J'aimerais parvenir à vous intéresser de nouveau, mais depuis que j'ai cessé d'écrire sur mes trophées d'actrices fictifs, j'ai perdu une bonne partie de mon lectorat. Mon analyse des comédiennes de 1941 est bloquée depuis deux ans désormais, et impossible de renverser la vapeur : je n'arrive pas à parler de Deanna Durbin dans It Started with Eve, ce qui est quand même le comble de l'incompréhension pour ce blog ! Et je ne sais vraiment pas comment faire pour retrouver de la motivation à ce sujet. Avoir fait le tour de la filmographie de toutes mes actrices préférées des années 1930 me donne un sentiment d'achèvement, tant et si bien que je ne vois pas ce qui pourrait me surprendre parmi le peu qu'il me reste à découvrir de cette période. En attendant, je continue donc mes explorations géographiques, en optant aujourd'hui pour un périple à travers le Limousin, et plus exactement le sud de la Haute-Vienne. Le pays des feuillardiers, du nom de ceux qui travaillaient le bois de châtaignier pour fabriquer les cercles fermant les barriques, s'étend environ du canton de Saint-Mathieu à celui de Châlus, et fait partie intégrante du très beau parc naturel régional de Périgord-Limousin. Ce pays est aussi traversé par la route touristique Richard Cœur de Lion, le célèbre roi d'Angleterre étant mort à Châlus au printemps 1199. C'est cet itinéraire que je vous invite à suivre en plusieurs étapes : le pays des feuillardiers, les deux châteaux de Châlus chargés d'histoire, le pays arédien du côté de Nexon, puis la branche royale allant de Châlucet à Limoges, en passant par l'abbaye de Solignac.
Les sources de la Charente à Chéronnac
Anticipons toute déception inutile : elles sont bien moins difficiles à trouver que celles du Nil ! Un bon atlas et la lecture de quelques panneaux vous permettront de les admirer sans vous égarer pendant cinq ans dans une campagne inexplorée. Vous serez même très certainement circonspects en réalisant que la source en question n'est rien de plus qu'un petit lavoir avec un gros caillou au milieu ! Le site a même perdu de son charme depuis l'époque très ancienne où j'avais pris cette photo. Mais à ce moment-là, c'était rustique à souhait, sans être toutefois le point d'orgue du département.
Les fresques romanes des Salles-Lavauguyon
Plus impressionnantes, les peintures murales de l'église Saint-Eutrope des Salles-Lavauguyon donnent de jolies couleurs à ce territoire très enclavé. Datant de la fin du XIIe siècle, elles représentent essentiellement des martyres. Des campagnes successives de restauration ont permis de mettre en valeur ce qu'il en reste, bien que seuls quelques fragments de mur aient survécu. La façade entourant la porte d'entrée reste très belle, quoique loin de pouvoir rivaliser avec les églises du Poitou, évidemment indétrônables en matière d'art roman préservé.
Des ruines sur la Tardoire à Maisonnais
Pour une raison des plus obscures, le hameau de Lavauguyon ne se situe pas sur la commune des Salles, mais sur le territoire limitrophe de Maisonnais-sur-Tardoire, autre village enclavé au milieu de jolies collines boisées, où serpentent des routes minuscules. Les vestiges du château de Lavauguyon n'en restent pas moins le fier témoignage d'un brillant passé, cette vaste forteresse ayant été dotée en son temps d'un solide donjon.
De puissantes tours d'angle, reliées par des courtines ruinées où pousse désormais une abondante végétation, illustrent également le caractère imposant des lieux. Reconstruit au XIVe siècle, 200 ans après sa mise à sac par Richard Cœur de Lion, le château s'était orné d'une chapelle de style gothique flamboyant. Abandonné puis pillé lors de la Révolution, il fut partiellement démantelé au fil des ans. Il reste heureusement assez de murs d'enceinte pour se faire une idée de sa grandeur du temps jadis.
