* Bette Davis - Now, Voyager
* Greer Garson - Mrs. Miniver
* Katharine Hepburn - Woman of the Year
* Rosalind Russell - My Sister Eileen
* Teresa Wright - The Pride of the Yankees
Une certitude pour commencer: la victoire de Greer Garson était donnée. Tout d'abord parce que Kate Hepburn et Bette Davis avaient déjà gagné et parce que Teresa Wright était programmée pour remporter le prix du second rôle lors de la même soirée. Ne restait que Roz Russell mais elle n'en était qu'à sa première nomination et ce pour un rôle comique, de quoi dégager amplement la voie pour Garson alors à sa troisième tentative. En outre, l'actrice britannique bénéficiait toujours d'un fort soutien de son studio, mais surtout, elle se trouvait au sein d'un film nommé pour douze Oscars, dont le sujet ne pouvait que toucher les spectateurs d'alors. Et si l'on ajoute que Garson avait obtenu la même année un très fort succès public et critique avec Random Harvest, on a bien la preuve qu'elle était indétrônable.
En face, deux rôles comiques, Hepburn et Russell, chose qui n'était pas arrivée depuis 1936. Les deux ont probablement dû surfer sur leurs grands succès respectifs de 1940, The Philadelphia Story et His Girl Friday, de quoi rester dans les mémoires et profiter d'une nouvelle nomination pour la première, voire d'un lot de consolation pour la seconde. De son côté, Teresa Wright jouissait d'une très forte popularité depuis son premier rôle dans The Little Foxes, ce dont témoignent ses deux nominations dans deux catégories différentes en 1942, la seconde étant pour Mrs. Miniver... quelle surprise! Enfin, on retrouve une incontournable Bette Davis qui régnait toujours de main de maître sur la Warner et se payait le luxe de recevoir sa cinquième nomination consécutive, record égalé trois ans plus tard par... Greer Garson herself.
En face, deux rôles comiques, Hepburn et Russell, chose qui n'était pas arrivée depuis 1936. Les deux ont probablement dû surfer sur leurs grands succès respectifs de 1940, The Philadelphia Story et His Girl Friday, de quoi rester dans les mémoires et profiter d'une nouvelle nomination pour la première, voire d'un lot de consolation pour la seconde. De son côté, Teresa Wright jouissait d'une très forte popularité depuis son premier rôle dans The Little Foxes, ce dont témoignent ses deux nominations dans deux catégories différentes en 1942, la seconde étant pour Mrs. Miniver... quelle surprise! Enfin, on retrouve une incontournable Bette Davis qui régnait toujours de main de maître sur la Warner et se payait le luxe de recevoir sa cinquième nomination consécutive, record égalé trois ans plus tard par... Greer Garson herself.
Quoi qu'il en soit, un bon cru puisqu'aucun faux pas n'est à déplorer. Ce qui ne m'empêche pas d'effectuer quelques remaniements de mon côté!
Je retire :
Teresa Wright – The Pride of the Yankees : Allez savoir pourquoi, je n'attendais pas grand chose du film et j'ai finalement été agréablement surpris. Certes, pas au point d'avoir envie de le revoir dans l'immédiat, mais j'ai trouvé la relation Teresa Wright/Gary Cooper assez touchante pour piquer l'intérêt. De fait, l'actrice se révèle à nouveau tout à fait charmante et n'oublie pas de rester charismatique jusqu'au bout en ayant une grande complicité avec son partenaire. J"ai notamment apprécié le dynamisme et l'humour dont elle fait preuve comme lorsqu'elle arbore une fausse moustache alors qu'on sent poindre l'émotion sous cette apparente légèreté. Dès lors, il s'agit là d'une bonne performance mais... Teresa se comporte exactement comme dans tous ses autres rôles, aussi celui-là manque-t-il quelque peu d'originalité. En effet, qu'on regarde Mrs Miniver ou The Pride of the Yankees, on a l'impression de voir le même personnage, si bien qu'une seule nomination pour cette année aurait suffi.
