Comme précisé la semaine dernière, j'ai enfin pu voir Hollywood, la série de Ryan Murphy dont tout le monde parlait ce printemps, et me voilà rasséréné. Mais il y a tellement à dire que je ne sais plus par où commencer. J'imagine que si vous lisez cet article, vous avez également vu tous les épisodes, aussi ne vous apprendrai-je pas qu'il s'agit d'un regard idéalisé sur une version parallèle d'Hollywood en 1947, où de jeunes artistes en devenir parviennent à réaliser leurs rêves à la vitesse de l'éclair, en dépit de toutes les contraintes sociales érigées sur leur chemin. Le tout après une escalade en bonne et due forme des célèbres panneaux dominant la ville, d'où s'était jetée Peg Entwistle quinze ans plus tôt, et dont le destin sert de trame générale au film dans le film.
Ce qui est intéressant, c'est que chaque personnage représente une minorité qui n'aurait jamais eu accès à une telle reconnaissance dans la vraie vie à cette époque, et même encore à la nôtre. On y croise, entre autres, un metteur en scène à moitié philippin, Raymond Ainsley, déterminé à changer les choses; une actrice noire, Camille Washington, désireuse de jouer autre chose que des domestiques; une productrice juive, Avis Amberg, qui devient la première femme à parvenir à la tête d'une major; un scénariste noir et homosexuel, Archie Coleman, qui souhaite s'adresser à tous les publics; un directeur de production dans le placard, Richard Samuels; un proxénète vieillissant, Ernie West, qui ne veut pas encore renoncer à ses rêves; mais encore de véritables figures de l'âge d'or hollywoodien comme Anna May Wong, désormais respectée par ses pairs, Rock Hudson, cette fois-ci ouvertement gay dès le départ, et l'immonde agent Henry Willson, qui abuse de sa position. Plus traditionnelles dans cet univers, car parfaitement blanches et hétéros, la fille du studio, Claire Wood, la star glamour Jeanne Crandall et la professeure en diction Ellen Kincaid, de même que le fringant jeune premier Jack Castello, apportent aussi leur pierre à l'édifice de ce conte de fées assurément joli à regarder. Seule minorité ostensiblement absente: les lesbiennes. On en aperçoit bien une caricature à la fin, mais les hommes homosexuels n'ont jamais été connus pour leur ouverture d'esprit par rapport à leurs consœurs. La plan à trois entre Hattie McDaniel, Tallulah et un gigolo ne compte pas vraiment.
Par contre, on sent bien la différence, en matière d'interprétation, entre la vieille garde et la nouvelle génération. En un mot, la première domine entièrement la seconde, pas encore à même de faire montre de charisme ou d'apporter de véritables nuances de jeu: David Corenswet (Jack), le séduisant Darren Criss (Raymond) et Jake Picking, d'une laideur aussi repoussante que celle de son illustre personnage, restent corrects mais n'ont pas assez de personnalité pour se démarquer les uns des autres, malgré des parcours très différents. Du côté des femmes, Laura Harrier (Camille) se laisse généralement voler la vedette par chacun de ses partenaires, tandis que les performances d'actrice du personnage ne justifient en rien qu'elle soit considérée comme la meilleure du studio, et devienne une grande star du jour au lendemain, qu'il s'agisse de son apparition comique en bonne dans un premier temps, ou du premier rôle prestigieux de Meg, qu'elle incarne assez mollement. C'est dommage, parce que le propos de la série est de montrer comment une jeune femme noire parvient à triompher de l'adversité pour devenir la nouvelle Vivien Leigh, mais la comédienne n'est pas vraiment à la hauteur de la tâche. Plus convaincantes mais sans génie particulier, Maude Apatow en femme trompeuse et trompée, et Samara Weaving en blonde insupportable (Claire) sont également correctes, même si l'on a du mal à comprendre pourquoi la seconde sabote volontairement son audition pour le rôle de sa vie, sous le simple prétexte qu'elle s'incline finalement devant le talent de sa rivale. Finalement, le seul jeune qui ait réellement une forte personnalité est Jeremy Pope (Archie), même s'il se révèle dominateur au point de devenir angoissant dans sa relation amoureuse avec Rock Hudson.
