mercredi 11 novembre 2020

Oscar de la meilleure actrice: les années 1950

 



Les Années 1950


1950
Bette Davis (All About Eve)
Eleanor Parker (Caged)
Gloria Swanson (Sunset Boulevard)
Anne Baxter (All About Eve)
Judy Holliday (Born Yesterday)

Mon choix: Une sélection légendaire dont je ne suis plus du tout fan avec le recul. En effet, Swanson est à l'unisson du film, et a très bien compris ce qu'on attendait d'elle, mais je n'adhère plus du tout à ses grimaces outrées qui ne m'ont finalement jamais touché, sauf quand elle joue Chaplin. Ça reste tout de même une performance très courageuse qui lui permet de finir seconde. Eleanor Parker a quant à elle quelques défauts, dont une tendance à surjouer un peu trop avec ses expressions et une transformation finale trop forcée, mais je reste attaché à cette composition, qui lui a justement valu une coupe Volpi. Pour les autres, je n'achète plus du tout le numéro d'Anne Baxter qui, l'effet de découverte passé, donnerait plus envie de s'enfuir en courant que de la prendre sous son aile tant on voit ses ficelles dès le départ; tandis que je n'ai jamais bien senti la différence entre l'avant et l'après dans ce que faisait Judy Holliday. De son côté, Bette Davis donne à peu de choses près la meilleure performance listée dans cet article et remporte ainsi une quatrième victoire haut la main: félicitations!

Dans l'absolu: Bette Davis pour All About Eve, je n'en démordrai pas. Et pourtant les alternatives sont là: Claudette Colbert (Three Came Home), Doris Dowling (Riz amer), Gloria Grahame (In a Lonely Place), Katharine Hepburn (Adam's Rib), Eleanor Parker (Caged), Barbara Stanwyck (The Furies ou No Man of Her Own), et bien sûr Gloria Swanson même si je ne pense pas la nommer pour ce rôle.


1951
Vivien Leigh (A Streetcar Named Desire)
Katharine Hepburn (The African Queen)
Eleanor Parker (Detective Story)
Jane Wyman (The Blue Veil)
Shelley Winters (A Place in the Sun)

Mon choix: Par sa performance très riche dans A Streetcar Named Desire, Vivien Leigh est tellement au-dessus du lot que la question ne se pose pas, et ce d'autant plus que le reste de la sélection n'a rien de particulièrement enthousiasmant. En effet, Katharine Hepburn est dynamique à souhait, mais elle a fait tellement mieux par la suite dans ses variations de vieilles filles qu'avec le recul, sa performance dans The African Queen laisse un peu sur sa faim. Autrement, j'ai énormément de mal à classer Eleanor Parker et Jane Wyman, sachant que les deux sont difficilement comparables puisque la première est clairement un second rôle. Elle n'est pas parfaite, mais sa dernière scène m'a paru très réussie la dernière fois, au point d'être en définitive largement plus mémorable que la caractérisation pas du tout surprenante de Wyman, dans un film oubliable qui plus est, d'où l'avantage à Parker. Enfin, Shelley Winters n'est pas mauvaise, mais je hais son personnage geignard et grossier, ce qui ne me donne absolument pas envie de la revoir, alors que ses concurrentes, si. Elle finit donc cinquième par pure subjectivité, la faute à son rôle, même si en toute honnêteté je n'ai jamais rien vu de spécial dans sa composition.

Dans l'absolu: Bien qu'elle ne me touche pas particulièrement, Vivien Leigh donne, on l'a dit, une composition trop riche pour être ignorée. J'aurais aimé la voir concourir contre Jeanne Crain (People Will Talk), Katharine Hepburn (The African Queen), Anna Magnani (Amore ou L'Honorable Angelina), Jean Peters (Anne of the Indies) et Thelma Ritter (The Mating Season).


1952
Shirley Booth (Come Back, Little Sheba)
Joan Crawford (Sudden Fear)
Susan Hayward (With a Song in My Heart)
Bette Davis (The Star)
Julie Harris (The Member of the Wedding)

Mon choix: Un cru en demi-teinte, avec un véritable dégradé allant du bon au raté, dont Joan Crawford émerge pour une deuxième victoire grâce à une performance très crawfordienne, donc pas surprenante mais toujours assez jouissive, avec tout ce qu'il faut de craintes et de charisme pour divertir amplement. Mais au fil des ans, j'ai vraiment fini par apprécier Shirley Booth à sa juste valeur, et je vote désormais pour elle cette année-là. De son côté, Susan Hayward a au moins le mérite de divertir dans les passages musicaux, même si sa performance m'a déçu. Bette Davis est quant à elle trop lourde par moments, et Julie Harris est atrocement théâtrale pour s'adapter vraiment à un exercice de cinéma.