Rosalind Russell – My Sister Eileen : Le film a beau avoir ses limites (à savoir rester le cul entre deux chaises avant de basculer entièrement dans le burlesque et laisser une première partie assez terne), Roz n'en pâtit jamais. Un peu comme dans le futur Auntie Mame, elle domine une galerie de personnages loufoques mais est cette fois-ci la plus sérieuse du lot, de quoi lui permettre de rester très lucide sur sa situation et plus encore sur le caractère problématique de la fameuse sister Eileen. Ce qui ne l'empêche évidemment pas de faire preuve d'un déchaînement d'effets comiques toujours très drôles avec en point d'orgue ses tentatives désespérées de mettre à la porte un groupe de marins portugais venus danser dans son appartement, ou ses moqueries non dissimulées devant le rire particulièrement niais de sa soeur. L'actrice parvient d'ailleurs à faire passer la pilule dans les moments les moins débridés: ainsi, la découverte du trou à rats qui doit lui servir de logement a beau traîner en longueur, impossible de s'ennuyer grâce à la présence de Roz qui trouve toujours le moyen d'être hilarante quelle que soit la situation. En somme, une performance à la fois comique et humaine très réussie qui s'élève bien au-dessus du niveau général du film. Ceci dit, j'ai finalement décidé d'exclure ce rôle de ma sélection car le film est loin d'être le meilleur de l'année, sans compter que Roz a de bien plus grandes créations à son actif grâce auxquelles on la retrouvera à d'autres reprises.
Greer Garson – Mrs. Miniver : Je l'enlève uniquement parce que je la préfère dans Random Harvest, mais il n'empêche que Mrs. Miniver est sans conteste l'un de ses sommets, lequel qui lui donne l'occasion de figurer dans un très bon film captivant. D'emblée, on croit tout à fait à cette mère de famille charmante et qui plus est 100% normale, à l'image de son envie de se faire plaisir devant la vision d'un nouveau chapeau effectivement fort joli. Dès lors, bien qu'on ne la connaisse que depuis cinq minutes à ce moment-là, on n'a aucun mal à croire qu'elle soit populaire au point de donner son nom à une nouvelle variété de roses. Par la suite, l'actrice ne perd rien de son charme lorsque la guerre éclate et ajoute d'autres dimensions à son personnage. Elle sait ainsi parfaitement retranscrire la peur et l'angoisse lors des bombardements ou lors de sa confrontation avec le soldat allemand, tout en réussissant à mêler l'inquiétude à la fierté lors du départ d'êtres chers pour le front. Mais ce que j'aime le plus dans tout ça, c'est qu'elle évite de se la jouer mère-courage ostentatoire et choisit justement de rester digne et protectrice sans en faire trop, notamment dans son morceau de bravoure final lorsqu'elle se trouve coincée en plein champ de bataille. En somme, un très bon rôle patriotique empreint de détermination mais surtout de normalité, et c'est ma foi fort réussi et bien meilleur que les greergarsoneries habituelles.
Rosalind Russell – My Sister Eileen : Le film a beau avoir ses limites (à savoir rester le cul entre deux chaises avant de basculer entièrement dans le burlesque et laisser une première partie assez terne), Roz n'en pâtit jamais. Un peu comme dans le futur Auntie Mame, elle domine une galerie de personnages loufoques mais est cette fois-ci la plus sérieuse du lot, de quoi lui permettre de rester très lucide sur sa situation et plus encore sur le caractère problématique de la fameuse sister Eileen. Ce qui ne l'empêche évidemment pas de faire preuve d'un déchaînement d'effets comiques toujours très drôles avec en point d'orgue ses tentatives désespérées de mettre à la porte un groupe de marins portugais venus danser dans son appartement, ou ses moqueries non dissimulées devant le rire particulièrement niais de sa soeur. L'actrice parvient d'ailleurs à faire passer la pilule dans les moments les moins débridés: ainsi, la découverte du trou à rats qui doit lui servir de logement a beau traîner en longueur, impossible de s'ennuyer grâce à la présence de Roz qui trouve toujours le moyen d'être hilarante quelle que soit la situation. En somme, une performance à la fois comique et humaine très réussie qui s'élève bien au-dessus du niveau général du film. Ceci dit, j'ai finalement décidé d'exclure ce rôle de ma sélection car le film est loin d'être le meilleur de l'année, sans compter que Roz a de bien plus grandes créations à son actif grâce auxquelles on la retrouvera à d'autres reprises.