Les aînés, plus chevronnés, font donc tout le sel de la série, en composant des personnages piquants et nuancés. Il faut dire qu'il n'a pas dû être facile d'exister en face d'une diva telle Patti LuPone (Avis) qui, armée d'une vulgarité parfaitement tempérée, est explosive dans le rôle d'une actrice ratée s'épanouissant dans la production de films de prestige, et sachant faire des choix courageux. Son mari à l'écran, Bob Reiner, est lui-même tout à fait convainquant en patron fruste qui regarde davantage son porte-monnaie et la croupe des actrices que de possibles audaces artistiques, avant de se découvrir une certaine forme d'ouverture d'esprit lorsque sa femme prend le relais. Très bon également, Joe Mantello (Richard) apporte beaucoup de nuances à un personnage talentueux qui a toujours dû se cacher, la soirée chez George Cukor constituant probablement son moment le plus marquant. Non moins excellent est encore Dylan McDermott (Ernest) en proxénète étonnamment cool, dont les déceptions en série le rendent touchant à souhait malgré son travail douteux, tandis que Mira Sorvino (Jeanne) est idéalement turnurisée en blonde platine glamour désespérée de ramer dans des comédies insipides. Michelle Krusiec est quant à elle une merveilleuse Anna May Wong, passant avec talent du désabusement cynique aux larmes de gratitude, alors que Jim Parsons (Henry) brille de son côté dans un tout autre registre, quoique son personnage soit si répugnant qu'il est difficile d'avoir de l'estime pour son travail. Ma grande favorite reste néanmoins la divine Holland Taylor (Ellen), parce qu'elle parvient à rester absolument lumineuse et chaleureuse dans un environnement hautement toxique, et parce que j'ai toujours eu un faible pour les célibataires qui ont du mal à exprimer leurs sentiments.
En revanche, malgré la qualité générale de l'interprétation, c'est une catastrophe totale du côté des caméos. C'est même d'autant plus offensant que les personnes impliquées sont deux des plus grandes déesses du panthéon gretallulien: Tallulah Bankhead et Vivien Leigh! Mais vraiment, c'est épouvantable. La pauvre Tallulah est incarnée par une actrice nettement moins charismatique qui se ridiculise à chaque réplique, réelle, de la dame; et la personne qui se prend pour Vivien Leigh passe pour complètement idiote: sa grande scène de paranoïa bipolaire n'a pas l'once de la personnalité d'une Blanche DuBois, ce qui est un gâchis total puisque l'étoile d'Autant en emporte le vent est reconnue dans la série comme la plus grande actrice découverte à Hollywood. On appréciera au passage le name-dropping sympathique dont use la série: en l'occurrence, Ellen Kincaid se targue d'avoir découvert Judy Garland et Lana Turner du temps où elle officiait à la MGM, avant d'être immédiatement mouchée par Richard Samuels, qui lui réplique avoir lui-même découvert Vivien Leigh et qu'il l'emporte, à raison, haut la main. Par bonheur, d'autres caméos parviennent, dans une certaine mesure, à compenser les ratages précédents, principalement Queen Latifah, super cool dans le rôle d'une Hattie McDaniel qui place tous ses espoirs en la jeune Camille. Par contre, c'est la troisième fois que je vois Queen Latifah à l'écran, et j'ai le sentiment que, malgré son indéniable charisme, ses personnages sont toujours les mêmes d'une fiction à l'autre: son Hattie McDaniel ressemble comme deux gouttes d'eau à la chanteuse Liz Bailey de Living Out Loud, et à la matonne Mama Morton de Chicago.
Portée par cette galerie de personnages plus ou moins bien interprétés, la série se regarde vraiment sans déplaisir: les décors et costumes nous invitent délicieusement au voyage dans l'usine à rêves des années 1940, et l'on sent bien que Ian Brennan et Ryan Murphy connaissent leur sujet sur le bout des doigts. J'en veux pour preuve la reconstitution de la vingtième cérémonie des Oscars qui, à quelques aménagements près dans cette copie du Shrine Auditorium, est franchement impressionnante, avec le gros gâteau d'anniversaire au centre de la scène, comme ce fut le cas en 1948. Par contre, on est en droit d'être surpris par la volonté des scénaristes de trop vouloir moderniser l'époque dans le moindre détail. En ces temps-là, on ne plaçait aucun des candidats au premier rang, malgré l'image positive que la série veut donner de Camille, prête à se battre pour siéger au plus près du saint des saints; le romantic lead n'aurait jamais concouru comme second rôle, quel que soit son temps d'écran, bien que les scénaristes aient eu besoin de ce subterfuge pour faire une blague sur le Père Noël; et surtout, au sortir de la guerre, la société savait encore se tenir correctement: on ne faisait pas de standing ovations à tout va, et je doute que les auditeurs aient pris la chose autant au sérieux qu'à notre siècle, à voir des familles chinoise et afro-américaine prier et sauter de joie à l'annonce des résultats. Par ailleurs, que vient faire Ernest Borgnine sur scène à une époque où il n'avait qu'à peine commencé sa carrière sur les planches? Une façon pour Ryan Murphy de faire un pied de nez à ses propos homophobes sur Brokeback Mountain, en le plaçant au cœur d'une cérémonie voyant triompher les profils les plus progressistes imaginables? Pourquoi, en ce cas, ne pas faire venir quelqu'un comme Walter Brennan, un choix bien plus approprié comme second rôle ultra conservateur avec déjà une longue carrière derrière lui?
