Pour moi qui adore absolument les arts et cultures asiatiques, et qui ai eu la chance de vivre dans de véritables cabinets de curiosités aux chinoiseries fascinantes, tout aurait dû, en théorie, me conduire à aimer du premier coup les différentes adaptations de l'autobiographie d'Anna Leonowens au cinéma. Ce ne fut pourtant jamais le cas, essentiellement à cause de l'héroïne en tant que telle, dont le destin m'ennuie et dont la personnalité m'agace au plus haut point, la dame étant restée convaincue jusqu'au bout d'avoir apporté ses lumières au royaume de Siam, bien que l'historique des réformes ne soit apparemment pas de son fait; exemple typique de la conception occidentale des "bienfaits de la colonisation". Par bonheur, elle fut incarnée au cinéma par deux actrices capables de beaucoup d'humour et d'humanité, Irene Dunne et Deborah Kerr ayant su rendre l'héroïne éminemment sympathique, sans rien de la vieille bique qu'on aurait pu attendre. Pour comparer les deux versions, on dira que si je n'arrive toujours pas à rentrer dans celle de 1946 après de multiples essais, celle de 1956 gagne en revanche des points à chaque visite, comme si tout passait mieux en chansons. En fait, j'avais décroché de prime abord à la sérénade des amants dans les jardins, la perspective de rester concentré encore plus d'une heure vingt étant alors inenvisageable, mais une revisite quelques mois plus tard a finalement changé la donne, et je peux affirmer sans rougir que j'apprécie bien mieux le film à présent.
C'est d'autant plus extraordinaire que je ne suis vraiment pas fan des comédies musicales de Rodgers et Hammerstein, que je ne connais pour le moment que par State Fair et Carousel, bien gentils mais absolument pas mémorables, et bien entendu par The Sound of Music, dont l'adaptation cinématographique, quoique plaisante, reste beaucoup trop longue à force de faire la part belle aux petits enfants qui chantent dans la montagne: gniiiiii! D'ailleurs, je ne trouve même pas que les chansons de La Mélodie du bonheur soient si exceptionnelles que ça, puisque à part de jolis accords sur "Climb Every Mountain" et "My Favorite Things", les paroles et mélodies manquent cruellement de vivacité pour divertir comme il se doit. Tourné dix ans plus tôt, The King and I s'inscrit réellement dans la même logique: le livret comporte un esprit très bon enfant, avec tout ce qu'il faut d'humour, de gentilles gouvernantes, de patriarches bourrus débordant de tendresse refoulée et de petits enfants insupportables pour donner du baume au cœur et cibler tous les publics. Mais curieusement, l'ensemble a l'air beaucoup moins niais que La Mélodie, sans doute parce qu'hormis l'interminable leçon de géographie, l'équivalent du Do-Ré-Mi des von Trapp, et la trop longue représentation de la Case de l'Oncle Tom, préfigurant le spectacle de marionnettes du chevrier tyrolien; l'histoire cherche avant tout à développer la relation entre les deux adultes, sans trop s'attarder sur les rejetons, heureusement trop nombreux pour être le centre de l'attention. On voit ainsi les rapports entre deux fortes personnalités évoluer à mesure que se brise la glace, tout en donnant des indices sur la vie affective d'Anna à travers la furtive apparition de l'ambassadeur, et c'est évidemment mille fois plus intéressant que de la voir apprendre aux cent-cinquante enfants à servir le thé ou à placer le Siam sur une carte.