Greer Garson – Mrs. Miniver : Je l'enlève uniquement parce que je la préfère dans Random Harvest, mais il n'empêche que Mrs. Miniver est sans conteste l'un de ses sommets, lequel qui lui donne l'occasion de figurer dans un très bon film captivant. D'emblée, on croit tout à fait à cette mère de famille charmante et qui plus est 100% normale, à l'image de son envie de se faire plaisir devant la vision d'un nouveau chapeau effectivement fort joli. Dès lors, bien qu'on ne la connaisse que depuis cinq minutes à ce moment-là, on n'a aucun mal à croire qu'elle soit populaire au point de donner son nom à une nouvelle variété de roses. Par la suite, l'actrice ne perd rien de son charme lorsque la guerre éclate et ajoute d'autres dimensions à son personnage. Elle sait ainsi parfaitement retranscrire la peur et l'angoisse lors des bombardements ou lors de sa confrontation avec le soldat allemand, tout en réussissant à mêler l'inquiétude à la fierté lors du départ d'êtres chers pour le front. Mais ce que j'aime le plus dans tout ça, c'est qu'elle évite de se la jouer mère-courage ostentatoire et choisit justement de rester digne et protectrice sans en faire trop, notamment dans son morceau de bravoure final lorsqu'elle se trouve coincée en plein champ de bataille. En somme, un très bon rôle patriotique empreint de détermination mais surtout de normalité, et c'est ma foi fort réussi et bien meilleur que les greergarsoneries habituelles.
Ma sélection :
Bette Davis – Now, Voyager : J'ai eu beaucoup de mal à juger cette performance, mais à présent, j'en suis un fan inconditionnel, et c'est de toute façon davantage le personnage qui me perturbe que le formidable travail de l'actrice. En effet, j'ai beaucoup de mal avec cette héroïne qui se sert de sa protégée moins pour le bien de celle-ci que pour son propre intérêt, preuve s'il en est qu'après sa métamorphose, Charlotte est en passe, sous le couvert d'une gentillesse trop évidente, de calquer le comportement de sa propre mère qui l'a toujours étouffée. Et disons que pendant longtemps, je n'étais pas sûr que Bette fut pleinement consciente de ce caractère de Charlotte, qui me paraît un brin obscur alors que tout le film est construit pour la sanctifier, mais un dernier visionnage m'incite à penser qu'au contraire, la star a parfaitement compris les ressorts de son personnage, au point que les notes négatives me semblent à présent voulues par elle, et savamment suggérées dès le départ. Ainsi, ce petit côté masochiste lorsque Charlotte se plaint d'être torturée va pleinement dans le sens de son regard de défi qu'elle lance à sa mère sur le bateau, et annonce justement le climax du film à travers cette grande confrontation avec Gladys Cooper. Tout est donc parfaitement mis en place, et si l'on ajoute que l'épanouissement progressif de Charlotte fait malgré tout plaisir à voir, alors cette performance mérite effectivement son statut légendaire. Je valide à 100%!
Bette Davis – Now, Voyager : J'ai eu beaucoup de mal à juger cette performance, mais à présent, j'en suis un fan inconditionnel, et c'est de toute façon davantage le personnage qui me perturbe que le formidable travail de l'actrice. En effet, j'ai beaucoup de mal avec cette héroïne qui se sert de sa protégée moins pour le bien de celle-ci que pour son propre intérêt, preuve s'il en est qu'après sa métamorphose, Charlotte est en passe, sous le couvert d'une gentillesse trop évidente, de calquer le comportement de sa propre mère qui l'a toujours étouffée. Et disons que pendant longtemps, je n'étais pas sûr que Bette fut pleinement consciente de ce caractère de Charlotte, qui me paraît un brin obscur alors que tout le film est construit pour la sanctifier, mais un dernier visionnage m'incite à penser qu'au contraire, la star a parfaitement compris les ressorts de son personnage, au point que les notes négatives me semblent à présent voulues par elle, et savamment suggérées dès le départ. Ainsi, ce petit côté masochiste lorsque Charlotte se plaint d'être torturée va pleinement dans le sens de son regard de défi qu'elle lance à sa mère sur le bateau, et annonce justement le climax du film à travers cette grande confrontation avec Gladys Cooper. Tout est donc parfaitement mis en place, et si l'on ajoute que l'épanouissement progressif de Charlotte fait malgré tout plaisir à voir, alors cette performance mérite effectivement son statut légendaire. Je valide à 100%!
