jeudi 30 janvier 2014

Oscar de la meilleure actrice 1957

Au programme:

* Deborah Kerr - Heaven Knows, Mr. Allison
* Anna Magnani - Wild Is the Wind
* Elizabeth Taylor - Raintree County
* Lana Turner - Peyton Place
* Joanne Woodward - The Three Faces of Eve

C'est donc Joanne Woodward qui remporta le trophée, sans doute parce que l'Oscar adore faire de nouvelles découvertes chez les actrices, et que le rôle, déjà très riche sur le papier, ne pouvait qu'impressionner à l'époque. En face, c'est probablement Deborak Kerr qui constitua sa menace la plus directe, sachant qu'avec une quatrième nomination au compteur et un grand rôle épique de religieuse en pleine guerre mondiale, elle avait toutes les chances de séduire l'Académie. Ce ne fut certainement pas le cas de Lana Turner, toujours pas considérée comme une grande actrice mais dont le rôle assez inhabituel pour une star aussi glamour, dans un film très aimé à l'époque, lui permit de faire jouer le facteur "contre-emploi" afin d'aller jusqu'à la nomination. Liz Taylor avait quant à elle gravi rapidement les échelons aux cours de la décennie, au point de devenir une grande star qu'on ne pouvait plus ignorer les soirs de récompenses, a fortiori pour un rôle aussi chargé. Cependant, rien ne dit qu'Anna Magnani n'avait aucune chance, car bien qu'ayant gagné deux ans plus tôt, elle était encore à son pic de popularité aux Etats-Unis, et les Oscars ont toujours adoré par-dessus tout offrir rapidement une nouvelle nomination aux anciennes lauréates. A part ça, je précise que j'aime beaucoup cette liste et, bien qu'envisageant des modifications, toutes ces performances ont un aspect alléchant.

Je retire:

Elizabeth Taylor - Raintree County: Apparemment, le film a très mauvaise réputation, mais je dois avouer qu'avec son casting de luxe, son atmosphère "Etats-Unis du XIXe siècle" et ses héros plus que dignes d'intérêt, Raintree County a largement de quoi me séduire, même si je ne suis que modérément convaincu par le résultat. Liz Taylor fait précisément partie des éléments qui me captivent, sans doute parce qu'elle est dotée du personnage le moins aimable, et par-là même le plus fascinant, surtout par comparaison avec la "bonne" figure féminine campée par une Eva Marie Saint un peu effacée. Liz incarne ainsi une héroïne pouvant faire preuve d'une bonne dose de mesquinerie, au point de mentir pour s'assurer le mari qu'elle convoite, mais très vite, on comprend que Susanna est en proie à ses propres démons, de quoi permettre à l'actrice d'ajouter une dimension touchante au rôle, notamment dans les dernières séquences où l'on s'attache réellement à elle. Sinon, d'autres aspects de cette performance sont hélas plus en demi-teinte, à commencer par cet accent sudiste raté qui donne davantage une impression de couinement (mais elle a au moins le mérite d'avoir essayé), tandis que le côté folle paranoïaque est mal exploité, comme si c'était un prétexte pour coller un maximum d'émotions à l'héroïne. Par moment, son jeu semble alors un peu forcé, avec certains regards exorbités, mais dans le détail, l'actrice est par bonheur très bonne dans chacune de ses émotions, jouant notamment très bien la détresse. Cette performance ne convainc donc qu'à moitié, mais le charme est réel.


Joanne Woodward - The Three Faces of Eve: Mettons les choses au clair : je ne suis pas aussi hermétique à cette performance que certains, et Joanne Woodward est évidemment une actrice talentueuse qui parvient à faire passer la pilule de temps à autre, mais ça ne l'empêche pas d'avoir des maladresses par moments, dans un rôle qui reste de toute façon un peu trop technique pour me séduire comme je l'aurais voulu. En fait, ce qui pose principalement problème, ce sont les transitions entre les deux Eve, où l'actrice se courbe à 90° en prenant bien soin de cacher son visage dans ses mains : c'est très forcé et les ficelles sont par-là même trop visibles. Autre problème, il y a un temps de latence avant qu'Eve Black devienne vraiment crédible : bien souvent, on a d'abord l'impression de voir Eve White qui apprendrait à jouer son exact opposé en première année de théâtre, et la conviction met vraiment longtemps avant de s'installer. Quant à Jane, le troisième de ces visages, elle semble malheureusement sortir de n'importe où car rien ne permet de la détecter chez l'une des deux Eve, tout du moins dans ce qu'en fait l'actrice. A part ça, il y a tout de même de bons passages, avec un dévergondage progressif qui parvient à passer dans certaines séquences, mais dans l'ensemble, on ne sent pas une vraie connexion entre ces trois personnalités qui donnent l'impression d'évoluer dans des mondes parallèles : Eve White est agaçante, Eve Black met du temps à convaincre, et Jane n'a plus aucun rapport avec les deux précédentes. La seule connexion, ce sont les débuts d'Eve Black qui, comme je le disais, ont encore une grosse part d'Eve White en eux, mais comme précisé, le rendu n'est hélas pas très convaincant. Ceci dit, le rôle était difficile, et Woodward ne s'en sort pas trop mal dans une certaine mesure, ayant au moins le mérite de divertir constamment.


Lana Turner - Peyton Place: Comme elle n'occupe qu'un temps d'écran relativement restreint, et qu'au sein de la famille MacKenzie les choses arrivent surtout à sa fille, je me dis qu'il est tout à fait possible de la décaler dans la catégorie des seconds rôles; mais qu'on se le tienne pour dit, je considère cette performance comme excellente, et tant pis pour ceux qui n'aiment pas l'actrice. D'ailleurs, je constate que les principaux reproches que lui font de nombreux cinéphiles tiennent davantage à l'écriture du rôle qu'à son jeu, et si je suis d'accord pour reconnaître qu'elle n'a effectivement pas de grands moments flamboyants, j'ajoute que cette relative modestie renforce justement sa prestation et lui permet de briller en toute sobriété. En effet, Lana n'aura jamais été aussi poignante que dans la peau de cette mère célibataire à la sexualité réprimée, et malgré sa froideur, elle sait comment faire naître l'émotion de façon très naturelle, tant elle est sublime et touchante à chacune de ses répliques, notamment lorsqu'elle confie s'être habituée à vivre seule. Et certes, elle a toujours deux-trois tics un peu exagérés lorsqu'elle se met en colère contre Diane Varsi ou lorsqu'elle pleure au tribunal, mais à ces mini détails près, elle est vraiment très bonne dans son approche du personnage, et je trouve en outre très courageux de sa part de se montrer mûre et maternelle à un âge où elle aurait pu continuer d'incarner des jeunes filles glamour, preuve s'il en est qu'elle a vraiment cherché à se renouveler et qu'elle est par conséquent une actrice bien plus fascinante qu'on le prétend. Vous aurez donc compris que je suis vraiment ravi de cette nomination.