Néanmoins, l'histoire pèche par d'autres aspects, en particulier lorsque les scénaristes tentent d'aborder des questions plus dramatiques, telles la possible transformation du royaume en protectorat ou les réflexions sur l'esclavage et le concubinage, soit autant de problématiques traitées bien trop furtivement pour être crédibles, et dont certaines ne sont qu'un prétexte pour faire la fête, comme la réception des ambassadeurs. Ces interrogations sérieuses brisent en quelque sorte le ton du film, ce qui en soi n'est pas une mauvaise chose histoire de donner un peu plus de profondeur à un scénario trop enfantin, mais leur traitement très succinct apporte finalement moins de crédit à l'intrigue qu'il ne préfigure les nazis rose bonbon de La Mélodie du bonheur. D'ailleurs, la dernière partie, qui tente d'insérer un peu d'obscurité à cet ensemble chamarré, est plus ratée qu'autre chose: le chagrin du roi arrive très mal, d'autant qu'on ne peut même pas croire à ce dénouement par rapport à sa personnalité dans le reste du film. Surtout, la séquence en question dure plus de vingt minutes! Ça déséquilibre l'ensemble à un moment qui risque justement de rester davantage dans les mémoires, au point que la balance ne penche pas forcément du bon côté à l'arrivée du générique de fin. Ceci dit, les problèmes de déséquilibre étaient déjà présents auparavant, notamment avec cet interlude musical d'une douzaine de minutes sur la Case de l'Oncle Tom, une séquence captivante du point de vue de la scénographie, et pas mal écrite du tout puisque ça résout deux ou trois points mineurs évoqués dans la leçon de géographie, mais dont la durée donne vraiment l'impression que les scénaristes n'avaient plus rien à raconter dans la deuxième heure, au point de faire durer toutes les séquences concernées beaucoup trop longtemps. Sans mentir, les principaux rebondissements se bousculent tous dans la première partie et seules les cinq minutes consacrées à Tuptim font vraiment avancer l'histoire dans la seconde. Curieusement, c'est exactement la même chose avec The Sound of Music, où non seulement les péripéties essentielles arrivent uniquement avant l'entracte, mais où toutes les chansons arrivent également avant la coupure du milieu! Par bonheur, The King and I évite cet écueil avec une meilleure répartition des musiques, même si l'interlude de l'Oncle Tom est trop long en soi.
C'est d'autant plus extraordinaire que je ne suis vraiment pas fan des comédies musicales de Rodgers et Hammerstein, que je ne connais pour le moment que par State Fair et Carousel, bien gentils mais absolument pas mémorables, et bien entendu par The Sound of Music, dont l'adaptation cinématographique, quoique plaisante, reste beaucoup trop longue à force de faire la part belle aux petits enfants qui chantent dans la montagne: gniiiiii! D'ailleurs, je ne trouve même pas que les chansons de La Mélodie du bonheur soient si exceptionnelles que ça, puisque à part de jolis accords sur "Climb Every Mountain" et "My Favorite Things", les paroles et mélodies manquent cruellement de vivacité pour divertir comme il se doit. Tourné dix ans plus tôt, The King and I s'inscrit réellement dans la même logique: le livret comporte un esprit très bon enfant, avec tout ce qu'il faut d'humour, de gentilles gouvernantes, de patriarches bourrus débordant de tendresse refoulée et de petits enfants insupportables pour donner du baume au cœur et cibler tous les publics. Mais curieusement, l'ensemble a l'air beaucoup moins niais que La Mélodie, sans doute parce qu'hormis l'interminable leçon de géographie, l'équivalent du Do-Ré-Mi des von Trapp, et la trop longue représentation de la Case de l'Oncle Tom, préfigurant le spectacle de marionnettes du chevrier tyrolien; l'histoire cherche avant tout à développer la relation entre les deux adultes, sans trop s'attarder sur les rejetons, heureusement trop nombreux pour être le centre de l'attention. On voit ainsi les rapports entre deux fortes personnalités évoluer à mesure que se brise la glace, tout en donnant des indices sur la vie affective d'Anna à travers la furtive apparition de l'ambassadeur, et c'est évidemment mille fois plus intéressant que de la voir apprendre aux cent-cinquante enfants à servir le thé ou à placer le Siam sur une carte.
