lancer dans un formidable ménage à trois (Design for Living), faire chavirer une barque par pure jalousie (The Richest Girl in the World), jouer à une poursuite amoureuse dans un arbre (Woman Chases Man), tenter de se laver dans une salle de bain ouverte comme un hall de gare, ou encore marcher accroupie dans un magasin de jouets pour ne pas se faire repérer (Wise Girl). Or, ça n'a l'air de rien décrit comme ça, mais remises dans leur contexte ces situations sont à mourir de rire! Cependant, là où Miriam ne se contente plus d'être sympathiquement drôle pour atteindre de véritables sommets de comédie, c'est lorsqu'elle part dans un sur-jeu excessif qui fait de véritables merveilles. Pour ça, revoir Old Acquaintance et The Mating Season, mais surtout son morceau de bravoure le plus fabuleux: Becky Sharp! Car Miriam, c'est l'art de lancer des livres sur de vieux puritains guindés, c'est l'art de jouer à la vertueuse jeune fille un sucre d'orge à la main, mais c'est aussi l'art de ramener les guerres napoléoniennes à un petit-déjeuner!

The Heiress
Parce qu'elle est émouvante. Non contente d'avoir été touchante dans sa transformation princière dans The Smiling Lieutenant, Miriam peut aussi se targuer d'avoir joué une grande scène d'ivresse (Men Are Not Gods), d'avoir lancé un regard éprouvant dans une scène finale traumatisante (The Children's Hour), d'avoir su évoquer à la perfection la ligne entre désir et regret dans une relation amoureuse (The Stranger's Return), ou encore d'avoir fait montre de compassion sincère pour ceux qu'elle aime (The Heiress), sans parler de ce dernier dialogue bouleversant avec Jane Bryan dans The Old Maid. Et bien sûr, n'oublions pas ses appels au secours déchirants dans Dr. Jekyll, ni son rôle parfaitement juste et intensément émouvant dans These Three.

The Old Maid
Parce qu'elle est l'ennemie jurée de Bette Davis. Eh oui, le monde a beau avoir les yeux rivés sur les vieux travelos masochistes de Baby Jane, il ne faut pas oublier qu'avant de guerroyer avec acharnement contre Crawford, Bette s'est tout d'abord battue bec et ongles contre Miriam herself! Et pour le fan de divas flamboyantes que je suis, ces duels ne manquent pas de me faire jubiler. Il est d'ailleurs amusant de noter que dans leurs deux collaborations, c'est toujours Miriam qui s'impose comme mon principal coup de cœur, justement parce qu'elle joue à chaque fois le rôle le plus antipathique, et donc le plus difficile. Franchement, pensez-vous qu'il soit facile de faire rire aux éclats deux heures durant avec un personnage creux et futile? Croyez-vous qu'il soit aisé de trouver le parfait équilibre entre antipathie et sympathie quand votre rivale incarne une héroïne tragique destinée à davantage marquer les esprits? Non, et Miriam s'est justement tirée de ces exercices avec un brio qui ne laisse plus aucun doute sur l'éclat de son talent.

Virginia City
Parce qu'elle lève la jambe mieux qu'aucune autre. Et à ce petit jeu, elle écrase allègrement sa compétition passablement plus jeune qu'elle. Et tant qu'on est dans le domaine du physique, atout essentiel dans ce genre de métiers, force est de reconnaître qu'on est loin de se faire arnaquer avec Miriam, à mon avis l'une des plus jolies actrices de son temps. Mais l'essentiel dans tout ça, c'est de revoir la phénoménale scène de la chambre dans Dr. Jekyll and Mr. Hyde: attention les yeux, ça fait mal!

Becky Sharp
Parce qu'elle est cultivée et que sa conversation devait être fichtrement enrichissante. En effet, Miriam était plutôt du genre à fuir les paillettes pour parler littérature, ce qui reste une véritable bouffée d'air frais dans ce monde artificiel au possible qu'est Hollywood. D'ailleurs, Miriam était connue pour prendre grand soin de sa bibliothèque, sa collection de livres étant presque aussi importante à ses yeux qu'un Oscar. Presque, ceci dit, car lorsque Bette Davis a remporté une statuette pour Jezebel, rôle créé sur scène par Miriam elle-même, sa bibliothèque a visiblement servi de défouloir. Cerise sur le gâteau, Miriam était réputée pour ne pas aimer la grossièreté ou les jeux de mots vulgaires, ce qui me touche bien plus qu'on ne pourrait l'imaginer.

Dr. Jekyll and Mr. Hyde
Parce qu'elle a été injustement snobée aux Oscars alors que nombre de ses performances restent totalement dignes d'une consécration. L'une des principales raisons avancées est qu'avoir eu un caractère difficile et n'avoir pas joué le jeu de l'hypocrisie hollywoodienne l'ont empêchée de devenir populaire parmi ses collègues, au point d'être systématiquement ignorée lors des nominations, sauf en 1935 où l'on ne pouvait faire l'impasse sur cette grande production qu'était Becky Sharp. La preuve la plus flagrante, c'est qu'on l'a snobée en 1949 pour son second rôle dans The Heiress (alors que même les Globes l'avaient sélectionnée!), et qu'au lieu d'offrir à Mercedes McCambridge l'occasion de vaincre avec périls et triompher avec gloire, on a préféré lui donner une compétition franchement insignifiante. Robert Redford aurait de son côté déclaré que Miriam (sa mère à l'écran), aurait dû recevoir une nomination pour The Chase, ce qui ne fut évidemment pas le cas. Et pour compléter le tableau, alors que la critique s'est extasiée à l'unanimité sur sa sublime performance dans Dr. Jekyll, il a fallu que la censure s'en mêle et coupe ses meilleures scènes, jusqu'à l'empêcher d'être sélectionnée pour un prix. Miriam n'eut donc pas l'occasion d'avoir une grande histoire d'amour avec les Oscars, mais si l'on prend en compte tous les rôles énumérés dans cet article, impossible de nier qu'il y avait largement matière à triomphe. Et à ceux qui m'objecteront que Miriam a terminé sa carrière sur Savage Intruder, j'aimerais rappeler que Joan Crawford a fait de même avec un gros singe préhistorique, que Bette Davis a eu son histoire pourrie de sous-marin écossais, que Joan Fontaine s'est fait renverser par un troupeau de moutons, que Olivia de Havilland a eu ses abeilles tueuses quand Myrna Loy s'est chargée des fourmis. Donc on arrête tout de suite, et on laisse Miriam tranquille!

En somme, s'il y a une personne à Hollywood qui mérite amplement d'être redécouverte, c'est bien MIRIAM HOPKINS! Alors, si ce n'est déjà fait, jette-toi séance tenante sur ses plus grands rôles, tu ne le regretteras pas!