Katharine Hepburn – Woman of the Year : La première collaboration Hepburn-Tracy est décidément celle que je préfère aux côtés d'Adam's Rib, encore qu'il m'en manque certaines au compteur. Il faut dire que les deux stars prennent un plaisir si manifeste à se donner la réplique que chacun de leurs échanges devient particulièrement savoureux, et c'est magique! Dans le détail, Kate fait comme toujours preuve de beaucoup de charisme et, même si sa Tess Harding est plus une nouvelle incarnation de Katharine Hepburn qu'un personnage en tant que tel, ça passe tout seul, de quoi me séduire bien plus amplement que sa Tracy Lord de Philadelphia Story. En effet, comment ne pas être charmé par le côté un peu hautain mais très amusant d'un personnage bien plus doué pour les langues étrangères que pour les tâches domestiques? Et comment ne pas être immédiatement touché par tous les regards émouvants que l'actrice distille aux moments clefs de l'histoire? Ainsi, un charme incomparable opère, à l'image de ce final tout à fait délectable qui constitue, dans toute sa simplicité, l'un des passages les plus iconiques de la riche carrière de l'actrice. D'ailleurs, c'est sans doute là son meilleur rôle des années 1940 après Adam's Rib, et rien n'est plus crédible que ce titre qui va comme un gant à un personnage tout aussi marquant que son interprète.
Ginger Rogers – The Major and the Minor : Lors d'une année finalement riche en prestations comiques, Ginger Rogers n'est pas la dernière à faire des étincelles, notamment grâce à ce triple rôle où elle se révèle extrêmement convaincante dans chaque facette du personnage. Bien sûr, on ne peut pas croire à la fille de douze ans au niveau physique mais c'est précisément ça qui est drôle, surtout quand l'actrice accentue son ton enfantin pour échapper à des contrôleurs trop zélés ou à une mégère qui vampirise un Ray Milland bien sympathique. Si le long épisode avec les cadets militaires est un peu moins prenant que le reste, on ne peut en revanche qu'admirer la grande connivence entre Ginger et Diana Lynn, de quoi ajouter au plaisir que procurent le film comme la performance de l'actrice. D'autre part, Rogers crève l'écran dès qu'elle apparaît en adulte, que ce soit pour ses reparties hilarantes d'esthéticienne désabusée ou pour l'émotion qu'elle dégage lorsque sa rivale la met en position de faiblesse. Et bien entendu, le passage où elle se fait passer pour sa mère est à l'unisson de ce rôle très réussi dans lequel les trois Susan Applegate sont formidablement reliées et ne donnent jamais l'impression d'avoir affaire à différentes personnes. En clair, c'est drôle et charmant, et on en redemande!
Voilà pour mes nominations, avec une majorité de performances comiques, ce que j'assume tout à fait. J'en profite également pour confesser que j'avais toujours été quelque peu mal à l'aise avec mon ancienne liste, aussi le retour triomphal de Davis me convient finalement bien mieux. Mais cela suffira-t-il à lui donner le précieux prix? La réponse dès à présent: la grande gagnante de l'année est...
