dimanche 1 mai 2022

Églises troglodytiques du Sud Charente


Rassurez-vous : ce blog n'a pas été piraté par Ségolène Royal, et n'a pas pour objectif de se muer en annexe de l'office du tourisme de la région Poitou-Charentes. Simplement, comme je reviens visiter ma famille tous les samedis, ce sont ces coins que j'explore actuellement, pour en découvrir, ou redécouvrir, les beautés cachées. Ce jour, nous partons dans la Charente des terres, à la frontière de la Dordogne, avec deux bourgades réputées pour leurs églises creusées dans la roche : Gurat et Aubeterre-sur-Dronne. Pour moi qui aime chanter dans les lieux sacrés, je suis servi : ces églises offrent une excellente acoustique, et celle de Gurat est assez secrète pour s'y retirer le plus tranquillement du monde.

La chapelle Saint-Georges de Gurat


Cette chapelle rupestre a l'insigne honneur d'être parfaitement monolithe, à savoir sculptée dans un unique bloc de pierre. Il s'agit à l'origine d'une grotte naturelle, qui fut aménagée en sanctuaire au tournant des XIe et XIIe siècles. Comme aucun document écrit ne l'évoque avant le XVIIIe siècle, les archéologues estiment qu'il s'agissait principalement d'une chapelle privée, qui accueillit probablement des pèlerins en route pour Saint-Jacques-de-Compostelle, et qui servit peut-être de cachette durant les guerres de Religion, suite à quoi le site fut visiblement abandonné avant d'être utilisé comme grange.


Ces piliers centraux sont remarquables.


Ces cavités creusées à l'extérieur seraient d'anciennes tombes. Au-dessous, des cavités creusées le long du chemin montant à la chapelle pourraient avoir servi de cellules à d'anciens ermites.


Bien que de dimensions assez modiques, l'ensemble impressionne malgré tout avec sa nef qui s'étend sous les habitations modernes. Le chemin qui conduit au site est pour sa part très élégant en été, alors que la consoude verdoie le long du canal des Moulins, qui se jette dans la Lizonne.

L'église Saint-Jean d'Aubeterre


Nettement plus élaborée que sa consœur, l'église souterraine d'Aubeterre est qualifiée à tort de monolithe, mais cela n'enlève rien à son caractère grandiose.


Occupée dès le VIIIe siècle, où l'on y pratiquait déjà des baptêmes, l'église fut surtout agrandie au XIIe siècle, dès le retour de croisade du vicomte Pierre de Castillon. Impressionné par les techniques de creusement des roches du Levant, il fit notamment sculpter ce joli reliquaire inspiré du Saint-Sépulcre de Jérusalem, dans lequel les archéologues de l'époque romantique retrouvèrent effectivement des ossements.


Mais l'élément le plus impressionnant de l'église reste cette galerie à l'étage.


On y accède par un escalier assez glissant, du fait de l'humidité ambiante. Cette galerie était à l'origine reliée au château-fort surplombant le site.


Cet étage offre surtout une vue imprenable sur le reliquaire.


Vertigineuse, cette église d'abord dédiée à Saint-Sauveur à l'occasion de l'implantation d'une communauté bénédictine, mais dont le culte finit par être dédié à Saint-Jean lors des guerres de Religion, s'étage sur plusieurs degrés. Au sous-sol, c'est une crypte paléochrétienne qui s'offre au regard.

Le bourg d'Aubeterre


Si l'église rupestre est le monument emblématique du village, ses vieilles rues baignées par le soleil offrent un joli contraste avec la fraîcheur obscure de la crypte. On peut admirer ce joli point de vue sur l'ensemble du bourg depuis la rue Saint-Jacques, du nom de la deuxième église de la cité.


Depuis les vieilles ruelles restaurées qui descendent vers la Dronne, de jolies façades se révèlent au détour des escaliers, à l'image de l'ancien hôpital Saint-François.


Commencé au XIe siècle à l'époque des grands travaux d'agrandissement de l'église souterraine, et d'ailleurs édifié à l'aide de pierres extraites de la roche, le château fut achevé au XVIe siècle. Ce châtelet d'entrée, avec ses mâchicoulis témoins d'un caractère encore défensif, en constitue le principal vestige.


D'influence méridionale, la place Merkès-Merval nommée en l'honneur des vedettes de l'opérette Marcel Merkès et Paulette Merval, se distingue quant à elle avec son joli lavoir ceint de pierres blanches et ses maisons aux balcons de bois « à l'espagnole ». Le tout forme un cadre tout à fait charmant qui mérite le détour, même si le paysage alentour, très défriché, n'est pas à proprement parler spectaculaire. Aubeterre n'en demeure pas moins une jolie continuité touristique le long de la Dronne, après Bourdeilles et Brantôme en Périgord.

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