Pour être honnête, la démarche en question, à savoir montrer les outsiders d'Hollywood vaincre tous les préjugés du temps, fait un bien fou, et la série ne manque jamais de vendre du rêve à cet égard. Mais à la fin, quel est l'effet de tout cela? Je sais qu'Hollywood a reçu de mauvaises critiques de part et d'autre, toutes jugeant que ce n'était pas faire honneur à la mémoire d'Anna May Wong et autres actrices de couleur que les placer dans une réalité parallèle où tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. À titre personnel, je ne trouve pas la chose insultante, d'autant que les dames en question sont traitées avec admiration et respect dans l'ensemble des épisodes. Et puis, je rêve moi-même depuis longtemps de débarquer à Hollywood dès les années 1930 afin d'offrir de grands rôles à Anna May Wong, Theresa Harris, Hattie McDaniel, Fredi Washington, ou encore William Haines; en un temps où nul ne serait jugé sur sa couleur ou ses sentiments, et où Merle Oberon aurait eu le droit de vivre son métissage sereinement. Aussi ne vais-je pas me plaindre d'une série qui tente, même si maladroitement, d'apporter un peu de lumière à tous ceux qui durent se cacher ou rester dans l'ombre dans la vraie vie. Par contre, le reproche que je ferai à la série, c'est de préférer les apparences à la profondeur d'esprit. Un exemple: le film Meg, d'abord titré Peg, grâce auquel Camille devient une grande star de premier ordre, tandis qu'Anna May Wong redémarre sa carrière en grande pompe, dix ans après son humiliation pour La Terre chinoise, une séquence fort triste admirablement bien montrée.
Le problème, c'est qu'on parle de Meg à n'en plus finir dans chaque épisode, mais qu'on ne voit qu'une infime portion du produit fini. Or, même si l'on est ravi qu'Anna May Wong reparte avec un Oscar, comment s'enthousiasmer réellement pour elle alors qu'on ne la voit que vingt secondes en tout et pour tout dans les rushes du film? Et comment croire que Meg devienne le plus gros succès au box office après Autant en emporte le vent, et que les foules se déplacent en masse pour le voir, alors que tous les problèmes sociaux et raciaux qui faisaient tout le sel de l'intrigue disparaissent comme par magie? Il aurait fallu montrer davantage de scènes de cette production pour bien prendre la mesure de son effet sur le public. Mais en l'état, avec des dialogues hautement convenus, nous rappelant que "les tapis rouges ne sont que de la poudre aux yeux", et une scène finale assez platement filmée et mal soutenue par une actrice sans grande envergure, on a toutes les peines du monde à croire ce que l'on nous raconte. La série aurait vraiment gagné à chérir le film dans le film, plutôt que montrer les personnages en parler à tort et à travers en s'accouplant comme des lapins.
