Les Années 1940
1940
Bette Davis (The Letter)
Joan Fontaine (Rebecca)
Katharine Hepburn (The Philadelphia Story)
Ginger Rogers (Kitty Foyle)
Martha Scott (Our Town)
Mon choix; La preuve que je ne vote pas systématiquement pour celle qui n'a qu'une seule et unique chance dans sa carrière, c'est que je ne donne pas de prix à Ginger cette année, alors qu'elle mériterait vraiment de figurer dans le palmarès pour ses futurs rôles. Mais en l'état, ma préférence absolue va à Bette Davis dans La Lettre étant donné le degré d'excitation que me cause sa performance, vraiment, malgré la forte compétition que lui donnent Hepburn et Fontaine en face, en particulier la seconde dans le rôle qui l'a révélée. Martha Scott est hélas... profondément insipide.
Dans l'absolu: Bette Davis pour La Lettre, c'est l'évidence même. Mais c'est encore une belle année, puisqu'en plus de Joan Fontaine, on aurait apprécié des nominations pour Marlene Dietrich, plus Américaine que nature dans Destry Rides Again; Greer Garson, délicieuse dans Orgueil et Préjugés; Vivien Leigh, magnifique dans une deuxième version de Waterloo Bridge aussi jolie que la première; Margaret Lindsay, impressionnante d'aigreur dans La Maison aux sept pignons; Myrna Loy, hilarante dans une scène de vulgarité dantesque (Third Finger, Left Hand); Rosalind Russell, immortelle Dame du vendredi, et Margaret Sullavan, délicate dans le chef-d’œuvre de Lubitsch, The Shop Around the Corner.
1941
Olivia de Havilland (Hold Back the Dawn)
Bette Davis (The Little Foxes)
Barbara Stanwyck (Ball of Fire)
Joan Fontaine (Suspicion)
Greer Garson (Blossoms in the Dust)
Mon choix: Une bonne sélection, mais on en revient surtout à un duel Bette Davis / Olivia de Havilland, toutes deux superbes, mais comme la deuxième donne ici sa meilleure performance, elle en devient un choix très évident. Et puis vraiment, ce rôle est une pure merveille de romantisme, et les choix singuliers de l'actrice restent à saluer mille fois. Pour les autres, Barbara Stanwyck était encore plus drôle dans son autre rôle comique de l'année, même si la part de gravité amoureuse qu'elle apporte à Ball of Fire est essentielle; je n'ai jamais détesté Joan Fontaine autant que tout le monde dans une belle performance que j'aurais personnellement nommée une année moins chargée, et Greer Garson n'a pas, hélas, un rôle très exigeant, d'autant qu'elle est coincée dans le moins bon film de la sélection.
Dans l'absolu: Olivia de Havilland et Barbara Stanwyck auraient pu être remplacées par elles-mêmes dans deux rôles comiques, The Strawberry Blonde et The Lady Eve, mais si le choix rest toujours cornélien, la comédie de Preston Sturges donne une certaine avance à Barbara Stanwyck, dont c'est décidément le plus grand rôle. Cela dit, 1941 est peut-être la plus grande année pour les actrices anglophones, avec Ingrid Bergman qui méritait d'être redécouverte (Dr. Jekyll & Mr. Hyde), Joan Crawford dans un sommet absolu (A Woman's Face), Bette Davis dont on vient de parler, Marlene Dietrich dans un très grand double-rôle (The Flame of New Orleans), Irene Dunne, sublime et nuancée dans le drame (Penny Serenade), Greta Garbo continuant de surprendre dans le registre comique (Two-Faced Woman), Vivien Leigh dans ce qui est peut-être sa plus belle performance tout court, devant Autant en emporte le vent (That Hamilton Woman); Merle Oberon, donnant elle aussi la performance de sa carrière avec Lydia; et Lana Turner, démentielle dans son premier grand rôle, Ziegfeld Girl.
1942
Bette Davis (Now, Voyager)
Katharine Hepburn (Woman of the Year)
Greer Garson (Mrs. Miniver)
Rosalind Russell (My Sister Eileen)
Teresa Wright (The Pride of the Yankees)
Mon choix: Garson eût-elle été nommée pour le bon rôle, c'était dans la poche. Mais en l'état, Bette Davis termine en tête pour la seconde fois, puisqu'elle a nettement plus à faire avec sa métamorphose de papillon lors d'une croisière au Brésil particulièrement excitante. Greer Garson est vraiment bien néanmoins, même si jouer un rôle qui lui est consubstantiel n'est pas le plus grand des challenges, tandis que mon admiration pour la performance de Katharine Hepburn a quelque peu diminué au fil des ans, à cause d'un scénario misogyne qui force son jeu merveilleusement nuancé à rester dans l'ombre. La nomination de Rosalind Russell fut quant à elle un lot de consolation après His Girl Friday, quoiqu'elle ne soit pas mal du tout dans ce rôle, notamment lorsqu'elle danse la conga. Teresa Wright a pour sa part de bons moments, mais son personnage n'est pas des plus intéressants, sauf d'un point de vue culturel dans l'histoire des remises de prix, où l'on s'aperçoit que dès les années 1940, le poncif de l'épouse aimante et endurante était déjà bien au rendez-vous même chez les premiers rôles.