Greer Garson - Random Harvest
1942 pose incontestablement un problème de taille, à savoir que c'est autant l'année Greer Garson que l'année Ginger Rogers. En cela, il est impossible de choisir, Ginger ayant insufflé une puissance comique sans égal à une série de rôles croustillants, qu'il s'agisse du Wilder dont j'ai dit tout le bien que je pensais plus haut, de son personnage aux identités multiples dans le très étrange Once Upon a Honeymoon, de son exquise saynète sauvant Tales of Manhattan du naufrage (avec celle de Charles Laughton, évidemment), ou de son explosion plus que dynamique dans Roxie Hart; tandis que Greer brille dans deux des meilleures productions de l'année. Mais finalement, il m'est possible de couronner Ginger à une autre occasion, même si j'aurais tout de même préféré la sacrer pour The Major, de quoi libérer la place pour la divine Greer dans son meilleur millésime. Et puis, n'ayons pas peur des mots : Garson mérite amplement un prix pour ses deux très bons rôles, notamment Random Harvest qui lui demande d'être tour à tour drôle et émouvante, avec en prime un caractère chaleureux qui permet bel et bien de comprendre pourquoi elle fut si adulée à cette époque. Et ce numéro musical est en tout point brillant! Ainsi, je classe Ginger n°2 pour les raisons évoquées, puis Bette Davis n°3 pour son formidable travail sur un personnage intrigant, Carole Lombard n°4 pour son chant du cygne en apothéose et Katharine Hepburn n°5 pour la plus charmante variation d'elle-même au sein de sa carrière.
D'autre part, 1942 a vu s'épanouir bien d'autres bonnes performances, ce qui donne, selon Sylvia Fowler:
dignes d'un Oscar : Bette Davis (Now, Voyager), Greer Garson (Mrs. Miniver) (Random Harvest), Carole Lombard (To Be or not To Be), Ginger Rogers (The Major and the Minor): voir ci-dessus.
dignes d'une nomination : Katharine Hepburn (Woman of the Year), Ginger Rogers (Roxie Hart) (Tales of Manhattan), Rosalind Russell (My Sister Eileen), Teresa Wright (The Pride of the Yankees): voir ci-dessus. Veronica Lake (Sullivan's Travels): un personnage touchant et sympathique au possible, bien que l'actrice ne soit pas aussi éblouissante qu'elle aurait pu. Elle est peut-être plus marquante la même année dans le sympathique I Married a Witch, mais pas au point de se hisser au niveau de ses consœurs comiques sus-nommées. Ceci dit, c'est du tout bon côté divertissement. Ona Munson (The Shanghai Gesture): une performance iconique, dans laquelle l'actrice donne de la chair à ce qui reste davantage un archétype symbolique, le Mal, qu'une héroïne en tant que telle. Et je veux la même coiffure pour mon prochain dîner!
séduisantes : Lucille Ball (The Big Street): peut-être pas entièrement crédible, et parfois assez agaçante quand elle en fait trop, mais rien que sa vigueur la rend totalement digne d'intérêt. Claudette Colbert (The Palm Beach Story): un rôle comique mené de main de maître, mais qu'une actrice de la trempe de Claudette Colbert aurait pu jouer les yeux fermés. Bette Davis (The Man Who Came to Dinner): un personnage pas très développé qui n'enlève rien au charme de Davis dans un registre moins habituel. Olivia de Havilland (In This Our Life): une héroïne nuancée qui vole allègrement la vedette à une furieuse Bette Davis. Irene Dunne (Lady in a Jam): une performance drôle, excentrique et délicate tout à fait plaisante. Joan Leslie (Yankee Doodle Dandy): une actrice pas encore très expérimentée dans un rôle charmant. Ginger Rogers (Once Upon a Honeymoon): un bon rôle mais une intrigue qui peine à trouver le bon équilibre entre comique et sérieux. Et ne pas oublier une Marlene Dietrich très drôle (The Lady is Willing), ou émouvante (Pittsburg).
sans saveur : Joan Crawford (They All Kissed the Bride): preuve que je préfère ma Crawford tragique et tourmentée. Bette Davis (In This Our Life): un personnage trop exagérément mesquin pour être crédible. Gene Tierney (The Shanghai Gesture): une insupportable enfant gâtée qui se fait manger en moins de deux par une Ona Munson extrêmement charismatique.