Finalement, c'est peut-être ça qui me gêne le plus dans cette vision d'Hollywood: des images ostensiblement racoleuses pour appâter le chaland. Certes, les grandes stars d'antan n'étaient clairement pas chastes derrière des surfaces policées à l'extrême, mais au moins, le résultat à l'écran était invariablement raffiné: on n'avait pas besoin de filmer des personnages s'envoyer en l'air sous tous les angles pour donner au public envie d'accourir. Voir John Gilbert et Greta Garbo, élégamment vêtus, allumer des cigarettes dans un jardin de nuit a toujours été bien plus excitant que voir Patti LuPone se faire prendre en levrette dans un escalier, mais un siècle nous sépare désormais de la vision élégante de l'érotisme jadis. Plus grave encore que le voyeurisme révélant les personnages d'Hollywood dans leur intimité, le fantasme d'une prostitution rose bonbon, le thème n'étant jamais remis en cause par les scénaristes, mais au contraire montré comme quelque chose d'une coolerie sans bornes, comme si soulager des personnes peu désirables n'était qu'une formalité somme toute agréable pour parvenir à entrer dans un studio. Je doute que les personnes réelles qui ont dû passer sur le canapé de Louis B. Mayer et d'éventuels équivalents féminins soient rentrées chez elles l'esprit apaisé: c'est un euphémisme. Pourtant, ni Jack Castello, ni Archie Coleman ni même Jeanne Crandall ne semblent traumatisés à l'idée d'être réduits au statut d'objet. Ici, la seule dénonciation de l'esclavage sexuel s'inscrit dans le personnage d'Henry Willson, qui abuse de Rock Hudson au point de le détruire, mais jamais le réseau de prostitution d'Ernie West n'est perçu comme autre chose que la porte d'or vers le pays des rêves. Tous les personnages passés à son service lui en savent un gré colossal, et tout le monde prend manifestement plaisir à se taper de vieux moches dans sa course à la célébrité. On comprend aisément pourquoi la délicate Ellen Kincaid, qui tente avec maladresse de retrouver l'âme sœur, est bel et bien la lumière de cet univers désespérant.
Moralité: Hollywood me parle beaucoup trop pour prétendre que je n'ai pas pris un plaisir immense devant les sept épisodes. Je ne suis pas d'accord avec la vision colorée de la prostitution, et j'émets de fortes réserves quant à la qualité de Meg, mais en vérité, j'ai assez aimé les personnages et ce monde parallèle progressiste pour passer outre les défauts de la série. Je maintiens tout de même que Jack Castello aurait dû être proposé pour l'oscar du meilleur acteur, laissant Ernie West décrocher la nomination comme second rôle masculin pour son excellente interprétation de patron d'un grand studio: pour le peu qui est montré de Meg, c'est clairement lui qui donne la plus belle performance du film!
Je suis à peu près d'accord sur tout !
RépondreSupprimerEn ce qui concerne la vision de la prostitution, je pense qu'ils se sont permis une forme de décontraction par rapport à ça, parce que ce sont des hommes prostitués. Des femmes ça aurait été une autre paire de manches aujourd'hui. En réalité, c'est aussi sexiste, parce que l'idée, je crois, ça reste qu'un homme est toujours motivé pour la chose, quel que soit le contexte … mais pas une femme. Et donc finalement, ils prennent du bon temps en faisant ce qu'ils aiment. Vision ultra discutable pour toutes les raisons que tu donnes. Ca n'empêche pas l'horrible malaise quand Rock Hudson est esclavagé sexuellement, cela dit, ça je crois que ça c'est clair et que c'est une forme de repentir de la série.
Une question "oscarfan" : que fais-tu de la nomination de Richard Burton en 52 pour Ma Cousine Rachel, comme meilleur second rôle (bel exemple de fraude, soit dit en passant), du coup ?
En cameo plus insultant que celui des dames, Guy Madison (mais j'avoue que son dialogue m'a fait rire).
LE vengeur démasqué
Je suis également d'accord avec ton analyse. La scène finale de "réconciliation" où, bien que Rock fasse entendre qu'il ne pardonnera jamais à Henry, tout le monde se remet à travailler dans la joie et la bonne humeur, n'est pas du meilleur goût après les images épouvantables qu'on nous a montrées jusqu'alors.
SupprimerAutrement, je n'ai pas beaucoup de souvenirs de Ma Cousine Rachel, mais de mémoire Richard Burton y joue assurément un premier rôle. Je n'avais pas vraiment aimé le film à l'époque et ne l'avais pas pris en compte dans mes prix: il me faudrait m'en refaire une idée.
Pour sûr, je deviens de plus en plus exigeant de ce côté-là: j'ai de plus en plus tendance à considérer les stars comme des premiers rôles tout court, quel que soit leur temps d'écran. C'est valable pour les dames des Heures, et parfois, mon extrémisme devient tel que je me dis que Myrna Loy aurait dû être proposée pour l'oscar du premier rôle pour Les Plus Belles Années de notre vie. C'est dire...
Et maintenant, c'est le moment gênant où je vais devoir avouer que je n'avais jamais entendu parler de Guy Madison avant aujourd'hui. Je me rends compte qu'il apparaît dans Depuis ton départ, mais il ne m'y a absolument pas marqué. A quel moment intervient-il dans la série, et pour dire quoi?