Dans l'absolu: Greer Garson, qui aurait dû, comme précisé, être nommée pour le plus beau rôle de sa carrière, le magnifique Random Harvest, et offrir par-là même à la merveilleuse Bette Davis pour Now, Voyager, et à l'exquise Barbara Stanwyck pour The Great Man's Lady, une rude concurrence dans le drame. Côté comédie, si l'on se félicitera que les Oscars aient pensé à distinguer deux performances comiques d'un coup, on aurait tout de même préféré que leurs choix se portassent sur l'inimitable Deanna Durbin dans son meilleur film, It Started with Eve; sur la déesse foudroyée Carole Lombard pour son chant du cygne, To Be or not To Be; et l'électrique Ginger Rogers pour la plus grande année de sa carrière avec, au choix, Roxie Hart et The Major and the Minor.
1943
Joan Fontaine (The Constant Nymph)
Jean Arthur (The More the Merrier)
Jennifer Jones (The Song of Bernadette)
Greer Garson (Madame Curie)
Ingrid Bergman (For Whom the Bell Tolls)
Mon choix: Il est vraiment dommage que Jean Arthur n'ait pas été davantage reconnue par l'Académie, ce qui m'empêche de voter pour elle dans ce système, ma préférence pour cette année allant certainement à Joan Fontaine dans un très beau rôle dont j'ai déjà chanté les louanges dans un ancien article. Pour les autres, Jennifer Jones reste sur la même note mais ça fonctionne très bien dans le contexte de son film, bien qu'elle y soit éclipsée par tous les seconds rôles; Greer Garson tombe dans sa routine habituelle malgré une performance relativement intéressante dans le détail, et Ingrid Bergman constitue une erreur de casting, certes charmante, mais notoire.
Dans l'absolu: Joan Fontaine pour La Nymphe au cœur fidèle, l'une des plus belles interprétations de la décennie, qui lui donne une avance confortable sur les non moins distinguées Jean Arthur (The More the Merrier), Ingrid Bergman (Casablanca), Ida Lupino (The Hard Way), Ethel Waters, qui aurait mérité de faire l'histoire cette année-là (Cabin in the Sky), et Teresa Wright (Shadow of a Doubt).
1944
Barbara Stanwyck (Double Indemnity)
Claudette Colbert (Since You Went Away)
Bette Davis (Mr. Skeffington)
Greer Garson (Mrs. Parkington)
Ingrid Bergman (Gaslight)
Mon choix: Bon, je ne m'étends pas plus sur cette sélection dont j'ai déjà beaucoup parlé, chacune des candidates méritant à mon sens sa nomination, sauf Ingrid Bergman dans son approche trop pesante pour divertir, bien que son entrée en scène m'ait assez plu la dernière fois, tout du moins avant qu'elle n'entre dans cette satanée maison! Autrement, comme on le sait à présent, je pense que Greer Garson a beaucoup à faire dans son rôle aux différents âges dans Mrs. Parkington; que Bette Davis donne une grande performance comique dans Mr. Skeffington; et que Claudette Colbert est très attachante dans un rôle alors d'actualité. Néanmoins, personne n'est en mesure de détrôner Barbara Stanwyck dans l'un des rôles de méchantes les plus iconiques qui soient, d'où une victoire amplement méritée.
Alternatives: Tallulah Bankhead, sans surprise de ma part, pour son morceau de bravoure ahurissant (Lifeboat). Avec mille excuses pour les délicieuses Claudette Colbert (Since You Went Away), Bette Davis (Mr. Skeffington), Joan Fontaine (Jane Eyre) et Barbara Stanwyck (Double Indemnity).