Ma sélection:

Deborah Kerr - Heaven Knows, Mr. Allison: En général, je suis assez peu intéressé par les nonnes, mais quand c'est Deborah qui s'y colle, la fascination est paradoxalement totale. Et c'est d'autant plus frappant ici que la performance a beau être moins flamboyante que dans Black Narcissus, l'effet reste néanmoins le même, l'actrice ayant vraiment su me connecter à ses émotions et son ressenti. Tout d'abord, elle est absolument sublime dans sa façon de peindre un courage non feint, comme le prouvent sa grande sérénité face au fait d'être seule dans une mission dévastée en plein Pacifique, ou encore sa conviction qu'il est nécessaire de se livrer aux Japonais. Mais elle est également parfaite dans le registre des sentiments, notamment dans la scène la plus intense où de multiples interrogations se bousculent dans son esprit et la conduisent à fuir, davantage par peur d'elle-même que de Robert Mitchum, avec qui elle crée une formidable alchimie. Et puis, elle est encore excellente dans tout le reste, n'hésitant pas à ajouter une petite dose d'humour au personnage, à l'image de cette succulente chasse à la tortue où son dynamisme rivalise sans avoir à rougir avec celui du G.I. Mitchum. Bref, le film est une très grande réussite, les performance d'acteurs le sont tout autant, et ce couple atypique, à la fois enchanteur et charismatique, est probablement celui qui m'aura le plus marqué sur toute la décennie.


Anna Magnani - Wild Is the Wind: Désolé, je n'ai vu le film qu'une fois, sur Youtube qui plus est, et je n'en ai plus un souvenir très précis. Tout ce que je sais, c'est que la Magnani y était en tout point formidable, comme on pouvait l'espérer de sa part, et qu'elle était à la fois intense et touchante, réunissant à nouveau toutes les qualités qui ont fait sa force au long de sa riche carrière. Je me souviens aussi que le film ne m'avait pas particulièrement emballé, mais que j'avais réussi à tenir le coup précisément grâce à l'actrice; qu'elle avait un sourire extrêmement chaleureux dans la voiture avant au moment d'aller voir les chevaux; et qu'en représentant un personnage finalement pas très à l'aise face à des sentiments perturbants, elle se révélait d'une grande puissance émotionnelle qui m'avait alors beaucoup impressionné. En essayant de rafraîchir ma mémoire, j'ai également redécouvert une magnifique séquence chantée en italien, toute de force et d'émotion contenues, de quoi me rappeler à quel point la Magnani est stupéfiante rien que par sa présence et son charisme. Promis, j'essaierai de remettre la main sur le film pour mieux vous en reparler. Mais si son souvenir s'est quelque peu estompé au fil des mois, il n'a jamais fait aucun doute que cette performance devait impérativement rester dans ma liste, même si ça reste très similaire à ce que l'actrice faisait dans The Rose Tattoo, et que l'effet de surprise fut un peu moindre sur le coup.


Marlene Dietrich - Witness for the Prosecution: Evidemment, c'est Marlene, et rien que sa présence irradie l'écran, à l'image de son entrée en scène fracassante, peut-être la plus charismatique qu'on ait vu au cinéma. Et comme elle sait très bien le faire, elle joue parfaitement sur le thème de la femme classe et glaciale qui compte bien ne pas se laisser marcher sur les pieds, tout en conservant la dose de mystère nécessaire à l'avancement de l'intrigue. La réussite de casting est donc totale, mais ça ne s'arrête heureusement pas là, car plus on apprend à connaître Christine, plus elle devient émouvante, et pas seulement sur le tard puisque le flashback berlinois, jouant sur le contraste de la femme extrêmement séduisante contrainte de vivre de façon sordide, permet à Marlene de présenter un côté touchant qui fait du bien à voir sous cette façade dure et fermée. Autrement, ceux qui ont vu le film savent qu'il y aurait bien d'autres choses à dire sur ce rôle, mais je ne veux rien dévoiler au cas où, sinon que cette performance est vraiment réussie, notamment par son caractère excitant et monstrueusement divertissant. Et certes, la star en fait peut-être légèrement trop par moments ("Daaaaamn youuuu!"), mais c'est loin de poser problème, et j'aime tout particulièrement les airs de défis qu'elle lance à Charles Laughton, qui ajoutent au sel de cette interprétation et la font véritablement entrer dans la légende.


Kay Kendall - Les Girls: Je n'avais jamais entendu parler de Kay Kendall avant de m'intéresser à cette année, et mal m'en a pris, puisque dans cette divine comédie musicale signée George Cukor, j'ai découvert une actrice absolument virtuose dans le registre comique. Et les Girls ont beau être trois, c'est vraiment Kendall qui s'impose, tant elle réussit à être la plus drôle dans ses pitreries en conservant une classe irrésistible, et tant sa voix aux délicieuses consonances britanniques reste un délice à écouter. Dans les faits, elle vole déjà la vedette à ses consœurs dans sa partie "narration", mais elle parvient à être encore plus hilarante dans la partie narrée par Angèle, de quoi donner lieu à une succession de gags plus savoureux les uns que les autres, qu'il s'agisse de s'accrocher au rideau en plein numéro du désopilant Ladies in Waiting, de chanter en état d'ivresse et de se stopper net en découvrant Gene Kelly sous son nez, ou encore de réaliser qu'elle est à Paris et doit donc appeler à l'aide en français lorsqu'elle veut sauver sa collègue d'une tentative de suicide. En outre, elle ment avec un aplomb extrêmement séduisant, surtout au tribunal où elle domine toute la salle de sa présence éblouissante. Bref, je suis totalement sous le charme, le rôle comme le film sont d'une fraîcheur incomparable, et il n'est que d'autant plus regrettable que l'actrice n'ait pas eu le temps d'avoir une carrière plus longue.


