vendredi 13 novembre 2020

Oscar de la meilleure actrice: les années 2000


Les Années 2000

2000
Laura Linney (You Can Count On Me)
Julia Roberts (Erin Brockovich)
Joan Allen (The Contender)
Ellen Burstyn (Requiem for a Dream)
Juliette Binoche (Chocolat)

Mon choix: Commençons par l'évidence: Julia Roberts crève l'écran dans un rôle incroyablement charismatique, et elle éclipse si bien tout ce qui existe alentour qu'elle contribue énormément à la réussite du film, avec en prime des moments sérieux très bien joués, mais qui n'arrivent finalement pas à me convaincre qu'elle soit une grande actrice. Une grande star, indéniablement, mais il est permis de penser que d'autres actrices de l'année livrent des compositions plus intéressantes d'un point de vue artistique. C'est le cas de Laura Linney, exquise et merveilleusement nuancée dans son joli film, avec une bonne alchimie avec son partenaire et un indéniable talent à suggérer diverses émotions compliquées, avec une discrétion de bon aloi. Elle s'impose alors comme la meilleure actrice de la sélection à mon goût, même si Julia Roberts reste la plus grande star. Joan Allen est quant à elle toujours très bien quoique dans un film assez détestable, mais je la préfère mille fois aux suivantes, puisque je déteste absolument la caricature d'Ellen Burstyn dans un requiem basé sur sa transformation physique, et non sur ce qu'on pourrait ressentir pour ce personnage pathétique; tandis que Juliette Binoche n'a absolument rien à faire dans son horrible film, à part manger trois chocolats dans une rue bourguignonne. Mais je déteste tellement la performance de Burstyn que j'hésite parfois à la classer dernière.

Dans l'absolu: Parmi ce que j'ai vu, Laura Linney reste ma favorite. Ses concurrentes seraient Björk (Dancer in the Dark), Julia Roberts (Erin Brockovich), Kate Winslet (Quills) et Michelle Yeoh (Tigre et Dragon). Avec, sous réserve d'une revisite car le film ne m'avait pas marqué, Gillian Anderson (The House of Mirth).


2001
Nicole Kidman (Moulin Rouge!)
Judi Dench (Iris)
Sissy Spacek (In the Bedroom)
Halle Berry (Monster's Ball)
Renée Zellweger (Bridget Jones' Diary)

Mon choix: Une sélection en demi-teinte mais qui tend tout de même vers le positif, où je trouve des qualités mais aussi des défauts à toutes les candidates, à l'exception de Nicole Kidman, éblouissante à plus d'un égard dans tous les registres, des passages chantés aux scènes comiques, en passant par l'émotion fébrile des moments tragiques. Vraiment, une performance exquise dans chaque direction, dont le résultat reste un divertissement sans égal. J'ai plus de mal à classer les quatre autres, à l'exception de Renée Zellweger, revue récemment dans un abysse de misogynie grossière, où l'on conçoit mal ce qui a pu la tenter dans un tel projet, quoiqu'elle ne s'y repose jamais sur ses lauriers. De son côté, Judi Dench est bonne dans son propre film, mais ce n'est pas un très grand challenge pour elle, sans compter qu'elle y est à mon sens éclipsée par les trois autres acteurs. De même, Sissy Spacek est excellente en devant manifester des émotions tout en intériorité, mais son personnage est laissé pour compte par le scénario, qui finit par ne la réduire qu'au cliché de la femme triste fumant des cigarettes par terre. Halle Berry a quant à elle connu les très riches heures de sa carrière en 2001, et on lui reconnaîtra certaines scènes fort touchantes dans l'expression de la douleur, mais hélas autant de scènes de colère non maîtrisées et souvent hors de propos.

Dans l'absolu: Nicole Kidman pour Moulin Rouge!, qui avait en outre l'avantage d'avoir The Others la même année. Mais ça reste extrêmement serré avec Charlotte Rampling pour son plus beau rôle (Sous le sable) et Naomi Watts en son sommet (Mulholland Drive), juste en face.


