Avant-hier, j'évoquais l'architecte Jacquette de Montbron à propos du pavillon Renaissance du château de Bourdeilles en Dordogne, et la semaine d'avant, Madame de Montespan essayait à nouveau de capter toute l'attention dans les commentaires de l'article consacré à Marie-Thérèse d'Autriche. Nous avons aujourd'hui l'occasion de les recroiser toutes deux en faisant le tour des vieux château de l'ancien canton de Matha en Charente-Maritime. Ces monuments se situent dans le territoire naturel dit de « Basse-Saintonge ».
Matha
Dotée de deux jolies églises romanes typiques de la région, Matha n'est pas une ville touristique à proprement parler. Son château fut plusieurs fois rasé, notamment par Louis IX lors de la révolte féodale ayant conduit à la bataille de Taillebourg non loin de là, et fut pris plusieurs fois par les Anglais lors de la guerre de Cent Ans.
C'est finalement Jacquette de Montbron qui en hérita, et qui fit édifier un châtelet d'entrée de style Renaissance dans les années 1580. Ces tours carrées jumelles, d'embonpoint inégal, sont le seul vestige du château qui a survécu, encore que le bon état du châtelet soit dû à une campagne de restauration étonnamment réussie au XIXe siècle, avec reconstruction du faux chemin de ronde crénelé et de la charpente.
Des jeux de perspective de porte en porte. Terres de protestantisme, l'Aunis et la Saintonge furent sévèrement réprimées par le pouvoir royal au XVIIe siècle : Anne d'Autriche y séjourna en 1621 pendant que Louis XIII s'ingéniait à prendre Saint-Jean-d'Angély pour ouvrir une voie d'accès vers La Rochelle la rebelle, avec les conséquences tragiques que l'on sait.
Neuvicq-le-Château
Édifié à partir du XVe siècle sur l'emplacement d'une ancienne motte castrale, le château de Neuvicq semble s'être échappé du Val de Loire avec ses deux tours crénelées aux toits en poivrière et sa tour polygonale contenant l'escalier principal.
Les jeux de ventes et d'héritages le firent tomber dans l'escarcelle du marquis de Montespan, époux de la célèbre Athénaïs, favorite de Louis XIV, qui connaissait elle-même très bien la Saintonge puisqu'elle avait été éduquée à l'abbaye aux Dames de Saintes, puis titrée demoiselle de Tonnay-Charente, du nom d'un fief possédé par sa famille natale de Rochechouart.
Autour du château se distinguent encore ses vestiges défensifs avec d'élégants fossés comblés.
La fuie, qui servait de refuge aux colombes et pigeons voyageurs, a en revanche perdu son toit.
Le paysage très viticole et défriché de la Saintonge ne suscite pas en moi un enthousiasme débordant, mais les arbres qui ceignent le château rendent la promenade rafraîchissante.
Au printemps, les murs en vieilles pierres blanches se parent des jolies couleurs des iris, des tulipes et des lilas. Le parfum de l'iris, très sucré, est l'un de mes préférés.
En définitive, l'ancien canton de Matha n'est pas le plus exceptionnel d'un département avant tout connu pour son tourisme balnéaire, mais si vous aimez l'histoire, l'art roman et les vieux châteaux, vous y découvrirez de jolies choses. Ces détours se marient fort bien avec les visites de Saint-Jean-d'Angély et de la superbe église d'Aulnay, dont nous reparlerons.
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