Eleanor Parker - Lizzie: Comme chez Woodward, c'est aussi très technique, mais ça reste beaucoup plus plaisant. En fait, Parker évite tous les écueils de la première, en prenant le temps de montrer l'évolution d'une personnalité à l'autre, au prix de transitions plus longues, et même si elle met également la main sur son visage, elle attend toujours avant de paraître sous un autre caractère. D'ailleurs, quand le rythme s'accélère, les transformations n'en sont que plus bluffantes, avec son visage qui devient tout à coup effrayant. L'autre force de cette performance, c'est qu'Eleanor est aussi bien plus crédible dans chaque personnalité, et beaucoup plus impressionnante que sa consœur dans son côté obscur, où elle présente une femme bien plus agressive qui n'a pas peur de mettre un nom sur les choses ("whore!"). En outre, les trois personnalités sont plutôt bien connectées : on sent Elizabeth dans Lizzie, pas parce qu'elle est trop douce, mais parce que son sous agressivité Lizzie se sent tout de même en insécurité. Et à l'inverse, Elizabeth montre qu'elle peut s'imposer quand elle le veut malgré son caractère réprimé, surtout lorsqu'elle répond à Joan Blondell. Dès lors, Beth n'est jamais étrangère à ces deux aspects dont elle a parfaitement conscience, apparaissant finalement comme une synthèse agréable reprenant les qualités des deux, à la différence de Jane qui avouait être étrangère aux deux Eve. Je ne peux néanmoins pas vous dire que ce soit l'éblouissement que j'attendais, et il y a aussi des maladresses, notamment quand elle force trop dans le registre obscur en prenant une voix stridente empruntée à Kathleen Byron, ce qui peut agacer par moments. Et parfois, un petit côté over the top pour révéler d'où viennent ses traumatismes aurait gagné à être plus nuancé. Mais dans l'ensemble, c'est vraiment réussi, et le film est bien plus intéressant que Les trois visages d'Eve, quoique moins prestigieux : une absence d'intro psychologique pédante et une histoire bien plus malsaine qui va au fond des choses, rendent en effet cette expérience beaucoup plus passionnante.

En somme, je n'ai donc pas pu me passer d'une héroïne aux troubles du comportement dans ma liste, même si ce n'est pas forcément celle qu'on attendait. Mais cela suffira-t-il à lui valoir le prix? The winner is...


Deborah Kerr - Heaven Knows, Mr. Allison

A l'origine, je comptais mettre cette année à profit pour sacrer l'immense Kay Kendall, dont l'exceptionnelle puissance comique sortie tout droit d'une performance lombardienne ou colbertienne, ajoutée à une classe folle et un charme sans égal, m'ont ravi à un point inimaginable. Cependant, Deborah Kerr s'impose définitivement comme l'actrice de l'année, avec son magnifique tour de force dans un film que je tiens absolument à distinguer dans l'une des catégories principales, d'autant que je me demande si ce n'est pas là un exploit plus grand encore que dans Black Narcissus, puisque Deborah me semble avoir plus de partitions à jouer ici même si le rôle paraît de prime abord un peu moins puissant. Quoi qu'il en soit, l'ébouissement est total. Sur ce, la délicieuse Kay Kendall se classe seconde, la paroxystique Marlene Dietrich troisième et l'irremplaçable Eleanor Parker quatrième, seul ce petit côté technique m'empêchant de la placer plus haut. Et comme je le disais dans un autre article, je préfère tout de même Anna dans ses films italiens. Sinon, avant de conclure, j'en profite pour apporter quelque précisions sur la distinction leading / supporting pour cette année. En effet, j'estime qu'en retranchant Lana Turner de Peyton Place, il reste tout de même assez de personnages et de péripéties pour faire un film de trois heures, alors qu'en enlevant Kay Kendall des Girls, il n'y a plus de film du tout. Les trois Girls sont donc définitivement leading pour moi.

Et la conclusion fowlerienne selon les performances:

dignes d'un Oscar: Kay Kendall (Les Girls), Deborah Kerr (Heaven Knows, Mr. Allison): voir ci-dessus.





dignes d'une nomination: Marlene Dietrich (Witness for the Prosecution), Anna Magnani (Wild Is the Wind), Eleanor Parker (Lizzie), Lana Turner (Peyton Place): voir ci-dessus. Deborah Kerr (An Affair to Remember): je préfère vraiment la version d'Irene Dunne en 1939, mais Deborah soutient la comparaison sans avoir à rougir. Patricia Neal (A Face in the Crowd): complexe, émouvante et charismatique. J'hésite vraiment à lui faire remplacer la Magnani dans ma liste...



dignes d'intérêt: Elizabeth Taylor (Raintree County), Joanne Woodward (The Three Faces of Eve): malgré mes critiques, je ne suis pas insensible à ces performances, et je sais gré aux actrices d'avoir essayé. Taina Elg & Mitzi Gaynor (Les Girls): elles sont également drôles et vivaces, mais Kay Kendall domine réellement le film. Audrey Hepburn (Love in the Afternoon): comme toujours chez Hepburn, le rôle est absolument charmant, mais peut-être pas assez exceptionnel pour se hisser plus haut dans ma liste. Katharine Hepburn (Desk Set): le film laisse peut-être sur sa faim, mais retrouver Kate et Spencer est toujours un délice. Eleanor Parker (The Seventh Sin): une performance très charismatique, mais peut-être un peu trop dure pour émouvoir autant que Garbo vingt-trois ans plus tôt. Les moments d'humanité avec les enfants sont toutefois lumineux. Eva Marie Saint (A Hatful of Rain): comme dans On the Waterfront elle est légitimement leading bien que dotée d'un rôle de supporting wife, et comme dans On the Waterfront, elle est très bien, et souvent déchirante, mais j'ai du mal à me laisser vraiment impressionner. Barbara Stanwyck (Crime of Passion): peut-être pas un très grand effort de sa part, mais Barbara s'arrange toujours pour être au minimum impeccable, et ce rôle n'échappe pas à la règle.


dont on aurait pu se passer: Joan Crawford (The Story of Esther Costello): une Crawford égale à elle-même, dans un mauvais film sans grand intérêt. Jennifer Jones (A Farewell to Arms): faire un remake avec de belles images, c'est bien. Avec une histoire plus concise et des acteurs plus dynamiques, ce serait mieux. Kim Novak (Jeanne Eagels): à mon avis beaucoup trop ingénue pendant tout le film pour croire qu'on a bel et bien Jeanne Eagels sous les yeux.