2002
Julianne Moore (Far from Heaven)
Nicole Kidman (The Hours)
Renée Zellweger (Chicago)
Diane Lane (Unfaithful)
Salma Hayek (Frida)

Mon choix: 2002 prouve que tout n'est qu'affaire de subjectivité. En effet, alors que je passe mon temps à me plaindre des interprètes qui se maquillent de façon trop ostentatoire pour décrocher un trophée, voilà que je suis prêt à jeter mes convictions aux orties pour me laisser totalement éblouir par la Virginia Woolf de Nicole Kidman, qui me fait toujours autant d'effet après des milliers de visionnages. Mais vraiment: la scène de la gare est magnifique, le dialogue avec la sœur me bouleverse tout autant, et tout cela me touche au point que je n'ai jamais été gêné par les artifices, à la différence de Charlize Theron l'année suivante. Maintenant, malgré tout ce que j'ai pu dire l'année dernière, la revisite de Far from Heaven m'a prouvé qu'il s'agit là d'un grand film, et que Julianne Moore, pourtant pas mon actrice contemporaine préférée, y est merveilleuse. Elle garde toujours une façade lumineuse malgré son désarroi, ses pleurs son crédibles, on se soucie vraiment de toutes ses interrogations et elle porte ces questionnements sur ses seules épaules tout du long. Pour les autres, j'ai mis du temps avant de pouvoir apprécier Chicago, mais Renée Zellweger a fini par m'y faire rire, tandis que Diane Lane parvient in extremis à tirer son épingle du jeu de l'horrifiant Unfaithful. Salma Hayek bénéficie de bons moments dans Frida, mais ma détestation des biopics linéaires et mon manque de confiance total envers l'actrice vu le reste de sa carrière m'oblige à la classer dernière, même si je n'ai jamais haï sa performance autant que le reste du monde. Quoi qu'il en soit, une année excitante et colorée où chaque actrice touche à un degré de divertissement fort agréable.

Dans l'absolu: Bien qu'étant en froid avec l'actrice depuis 2016, Isabelle Huppert est trop surprenante dans 8 Femmes, car moins glaçante qu'à l'accoutumée, pour me donner envie d'aller voir ailleurs. La découverte de son interprétation, à seulement 13 ans, fut l'un des moments-phares de l'année 2002. Mais c'est une fois de plus très serré entre elle, Nicole Kidman (The Hours) et Julianne Moore (Far from Heaven). Salma Hayek (Frida), Diane Lane (Unfaithful), Lesley Manville (All or Nothing), Lucy Russell (L'Anglaise et le Duc), Meryl Streep (Adaptation et The Hours) et Renée Zellweger (Chicago), sont aussi formidables et captivantes. J'avais également beaucoup aimé Emily Watson dans Equilibrium, mais je n'ai pas revu le film depuis cette époque.


2003
Charlize Theron (Monster)
Samantha Morton (In America)
Diane Keaton (Something's Gotta Give)
Naomi Watts (21 Grams)
Keisha Castle-Hughes (Whale Rider)

Mon choix: Une sélection ennuyeuse au possible, où personne n'est mauvais ceci dit, mais où aucune des candidates ni aucun des films ne me tentent pour une deuxième visite, de quoi confirmer qu'il y a vraiment un problème avec les années en 3! Du coup, Charlize Theron s'impose vraiment par défaut, pour un travail d'une grande qualité sur le plan émotionnel (ses regards!), mais où son maquillage et sa métamorphose sont beaucoup trop ostentatoires pour réussir à nous connecter pleinement aux sentiments de l'héroïne, à l'image de ces cadeaux piégés où il faut déballer mille paquets avant de trouver le trésor. Samantha Morton est quant à elle très consistante pendant presque tout le film, mais sa grande scène à la clinique m'a semblé un peu trop surjouée par rapport à ce qui était montré de cette mère de famille jusqu'alors, d'autant que celle-ci est finalement un peu laissée pour compte par le scénario. Eût-elle été moins "secondaire", j'aurais pu lui donner ma préférence dans le groupe, mais en l'état, elle se contentera d'une bonne seconde place, devant Diane Keaton, dont les tics comiques fonctionnent à plein régime pour faire rire, même quand elle pleure, mais dont le film est beaucoup trop léger pour classer cette performance parmi ses sommets. De son côté, Naomi Watts se perd dans son film brouillon et misérabiliste, se partageant entre des scènes très bien jouées et des moments de douleur colérique atrocement surjoués. Néanmoins, si elle n'arrive pas à tirer son épingle du jeu, on sent qu'elle a évidemment plus de bouteille que Keisha Castle-Hughes, qui donne certes une performance relativement bonne pour une fillette de douze ans, mais qui joue toutefois avec la même expression tout du long.

