samedi 15 novembre 2014

Rêves de stars


Je me souviens rarement de mes rêves, mais quand cela arrive, ça concerne toujours des réminiscences particulièrement loufoques. Par exemple, à la veille d'entrer à l'université il y a de ça quelques années, j'avais rêvé qu'une amie, une autre fille de ma promo et moi-même étions à fond de cale sur un bateau de pirates birmans, et qu'il fallait s'arranger pour faire passer le navire entre de gigantesques piquets plantés dans l'eau, étape "très importante" selon la rameuse, à qui je servais le thé pendant que l'autre fille grommelait dans son coin. A la fin, nous étions accueillis dans un port très vilain de type Gunkanjima, avec en prime de multiples tuyaux rouillés qui sortaient de partout, tout ça pour être applaudis de bon cœur par la junte qui voulait nous décorer pour avoir bien navigué... Ohé ohé. 

A la même époque, j'avais aussi rêvé que toute ma promo s'était réunie pour me souhaiter un bon anniversaire, y compris mes ennemis qui s'étaient incrustés au goûter (sans doute parce que j'étais encore tétanisé par un anniversaire commun qu'une collègue avait absolument tenu à fêter ensemble quelques mois plus tôt, où l'une des personnes avait apporté un cadeau uniquement à elle! L'injustice suprême!). Bref, parmi les intrus du rêve, la pimbêche-première-de-la-classe, aka la fille à lunettes et cols blancs impeccables qui n'adressait la parole au commun des mortels que pour leur dire:

* avant un examen: "Olala! C'est une catastrophe! Je n'ai rien révisé!"
* au sortir de l'examen: "Olala! C'est une catastrophe! Je vais encore avoir 2!"
* à l'annonce des résultats: "Olala! C'est une catastrophe! Je n'ai eu que 18 à ma dissertation!"

Tout ça pour dire que dans le rêve, ce délicieux personnage avait eu la bonne idée de m'offrir une "carte comestible" signée avec soin et agrémentée d'une charmante chanson explicative. Or, dès qu'elle ouvrait la bouche, il en sortait un son grave, mélange horrifiant de trompette tibétaine et meuglements bovins (j'avais visiblement une grande estime pour elle), entrecoupé d'un refrain ridicule pour ceux qui n'auraient pas compris: "♫ C'est la carte qui se mange! ♪ C'est la carte qui se mange! ♫" Ce faisant, la carte se transformait en un énorme gâteau dégoulinant de crème tandis que, le comble, la chanson devenait soudain un hit international qui passait à la radio. Et la pimbêche de se glorifier avec fausse modestie: "Allons, allons! C'est juste une chanson sur la carte qui se mange!"

Donc, pour vaincre des psychodrames personnels à grand renfort de loufoqueries en tous genres, mes rêves sont des armes de premier choix. Cependant, il m'arrive aussi de faire des songes nettement plus classes, dont certains vont jusqu'à faire intervenir des stars de cinéma. Et comme les derniers exemples remontent à cette semaine, je me suis dit qu'il pourrait être amusant de partager le devenir de nos actrices préférées dans l'inconscient tordu d'Orfeo. Voyons ça en détail en compagnie de...


Sophia Loren ou "Comment poser un lapin sans vous faire gronder."

Alors là, c'est tout simple. Au joli mois de mai 2010, je devais choisir entre deux invitations pour un même weekend, l'une pour une pendaison de crémaillère porte de Vincennes (glamour), l'autre pour deux jours sur le littoral aquitain dans une villa avec jardin (bouh). Techniquement, j'avais déjà répondu à la première invitation six mois plus tôt, mais l'hôte n'avait jamais pris soin de me demander une confirmation plus récente, considérant qu'un oui de l'an 40 avait valeur intemporelle. A sa décharge, je me souvenais parfaitement de la date, mais lorsque entre temps je fus invité au bord de la mer, par des gens avec qui j'avais en outre plus d'affinités, je changeai mes plans l'air de rien, avec malgré tout un petit pincement au cœur devant mon entorse au protocole, étant donné qu'après six mois sans nouvelles, je ne me voyais pas appeler pour annuler. Et comme je déteste me montrer incivil, mon subconscient ne manqua pas de me rappeler ma faute, ma très grande faute, et c'est là que la divine Sophia intervint.