à découvrir: June Allyson (My Man Godfrey), Lauren Bacall (Designing Woman), Ann Blyth (The Helen Morgan Story), Audrey Hepburn (Funny Face), Dorothy Malone (Man of a Thousand Faces), Marilyn Monroe (The Prince and the Showgirl), Jean Seberg (Saint Joan), Jean Simmons (Until They Sail)


immense performance en langue étrangère: Giulietta Masina (Le notti di Cabiria): est-il encore besoin d'expliquer pourquoi ce flot d'éloge est intarissable?




mardi 21 janvier 2014

Oscar de la meilleure actrice 1955

Attention, grosse prise de tête en perspective. Au programme:

* Susan Hayward - I'll Cry Tomorrow
* Katharine Hepburn - Summertime
* Jennifer Jones - Love Is a Many-Splendored Thing
* Anna Magnani - The Rose Tattoo
* Eleanor Parker - Interrupted Melody

Bien qu'ayant raflé le National Board of Review, la Critique new-yorkaise et le Golden Globe Drame, Anna Magnani n'était pas assurée de remporter l'Oscar, tout d'abord parce qu'elle n'était pas forcément connue du grand public américain, mais surtout parce qu'elle était en concurrence directe avec Susan Hayward qui, avec une quatrième nomination au compteur et un grand rôle très démonstratif, faisait figure de favorite. La défaite fut d'ailleurs un grand choc pour la seconde, mais ce ne fut heureusement que partie remise, et la victoire de Magnani a au moins le mérite d'avoir ouvert la voie à la reconnaissance d'interprètes étrangers lors de cérémonies habituellement très autocentrées sur le monde anglo-saxon. Pour les autres, Eleanor Parker eut vraisemblablement l'avantage : elle venait de recevoir sa troisième nomination, était à l'apogée de sa carrière, et sa réputation de grande actrice versatile n'était plus à prouver. D'ailleurs, son rôle musical et tragique aurait eu toutes les chances de l'emporter face à une concurrence moins rude, et l'on ne peut que regretter que l'actrice reste l'archétype ultime de l'adage "si seulement... une autre année"... De leur côté, enfin, Jones et Hepburn avaient déjà gagné, bien que l'on suppose que la victoire plus ancienne de la seconde et sa renaissance oscarienne entérinée par The African Queen quatre ans plus tôt l'aient fait passer devant la première lors du comptage des voix. Mais finalement, qui sait? Quoi qu'il en soit, voilà une sélection plus qu'alléchante, à laquelle je n'ai presque aucune retouche à apporter.


Je retire:

Jennifer Jones - Love Is a Many-Splendored Thing: Je n'ai plus un souvenir très frais de ce film au titre enchanteur, mais je me rappelle tout de même que Jennifer Jones était plutôt impeccable dans un rôle... un peu trop rébarbatif pour vraiment créer la différence face à une concurrence aussi rude. Concrètement, l'actrice a su me charmer par sa classe et son jeu tout de sobriété, tout en étant portée par une élégante mise en scène orientale, soit autant d'atouts destinés à me faire aimer cette performance d'une façon ou d'une autre. En outre, Jennifer m'a paru crédible en dame eurasienne, avec un phrasé réaliste dans ses quelques répliques chinoises, sans compter que son statut de docteur m'a fait d'autant plus apprécier l'héroïne, qui n'est ainsi pas réduite à une stricte histoire d'amour. Le problème, c'est que ces bons aspects mis à part, le rôle n'est pas un véritable challenge, faute de demander à son interprète une palette expressive très étendue. On reste notamment sur sa faim dans les dernières séquences supposément émouvantes, dans lesquelles l'actrice semble un peu trop réservée, voire artificielle, pour toucher comme on l'aurait voulu. Néanmoins, il s'agit là d'un beau rôle pour lequel je conserve une réelle affection, et qui n'a certainement pas volé sa nomination.


Ma sélection:

Susan Hayward - I'll Cry Tomorrow: Avant, j'aimais bien Susan Hayward. Et puis j'ai vu I'll Cry Tomorrow. Depuis, Susan Hayward gravite de plus en plus près des sommets de mon panthéon, tant ce rôle très riche, assurément son meilleur, lui permet de synthétiser tout ce qu'elle sait faire de mieux, avec un brio éblouissant. Et de ma part, c'est d'autant plus un compliment que je n'apprécie en général qu'assez modérément les performances trop démonstratives. Mais là, force est de s'incliner devant l'exploit de l'actrice qui, tout en en faisant des tonnes et des tonnes deux heures durant, parvient à ne jamais conduire à saturation, et s'arrange même pour toucher le spectateur de façon à ce qu'on en demande encore plus. Car oui, l'actrice nous tient constamment en haleine pour donner envie de connaître la suite, en révélant des émotions d'une force inouïe, quitte à mettre parfois son personnage en grand danger. Mais elle est également sublime dans toutes les séquences plus calmes, où sa façon de faire naître ses blessures est d'ores et déjà poignante, ce qui donne finalement plus de force à sa détresse grandiloquente des séquences suivantes. En outre, à l'ivresse s'ajoute un rapport mère-fille dont l'actrice rend très bien le caractère oppressant, de quoi lui permettre de partir dans de multiples directions et de ne pas laisser la moindre miette de ce qu'il était possible d'exploiter. Vraiment, Susan Hayward montre ici qu'elle est la référence ultime pour toute histoire d'alcoolisme au cinéma, dans ce qui reste de loin sa plus grande performance.


Katharine Hepburn - Summertime: Les années 1950 ont surtout vu Kate Hepburn incarner un même type d'héroïnes, en l'occurrence la vieille fille qui s'ouvre peu à peu à la passion, mais force est de reconnaître que Summertime est sa meilleure variation dans ce registre, tant elle excelle dans ce rôle émouvant porté par une réjouissante atmosphère de vacances vénitiennes. En outre, tout ce qui provient de la caméra de David Lean a tendance à me plaire beaucoup, et si l'on ajoute Kate aux commandes, la probabilité pour que le personnage m'impressionne est d'autant plus élevée. Pour commencer, l'actrice restitue très bien le côté comique de l'histoire, n'hésitant pas à tomber elle-même à l'eau lors d'une délicieuse séquence de photographie, et ajoutant quelque chose d'assez mignon dans ses manières rigides, à l'image de son léger sourire lorsqu'elle rabat sa chaise en attendant l'homme qui lui plait. Mais si ces aspects sont bien esquissés, c'est surtout l'émotion qui prime, depuis ses regards touchants devant toutes ses maladresses du début, ou encore dans sa dernière scène; à son épanouissement progressif qui fait plaisir à voir, tant elle parvient à nous connecter à ses désirs et à son ressenti. Ainsi, le rôle est vraiment beau, et cet hymne tout entier à ceux qui sont généralement maladroits ou peu entreprenants en amour reste vraiment la meilleure occasion de nommer, voire sacrer, la légendaire Kate pour cette décennie.