De grands domaines à Cussac
La commune de Cussac possède au contraire de solides bâtisses qui étalent leur splendeur au grand jour. C'est le cas du château de Cromières, dont la construction s'est étalée du XIIIe au XVIIe siècles, d'où son allure imposante non dénuée d'élégance avec cette façade percée de grandes fenêtres évidemment bien postérieures à l'époque médiévale. La base Mérimée rappelle toutefois que le crénelage reste fantaisiste, car la toiture n'aurait pris son aspect actuel qu'au milieu du XIXe siècle à la suite d'un départ de feu. Une amie à qui je faisais visiter la région me disait trouver à ce château un air de Downton Abbey ! Les lieux ne se visitent pas, mais les panneaux autorisent les photographies depuis la grille d'entrée.
Cussac reste également connue pour ses fontaines à dévotion dans les hameaux alentour, mais je ne me suis pas aventuré jusque là. Sillonnant les routes au hasard au début du printemps, j'avais trouvé cette vue de chevaux paissant devant le manoir du Puy parfaitement bucolique, avec en prime un arbre en fleurs d'un rose chaleureux. Il me faudra tout de même y revenir, car il y a visiblement plein d'autres choses à voir, dont une cachette de résistants dans la forêt de Boubon.
Classicisme et clocher noir à Marval
À l'inverse, la commune de Marval ne mérite pas spécialement le détour. Mais à la belle saison, ses monuments se parent de nouvelles teintes qui leur vont à ravir. C'est le cas de l'église Saint Amand, qui se distingue par un beau clocher très sombre du XIIIe siècle, illuminé en avril par le rose éclatant de cette… plante. Je suis très mauvais en botanique, priez pour moi !
Le château de Marval est quant à lui un charmant logis qui, après avoir grandement souffert des guerres de Religion, en tant que dommage collatéral de la bataille de La Roche-l'Abeille (quel beau nom pour un événement aussi funeste !) de 1569, fut reconstruit au XVIIe siècle. Les fossés témoignent de son origine médiévale, tandis qu'une grange fortifiée des plus imposantes fait la liaison entre l'église et le château.
Une maison forte à Champagnac
À Champagnac-la-Rivière, le château de Brie est un édifice du XVe siècle, dont le corps de logis rectangulaire est agrémenté d'une tour d'escalier carrée et de deux grandes tours d'angle circulaires qui dominent les champs alentour. On le qualifie parfois de maison forte, bien qu'il soit assez remarquable pour mériter son titre de château.
Juste en face, cette habitation, sûrement une ancienne dépendance, m'a parue fort plaisante à regarder. Si l'on en juge par l'étroitesse des fenêtres et l'épaisseur des murs, on se dit tout de même que l'intérieur doit être bien sombre.
Un chef-d'œuvre à Dournazac
Le clou du spectacle de ce parcours reste tout de même le château de Montbrun à Dournazac. Construit au XIIe siècle, à l'époque où le seigneur des lieux défendait justement le château de Châlus contre Richard Cœur de Lion, il fut malheureusement ruiné lors de la guerre de Cent Ans. L'évêque de Limoges Pierre de Montbrun entreprit sa reconstruction au XVe siècle, en conservant le donjon resté intact qu'il fit englober dans l'une des quatre tours d'angle nouvellement bâties. Victime par la suite de pillages et d'incendies, le château fut profondément restauré aux XIXe et XXe siècles, d'où sa silhouette grandiose qui se reflète aujourd'hui dans un étang, au fond d'un vallon.
L'autre curiosité de la commune se trouve à quelques pas de là, sur la butte dite du Grand Puyconnieux. Ce petit sommet offre au regard un vaste panorama sur l'ensemble de la Haute-Vienne, des monts de la Marche au nord à la frontière du Périgord au sud. Limoges se distingue parfaitement au centre par ses immeubles les plus hauts, mais ça ne passe pas le cap de la photographie. On a vraiment le sentiment d'une tâche urbaine en pleine campagne, ce qui ne manque pas d'inviter à la contemplation un long moment, bien que les arbres au premier plan soient d'une beauté bien plus admirable. Le tout forme une halte reposante avant Châlus, prochaine étape de ce parcours, sur laquelle je m'étendrai plus longuement. Affaire à suivre…
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