Je me surpris donc à rêver, la mort dans l'âme, que j'étais bel et bien allé à la fameuse pendaison vincennoise où, pour bien confirmer mes craintes, les gens ne parlaient que d'écoles de commerce, de finance, du dernier concert d'Usher et, pire que tout, du dernier Marc Lévy; d'où un profond embarras qui me donnait envie de fuir par la fenêtre. Par bonheur, Sainte Sophia se présenta au beau milieu de l'appartement et entreprit de me tirer de là! Oui, sauf que... Dans le plan suivant, nous nous retrouvâmes tous deux sur un tapis, cernés par notre hôte et ses invités qui nous fixaient sans mot dire, et c'est ce moment là que choisit la star pour... me faire des avances, arguant qu'il n'y avait pas lieu de se gêner et que les gens n'y verraient que du feu. Grands dieux! Malheureusement, je ne saurai jamais ce qui se passa sur ce fichu tapis, puisque nous fûmes aussitôt projetés dans un autre plan où, cette fois-ci, tous les invités étaient endormis dans le salon. Et que croyez-vous que nous fîmes? Nous transportâmes chaque personne en dehors de l'appartement, jusqu'à un véhicule qui les emmena vers des contrées inconnues. Dès lors, plus aucun souci à me faire: je n'avais plus à justifier mon absence non prévenue et merci Sophia Loren! Après un tel rêve, c'est d'ailleurs l'esprit tranquille que je profitai pleinement de mon dimanche à la mer, et tout fut pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mais de retour en ville le dimanche soir, un message Facebook: "Alors... On ne t'a pas vu à ma soirée hier... [Avec que des points de suspension, au cas où on n'aurait pas compris.]" Et moi de présenter des excuses en arguant que j'étais alors très pris par un mémoire et que j'avais complètement oublié la soirée, que j'étais sincèrement désolé, tout ça. Bon, mémo à moi-même: quand quelqu'un vous lance une invitation, même trois ans à l'avance, il compte sur vous et ne vous loupera pas. Je prends note.


Vanessa Redgrave ou "Comment oublier son premier amour en musique."

Cette fois-ci, je ne suis pas apparu dans ce rêve, mais ce fut assez bouleversant d'en suivre le déroulement. Ainsi, prenez l'actrice la plus magique de l'univers, une actrice très charismatique de la même génération, la plus grande actrice de la décennie suivante, un bellâtre classique et une rockstar, agitez le tout et vous obtenez... l'histoire d'une méchante reine (Glenda Jackson), prête à tout pour envahir le royaume de sa rivale (Vanessa Redgrave), au point de battre son armée et de marcher sur son palais. Ne comptant pas se laisser faire, Vanessa emmena toute sa cour pour se mettre en lieu sûr, de quoi donner lieu à de fort belles images d'une caravane aristocratique à travers la lande, chacun arborant son costume le plus chatoyant, très pratique pour passer inaperçu dans la verdure. Arrivées dans une épaisse forêt, Vanessa et sa suite décidèrent de faire une halte pour abreuver les chevaux dans le courant d'une onde pure, sans voir qu'une bande de brigands était tapie dans la chênaie. Et c'est bien entendu au moment où tout le monde se délassait que les brigands attaquèrent, contre toute logique néanmoins car ils n'étaient pas plus d'une dizaine et qu'aucun des nombreux gardes de la reine n'eut l'idée de dégainer son épée pour la défendre. "La bourse où la vie?" demanda alors le chef des brigands (Tyrone Power avec la pilosité faciale de Barbe Noire). Et Vanessa de répondre: "Je vous montrerai comment meurt une reine!" Bref, tout se mélangeait, et mon songe fit un bond en avant pour arriver dans une séquence où la souveraine était alors très amoureuse du brigand (comme c'est original!), qui n'hésita cependant pas à lorgner sur l'une de ses suivantes, une noble dame fort jolie (Meryl Streep), qui décida de l'épouser le jour même (ben voyons, tant qu'à faire!). Je me souviens enfin d'un dernier plan sur le visage de Vanessa, désolée par cette trahison sentimentale, avec comme fond sonore l'interprétation de Greensleeves par Marianne Faithfull. 