Anna Magnani - The Rose Tattoo: Tennessee Williams a écrit la pièce en pensant spécialement à elle et, bien que je la préfère davantage dans ses films italiens, son premier essai en langue britannique est sans surprise à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre d'une actrice mythique de cette trempe. En effet, il se dégage du rôle une puissance peu commune, Anna jouant parfaitement bien avec son tempérament latin, au point que toutes ses crises, de pleurs ou de colère, acquièrent une dimension très impressionnante, de quoi comprendre pourquoi elle fut effectivement la grande sensation de l'année aux Etats-Unis. Et son jeu a beau être typiquement démonstratif, ça ne dérange jamais tant Serafina demande d'avoir ce genre de réactions très expressives, sans compter qu'un bon nombre de passages plus calmes nuancent justement très bien la force explosive de l'actrice, et lui permettent de se révéler tout à fait émouvante. Néanmoins, c'est tout de même son volcanisme qui marque les esprits, et c'est tant mieux, car elle fait ainsi ressentir les frustrations de l'héroïne d'une manière si vigoureuse qu'on se sent réellement mal à l'aise pour elle. Le fait que le rôle soit évidemment très bien écrit est également un atout, mais sachant que le film estompe la dimension sexuelle pour complaire à ces années 1950 plutôt conservatrices, on ne peut que louer tout ce que suggère la Magnani dans ce domaine pour bien coller à l'esprit du personnage.


Eleanor Parker - Interrupted Melody: Autre candidate prestigieuse, elle aussi dans (son?) l'un de ses plus grands rôles, Eleanor Parker est évidemment incontournable dans un film qui m'a fait vibrer dès les premières minutes. Il faut dire que le sujet avait de quoi me ravir, mais je ne m'attendais pas à être aussi agréablement surpris par le résultat. En fait, Parker est en tout point exceptionnelle. Pour commencer, elle est absolument indépassable côté incarnation, puisqu'elle restitue à merveille la technique d'une vraie cantatrice, bouches largement ouvertes à l'appui, sans compter qu'elle a chanté elle-même les arias pendant les prises, quoiqu'un octave en dessous d'où le doublage, et qu'il n'y a jamais eu besoin d'y revenir à deux fois tant c'était parfait du premier coup. Rien que pour ça, respect. Mais le meilleur, c'est qu'elle excelle également au niveau de la touche émotionnelle : tout aussi à l'aise en jeune fille timide mais ambitieuse qu'en diva assez sûre d'elle qui n'a cependant rien perdu de son charme, Parker injecte en outre un véritable humour au rôle, à l'image de ces dialogues dans la voiture et sur le canapé de Glenn Ford; tout cela avant de livrer un véritable tour de force dramatique, à grand renfort de répliques violentes soulignant la détresse du personnage, qui impressionnent totalement. Enfin, elle est entièrement crédible dans le rôle de chacune des grandes héroïnes d'opéra qu'elle incarne, étant d'ailleurs bien mise en valeur par des mises en scènes grandioses, si bien que tous ces aspects réunis font de cette performance un morceau de bravoure d'une puissance sans égal. Et certes, elle ne fait pas vraiment l'accent australien... mais elle chante Waltzing Matilda, ça compense largement!


Jane Wyman - All That Heaven Allows: Même pas besoin de vous mentir, All That Heaven Allows est pour moi la plus grande romance de l'histoire du cinéma, un vrai petit bout de perfection (le cerf derrière la vitre!), et probablement mon film favori de Sirk. Dès lors, je suis tellement séduit par cette oeuvre que son brillant rejaillit automatiquement sur Wyman, dont j'estime que c'est le rôle le plus sublime de sa carrière, même si ce n'est pas le plus techniquement difficile qu'elle a tenu. Mais vraiment, elle est poignante, émouvante et touchante, elle a du charisme à revendre derrière la façade réservée du personnage, et elle exprime tellement bien les diverses émotions qui l'affectent, et ce avec une retenue et une sobriété exemplaires, que sa performance ne manque jamais de me toucher droit au cœur, ce que ne démentent pas mes multiples visionnages. En outre, je me retrouve dans bien des aspects de cette héroïne, notamment lors de la fête chez Virginia Grey : je me comporte exactement de la sorte en public quand je me décide à sortir de ma tour d'ivoire, et la façon dont Wyman rend l'épanouissement progressif de Cary au cours de la soirée me parle comme à aucun autre. Et bien sûr, n'oublions pas la déception de l'héroïne suite à la réception chez Agnes Moorehead, ou encore ses hésitations palpables quant à imposer ses choix, autant de situations magnifiquement rendues par l'actrice qui confine clairement au divin dans ce rôle en or.

Moralité: What a great year! Toutes les candidates sus-nommées, officielles ou personnelles, en plus d'actrices que j'ai dû me résoudre à laisser sur le carreau, font de cette année un grand cru où je ne compte pour le moment aucun faux pas, et il n'est que d'autant plus dommage que certains de ces rôles ne soient pas sortis une autre année, comme 1952 ou 1956 qui ont du mal à m'emballer. En fait, 1955 donne vraiment l'impression que la moitié des plus grandes performances de la décennie ont toutes décidé de sortir au même moment, ce qui reste plus que frustrant pour départager un minimum de cinq actrices absolument sublimes, et toutes dignes d'un Oscar. Hélas, il faut faire un choix, et ce sera...


Eleanor Parker - Interrupted Melody

Sincèrement, il m'est impossible de choisir entre Hayward, Parker et Wyman, les trois étant absolument exceptionnelles, et ayant probablement toutes trouvé en 1955 leur plus beau rôle. Disons qu'au départ, Susan Hayward était imbattable pour sa performance absolument saisissante, mais le doute a commencé à s'installer dès ma découverte de Jane Wyman pour sa prestation diamétralement opposée, mais tout aussi poignante sous sa formidable retenue. Je suis d'ailleurs très ennuyé pour la seconde car à une semaine près, All That Heaven Allows aurait été éligible pour 1956, où elle aurait pu gagner haut la main... Quoi qu'il en soit, j'envisageais tout de même de rester sur Hayward étant donné que le rôle lui demande une palette expressive plus étendue, mais c'était sans compter sur la révélation Eleanor Parker, sans conteste mon plus grand coup de cœur de l'année pour un film que j'ai déjà revu trois fois en un mois. Et certes, Interrupted Melody n'est pas parfait, surtout dans cet alignement assez scolaire des premières séquences révélant l'ascension de l'héroïne, mais ça n'enlève absolument rien à la force de cette performance en tout point géniale, que je préfère finalement à celle de Susan Hayward, peut-être parce qu'Eleanor est un peu plus mesurée dans ses scènes explosives, et que son humour et sa présence vivifiante donnent une couleur plus chaleureuse à son rôle, quand Hayward reste essentiellement dans le sordide. Mais qu'on se le dise, le score final est extrêmement serré, et je crois d'ailleurs qu'il s'agit-là de mon choix le plus cornélien.