Néanmoins, l'histoire pèche par d'autres aspects, en particulier lorsque les scénaristes tentent d'aborder des questions plus dramatiques, telles la possible transformation du royaume en protectorat ou les réflexions sur l'esclavage et le concubinage, soit autant de problématiques traitées bien trop furtivement pour être crédibles, et dont certaines ne sont qu'un prétexte pour faire la fête, comme la réception des ambassadeurs. Ces interrogations sérieuses brisent en quelque sorte le ton du film, ce qui en soi n'est pas une mauvaise chose histoire de donner un peu plus de profondeur à un scénario trop enfantin, mais leur traitement très succinct apporte finalement moins de crédit à l'intrigue qu'il ne préfigure les nazis rose bonbon de La Mélodie du bonheur. D'ailleurs, la dernière partie, qui tente d'insérer un peu d'obscurité à cet ensemble chamarré, est plus ratée qu'autre chose: le chagrin du roi arrive très mal, d'autant qu'on ne peut même pas croire à ce dénouement par rapport à sa personnalité dans le reste du film. Surtout, la séquence en question dure plus de vingt minutes! Ça déséquilibre l'ensemble à un moment qui risque justement de rester davantage dans les mémoires, au point que la balance ne penche pas forcément du bon côté à l'arrivée du générique de fin. Ceci dit, les problèmes de déséquilibre étaient déjà présents auparavant, notamment avec cet interlude musical d'une douzaine de minutes sur la Case de l'Oncle Tom, une séquence captivante du point de vue de la scénographie, et pas mal écrite du tout puisque ça résout deux ou trois points mineurs évoqués dans la leçon de géographie, mais dont la durée donne vraiment l'impression que les scénaristes n'avaient plus rien à raconter dans la deuxième heure, au point de faire durer toutes les séquences concernées beaucoup trop longtemps. Sans mentir, les principaux rebondissements se bousculent tous dans la première partie et seules les cinq minutes consacrées à Tuptim font vraiment avancer l'histoire dans la seconde. Curieusement, c'est exactement la même chose avec The Sound of Music, où non seulement les péripéties essentielles arrivent uniquement avant l'entracte, mais où toutes les chansons arrivent également avant la coupure du milieu! Par bonheur, The King and I évite cet écueil avec une meilleure répartition des musiques, même si l'interlude de l'Oncle Tom est trop long en soi.
La musique, justement, constitue la clef du film, mais force est de reconnaître qu'à ce niveau, ce n'est qu'à moitié réussi. En fait, comme pour La Mélodie du bonheur, j'ai bien du mal à trouver les airs mémorables, au point que seuls trois d'entre eux parviennent à rester en tête après coup: "I Whistle a Happy Tune", le plus sympa sur le plan mélodieux, "Getting to Know You", trop répétitif mais comportant de jolis accords, et "Shall We Dance?", aux paroles atrocement crispantes mais dont la mélodie est facilement mémorisable. Autrement, le reste se partage entre l'insipide le plus pur ("Hello, Young Lovers" ou "We Kiss in a Shadow") et l'affreusement paresseux ("A Puzzlement" et "Something Wonderful", qui ne sont ni bien interprétés, ni même agréables à l'oreille), si bien que la marche des enfants est par comparaison nettement plus marquante, bien que ce ne soit dans le fond qu'une ritournelle beaucoup trop longue. Disons clairement que pour une comédie musicale, on reste légèrement sur sa faim, même si ces airs assez peu digestes sont heureusement compensés par un véritable sens de la mise en scène qui sait donner du peps au film, là où un simple récital aurait ennuyé dès les premières minutes. En effet, entre la polka finale et les danses typiquement siamoises de l'Oncle Tom oriental, on ne s'ennuie jamais tant les chorégraphes savent comment occuper l'espace, et même les morceaux les moins exigeants parviennent à être inventifs, comme lorsque Deborah Kerr bouge au milieu des enfants en pleine leçon, ou lorsque la progéniture du roi vient se présenter à la gouvernante en un mouvement où chaque petit figurant esquisse un geste particulier afin d'aérer cette séquence beaucoup trop longue. On retient d'autant plus ces chorégraphies grâce aux cadrages et éclairages de Leon Shamroy, le format Cinemascope servant d'ailleurs parfaitement les mouvements des personnages, même lorsque ceux-ci se contentent de marcher.
Cette réussite photographique me fera notamment avouer que si le film me plait autant, c'est bien parce qu'il s'agit avant tout d'un éblouissement visuel difficilement inégalable, tout du moins pour moi qui adore les décors asiatiques. Or, je suis servi. Entre les fontaines, les statues de lion, les colonnes gigantesques, les panneaux vernis et le cabinet de travail du roi, l'excitation est totale, et ce d'autant plus que l'équipe a fait le choix judicieux d'utiliser une couleur par pièce, de quoi dynamiser considérablement le propos alors qu'on passe parfois plus de dix minutes dans une même salle. Et outre les tons jaunes de la cour d'audience ou le rose de la salle d'étude, le simple fait de changer les dégradés de bleu derrière les fenêtres en fonction de l'heure augmente le plaisir, et donne envie de faire des centaines de captures d'écran. Il en va de même pour les costumes, franchement merveilleux, surtout la robe de bal d'Anna dans la deuxième partie, et chaque mouvement de crinoline rend la démarche de Deborah Kerr absolument gracieuse, ce qui correspond tout à fait à la personnalité de l'actrice mais aussi à celle de l'héroïne.