Mais je croyais que Loy (première au générique) avait été proposée comme premier rôle (ce qui explique peut-être le fait que, caramba, encore raté, elle n'ait pas été nommée … remarque a-t-elle plus de temps à l'écran que Jane Wyman dans Jody et le Faon) ?
RépondreSupprimerNe t'inquiète pas pour le beau Guy Madison, moi je ne savais pas qui était Henry et je n'avais jamais entendu parler de Meg (ce qui est plus gênant, je pense). C'est le garçon qui explique qu'il fait un régime protéiné en mangeant des hamburgers et en buvant des milkshakes et après s'étonne d'avoir grossi. Il faisait partie de ces acteurs dans le placard, par ailleurs, si ma mémoire est bonne.
Et Burton est incontestablement un premier rôle dans Ma Cousine Rachel, il a beaucoup plus de temps à l'écran que Havilland et c'est son histoire, racontée de son point de vue ! Je crois que c'est un des premiers cas où justement le "romantic lead" s'est retrouvé nommé comme second rôle, au nom de son absence de sa jeunesse et de son absence de notoriété hollywoodienne (autre cas en 56 avec Don Murray).
C'est ce qui est arrivé à Loy: impossible de faire campagne pour elle comme second rôle considérant son statut à Hollywood et son nom en tête d'affiche, mais le rôle était trop bref dans un film choral (Wyman avait au moins l'avantage d'être dans une histoire centrée sur trois personnes maximum). Surtout, la RKO, qui distribuait Les Plus Belles Années, bien que ce fût une production Goldwyn, s'est probablement davantage investie pour Russell, qui enchaînait alors deux films de prestige pour le studio (Sister Kenny puis Électre), tandis que Myrna n'était appelée qu'à tourner dans des comédies grand public avec Cary Grant, pour cette enseigne. Mais il est effectivement dommage qu'une année où la Warner a complètement raté sa campagne (trois nominations en tout et pour tout, dans des catégories mineures: musique et second rôle féminin), et où la seule candidate MGM viable était avant tout affiliée à un autre studio, en l'occurrence la Warner (Wyman), Myrna Loy n'ait pas réussi à décrocher la nomination qu'elle méritait.
SupprimerÀ ce propos, j'aurais tendance à considérer Brian Aherne comme le premier "romantic lead" nommé comme second rôle pour Juarez. Cela s'explique tout simplement par le fait que le pauvre acteur a eu bien du mal à se faire entendre à la Warner, face aux grandes stars bien établies qu'étaient Bette Davis et Paul Muni, bien qu'il ait en réalité plus de temps d'écran qu'eux, et que l'histoire soit avant tout celle de Maximilien. Et puis il n'était tout bonnement pas assez connu à Hollywood à l'époque, bien qu'il eût déjà acquis une stature de star romantique depuis belle lurette face à Marlene Dietrich, Ann Harding, Joan Crawford, Katharine Hepburn et Constance Bennett.
Autrement, maintenant que tu en parles, je me souviens effectivement de cette réplique concernant le régime hollywoodien, mais je n'avais absolument pas identifié Guy Madison, qui n'est pas mon style, soit dit en passant. Je me rappelle surtout d'un Noël Coward fort peu ravi de se faire piquer son coup du soir par Rock Hudson, et d'Eleanor Roosevelt débarquant tel le Messie!
Note: ce message est certifié "réponse officielle d'Orfeo pour Gretallulah", Blogger refusant ce soir de publier mon commentaire quand je suis connecté à mon compte. Soupir.
Ah je me rappelle avoir lu, pour 1946, que les previews pour Déception et Humoresque avaient été si mitigées que Jack Warner avait perdu tout intérêt pour la saison 46.
RépondreSupprimerMais ce que tu dis est intéressant à propos de Loy, je n'avais pas pensé que Russell lui faisait de la concurrence "interne". Je vais revoir les Plus Belles années de Notre vie, justement, peut-être que je vais réévaluer cette performance.
PS : je n'avais aucun doute sur l'authenticité du message … :-)
Je sais que Myrna n'est pas ton actrice préférée, mais je te souhaite de passer un bon moment en sa compagnie lors de la revisite.
SupprimerPS: j'oubliais la nomination de La Voleuse pour les effets spéciaux, ce qui fait donc quatre citations, avec Humoresque et Night and Day pour la musique, et Flora Robson du côté des seconds rôles, pour des films distribués par la Warner en 1946, bien que La Voleuse soit techniquement une production Bette Davis. Il n'empêche que pour un studio de cette envergure, ça reste peu.