D'ailleurs, depuis ma découverte d'Interrupted Melody, toutes mes prédictions tombent à l'eau, car j'envisageais vraiment de mettre 1955 à profit pour sacrer Hayward, et j'ai bien peur que ce fût-là sa dernière chance de gagner. Je suis sceptique...  Mais si je veux être parfaitement honnête avec moi-même, Eleanor Parker a vraiment ma préférence, sachant qu'Interrupted Melody est un peu mon Humoresque des années 1950 et que l'actrice est, de loin, mon idole de la décennie. Du coup, lorsque j'évoquais il y a peu cette nouvelle découverte en fin d'un autre article, je pensais encore faire gagner Hayward et créer par-là même une petite surprise ici, mais en définitive il n'y a vraiment plus de suspense, Parker ayant très clairement l'avantage. Partant de là, disons que Susan Hayward se classe seconde puis Jane Wyman troisième, quoique j'hésite vraiment car Wyman est sincèrement sublime. Et comme si 1955 ne me posait pas déjà assez de problèmes, j'ai aussi du mal à départager Hepburn et Magnani pour les dernières places, chacune étant aussi tout à fait digne d'un Oscar. Je pense qu'Hepburn exerce sur moi un plus grand pouvoir de séduction, je la classe donc quatrième.

Bien, ça, c'est fait! Mais après un choix aussi difficile, j'en ai encore des sueurs froides. Faisons vite appel à Sylvia Fowler pour détendre l'atmosphère, avec la liste des performances:

dignes d'un Oscar: Susan Hayward (I'll Cry Tomorrow), Katharine Hepburn (Summertime), Anna Magnani (The Rose Tattoo), Eleanor Parker (Interrupted Melody), Jane Wyman (All That Heaven Allows): et l'on s'étonne que j'aie du mal à choisir!



dignes d'une nomination: Doris Day (Love Me or Leave Me): possiblement son plus grand rôle, mais aussi une très plaisante surprise tant elle exprime ses émotions avec une force et une conviction non feintes. Gloria Grahame (The Cobweb): j'ai un peu oublié le film depuis quelques années, mais à l'époque j'avais trouvé l'actrice toujours aussi excellente, quoique peut-être davantage supportingJulie Harris (East of Eden): elle est si fraîche et si charismatique que ça me fait également mal au cœur de la laisser sur le carreau. J'ai vraiment hésité à lui faire remplacer Hepburn ou Magnani, mais impossible de me séparer de l'une d'entre elles...


séduisantesBette Davis (The Virgin Queen): j'ai bloqué de prime abord sur sa façon de prononcer les trois quarts de ses répliques en hurlant d'une façon très accentuée, mais avec le recul ça sert bien le rôle, et sa dernière séquence, physiquement éprouvante, laisse une empreinte vraiment durable. Jennifer Jones (Love Is a Many-Splendored Thing), (Good Morning, Miss Dove): à mon avis, elle est encore plus impressionnante dans le second, surtout pour les séquences "vieille fille" qu'elle restitue fort bien en y ajoutant un petit côté touchant. Grace Kelly (To Catch a Thief): elle est effectivement très bien mise en valeur, mais à force de revoir le film, le charme n'opère plus autant qu'avant. De fait, sa voix monocorde met en lumière les limites de son charisme et de son talent, mais néanmoins, la séduction et la réussite de casting rendent le tout réellement savoureux. Shirley MacLaine (The Trouble with Harry): un premier rôle qui révèle d'ores et déjà tout son charisme, mais pour l'avoir vu voilà maintenant plusieurs années, je n'ai plus un souvenir très précis de son jeu. Elle m'avait en tout cas paru fort sympathique à l'époque, sans être éblouissante pour autant. Marilyn Monroe (The Seven Year Itch): une performance drôle et rafraîchissante, mais avant tout une réelle réussite de casting, qui n'arrive néanmoins pas à la cheville de son rôle comique le plus célébré. Kim Novak (Picnic): elle m'y avait plu à l'époque, mais il me faut revoir le film car en l'état je me souviens surtout de Rosalind Russell dans un rôle secondaire. Disons que Novak y joue bien, quoiqu'elle peine en définitive à rester mémorable. Eleanor Parker (Many Rivers to Cross): le film est tellement mauvais qu'il est très difficile de juger cette performance. Pourtant, contrairement à l'ensemble du casting, l'actrice est réellement drôle par elle-même, et parvient par conséquent à tirer son épingle du jeu, au point qu'on peut difficilement la trouver inintéressante. Reste à savoir néanmoins ce qu'elle est allée faire dans cette galère, même si la scène où elle roule vers Taylor est sincèrement amusante.


redondantes: Jane Wyman (Lucy Gallant): l'actrice n'est pas mauvaise, mais le personnage est vraiment ennuyeux, et reste sans doute l'une de ses variations les plus mécaniques de ces jeunes femmes timides et romantiques dont elle s'est fait une spécialité. Elle parvient tout de même à conserver une certaine dose de charisme, en particulier dans les séquences finales, qui parvient à sauver les meubles, bien que le film préfigure dangereusement l'infâme Miracle in the Rain de l'année suivante.


à découvrir: Deborah Kerr (The End of the Affair), Shirley MacLaine (Artists and Models), Jean Simmons (Guys and Dolls)





grandes performances en langue étrangère: Simone Signoret & Véra Clouzot (Les diaboliques): j'inclus Simone Signoret pour certaines raisons, mais dans les faits c'est surtout Véra Clouzot qui m'a touché et impressionné. Martine Carol (Lola Montès): on pense ce qu'on veut de Martine Carol, mais il n'empêche que les films d'Ophüls sont toujours l'occasion de voir de grandes performances, et Lola Montès ne fait pas exception à la règle.