Dans l'absolu: Ginger Rogers pour Monkey Business, le dernier grand rôle d'une comédienne en pleine forme. Je lui attribue pour concurrentes: Anita Björk (Mademoiselle Julie), Shirley Booth (Come Back, Little Sheba), Joan Crawford (Sudden Fear), Marilyn Monroe (Don't Bother to Knock), Maureen O'Hara (The Quiet Man), Debbie Reynolds (Singin' in the Rain) et l'iconique Lana Turner (The Bad and the Beautiful).


1953
Deborah Kerr (From Here to Eternity)
Ava Gardner (Mogambo)
Audrey Hepburn (Roman Holiday)
Maggie McNamara (The Moon Is Blue)
Leslie Caron (Lili)

Mon choix: Une sélection très très faible, avec toutefois moins de catastrophes qu'en 1949, même si toutes ces jeunettes sont agaçantes à force de n'avoir rien faire. Néanmoins, les deux finalistes sont assez agréables, et j'avouerai même être particulièrement sensible à la gouaille sympathique de la flamboyante Ava Gardner, malgré un rôle peu exigeant qui a surtout l'avantage de coller à sa personnalité. C'est pourquoi je donne mon vote à Deborah Kerr, réellement surprenante dans un contre-emploi où elle joue très bien de dureté et de frustration, même si c'est davantage un second rôle et que son amour soudain pour le sergent ne me convainc guère, un comble, sachant la liaison à la ville qu'entretenaient Kerr et Lancaster au moment du tournage. Pour les autres, j'ai beaucoup de mal à départager les deux brunettes identiques, mais Audrey Hepburn a l'avantage d'être dans le film le plus séduisant et d'avoir le physique le plus cinématographique, bien qu'elle n'ait absolument rien à faire à part se promener en jupe et que rien dans sa performance ne justifie qu'elle soit devenue une grande star par la suite. Ceci dit, Maggie McNamara joue avec la même expression très ennuyeuse pendant tout le film, alors autant faire passer Hepburn devant pour son aura effectivement attractive. De son côté, Leslie Caron parle à des marionnettes... Une performance d'une naïveté horrifiante que je refuse de revoir avant longtemps.

Dans l'absolu: Anna Magnani pour l'un des rôles de la décennie, et peut-être sa meilleure performance tout court, Bellissima. Ses concurrentes seraient Ava Gardner (Mogambo), Gloria Grahame (The Big Heat), Marilyn Monroe et Jane Russell (Gentlemen Prefer Blondes), Jean Peters (Niagara et Pickup on South Street), Jean Simmons (Angel Face et Young Bess) et Barbara Stanwyck une dernière fois pour All I Desire.


1954
Dorothy Dandridge (Carmen Jones)
Judy Garland (A Star Is Born)
Grace Kelly (The Country Girl)
Jane Wyman (Magnificent Obsession)
Audrey Hepburn (Sabrina)

Mon choix: Après revisite, j'ai adoré Carmen Jones et le charisme de star de Dorothy Dandridge. On guette chacune de ses apparitions avec impatience, et même si le personnage finit par manquer de cohérence à la fin, son dynamisme et ses regards mélancoliques la rendent incroyablement magnétique. J'aurais aimé qu'elle eût plus de temps d'écran, mais je suis entièrement conquis cette seconde fois. Elle est évidemment doublée, contrairement à Judy Garland, mais son interprétation n'en reste pas moins plus moderne, et pour tout dire moins forcée, que celle de sa collègue chanteuse, qui passe quant à elle par de multiples émotions avec une bonne volonté qu'il faut saluer, sans que j'arrive à m'enthousiasmer pour elle autant qu'il le faudrait. Disons que l'ancienne icône chantante de la MGM grimace un peu trop à mon goût au lieu de toucher avec naturel. D'autre part, contrairement à tout le monde, je ne déteste pas Grace Kelly qui, non contente de trouver le rôle le plus intéressant de sa carrière, doit faire un véritable effort de composition. Elle touche par moments, semble plus mécanique par endroits à cause d'un scénario relativement indigeste, mais ce n'est jamais inintéressant. A ses côtés, Jane Wyman continue d'émouvoir avec grâce et dignité bien qu'elle n'ait pas grand chose de plus à ajouter par rapport à ses rôles précédents, tandis qu'Audrey Hepburn se contente surtout d'être Audrey Hepburn dans un film peu savoureux.