1945
Joan Crawford (Mildred Pierce)
Ingrid Bergman (The Bells of St. Mary's)
Greer Garson (The Valley of Decision)
Jennifer Jones (Love Letters)
Mon choix: Joan Crawford dans Mildred Pierce, quelle question! J'ai écrit un long article à ce propos l'année dernière et ne compte pas détailler tout ça ici à nouveau. Jennifer Jones est la seule qui n'avait vraiment rien à faire dans cette sélection, mais toutes les autres ont beaucoup de qualités, y compris Greer Garson qui surprend peu. Une fois n'est pas coutume, j'adore Bergman dans l'une des ses nominations officielles, tandis que Gene Tierney est trop minimaliste, mais fascinante dans un rôle haut en couleur.
Dans l'absolu: Deanna Durbin, immense comédienne injustement méconnue, et notoirement hilarante dans Lady on a Train, où elle donne également ses plus belles performances vocales lors des passages chantés. Avec un petit pincement au coeur pour Lauren Bacall dans l'une des plus belles entrées en scène du cinéma classique (To Have and Have Not), Ingrid Bergman pour sa plus belle année hollywodienne (Spellbound, The Bells of St. Mary's), Joan Crawford, inoubliable Mildred Pierce, et, histoire de changer d'air, Yelena Kouzmina, furieusement opaque dans Matricule 217. À mi-chemin entre premiers et seconds rôles, Alice Faye (Fallen Angel), Eleanor Parker (The Pride of the Marines) et Jane Wyman (The Lost Weekend), sont elles aussi tout à fait merveilleuses et dignes d'une sélection.
1946
Celia Johnson (Brief Encounter)
Olivia de Havilland (To Each His Own)
Jane Wyman (The Yearling)
Rosalind Russell (Sister Kenny)
Jennifer Jones (Duel in the Sun)
Mon choix: Après avoir adoré Celia Johnson dans Brief Encounter, mon enthousiasme est un peu retombé au dernier visionnage, mais elle reste tout de même ma favorite dans cette sélection qui m'ennuie. Malgré tout, j'aime assez Olivia de Havilland pour un rôle exigeant qui lui demande d'esquisser une évolution, et Jane Wyman, qui doit suggérer beaucoup d'émotions derrière une façade opaque, mais dans une histoire sinistre. Notons au passage que ce système n'est pas favorable à Rosalind Russell, snobée pour ses meilleurs rôles et impossible à récompenser avec ses nominations officielles, bien qu'elle soit excellente dans Sister Kenny, sans parvenir à divertir pour autant. Malheureusement, Jennifer Jones est vraiment mauvaise dans un film ahurissant et passionnant.
Dans l'absolu: Joan Crawford dans Humoresque, non seulement la plus belle interprétation de la décennie, mais plus encore l'une des plus belles performances du siècle. Elle est à mon goût insurpassable et quand bien même elle aurait déjà gagné cinq fois auparavant, elle serait encore ma lauréate cette année-là. Malgré tout, on aurait pu lui trouver une compétition tout à fait brillante, avec Bette Davis dans le grand double-rôle de l'année (A Stolen Life), Irene Dunne dans la synthèse parfaite de tout ce qu'elle sait faire, dans le drame comme dans la comédie (Anna and the King of Siam), Wendy Hiller la Magnifique dans le chef-d'œuvre britannique (I Know Where I'm Going!), Hedy Lamarr, impressionnante dans le rôle le plus exigeant de sa carrière (The Strange Woman); et Barbara Stanwyck , délicate et nuancée dans My Reputation. Les déesses de l'amour, Rita Hayworth pour Gilda et Lana Turner pour Le Facteur sonne toujours deux fois, sont quant à elle parfaitement divertissantes à défaut d'être géniales; mais la grande oubliée de l'année est assurément Myrna Loy dans Les Plus Belles Années de notre vie. C'est un second rôle, mais Myrna est une si grande star, et sa performance tellement sublime, que je n'aurais pas vu d'objection à sa nomination ici.
1947
Susan Hayward (Smash-Up)
Joan Crawford (Possessed)
Rosalind Russell (Mourning Becomes Electra)
Loretta Young (The Farmer's Daughter)
Dorothy McGuire (Gentleman's Agreement)
Mon choix: Comme pour l'année précédente, une sélection relativement amère, heureusement sauvée par Susan Hayward, dont la performance est une véritable révélation. Pour les suivantes, Joan Crawford est à nouveau intense dans Possessed, tandis que Rosalind Russell n'est pas en reste dans le surjeu, ici dans un registre théâtral, au sein d'un film interminable où elle se fait constamment éclipser par le génial Michael Redgrave. Loretta Young reste pour sa part charmante sans avoir grand chose à faire néanmoins, et Dorothy McGuire constitue l'un des exemples les plus nets d'une actrice nommée en vertu de son film, et non de sa performance. Mais si l'on devait compter le nombre d'actrices qui n'ont pas été nommées pour les bons rôles, il faudrait y passer le reste de l'année...
