Profitant de ce qui est peut-être notre dernière semaine de liberté avant de finir sous le joug d'un gouvernement officiellement fasciste, je vais tâcher de visiter un maximum de lieux, et de publier un maximum de photos afin de ne pas trop penser au désenchantement terrible et à l'inquiétude qui m'assaillent depuis dimanche dernier. Oui, devoir voter à mon corps défendant pour un président sortant aussi mauvais, parce qu'on n'a vraiment pas d'autre choix, me chagrine énormément, et d'autre part, croiser de plus en plus de gens qu'on pensait très bien sous tous rapports, et qui vont se diriger sans scrupules vers son adversaire, me terrifie. Rien que dans la commune où je suis actuellement missionné, les langues se délient : la directrice des ressources humaines n'en finit plus de faire l'éloge d'un maréchal dont je ne citerai pas le nom, et le regard de haine que me jette la policière municipale avec de moins en moins de retenue me fait me sentir, plus que jamais, en danger. Sans parler de tous ces jeunes pour qui la Seconde Guerre mondiale et la notion même de Résistance ne représentent plus rien. Je suis catastrophé de la tournure que prennent les choses. Et comme je ne fréquente que des gens de gauche et qu'ils prévoient quasiment tous de s'abstenir au second tour, j'ai un très mauvais pressentiment.
samedi 16 avril 2022
Bourdeilles
Dans les jours qui viennent, je tâcherai alors de parler des lieux que j'ai aimé visiter et où je me suis senti bien. Mon choix se porte aujourd'hui sur Bourdeilles, une commune du Périgord moins connue que sa célèbre voisine Brantôme, mais qui vaut tout autant le détour pour ses demeures pittoresques au bord de l'eau. Elle se visite de préférence en septembre, quand il fait encore beau sous le feuillage toujours vert, et quand il y a moins de touristes dans les rues.
L'idéal est de s'y rendre en fin de matinée ou début d'après-midi et de commencer la promenade depuis les bords de la Dronne : le reflet majestueux des monuments Renaissance dans l'onde claire confère à la cité un charme fou. En guise d'illustration, c'est l'église Saint-Pierre-ès-Liens et un joli lavoir qui s'offrent au regard, puis la tourelle pointue de la maison du sénéchal, édifiée entre les XVe et XVIIe siècle, d'où les deux corps de logis bien distincts. Avec en prime de jolis remparts qui bordent la rivière.
Au Moyen Âge, Bourdeilles était le siège de l'une des quatre baronnies du Périgord, avec Beynac, Biron et Mareuil, ce qui explique la richesse de son patrimoine avec pas moins de cinq châteaux, et autant de manoirs.
Ce « vieux pont » à avant-becs fut quant à lui édifié au XIVe siècle, avant d'être reconstruit en 1735 après d'importantes crues.
Sa traversée offre un joli panorama sur la forteresse médiévale du XIIIe siècle.
Ces remparts crénelés attirent quant à eux le regard vers le pavillon Renaissance du château, bâti pour sa part à la fin du XVIe siècle sous la direction de l'architecte Jacquette de Montbron, qui venait de s'illustrer cinq ans plus tôt dans la réalisation du château de Matha en Saintonge. Dame d'honneur de Catherine de Médicis et Louise de Lorraine, et belle-sœur de l'écrivain Brantôme, Jacquette ne se rendit jamais en Italie, mais elle fut impressionnée par les croquis des livres d'architecture du bolonais Sebastiano Serlio, d'où l'influence très italienne du pavillon Renaissance du château de Bourdeilles. Qu'aurait-elle pensé de cette sculpture contemporaine d'Alien en ferraille ?
Par beau temps, le jardin de l'église colore de son côté les remparts du bourg d'un joli rose estival.
Idem pour la campagne verdoyante et la Dronne bleutée alentour, auxquelles les fleurs aux teintes chaudes apportent un fier contraste.
Sous les remparts, un réseau de grottes permet de s'abriter de la chaleur…
… et de contempler la maison du sénéchal sous un autre angle. Les deux corps de logis, quoique liés l'un à l'autre, se distinguent très nettement ici.
Des fantômes préhistoriques surveillent également les lieux.
Verdure, formations rocheuses et bâtiments Renaissance s'allient parfaitement dans tous les coins de la Dordogne. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'aime beaucoup ce département. J'ai d'ailleurs retrouvé dans mes archives familiales le contrat de mariage d'une ancêtre originaire de Chancelade, avec son époux provenant quant à lui du vignoble charentais. Rédigé en 1839 sous la monarchie de Juillet, le contrat commence avec la bénédiction formelle de Louis-Philippe. Voilà qui me donne envie de poires…
Et que voit-on venir du haut des remparts ? Le soleil qui poudroie, l'herbe qui verdoie et… les toits des plus beaux monuments de Bourdeilles qui rougeoient. Au second plan, admirez comme le pavillon Renaissance de Jacquette se marie fort bien au donjon d'antan.
Une jolie vue toute de pierre et de verdure alors que l'on s'achemine vers l'ancien chemin de ronde.
Et toujours ce panorama coloré sur la cité, hélas un peu à contre-jour en cette fin d'après-midi.
Mais cette alliance de vert et de bleu reste décidément ravissante.
Telle Marguerite Gautier se promenant dans la campagne, on peut apercevoir d'autres châteaux à l'horizon. C'est ici le château des Francilloux, dans son horrible style du XIXe siècle, qui se découpe derrière le feuillage.
Elle aussi fortement remaniée à l'époque romantique, l'église Saint-Pierre-ès-Liens n'est clairement pas le plus beau monument de Bourdeilles. Je lui préfère de loin la perspective offerte par cet escalier fort élégant.
De retour dans la rue de l'église, l'enceinte crénelée du château médiéval donne elle aussi beaucoup d'élégance au centre-bourg.
En levant les yeux, on peut également apercevoir d'autres curiosités, à l'instar de cette façade atypique dans la grand rue. C'est tout pour aujourd'hui ! Passez un bon congé de Pâques et découvrez de jolies choses !
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