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mardi 14 janvier 2014

A suitable case for treatment.


Juste un article psychédélique pour vous faire partager mes nouvelles lubies, et conséquemment mes nouvelles prises de tête, à savoir que...

... j'ai beau considérer la chose sous tous les angles, je n'arrive toujours pas à me décider qu'oscariser Miriam Hopkins uniquement dans la catégorie "rôle secondaire" soit une bonne chose. Pour moi qui reste l'un de ses plus grands fans, ça me laisse une impression de vide, et pour une actrice qui a porté d'aussi nombreux films sur ses épaules, ça semble également un peu injuste. Surtout que l'Oscar de la meilleure actrice a malgré tout meilleure réputation, et quand on voit qu'Hollywood fait actuellement tout son possible pour récompenser Cate Blanchett dans la "bonne" catégorie, comme il se doit, ça réveille en moi des élans de bonne conscience que je veux m'empresser d'appliquer à mon actrice n°1 of all time.

... je crois qu'avec le recul, j'ai précisément un plus grand coup de cœur pour Miriam en 1935, même si Kate est également excellente. Mais soyons honnêtes, Becky Sharp a toujours été une révélation pour moi, alors pourquoi ne pas aller vers mes inclinations les plus ardentes?

... je me demande d'ailleurs si je ne préfère pas Kate à Bette en 1938, rapport à sa puissance comique inégalable dans Bringing Up Baby, et son côté plus posé et touchant dans Holiday.

... je viens de réaliser que j'estime justement davantage Bette dans Dark Victory que dans Jezebel. Mais peut-on raisonnablement donner un Oscar à Bette face à Vivien lors d'une année aussi mythique, même si la seconde est sûre d'en remporter un autre douze ans plus tard, et que la première atteint les mêmes sommets dans son propre registre?

... et Jeanette MacDonald dans tout ça? Elle me fait tellement rire à chaque fois qu'elle mérite bien un Oscar elle aussi. Mais à quel moment?

Bref, ne nous alarmons pas outre mesure, ce sont juste des réflexions que je me fais comme ça, mais je ne garantis pas que je ne me dirigerai pas vers ces nouvelles pistes sous peu. Je ne sais pas. Je m'y perds. Priez pour moi!

Sinon, rien à voir, mais j'ai découvert Interrupted Melody récemment. Objectivement pas un chef-d'oeuvre, le film n'en reste pas moins génialissime, avec une atmosphère d'opéra qui me parle énormément, des arias vibrants, des mises en scène et des cadrages inspirés, et bien entendu, une performance brillantissime d'Eleanor Parker, qui est tellement époustouflante que j'en suis encore tout ébahi!

Du coup, je ne jure que par Saint-Saëns depuis cet hiver. Et ça fait un bien fou!


jeudi 2 janvier 2014

Oscar de la meilleure actrice 1952

Au programme:

* Shirley Booth - Come Back, Little Sheba
* Joan Crawford - Sudden Fear
* Bette Davis - The Star
* Julie Harris - The Member of the Wedding
* Susan Hayward - With a Song in My Heart

Alors que les Oscars étaient en ces années-là assez effrayés par la gent new-yorkaise, 1952 vit curieusement deux étoiles de Broadway recevoir une nomination. Mais si Julie Harris parvint à faire forte impression avec son personnage peu conventionnel, la victoire de Shirley Booth ne fit absolument aucun doute, malgré un profil atypique pour une débutante dans un rôle principal au cinéma, puisqu'elle avait au préalable remporté tous les prix américains existant alors, en plus du prestigieux prix cannois, et ce pour un rôle typique de ce que les années 1950 adoraient chez les dames. En face, on retrouvait deux monstres sacrés déjà oscarisés, avec une nomination à peu près assurée pour Crawford via son flamboyant portrait au croisement du drame sentimental et du film noir, et un prix de sympathie/lot de consolation pour Davis afin d'estomper sa cuisante défaite deux ans auparavant. Pour le spectateur contemporain, imaginer les deux rivales combattre pour un même honneur reste plus que jouissif, mais gageons qu'aucune des deux n'avait une véritable chance de gagner. En effet, c'est surtout Susan Hayward qui l'aurait emporté s'il n'y avait eu Shirley Booth dans la sélection, et ce grâce à une troisième nomination pour un rôle à la fois musical et dramatique, en plus du Globe film musical ou comédie (catégorie fourre-tout ayant toujours privilégié les rôles dramatiques sous prétexte qu'il y a des chansons), qui lui permit certainement de récupérer la majorité des miettes laissées par Booth parmi les votes. Mais finalement, qui était la plus méritante?

Je retire:

Bette Davis - The Star: Non. Clairement, non. Sur les dix nominations qu'elle reçut au fil des ans, je suis à peu près d'accord pour toutes les valider les yeux fermés, mais pour celle-ci, j'appose un veto très net. Car Davis est peut-être la plus grande actrice du monde, ça ne l'empêche pas d'avoir des ratés, dont cette performance qui ne convainc guère que dans sa dernière partie, où la diva enfin calmée trouve enfin la dose de naturel qui manquait au personnage dès le début pour le rendre un minimum intéressant. En effet, l'actrice part dès l'ouverture dans des flots d'excès assez peu subtils qui brossent une bien pâle copie de ce qu'une vraie star, déchue ou non, demandait, à des lustres du brillant d'une Margo Channing, d'autant que certains passages bien plus sobres venant par moment aérer cette caricature (le rapport maternel avec Natalie Wood), conduisent à une caractérisation brouillonne que l'on a bien du mal à comprendre. Par exemple, la célèbre séquence de conduite en état d'ivresse, Oscar en mains, était alléchante sur le papier mais on n'y croit pas un seul instant tant c'est forcé. En fait, Davis ne semble pas du tout à l'aise avec ce rôle, sans doute trop proche d'elle à ce moment de sa carrière, et d'avoir dû brosser le portrait aussi peu flatteur d'une actrice ayant du mal à retrouver de bons projets a visiblement plombé sa performance.