Dans l'absolu: Patricia Clarkson, pour un joli rôle émouvant et nuancé (The Station Agent). J'aime aussi Anne-Marie Duff (The Magdalene Sisters), Scarlett Johansson (Girl with the Pearl Earring), Charlotte Rampling (Swimming Pool), même si une fois coutume je n'aime pas ce film d'Ozon; Charlize Theron (Monster) et celle qui aurait mérité une bien plus grande carrière, Evan Rachel Wood (Thirteen). Je n'ai pas aimé Japanese Story, de telle sorte que l'admirable Toni Collette en pâtit quelque peu, mais contre toute attente, il me semble avoir apprécié Jennifer Connelly dans House and Sand and Fog.


2004
Annette Bening (Being Julia)
Imelda Staunton (Vera Drake)
Catalina Sandino Moreno (Maria Full of Grace)
Kate Winslet (Eternal Sunshine of the Spotless Mind)
Hilary Swank (Million Dollar Baby)

Mon choix: C'est désormais officiel, Annette Bening est absolument imbattable avec sa grande performance de diva flamboyante et vulnérable, un rôle exquis qu'elle n'oublie jamais de rendre jubilatoire quelle soit l'émotion sollicitée. Pour les autres, force est de reconnaître que sans m'éblouir au plus haut, les trois suivantes exercent une grande séduction sur moi, Catalina Sandino Moreno se révélant très très forte dans son premier grand rôle, Kate Winslet se montrant dynamique tout en captant l'essence d'une époque, sans incarner pour autant le personnage le plus intéressant de la distribution (je lui préfère à la fois Carrey, Dunst et Ruffalo), tandis qu'Imelda Staunton donne une bonne performance où les émotions se bousculent sous son calme apparent, mais le style de Mike Leigh me laisse malheureusement assez froid. En revanche, Hilary Swank m'ennuie dans un film de Clint Eastwood, sachant que je dois toujours énormément lutter pour tenir jusqu'au bout devant un film de Clint Eastwood, sauf quand Jessica Walter vient pimenter le tout!

Dans l'absolu: Annette Bening reste mon actrice de l'année. Sa performance est un tel délice qu'elle en devient irrésistible et me donne envie de voter pour elle avec force enthousiasme. Outre la sélection officielle, j'aime aussi Julie Delpy (Before Sunset), Zhang Ziyi (Le Secret des poignards volants) et surtout Nicole Kidman pour deux mastodontes impressionnants, Birth et Dogville.


2005
Reese Witherspoon (Walk the Line)
Judi Dench (Mrs. Henderson Presents)
Charlize Theron (North Country)
Keira Knightley (Pride and Prejudice)
Felicity Huffman (Transamerica)

