lundi 23 mai 2022

La tortue jaune


Je vois que c'est aujourd'hui la journée mondiale de la tortue. Or, je suis précisément passé dans une rue qui met cet animal à l'honneur la semaine dernière, sur la route des vacances. La rue tortue se situe dans la jolie commune quercynoise de Gourdon, qui à l'instar de sa voisine du Périgord Sarlat brille par ses murs en vieilles pierres jaunes. Gourdon est nettement moins spectaculaire, mais c'est une étape plus sereine dans laquelle j'ai passé un excellent moment. Le but de ce voyage était de découvrir ces départements alors inconnus pour moi que sont le Tarn et l'Aveyron, aussi me fallait-il traverser le Lot en venant de Dordogne. Deux options s'offraient alors à moi : Souillac ou Gourdon. Pas des toponymes ravissants d'un point de vue poétique. J'ai finalement opté pour Gourdon et je ne regrette pas mon choix. Cette sous-préfecture ne possède pourtant pas de monuments ouvertement gothiques comme à Figeac, ni de pont à tours comme à Cahors, mais je crois que des trois villes, c'est elle qui a ma préférence.


Gourdon est bâtie sur un éperon rocheux qui domine le pays de Bouriane, ce qui offre de jolis points de vue sur les alentours depuis l'esplanade d'un château disparu.


La montée au belvédère est aussi l'occasion d'observer les jolies maisons anciennes qui se pressent autour du chevet de l'église fortifiée Saint-Pierre.


Celle-ci fut édifiée entre les XIVe et XVe siècle, avec une grande période d'interruption due à la guerre de Cent Ans. Bien que située plus au nord des régions anciennement touchées par le catharisme, l'église se rattache au courant architectural gothique dit méridional, d'où son caractère austère et défensif, mâchicoulis à l'appui, destiné à marquer dans la pierre la primauté du catholicisme sur les hérésies.


Sa façade s'observe tout particulièrement bien depuis la place de l'hôtel de ville, si tant est que « bien » soit un mot approprié dans la mesure où, comme bon nombre de petites communes, les voitures sont encore autorisées à se garer devant les monuments historiques. Certes, il faut bien que les habitants puissent rentrer chez eux, mais dans une ville comme Gourdon, il semblerait judicieux de piétonniser l'ensemble du secteur historique, alors qu'il y a largement la place de se garer le long des avenues circulaires qui l'encerclent.



Par bonheur, les voitures n'enlèvent rien au charme des vieilles rues. La plus célèbre d'entre elles, qui était d'ailleurs l'artère principale de la ville jadis, est la rue du Majou, où les rez-de-chaussée sont marqués par de belles ogives.


Il est surtout bon d'errer dans le secteur de la maison du Sénéchal, où l'on a recréé un jardin médiéval dans un labyrinthe de petites ruelles étroites. Entre les pierres jaunes et la verdure des arbustes, la promenade est particulièrement agréable sous le soleil d'un milieu d'après-midi.


À un kilomètre du centre-ville, on atterrit à la campagne, où les eaux du Bléou arrosent la chapelle Notre-Dame-des-Neiges. D'abord lieu de pèlerinage contre la peste, elle fut détruite lors des guerres de Religion, puis reconstruite au XVIIe siècle, ce dont témoigne un grand retable polychrome des sculpteurs Tournié, qui me laisse toutefois indifférent. Je suis plus sensible au joli plafond de bois à poutres qui invite à la méditation. Ces jolis bâtiments font de Gourdon un détour sympathique sur la route du Sud. Il est même permis de trouver que le centre-ville a une forme de tortue, à en juger par sa forme arrondie autour de la butte !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire