jeudi 2 septembre 2021

Villages pittoresques du Salersois

Heureusement que les panoramas depuis la D 317 dans le Cantal furent le clou de la matinée, car celle-ci n'avait pas aussi bien commencé que je l'avais espéré. En effet, après avoir passé une excellente nuit à Mauriac, j'avais prévu comme tout le monde de partir au petit matin visiter Salers et le château d'Anjony. Au bout du compte, je n'ai vu ni l'un ni l'autre! J'ai esquivé Salers parce qu'il avait beau n'être que neuf heures du matin, les abords du village étaient déjà infestés de touristes et de camping-cars gigantesques qui se disputaient les quelques accotements encore gratuits avant les panneaux. En outre, des retraités vêtus de doudounes bleu-fluo avaient déjà entrepris de gâcher la beauté des pierres grises en s'engouffrant par vagues phosphorescentes dans toutes les ruelles, ce qui m'a dissuadé de faire une escale dans cet enfer : je reviendrai voir Salers hors saison, peut-être un matin d'automne quand les arbres jauniront. Quant au château d'Anjony, j'ai eu beau appeler à plusieurs reprises pour faire une réservation, je suis toujours tombé sur un répondeur qui répétait en boucle ce qui est déjà marqué sur le site, ce qui m'a prodigieusement agacé. J'ai ainsi préféré partir au hasard sur les petites routes des environs : sachant que la vision d'un arbre suffit à m'enchanter, je n'ai pas été déçu!


Chez Marie-Angélique, duchesse des anges


La première escale eut lieu au village de Fontanges, qui reste laissé pour compte dans les guides touristiques, bien qu'il mérite absolument le détour. Certes, c'est minuscule, et certes, les monuments historiques n'y sont pas légion, mais c'est tout à fait charmant. On ne peut évidemment s'empêcher de songer à l'infortunée duchesse, "belle comme un ange et sotte comme un panier", qui avait ravi le cœur de Louis XIV avant d'être fauchée à la fleur de l'âge, soit parce qu'elle supportait très mal ses grossesses, soit parce qu'elle aurait été empoisonnée par Madame de Montespan. L'air dans le village est heureusement bien moins vicié qu'à la cour : par un beau matin d'août ensoleillé, tout semble paisible, alors qu'une statue gigantesque de la Vierge domine les verts pâturages alentour.


Le bâtiment le plus remarquable est certainement la chapelle monolithe Saint-Michel, creusée dans une roche volcanique au début du siècle dernier. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais préféré qu'on laissât le rocher tranquille, mais avouons que sa réappropriation par le culte catholique fait son petit effet malgré tout. L'acoustique y étant de bonne qualité, j'y ai même chanté Toutes les nuictz de Clément Janequin. À qui pensais-je à ce moment-là? Top secret!


Après cet interlude musical, je suis allé explorer le haut de la roche pour admirer la vallée de l'Aspre, moins pittoresque que celle de la Jordanne, mais d'une sérénité délectable.


Les deux tours


Après avoir longé la Bertrande, je me suis ensuite retrouvé dans la vallée de la Doire, à Tournemire, où se dresse le château d'Anjony, bien qu'une fois n'est pas coutume ce soit le village qui domine la forteresse et non l'inverse. Cela vient d'une rivalité qui opposait les deux familles qui se partageaient le territoire pendant la guerre de Cent Ans : les Anjony, fidèles à Charles VII, reçurent le droit de faire édifier le château fort en question, au grand dam des Tournemire qui soutenaient l'Anglais. Ainsi, deux châteaux coexistèrent dans ce village minuscule, jusqu'à ce que le plus ancien finisse par disparaître : son dernier vestige est l'église Saint-Jean-Baptiste au centre de la bourgade.


Sans le savoir, j'ai visiblement pris le parti des Tournemire, puisque j'ai exploré l'église de fond en comble alors que j'ai royalement snobé le château d'Anjony. J'aurais sûrement pu demander une entrée, mais il ne m'est pas toujours facile de communiquer. Cela dépend des contextes : je peux être tout à fait sociable si je me sens en confiance, mais si tel n'est pas le cas, je reste dans ma bulle. J'ai très bien su faire pression pour visiter l'hypogée des Dunes de Poitiers sans réservation il y a quelques années, mais curieusement, je n'ai pas trouvé la motivation de demander une place pour le château d'Anjony, alors qu'il en restait sûrement vu qu'il n'y avait que trois touristes en vue. Allez comprendre...


Heureusement, flâner dans le village m'a plu! Et puis, avoir esquivé la visite m'a permis de découvrir la fameuse D 317, que je n'aurais peut-être jamais empruntée à une heure plus tardive, vu que j'aurais sûrement gagné Saint-Flour par les grandes routes : je n'échangerai cette découverte contre aucun château au monde! Autrement, Tournemire en lui-même est fort sympathique, avec ses jolies maisons en pierre de lave et toits de lauze, typiques de la région, qui se pressent autour de l'église, toutes tournées vers le sud, comme il se doit. J'ai pu y errer un bon moment en fin de matinée, avec le bonheur suprême de n'y croiser presque aucun touriste! Tout le monde avait dû se donner rendez-vous à Salers... Ma principale compagnie lors de cette visite fut celle de deux chiens, apparus comme par magie derrière l'une des grandes tours du château, et qui ont remonté tout le village à mes côtés en me faisant la fête. J'étais sincèrement triste de les quitter.


Cas des cols

Le parcours entre Fontanges et Tournemire m'a également permis de découvrir de plaisantes vallées le long de la D 35, véritables hors-d'œuvre avant l'enchantement de la Jordanne et de la Cère.

Voici celle de l'Aspre par le col Saint-Georges.

Celle de la Doire depuis le col de Légal.

Et un joli versant après le col de Bruel, où s'écoule l'Authre ou le ruisseau d'Anma. Je ne me souviens plus de l'endroit exact ou j'ai pris la photo, vu que je me suis arrêté à tous les virages!

L'avantage de ces cols, c'est qu'ils sont exposés aux vents. Ce qui ne pouvait pas tomber mieux! Je me trouvais effectivement très mal coiffé lors de mon séjour en Auvergne et n'avais pas pris le temps de me faire couper les cheveux avant mon départ. J'en étais au troisième mois, ce mois si ingrat où les cheveux ne sont plus assez courts comme je les aime, et pas assez longs pour leur donner du volume. Le vent s'est donc chargé de m'ébouriffer pour un résultat du meilleur effet!

Cette minute "coiffure" vous était offerte par Marie-Angélique!


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