Sur ce, on ne saura jamais le fin mot de l'histoire pour cause d'éveil, mais la signification est somme toute assez simple: la trahison fait évidemment référence à ma première histoire d'amour, cependant beaucoup plus perverse que le rêve le suggère, et dont je ne suis pas disposé à parler en détail. Autrement, je note quand même la cohésion de styles avec des actrices des 60's/70's au sein d'une histoire Renaissance; et une chanteuse de la même époque sur un air du XVIe siècle. Quoi qu'il en soit, pourquoi mon inconscient a-t-il mélangé ma propre histoire aux guerres de religions britanniques d'alors? Allez savoir...


Janet Gaynor ou "Comment obtenir des scoops gratis au Cocoanut Grove."

Celui là, c'est un rêve récent que j'ai fait dans la nuit de lundi à mardi. Et c'est d'autant plus étrange qu'il n'y a vraiment pas grand chose à dire à ce propos, et que je cherche encore la signification à tout ça. Ainsi, j'étais à table au Cocoanut Grove, dans une ambiance effervescente, avec deux personnes dont j'étais visiblement très proche, dont une élégante blonde type Rosamund Pike, avec qui je discutais comme si nous nous connaissions de longue date. Et, alors que nous parlions avec entrain, Janet Gaynor arriva à notre table et s'installa sans même demander si la place était libre, imitée en cela par Charles Buddy Rogers, manifestement content de souffler cinq minutes entre deux danses. Chose encore plus surprenante, Janet Gaynor, pourtant pas la plus tapageuse des actrices de sa génération, se mit à couper court à notre conversation pour attirer l'attention sur elle coûte que coûte et monopoliser la parole, tout ça pour mieux m'annoncer en avant-première... ses fiançailles avec Buddy!

Malheureusement, je ne connais pas la suite du songe, car m'étant alors rendu compte que j'avais perdu une boule Quies, je suis parti faire de la spéléo sous ma couette à la recherche du précieux objet nécessaire à mon sommeil, si bien que je n'étais plus du tout préoccupé par la vie sentimentale de Janet Gaynor. J'espère simplement que Mary Pickford n'était pas dans le coin!


Sandrine Bonnaire ou "Comment réconforter ses collègues... dans une baignoire???"

Alors là... Autant les trois rêves précédents avaient une petite cohérence narrative, ou tout du moins une unité de temps et de lieu, autant celui d'il y a deux jours fut un joli bazar où je croisai d'abord un ex-amant et l'une des médecins de mon ancienne université, avant de me retrouver en plein festival de Cannes où, bousculé par un mouvement de foule, je finis par atterrir dans une pièce en marge du tapis rouge, salle infestée de journalistes qui me poussèrent dans une baignoire vide aux côté de Sandrine Bonnaire et Mélanie Laurent, tout le monde étant habillé, encore heureux! Les journalistes étaient pour leur part très occupés à interviewer Mélanie Laurent, mais apprenant soudain l'existence d'une starlette sur les marches du palais, ils désertèrent l'endroit pour aller la prendre en photo, laissant la pauvre Mélanie en larmes après cette injuste infidélité. Par bonheur pour elle, Sandrine Bonnaire était là pour la consoler, faisant preuve d'un charme extrêmement élégant et d'une bonne dose d'humour, et réconfortant sa collègue qui avait l'impression d'avoir vieilli de dix ans en une minute. De mon côté, j'étais visiblement très touché par la personnalité de Sandrine, au point que je lui demandai de faire une séance photo devant un vitrail vert arrivé là opinément. Il est d'ailleurs frustrant que tout cela ne fût qu'un rêve, car les photos étaient vraiment jolies.

Mais alors, quelle peut bien être la signification d'un tel songe? D'une part, je ne connais absolument pas Mélanie Laurent que je n'ai vue de mémoire que dans un film, et je ne suis pas du tout spécialiste de la filmographie de Sandrine Bonnaire, que j'ai néanmoins adorée dans La Cérémonie. Alors, à quoi cela rime-t-il? Pourquoi elles? Pourquoi une conversation dans une baignoire? Pourquoi un vitrail vert? Difficile de trouver un début d'élément de réponse dans tout ça!

Ainsi, voilà toutes les stars qui sont venues visiter mes rêves ces dix dernières années. Si vous avez des expériences similaires, n'hésitez pas à les partager!

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