Mon choix: Une sélection apparemment maudite mais pas si mauvaise que ça dans le détail, même si je ne pense garder aucune des candidates dans l'absolu. Quoi qu'il en soit, je considère que d'un point de vue technique, Charlize Theron donne la performance la plus riche de la sélection, en sachant bien se mettre dans la peau de son personnage, notamment à travers sa détresse lors des diverses agressions subies dans la mine (j'achète moins sa vulgarité de façade dans les moments sereins), mais ça reste une interprétation un peu trop démonstrative à mon goût, l'actrice cherchant plus à montrer ce qu'elle sait faire, sans vraiment me connecter aux tourments de son personnage. Dès lors, je lui fais passer deux autres performances sous le nez, chacune étant effectivement moins étoffée, quoique beaucoup plus cool et divertissante, d'où ma préférence pour elles. Après, Reese Witherspoon ne gagne vraiment que par défaut, mais elle est si charismatique et dynamique qu'elle me plaît beaucoup, et sauve à mon avis ce biopic atrocement ennuyeux du naufrage (avec Joaquin Phoenix), bien qu'on puisse la considérer comme un second rôle. Judi Dench est quant à elle très rigolote, même si son personnage n'évolue pas, dans un film amusant et divertissant à souhait; tandis que Keira Knightley donne une interprétation très erronée de Lizzie Bennet à force de sourires niais et de minauderies, mais comme j'ai découvert l'univers de Jane Austen par ce film, ça m'a attaqué par surprise, si bien qu'il m'est impossible de nier le pouvoir de séduction que l'actrice a eu sur moi en phase de découverte. Felicity Huffman est en revanche totalement à côté de la plaque à mon avis, ou tout du moins tellement technique qu'on ne peut rien ressentir pour elle, ce qui me pousse à croire que les rôles de trans ne devraient pas être donnés à des interprètes cis (je n'attends rien du tout de Redmayne cette année, vraiment rien).

Dans l'absolu: Joan Allen dans The Upside of Anger, un petit film pas très mémorable mais où elle donne la performance de sa carrière, en passant par toutes les émotions possibles avec une vigueur magnétique. En considérant Reese Witherspoon comme un second rôle, et en conservant la délicieuse Judi Dench, j'aime aussi Toni Collette et Cameron Diaz (In Her Shoes), Q'orianka Kilcher (The New World) et Laura Linney (The Squid and the Whale), en attendant d'autres découvertes.


2006
Penélope Cruz (Volver)
Helen Mirren (The Queen)
Meryl Streep (The Devil Wears Prada)
Judi Dench (Notes on a Scandal)
Kate Winslet (Little Children)

Mon choix: Une excellente sélection qui me ravit à chaque fois, et dont chaque film me divertit grandement, à l'exception de Little Children, où Kate Winslet me surprend peu, de toute façon. Mais pour les autres, c'est parfait, au point qu'on ne souhaiterait aucun changement. Parmi elles, Helen Mirren a toujours eu ma préférence pour son charisme et son humanité malgré son personnage imbuvable, sachant qu'elle doit suggérer beaucoup de choses sans en faire trop, de quoi me réjouir inconditionnellement. Ceci dit, Penélope Cruz est volcanique dans un rôle très riche où elle brûle la pellicule, tandis que Meryl Streep est à hurler de rire en faisant des choix très pertinents qui évitent constamment les faux-pas potentiels qu'on aurait pu attendre de ce film médiocre et très mal écrit (les amis d'Andy, brrrrr). Judi Dench est enfin effrayante de venin contenu dans Notes, mais son personnage est trop glauque pour m'éblouir autant que ses trois principales concurrentes, d'où son injuste quatrième place.

Dans l'absolu: Je reste avec Penélope Cruz pour son plus grand rôle, même si le choix est compliqué. Outre la sélection officielle qui menace fortement la muse d'Almodóvar, j'aime également Kirsten Dunst (Marie-Antoinette), Martina Gedeck (La Vie des autres) et Gong Li (La Cité interdite). Une belle année!