La star britannique est en effet idéalement distribuée dans le rôle, tant les personnages de gouvernantes ou d'enseignantes semblent lui être consubstantiels (The Chalk Garden, The Innocents, voire Young Bess et Black Narcissus dans une certaine mesure), et on ne saurait franchement rêver meilleure Anna tant l'actrice frappe par son maintien et son charisme, tout en sachant nuancer cette impression de perfection en ajoutant beaucoup d'humour au rôle, notamment lorsqu'elle joue à se mettre à quatre pattes devant le roi. Elle a également conscience de l'esprit très bon enfant de l'histoire, et son jeu est en parfaite harmonie avec la tonalité du film, à l'image de toutes les scènes où elle doit rassurer d'autres personnages, qui seront finalement tous sa "tasse de thé", comme le précisent les paroles de "Getting to Know You". Cependant, Deborah Kerr est évidemment trop bonne actrice pour se contenter de rester uniquement dans un même registre, aussi n'hésite-t-elle pas à révéler d'autres facettes de la personnalité d'Anna, qu'il s'agisse pour elle de tenir tête au roi, de se mettre en colère par moments, voire de se retirer dans ses appartements en boudant avec grâce, à l'image de ce superbe regard riche en émotions qu'elle lance à Lady Thiang lorsque celle-ci vient la supplier d'être plus à l'écoute du roi. Enfin, l'actrice souligne à merveille le réchauffement des relations entre ces deux fortes têtes, allant jusqu'à insérer une petite dose d'érotisme à leur polka à la manière dont elle cherche à reprendre son souffle, après que les corps se soient dangereusement rapprochés lors d'un tourbillonnement dynamique sur le marbre de la grande salle. Finalement, Deborah rend l'héroïne éminemment sympathique, sans jamais appuyer sur le côté un tantinet prétentieux de la dame, si bien que non contente de porter la moitié du film sur ses épaules, c'est bel et bien elle qui donne envie d'entrer dans l'histoire et de découvrir la suite.
Il faut dire qu'en face, Yul Brynner est franchement agaçant dans un rôle à clichés dont il ne montre que la surface, au point qu'on ne voit plus que les ficelles de son jeu sans jamais pouvoir s'immerger dans la pensée ou le ressenti du roi. Ainsi, Brynner ne donne aucune dimension à son personnage, préférant tout miser sur sa diction irritante et son accent peu crédible, usant et abusant de formules toutes faites qui ne font même pas sourire ("et cetera, et cetera, et cetera"), et ratant totalement sa dernière grande scène en suggérant à peine l'abattement d'un roi plus effervescent qu'attristé. En fait, seule son alchimie avec Deborah Kerr parvient à donner des points à son interprétation, mais dans l'absolu, c'est loin d'être une grande performance d'acteur. A vrai dire, même son chant laisse à désirer, un comble en partie imputable aux chansons inintéressantes attribuées à son personnage, lesquelles ne sont d'ailleurs pas très difficiles d'un point de vue technique. C'est en fait le cas pour toutes les chansons du film, et l'on se demande bien pourquoi les producteurs ont tant tenu à faire doubler Deborah Kerr par Marni Nixon, même si la célèbre voix hollywoodienne assure, il faut le reconnaître, une bonne continuité vocale avec les intonations parlées de la star du film. On louera tout de même la capacité de Nixon à rester beaucoup plus mémorable quoique invisible que tous les seconds rôles réunis, Rita Moreno étant assez mauvaise à surjouer les demoiselles en détresse, Carlos Rivas totalement insipide en amoureux transi, et Terry Saunders, Alan Mowbray, et Geoffrey Toone se faisant largement éclipser par les protagonistes. Seul Martin Benson a le temps de laisser une petite empreinte grâce à son personnage de ministre rigide, mais on notera par ailleurs qu'Anna est affublée d'un enfant qui disparaît pendant les trois quarts du film avant de réapparaître à la fin comme par magie. Sans blague, même la figurante qui joue Eliza sur scène a plus de temps d'écran dans sa séquence de douze minutes que le garçonnet en deux heures et demie. En somme, le film appartient vraiment à Deborah Kerr sur le plan de l'interprétation, et rendons lui grâce de tenir la dragée haute à une débauche de décors et de costumes tous plus éblouissants les uns que les autres, lesquels n'arrivent jamais à lui voler la vedette malgré leur fort pouvoir de séduction.