Dans l'absolu: J'ai un gros coup de cœur pour Edwige Feuillère dans son plus beau rôle, Olivia, éligible cette année-là pour cette cérémonie. Mais Joan Crawford (Johnny Guitar), Dorothy Dandridge (Carmen Jones), Judy Garland (A Star Is Born) et Jennifer Jones (Beat the Devil) restent des concurrentes de choix.


1955
Eleanor Parker (Interrupted Melody)
Susan Hayward (I'll Cry Tomorrow)
Katharine Hepburn (Summertime)
Anna Magnani (The Rose Tattoo)
Jennifer Jones (Love Is a Many-Splendored Thing)

Mon choix: J'adore, j'adore, j'adore... Eleanor Parker dans Mélodie interrompue! Grou! Entre l'orgasme auditif, l'intensité dramatique et l'humour rafraîchissant, mon vote ne fait aucun doute! Mais voilà, la sélection est, une fois n'est pas coutume, sincèrement exceptionnelle, et Susan Hayward est elle aussi franchement éblouissante dans son meilleur rôle. Mais Kate en vieille fille touchante dans une superbe Venise de carte postale me réjouit tout autant, même si le classement ne présente aucune difficulté pour moi, n'aimant vraiment pas The Rose Tattoo malgré la force magnanesque de l'incandescente Italienne. Jennifer Jones est un peu plus en demi-teinte, mais si le film était sorti l'une des trois années précédentes, j'aurais pu lui donner ma préférence sur toutes les autres candidates réunies.

Dans l'absolu: Eleanor Parker pour Mélodie interrompue. La question ne se pose pas. Et la compétition reste brillante: Ingrid Bergman (Voyage en Italie), Susan Hayward (I'll Cry Tomorrow), Katharine Hepburn (Summertime), Jean Simmons (Guys and Dolls) mais encore Jane Wyman pour le film de l'année (All That Heaven Allows).


1956
Carroll Baker (Baby Doll)
Katharine Hepburn (The Rainmaker)
Deborah Kerr (The King and I)
Nancy Kelly (The Bad Seed)
Ingrid Bergman (Anastasia)

Mon choix: Je viens d'en parler récemment, et Carroll Baker reste la reine de l'année 1956 pour son tour de force dans Baby Doll et sa nuance incroyable dans Giant, mais je garde énormément d'affection pour la performance de Katharine Hepburn en vieille fille qui s'éveille à la vie, et ce dans sa plus belle variation du personnage, malgré en environnement moins pittoresque que l'Afrique d'Humphrey Bogart ou la Venise de David Lean. Autrement, Deborah Kerr est lumineuse par son jeu mais reste doublée pour les nombreuses chansons, Nancy Kelly reste trop théâtrale mais toujours captivante, et Ingrid Bergman fait une superbe entrée en scène avant d'être laissée pour compte par le scénario.

Dans l'absolu: Carroll Baker, mon gros coup de cœur de la décennie, alors qu'elle reste injustement méconnue. On pourrait une fois encore lui imaginer une concurrence de premier ordre avec Vera Clouzot (Les Diaboliques), Joan Crawford (Autumn Leaves), Doris Day (The Man Who Knew Too Much), Katharine Hepburn (The Rainmaker), Judy Holliday (The Solid Gold Cadillac), Giulietta Masina (La strada), Dorothy McGuire (Friendly Persuasion), et avec un peu moins de temps d'écran, Debbie Reynolds (The Catered Affair) et Barbara Rush (Bigger Than Life).


1957
Deborah Kerr (Heaven Knows, Mr. Allison)
Anna Magnani (Wild Is the Wind)
Joanne Woodward (The Three Faces of Eve)
Lana Turner (Peyton Place)
Elizabeth Taylor (Raintree County)

Mon choix: Une décision très évidente ici, adorant autant Heaven Knows, Mr. Allison que la performance de Deborah Kerr en religieuse en plein questionnement sur une île déserte. Ceci dit, Anna Magnani est une fois de plus dévastatrice par son intensité, Liz Taylor bénéficie de plein de bons moments dans Raintree County, même si ce n'est pas la performance dont on se rappelle le plus dans sa carrière, tandis que Lana Turner m'a toujours absolument captivé en quadragénaire un peu frigide, mais dans un film choral où elle serait plus à sa place comme second rôle. Joanne Woodward est quant à elle très intéressante dans son portrait à trois dimensions, son unique défaut étant que cette performance arrive l'année d'Eleanor Parker dans Lizzie, de telle sorte que je préfère le drame pur à l'analyse clinique.