Dans l'absolu: Mes goûts personnels me portent à nouveau vers Susan Hayward, mais j'hésite encore encore considérant que 1947 est aussi l'année de Joan Bennett dans son plus beau rôle (The Macomber Affair), Joan Crawford (Possessed), Joan Fontaine dans un contre-emploi inattendu (Ivy), Jane Greer en son heure de gloire (Out of the Past), Deborah Kerr dans le chef-d'œuvre de l'année (Black Narcissus), Gene Tierney pour son meilleur film (The Ghost and Mrs. Muir) et, avec le décalage imposé par l'Atlantique, de Celia Johnson (This Happy Breed) et Mai Zetterling (Tourments).
1948
Jane Wyman (Johnny Belinda)
Barbara Stanwyck (Sorry, Wrong Number)
Irene Dunne (I Remember Mama)
Ingrid Bergman (Joan of Arc)
Mon choix: Décidément, Jane Wyman est absolument magnifique dans un rôle muet enrichi par son langage corporel, auquel elle donne une intensité et une élégance exemplaires. Cela dit, Olivia de Havilland trouve elle aussi l'un de ses plus grands rôles dans La Fosse aux serpents, malgré une approche "forties" un peu trop brutale lorsqu'elle atteint des pics de folie. Barbara Stanwyck est de son côté toujours très bien, mais la voir geindre au lit tout au long d'un film policier a fini par m'ennuyer légèrement, tandis qu'Irene Dunne apporte beaucoup de chaleur à son histoire familiale, accent à l'appui, sans qu'elle m'impressionne pour autant. Pour Jeanne d'Arc, la dernière visite m'a confirmé qu'Ingrid Bergman est, de toutes les grandes stars d'Hollywood, celle que j'aime le moins, tant elle manque de charisme et de complexité dans un rôle trop large pour ses épaules.
Dans l'absolu: Jean Arthur pour son plus grand rôle, et l'un des plus grands rôles comiques de la décennie, avec un côté vulnérable qui lui sied bien (A Foreign Affair). Mais il faudrait faire commes les Globes, et récompenser à ses côtés Jane Wyman comme actrice dramatique, qui mérite tout autant le trophée. Avec Olivia de Havilland (The Snake Pit), Joan Fontaine pour son chef-d'œuvre (Letter from an Unknown Woman), Merle Oberon dans un mélodrame comme je les aime (Night Song) et Viviane Romance pour, au choix, L'Affaire du collier de la reine ou Panique; le choix devient franchement difficile.
1949
Olivia de Havilland (The Heiress)
Susan Hayward (My Foolish Heart)
Loretta Young (Come to the Stable)
Deborah Kerr (Edward, My Son)
Jeanne Crain (Pinky)
Mon choix: Après maintes tergiversations, je reviens vers Olivia de Havilland, dont je fus le premier détracteur, mais qui lors de ma dernière revisite m'a paru beaucoup plus consistante que par le passé. Le passage entre une naïveté affligeante et une dureté impressionnante est sincèrement une grande réussite, même si le personnage n'en reste pas moins exaspérant dans le premier acte. Quoi qu'il en soit, profitons de mon état d'esprit favorable, ce n'est pas toujours le cas envers cette performance. Néanmoins, rendons grâce à Susan Hayward d'être toujours brillante et charismatique, ce qui fait un bien fou dans cette morne sélection! En effet, Loretta Young n'a absolument rien à faire à part se montrer digne, et l'on jettera un voile pudique sur Deborah Kerr, si géniale en temps normal, et sur Jeanne Crain, qui aurait dû patienter deux ans, histoire de ne pas être trop méchant.
Dans l'absolu: Je ne sais pas. Je propose Madeleine Carroll (The Fan), Olivia de Havilland (The Heiress), Susan Hayward (House of Strangers et My Foolish Heart), Jennifer Jones (Madame Bovary) et Ann Sothern (A Letter to Three Wives). Ma préférence va probablement à Madeleine Carroll.
Statistiques
Lauréates officielles: Crawford (45) > Wyman (48) > de Havilland (49) > Fontaine (41) > Garson (42) > Jones (43) > Rogers (40) > de Havilland (46) >> Young (47) >> Bergman (44).
Lauréates personnelles: Davis (40) > Crawford (45) > de Havilland (41) > Fontaine (43) > Wyman (48) > Stanwyck (44) > Hayward (47) > Davis (42) > de Havilland (49) > Johnson (46).
Sélections: 1940 > 1941 > 1948 > 1944 > 1942 > 1945 > 1947 > 1943 > 1946 > 1949.
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