à découvrir : Jean Arthur (The Talk of the Town), Mary Astor (Across the Pacific), Marlene Dietrich (The Spoilers), Ida Lupino (Moontide), Norma Shearer (Her Cardboard Lover), Barbara Stanwyck (The Great Man's Lady)
D'autre part, 1942 a vu s'épanouir bien d'autres bonnes performances, ce qui donne, selon Sylvia Fowler:
dignes d'un Oscar : Bette Davis (Now, Voyager), Greer Garson (Mrs. Miniver) (Random Harvest), Carole Lombard (To Be or not To Be), Ginger Rogers (The Major and the Minor): voir ci-dessus.
dignes d'une nomination : Katharine Hepburn (Woman of the Year), Ginger Rogers (Roxie Hart) (Tales of Manhattan), Rosalind Russell (My Sister Eileen), Teresa Wright (The Pride of the Yankees): voir ci-dessus. Veronica Lake (Sullivan's Travels): un personnage touchant et sympathique au possible, bien que l'actrice ne soit pas aussi éblouissante qu'elle aurait pu. Elle est peut-être plus marquante la même année dans le sympathique I Married a Witch, mais pas au point de se hisser au niveau de ses consœurs comiques sus-nommées. Ceci dit, c'est du tout bon côté divertissement. Ona Munson (The Shanghai Gesture): une performance iconique, dans laquelle l'actrice donne de la chair à ce qui reste davantage un archétype symbolique, le Mal, qu'une héroïne en tant que telle. Et je veux la même coiffure pour mon prochain dîner!
séduisantes : Lucille Ball (The Big Street): peut-être pas entièrement crédible, et parfois assez agaçante quand elle en fait trop, mais rien que sa vigueur la rend totalement digne d'intérêt. Claudette Colbert (The Palm Beach Story): un rôle comique mené de main de maître, mais qu'une actrice de la trempe de Claudette Colbert aurait pu jouer les yeux fermés. Bette Davis (The Man Who Came to Dinner): un personnage pas très développé qui n'enlève rien au charme de Davis dans un registre moins habituel. Olivia de Havilland (In This Our Life): une héroïne nuancée qui vole allègrement la vedette à une furieuse Bette Davis. Irene Dunne (Lady in a Jam): une performance drôle, excentrique et délicate tout à fait plaisante. Joan Leslie (Yankee Doodle Dandy): une actrice pas encore très expérimentée dans un rôle charmant. Ginger Rogers (Once Upon a Honeymoon): un bon rôle mais une intrigue qui peine à trouver le bon équilibre entre comique et sérieux. Et ne pas oublier une Marlene Dietrich très drôle (The Lady is Willing), ou émouvante (Pittsburg).
sans saveur : Joan Crawford (They All Kissed the Bride): preuve que je préfère ma Crawford tragique et tourmentée. Bette Davis (In This Our Life): un personnage trop exagérément mesquin pour être crédible. Gene Tierney (The Shanghai Gesture): une insupportable enfant gâtée qui se fait manger en moins de deux par une Ona Munson extrêmement charismatique.
à découvrir : Jean Arthur (The Talk of the Town), Mary Astor (Across the Pacific), Marlene Dietrich (The Spoilers), Ida Lupino (Moontide), Norma Shearer (Her Cardboard Lover), Barbara Stanwyck (The Great Man's Lady)
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Si je devais retenir un rôle de Carole Lombard, ce serait celui de la riche héritière de My Man Godfrey.Cela tiendrait cependant peut-être plus de l'ambiance exubérante du film que de la performance intrinsèque de l'actrice.
RépondreSupprimerSinon comme d'habitude je n'ai pas vu la moitié de la sélection (réelle ou fictive) mais je suis d'accord pour ton choix final. Pour l'instant, Major et Minor est à mes yeux la meilleure comédie de Ginger Rogers.
Et pour le plaisir de chipoter, revenons un brin sur Now Voyager. Tu adores ce film mais tu n'apprécies pas:
- le début avec les faux sourcils et une Gladys Cooper en grande forme.
- le passage de la croisière qui ne sert qu'à ôter toute culpabilité aux amants.
- la fin totalement malsaine où l'héroïne vampirise une pauvre gamine innocente.
Il reste quoi finalement? Les relations avec la cousine qui adore Charlotte depuis qu'elle s'est épilée les sourcils? La rébellion contre une Gladys Cooper grabataire?