2007
Julie Christie (Away from Her)
Laura Linney (The Savages)
Cate Blanchett (Elizabeth: The Golden Age)
Ellen Page (Juno)
Marion Cotillard (La Môme)

Mon choix: Une sélection vertigineuse allant de l'Everest à la fosse des Mariannes, la légendaire Julie Christie atteignant sans surprise des sommets où elle bouleverse avec son jeu minimaliste et ses regards chaleureux et très charismatiques, tout en étant talonnée par la toujours excellente Laura Linney, hélas coincée dans un film indépendant assez désagréable, mais constamment juste et nuancée dans sa relation conflictuelle avec son frère. Ellen Page fait quant à elle preuve d'une forte personnalité qui pourrait séduire... n'était-elle logée dans un film atrocement mal écrit où le dialogue sonne faux dès les premières minutes, l'actrice n'étant pas à même de sauver les meubles dans ce naufrage qui fit en son temps la joie de tous mes camarades de classe. Autrement, j'ai le regret d'annoncer que Marion Cotillard délivre la pire performance à avoir non seulement remporté un Oscar, mais peut-être même à avoir été nommée dans cette catégorie, la faute à un film épouvantable, à des grimaces et un maquillage outranciers, et à un portrait pas du tout convaincant, qui tend moins vers l'image d'une chanteuse populaire que vers des abysses de ridicule où le personnage passe son temps à s'égosiller: "Marceeeel!" ou "Mômoneuuuh!" Beurk, c'est affreux et très pénible, et seule la séquence au restaurant parvient à émerger dans cet océan de nullité, reconnaissons au moins ça à l'actrice, qui s'est heureusement très bien rattrapée après cette horrible année. Autrement, ma découverte de Cate Blanchett n'aura pas été vaine car elle est irrésistiblement drôle dans un mauvais film et... une mauvaise performance. Page est sans doute meilleure dans l'absolu, mais Blanchett est si hilarante dans son je-m'en-foutisme notoire que je la fais passer devant!

Dans l'absolu: Je ne sais plus où donner de la tête, mais l'invitation au voyage est trop forte. Il me faudrait le don d'ubiquité entre la Chine et la Roumanie, mais parce que j'aime les grands drames romanesques, disons Tang Wei pour Lust, Caution, le chef-d'œuvre d'Ang Lee où elle se montre exceptionnellement douée à chaque instant. Avec mille excuses pour Anamaria Marinca qui arrive juste après pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours; Julie Christie (Away from Her) et Nicole Kidman (Margot at the Wedding). Les actrices de comédies musicales, Amy Adams (Enchanted) et Helena Bonham Carter (Sweeney Todd), donnent également une touche colorée à l'ensemble.


2008
Melissa Leo (Frozen River)
Anne Hathaway (Rachel Getting Married)
Kate Winslet (The Reader)
Meryl Streep (Doubt)
Angelina Jolie (Changeling)

Mon choix: Une année extrêmement ennuyeuse, et pas seulement à cause de la liste officielle, et il est effarant de constater à quel point les sélections d'actrices de cette fin de décennie reflètent ma propre vie: l'excitation suprême en 2006/2007, la dévastation ultime en 2007/2008, et la longue marche pénible pour remonter la pente en 2008/2009. Néanmoins, si ce cru 2008 est assez décevant, le top 3 reste tout de même assez solide, ma préférence allant à Melissa Leo qui m'a ému dès le premier plan du film, alors que je pensais détester l'actrice violemment après son discours de remerciement de 2010. Mais vraiment, elle est bluffante et attachante, et me plaît finalement plus qu'Anne Hathaway, vraiment très bonne dans son premier grand rôle dramatique malgré un personnage qui me touche assez peu; et Kate Winslet, pas mal du tout dans un rôle de composition très sec, où à l'image de Charlize Theron les artifices sont de toute façon trop évidents pour m'émouvoir autant que je l'aurais voulu. Pour les autres, le cabotinage de Meryl Streep est un plaisir coupable que je ne déteste pas foncièrement, mais ses tentatives de nuancer le personnage tournent rapidement au grotesque, en particulier ses sourires joufflus tout à fait hors de propos. Quant à Angelina Jolie, elle n'est pas en mesure de sauver son film atrocement brouillon, et se partage entre quelques moments convaincants et de multiples passages où l'on croirait qu'elle s'en fiche et va se mettre à buter tout le monde telle Lara Croft, ce qui n'a rien à voir avec une mère célibataire des années 1930.