Dans l'absolu: 1957 reste vraiment l'année Deborah Kerr à Hollywood. Car non contente de briller dans Dieu seul le sait, elle est également magnifique dans An Affair to Remember, en soutenant la comparaison avec Irene Dunne. Je la fais concourir avec Marlene Dietrich (Witness to the Prosecution), Anna Magnani (Wild Is the Wind), Patricia Neal (A Face in the Crowd) et sans surprise Eleanor Parker (Lizzie).


1958
Elizabeth Taylor (Cat on a Hot Tin Roof)
Rosalind Russell (Auntie Mame)
Susan Hayward (I Want to Live!)
Shirley MacLaine (Some Came Running)
Deborah Kerr (Separate Tables)

Mon choix: Une sélection en dégradé, clairement dominée par le top 2, et si j'avais voté en 1958, je serais très vraisemblablement allé vers Russell, iconique et délicieuse dans un morceau de bravoure comique et excentrique qu'elle seule pouvait rendre aussi succulent. Cependant, je préfère un poil plus la performance explosive d'Elizabeth Taylor dans ce qui reste sans doute mon film préféré de l'année, et où je la trouve encore plus intéressante que le reste d'une distribution ultra prestigieuse. Susan Hayward en fait quant à elle des tonnes qui ennuient rapidement dans la première partie, mais elle se rattrape si bien dans la seconde que je garde de l'estime pour son interprétation, bien qu'on soit déjà éloigné de ses plus grands succès. Autrement, il me faudra revoir Shirley MacLaine car je n'avais pas aimé sur le moment, mais je n'ai plus un souvenir très précis de son travail dans ce film, tandis que Deborah Kerr surjoue les jeunettes timorées écrasées par une mère imposante, si bien qu'on lui préférera tous les autres personnages de la pension.

Dans l'absolu: Giulietta Masina était éligible cette année avec Les Nuits de Cabiria, aussi comprendrez-vous qu'il est difficile de chercher ailleurs. Mais 1958 reste d'une richesse exceptionnelle par son côté multilingue: qu'elles viennent d'Europe ou d'Amérique, voici Eva Dahlbeck (Sourires d'une nuit d'été), Danielle Darrieux (Pot-Bouille), Deborah Kerr (Bonjour Tristesse), Kim Novak (Vertigo), Rosalind Russell (Auntie Mame), Maria Schell (Gervaise et Le Dernier Pont), Jean Simmons (Home Before Dark), Kim Stanley (The Goddess), et bien entendu Elizabeth Taylor (Cat on a Hot Tin Roof).


1959
Simone Signoret (Room at the Top)
Elizabeth Taylor (Suddenly, Last Summer)
Katharine Hepburn (Suddenly, Last Summer)
Audrey Hepburn (The Nun's Story)
Doris Day (Pillow Talk)

Mon choix: Pour finir la décennie, une excellente sélection où toutes les nominations sont amplement justifiées, et où la cinquième place de la délicieuse Doris Day n'est absolument pas représentative, ses concurrentes étant tout simplement encore plus fortes. Les héroïnes de Soudain, l'été dernier, sont notamment fabuleuses, en particulier Elizabeth Taylor dans un grand rôle dramatique où elle se débat avec brio, au point de surpasser une Katharine Hepburn qui ne m'avait pas du tout plu les premières fois, mais ayant regagné des points avec un peu plus de recul, une fois qu'on s'habitue au personnage. Simone Signoret est quant à elle sublime et distinguée dans un rôle très touchant, tandis qu'Audrey Hepburn trouve le rôle de sa vie en faisant bien comprendre, très calmement, les interrogations internes de son personnage. Mais vraiment, une excellente sélection où je pourrais envisager de garder tout le monde, bien que je ne me sois pas encore penché sur la question dans l'immédiat.

Dans l'absolu: Je reste sur les flots de la Méditerranée, avec cette fois-ci Élli Lambeti pour La Fille en noir, éligible cette année-là à Hollywood. Avec néanmoins une belle concurrence anglophone de la part d'Audrey Hepburn (The Nun's Story), Katharine Hepburn (Suddenly, Last Summer), Marilyn Monroe (Some Like It Hot), Simone Signoret (Room at the Top) et toujours Elizabeth Taylor (Suddenly, Last Summer).


Statistiques


Lauréates officielles: Leigh (51) > Signoret (59) > Woodward (57) > Magnani (55) > Booth (52) >> Hayward (58) > Bergman (56) >> Kelly (54) > Holliday (50) > Hepburn (53).

Lauréates personnelles: Davis (50) > Parker (55) > Kerr (57) > Taylor (58) > Baker (56) > Taylor (59) > Dandridge (54) > Leigh (51) > Crawford (52) > Kerr (53).

Sélections: 1955 > 1959 > 1956 > 1957 > 1950 > 1958 > 1951 > 1954 > 1952 > 1953.


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