Il est d'ailleurs amusant de remarquer que, Charlotte Vale ou Catherine Slopper, on attend que l'effrayante figure parentale soit mourante pour enfin secouer ses chaînes. C'est un peu facile, jeunes filles...
Pas d'accord: Charlotte n'attend pas la mort de Gladys Cooper pour "se secouer" puisqu'elle lui rentre déjà bien dedans dès son retour du Brésil (car même si la mère est effectivement en difficulté physique à ce moment là, elle n'a rien perdu de son caractère). Pour ce qui est du film, tu mets le doigt sur le coeur du problème: l'histoire est complètement exagérée mais c'est justement ça qui me plait, probablement parce que le film assume parfaitement son côté too much avec la transformation de cette héroïne par un exotisme enchanteur (oui, jouez-moi dix secondes de Perfidia après m'avoir montré la baie de Rio et c'est bon, vous m'avez complètement conquis).
SupprimerDonc oui, ce film est pour moi un plaisir de tous les instants même si je n'aime pas le traitement des personnages, entre une Gladys Cooper dotée d'une unique dimension, un Paul Henreid beaucoup trop gentil pour constituer un bon parti, et une Bette Davis dont j'ai détaillé l'impression qu'elle ma fait plus haut.
Quant à Carole Lombard, je suis loin d'avoir épuisé toute sa filmographie mais je ne lui ai trouvé aucun faux pas pour le moment (oui, je sais, je repousse Supernatural depuis des lustres). Et bien que je la préfère également dans My Man Godfrey, elle est quand même trop mythique dans To Be or not To Be pour être snobée ici.
Quant à Ginger, bien sûr que The Major est sa meilleure comédie, mais j'avoue avoir un énorme faible pour The Gay Divorcee, sans oublier Monkey Business of course!
Certes Gladys Cooper n'a pas perdu de son mordant et de son caractère acariâtre. Mais il reste quand même extrêmement facile de se rebeller une fois que votre mère est clouée au lit et dans l'incapacité de mener à bien ses affaires. Je doute que le nouvelle Charlotte Vale aurait osé dire ses 4 vérités à sa maternelle et faire des marshmallow parties dans la cheminée du salon sans cela.
SupprimerJe peux comprendre que le côté over the top de Now Voyager séduise et soit diablement efficace mais les inconvénients sont beaucoup trop visibles. L'histoire est traité si maladroitement que des passages censément émouvant deviennent malsains et le personnage de Charlotte ne connaît aucune réelle évolution.
Faisons un parallèle avec Forbidden (la seconde moitié est atrocement mauvaise donc on va l'oublier, mais le début illustre bien mon propos). Comme Vale, Lulu est une vieille fille peu avenante et socialement inapte. Elle prend elle aussi prétexte d'une croisière pour évoluer, rencontre l'amour sur le bateau et sort de sa chrysalide. La seule différence c'est que Lulu va entretenir des rapports équitables avec les gens qu'elle rencontre tandis que Charlotte décide de passer de soumise à dominatrice: elle utilise sa fortune pour mettre sa famille auparavant peu sympathique à son service et elle utilise Tina pour se rapprocher/faire chanter son amant. Charlotte n'a donc pas vaincu ses démons mais a reproduit à l'identique le comportement de Gladys Cooper envers elle. Et ça, c'est mal.
"Mais il reste quand même extrêmement facile de se rebeller une fois que votre mère est clouée au lit et dans l'incapacité de mener à bien ses affaires."
SupprimerElle n'est pas toujours clouée au lit. Exemple, juste après le retour de Charlotte, elle peut encore marcher et faire des allers/retours d'une chambre à l'autre. Et à vrai dire, qu'elle soit diminuée physiquement à ce moment là ne change à mon avis pas grand chose puisqu'au début on la voit surtout assise dans des fauteuils... Dès lors, pour moi, la nouveauté de la situation n'est pas plus facile pour Charlotte qui a donc le mérite de reprendre du poil de la bête face à une mère toujours aussi difficile, et ce après que tout lui ait été donné sur un plateau lors de la croisière en Amérique du Sud.