Dans l'absolu: Je hais le film, car c'est un film de prof avec tous les clichés du monde à décortiquer pour une dissert, au mépris de toute intelligence scénaristique, mais Kristin Scott Thomas parvient à transcender l'horrible Il y a longtemps que je t'aime avec son jeu magnifique de retenue. Outre Anne Hathaway et Melissa Leo, j'aurais également nommée la délicieuse Sally Hawkins pour le rôle qui l'a révélée, Happy-Go-Lucky, sans être aussi enthousiaste que le reste du monde devant le film.


2009
Helen Mirren (The Last Station)
Carey Mulligan (An Education)
Gabourey Sidibe (Precious)
Sandra Bullock (The Blind Side)
Meryl Streep (Julie & Julia)

Mon choix: Dix ans plus tard, Helen Mirren est décidément la plus mémorable du lot: croustillante à souhait, à la fois drôle et pathétique mais toujours avec une forte personnalité, elle livre une fois de plus une composition savoureuse où sa facilité à changer de registre est un régal. Et puis, elle se roule sur une berge comme un morse et caquette dans son lit avec Tolstoï! Comment ne pas aimer cette performance? Il est assez incroyable de voir qu'autant de cinéphiles la trouvent peu inspirée, car elle est au contraire merveilleusement captivante. Cela dit, Carey Mulligan fut à l'époque une vraie révélation, aussi fraîche que talentueuse, ce qu'ont largement souligné ses rôles suivants, même ceux passés inaperçus comme Mudbound ou Suffragettes. En tout cas, son entrée en scène dans le film qui nous occupe,  rien qu'en se promenant sous la pluie, m'a toujours fasciné. Autre révélation de l'année, Gabourey Sidibe fut elle aussi très bien dans son premier rôle, mais impossible de rentrer dans son film, où je l'ai néanmoins trouvée plus intéressante que la désormais célèbre Mo'Nique. Quant à Sandra Bullock, elle est censée incarner un personnage sympathique, mais s'est-elle rendue compte qu'avec sa voix monocorde, son ton autoritaire ("Big Mike! Viens là! Dors là! Raconte-moi tout! Je veux savoir!") et sa démarche de movie star en lunettes de soleil sur le stade, elle compose plutôt une héroïne insupportable qui m'a donné envie de sauter par la fenêtre à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche (ce qui arrive en moyenne toutes les dix secondes vu les acteurs apathiques en face)? Par ailleurs, elle n'a vraiment rien à faire à part un regard compatissant dans la nouvelle chambre, donc non merci. Enfin, la caricature de cantinière de Meryl Streep ne me fait pas rire du tout, et le film est tellement épouvantable que je ne veux plus en entendre parler, même si l'actrice a plus à faire que Sandra Bullock et qu'elle a au moins le mérite d'essayer d'amuser le chaland.

Dans l'absolu: Tilda Swinton pour Julia. C'est le plus grand rôle de sa carrière, et elle parvient à évoquer Gena Rowlands alors qu'on ne s'y serait pas attendu de la part d'une actrice aussi iconoclaste. En tout cas, c'est la performance de l'année, sans aucune contestation possible. La compétition reste pourtant très forte, avec Abbie Cornish (Bright Star), Kyōko Koizumi (Tokyo Sonata), Helen Mirren (The Last Station), Carey Mulligan (An Education) et Gabourey Sidibe (Precious).


Statistiques

Lauréates officielles: Kidman (02) > Mirren (06) > Roberts (00) > Theron (03) > Witherspoon (05) > Winslet (08) >> Swank (04) > Berry (01) > Bullock (09) >>> Cotillard (07).

Lauréates personnelles: Kidman (01) > Bening (04) > Christie (07) > Cruz (06) > Linney (00) > Moore (02) > Leo (08) > Mirren (09) > Theron (03) > Witherspoon (05).

Sélections: 2006 > 2002 > 2004 > 2001 > 2008 > 2000 > 2007 > 2005 > 2003.


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