Il faut dire qu'en face, Yul Brynner est franchement agaçant dans un rôle à clichés dont il ne montre que la surface, au point qu'on ne voit plus que les ficelles de son jeu sans jamais pouvoir s'immerger dans la pensée ou le ressenti du roi. Ainsi, Brynner ne donne aucune dimension à son personnage, préférant tout miser sur sa diction irritante et son accent peu crédible, usant et abusant de formules toutes faites qui ne font même pas sourire ("et cetera, et cetera, et cetera"), et ratant totalement sa dernière grande scène en suggérant à peine l'abattement d'un roi plus effervescent qu'attristé. En fait, seule son alchimie avec Deborah Kerr parvient à donner des points à son interprétation, mais dans l'absolu, c'est loin d'être une grande performance d'acteur. A vrai dire, même son chant laisse à désirer, un comble en partie imputable aux chansons inintéressantes attribuées à son personnage, lesquelles ne sont d'ailleurs pas très difficiles d'un point de vue technique. C'est en fait le cas pour toutes les chansons du film, et l'on se demande bien pourquoi les producteurs ont tant tenu à faire doubler Deborah Kerr par Marni Nixon, même si la célèbre voix hollywoodienne assure, il faut le reconnaître, une bonne continuité vocale avec les intonations parlées de la star du film. On louera tout de même la capacité de Nixon à rester beaucoup plus mémorable quoique invisible que tous les seconds rôles réunis, Rita Moreno étant assez mauvaise à surjouer les demoiselles en détresse, Carlos Rivas totalement insipide en amoureux transi, et Terry Saunders, Alan Mowbray, et Geoffrey Toone se faisant largement éclipser par les protagonistes. Seul Martin Benson a le temps de laisser une petite empreinte grâce à son personnage de ministre rigide, mais on notera par ailleurs qu'Anna est affublée d'un enfant qui disparaît pendant les trois quarts du film avant de réapparaître à la fin comme par magie. Sans blague, même la figurante qui joue Eliza sur scène a plus de temps d'écran dans sa séquence de douze minutes que le garçonnet en deux heures et demie. En somme, le film appartient vraiment à Deborah Kerr sur le plan de l'interprétation, et rendons lui grâce de tenir la dragée haute à une débauche de décors et de costumes tous plus éblouissants les uns que les autres, lesquels n'arrivent jamais à lui voler la vedette malgré leur fort pouvoir de séduction.
Séduisant restera ainsi un bon mot pour qualifier Le Roi et moi, pour peu qu'on fasse l'effort de lui redonner une chance si l'on n'était pas d'humeur la première fois. En outre, malgré son esprit bon enfant qui évite le tragique de la version Irene Dunne, elle-même aussi parfaite que Deborah Kerr mais dans un film qui m'a toujours ennuyé, The King and I parvient finalement à me divertir bien davantage que cette autre adaptation, ce qui est tout à son honneur sachant mes grandes réserves quant aux comédies musicales de Rodgers et Hammerstein. J'ai d'ailleurs beaucoup comparé cette histoire de roi siamois à la mélodie autrichienne sans rien dire de l'esprit des réalisateurs, respectivement Walter Lang et Robert Wise, mais c'est aussi qu'on ressent nettement plus l'influence du livret de départ dans ces films que la marque de metteurs en scène s'étant contentés de les filmer assez joliment. Quoi qu'il en soit, ces deux très gros succès musicaux des années 1950/60 restent fort plaisants, mais si je pense être plus volontiers charmé par The Sound of Music rapport à son casting, The King and I évite pour sa part certaines niaiseries, d'où mon envie de lui mettre une meilleure note. Comme tout n'est pas parfait malgré la réussite technique, je pensais en rester à un bon 6/10, mais venant juste de mettre la même note aux Dix Commandements, pourtant beaucoup moins bien filmés et atrocement pédants, je considère de plus en plus de monter jusqu'à un petit 7, à moins que je n'enlève un point au DeMille qui m'a vraiment déçu la dernière fois. Ces histoires de notations n'ont finalement pas grande importance, et Le Roi et moi restera un plaisir visuel qui divertira allègrement le temps d'une soirée, ou le temps d'une polka, c'est au choix!
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