Cependant, nous sommes bien d'accord sur un point: Charlotte ne s'améliore pas vraiment puisque, si elle prend la peine de changer de comportement, elle en profite effectivement pour étouffer Tina de façon trop ostentatoire. Tina ne s'en rend visiblement pas compte comme elle est encore jeune, mais il est vrai que pour le spectateur, entendre Charlotte répéter inlassablement "J'ai l'enfant de Jerry dans mes bras" paraît quelque peu malsain... preuve s'il en est que l'héroïne recherche plus son intérêt personnel dans l'affaire plutôt que d'aider une fillette dépressive, même si je veux bien croire qu'il y a quand même une certaine volonté de bien faire de la part de Charlotte dont les velléités pédagogiques sont crédibles vu son propre passé. Néanmoins, le rendu est effrayant... et sans avoir vécu les mêmes choses que Tina je peux témoigner que l'emprise que des personnages comme Charlotte tentent d'avoir sur vous est très rapidement étouffante.
D'où mon regard perplexe sur Charlotte. Je l'aime bien lorsqu'elle prend les choses en main et se rebelle contre une mère qui ne lui facilite à mon avis pas plus les choses qu'au début. Mais j'ai du mal avec elle pour ses rapports ambigus avec Tina. Et le fait que tout vienne à point nommé pour la sortir de sa dépression lors de la croisière lui fait perdre des points. De plus, j'ai du mal à croire qu'une jeune fille tyrannisée par sa mère mais qui a quand même de la personnalité (voir l'épisode de sa jeunesse avec le marin où elle défie son "bourreau" du regard) puisse sombrer dans des affres psychologiques au point de s'enlaidir de la sorte dans la toute première partie. Certes, il est précisé que Gladys Cooper l'empêche de porter les vêtements qu'elle souhaite, mais de là à forcer ainsi le trait, ça me paraît suspect.
Conclusion, il n'y a vraiment que la partie suivant le retour de Charlotte du Brésil qui me fait aimer le personnage, et ce pour ses rapports avec sa mère. Ce qui ne m'empêche néanmoins pas d'aimer le film dans son ensemble comme je l'ai déjà précisé: certes les personnages secondaires sont presque tous unidimensionnels (la gentille cousine prête à tout pour aider Charlotte, sa vilaine fille qui devient aimable dès que Charlotte s'épile les sourcils, Gladys Cooper qui attend son dernier souffle pour manifester la moindre émotion, des soupirants accommodants à souhait), certes les situations sont too much avec ce côté "retrouve qui tu es grâce à des flots de romantisme et d'exotisme", certes Charlotte n'évolue pas de façon rassurante, certes... certes... Mais rien à faire, bien qu'ayant du mal avec les personnages, je ne peux m'empêcher de prendre un énorme plaisir devant le tout! Quitte à tomber dans les lieux communs, crois-tu que c'est à mettre en lien avec mon homosexualité (puisque paraît-il, Bette Davis a eu une forte audience dans la communauté homosexuelle avec ce personnage)?
Quoi qu'il en soit, si l'héroïne me pose tous les problèmes que je viens d'énumérer, il n'empêche qu'à mon avis Bette Davis livre une bonne performance (à l'exception de la première partie un peu trop forcée). Exemple, même si sa romance lui est donnée sur un plateau et que le personnage n'a rien à faire à part se laisser séduire, Bette est toutefois très bonne pour montrer la complexité de Charlotte en adoptant un comportement qui rappelle son passé tout en annonçant son futur. Donc, c'est vraiment plus à cause du personnage que j'enlève cette nomination qu'à cause de l'actrice qui à mon avis n'est pas en cause (sauf quand elle se crispe sur sa tasse de thé en gémissant que sa cousine la torture).
SupprimerD'autres questions?
Prépare-toi à hurler: je viens de modifier ma sélection!
SupprimerJe tombe sur ce site par hasard, je ne sais pas du tout depuis combien de temps il existe, mais je suis évidemment très agréablement surpris puisque je m'amuse au même jeu depuis plusieurs années maintenant avec un principe quasi identique et que je pensais être le seul francophone à faire ça. Bref je reviendrai pour commenter au plaisir.
RépondreSupprimerBonne continuation.
Francesco