Susan Hayward - With a Song in My Heart: Énorme déception. En grand fan de Susan Hayward, j'attendais beaucoup de ce rôle qui, mêlant numéros musicaux et drames personnels, avait placé mes attentes au niveau d'I'll Cry Tomorrow. Malheureusement, le film est extrêmement terne, à cause d'un alignement archi standard des événements sur le mode "débuts difficiles"-"gloire"-"accident"-"triompher de l'adversité", et la réalisation peu inspirée ajoute de faire l'effet d'une douche froide. Mais le plus décevant, c'est que l'actrice choisit la voie de la facilité en jouant le personnage d'une manière exclusivement sympathique. Elle n'y ajoute ainsi aucune complexité, au point que Jane reste terriblement gentille de A à Z quoi qu'il arrive. Même après l'accident d'avion, elle prend les choses du bon côté, sans laisser entrevoir des traces d'amertume qui auraient pu donner un peu de profondeur au rôle. Heureusement, Hayward se rattrape en faisant un très bon travail de synchronisation avec le doublage de Jane Froman elle-même, mais ça ne suffit pas à rehausser l'intérêt. Dans le genre, mieux vaut revoir Interrupted Melody où Eleanor Parker va beaucoup plus loin dans la caractérisation que ne le fait Susan ici.


Julie Harris - The Member of the Wedding: Julie Harris est l'une des toutes premières actrices que j'ai idolâtrées, thanks to East of Eden, The Haunting et Reflets dans un œil d'or, mais je dois avouer que son unique nomination aux Oscars pour ce rôle de garçon manqué, qu'elle avait au préalable créé sur scène, me laisse assez perplexe. Evidemment, je n'ai aucun moyen de savoir ce que son interprétation donnait à Broadway, mais dès les premières minutes du film, il m'a été absolument impossible de croire une seule seconde à ce que j'avais sous les yeux, la faute à un parler enfantin beaucoup trop forcé pour être crédible, l'actrice ayant alors le double de l'âge du personnage. On n'y croit donc pas vraiment, ni visuellement ni vocalement, et ça plombe la performance d'entrée de jeu, d'autant que les codes très théâtraux qu'elle instille au rôle me font légèrement tiquer. Cependant, si la technique peine à convaincre, ça reste tout de même une prestation sincèrement marquante, l'actrice sachant bel et bien toucher le spectateur avec les questionnements existentiels de son personnage atypique. En outre, on pourra également admirer son énergie dévorante qui contribue à donner une meilleure impression que ne le laissaient présager les débuts de l'histoire. Mais dans l'ensemble, difficile d'être vraiment emballé par cette nomination.


Ma sélection:

Shirley Booth - Come Back, Little Sheba: Oui, l'héroïne est exaspérante, oui l'actrice en fait sans doute trop, et pourtant, ça passe comme une lettre à la poste, ce qui me surprend d'autant plus que je n'ai d'habitude aucun goût pour ce genre de personnages. Mais ici, l'émotion prime avant tout, et l'on se retrouve en définitive avec une ménagère vraiment touchante, comme si l'actrice désarmait par avance toutes les critiques qu'on pourrait lui faire. Pour commencer, elle accroche dès son entrée en scène, avec un jeu très bien équilibré grâce auquel les aspects les plus horrifiants de cette banalité déprimante sont balancés par une tension palpable qui émeut, à l'image de ses regards inquiets lorsqu'elle demande à Burt Lancaster s'il regrette de l'avoir épousée. La fin est également sensationnelle puisque l'actrice donne une lucidité rafraîchissante à ce personnage foncièrement insupportable au point de laisser une très bonne impression. Ceci dit, ça n'empêche pas le soufflé de retomber par moments, avec ces aspects très forcés (elle fait bien exprès de descendre les escaliers en traînant la patte et de danser de façon totalement grotesque), sans compter que lorsqu'elle appelle sa chienne disparue, on n'y croit pas vraiment tant ça sort de n'importe où. En outre, après une demi-heure de "Daddy/Doc", le rôle finit par devenir redondant, mais par bonheur l'émotion prime et maintient toujours l'intérêt. L'effet est donc agréablement surprenant.


Joan Crawford - Sudden Fear: Je sais, je peux rarement me passer de Crawford, et là encore, la voir à l'écran est un éblouissement de tous les instants, sans compter que cette performance est un nouveau sommet de photogénie paroxystique et d'émotions en tout genre. Comme souvent chez Crawford, c'est volontairement exagéré, à l'instar de cette écoute du magnétophone plus oppressante que jamais, mais c'est justement ça qui vous prend aux tripes et vous empêche de détourner le regard un seul instant. Ainsi, l'actrice fait tout à fait ressentir l'impression d'être pris au piège avec l'héroïne, au point que l'on s'excite en même temps qu'elle, et qu'on est à deux doigts de se lever de son siège tant elle fait monter l'angoisse, qu'elle soit cachée dans un placard ou qu'elle coure dans la nuit dissimulée sous un foulard blanc. Ce rôle chargé de tension me plait donc à un point inimaginable, et j'ajouterai encore que l'héroïne est vraiment passionnante, très classe et pleine d'imagination, Crawford en rendant bien la personnalité complexe puisque Myra reste capable de bien des sournoiseries tout en étant d'abord une victime. Et puis, la grande force de cette performance, c'est que l'actrice touche dès le début avec cette histoire d'amour toute de délicatesse, si bien qu'on ne peut plus se désintéresser d'elle une fois l'intrigue enclenchée. Bref, je suis totalement sous le charme, et je ne suis pas sûr que beaucoup d'autres actrices aient pu donner autant de relief à un tel film.


Judy Holliday - The Marrying Kind: Je ne suis pas un grand spécialiste de la filmographie de Ms Holliday, et pour le peu que j'en ai vu ses personnages restent assez similaires. Mais autant sa performance oscarisée laissait sur sa faim faute d'établir une seconde dimension solide à cette héroïne exagérément caricaturale, autant The Marrying Kind lui offre l'occasion de trouver son plus grand rôle en livrant un portrait naturel éminemment touchant. Niveau jeu, l'actrice fait principalement du Judy Holliday mais, quoique peu surprenante, son approche du personnage fonctionne parfaitement: elle ne fait aucun excès pour bien souligner la banalité de son mode de vie, elle a une très bonne alchimie avec Aldo Ray qui rend tout le sel des tracas de la vie conjugale, et elle ne manque pas de partir dans de multiples directions, passant de l'humour au désenchantement, voire au drame, avec une grande facilité. Le seul reproche, minime, qu'on pourrait lui faire est qu'elle ne sait pas du tout pleurer, mais comme la séquence ne dure que trois secondes ça ne pose nullement problème. Dans l'ensemble, l'actrice est donc idéale pour restituer la tonalité adulte de cette belle histoire, et elle reste toujours fascinante, au point qu'avec elle, l'ordinaire captive comme jamais.


Ginger Rogers - Monkey Business: Je ne suis pas très fan de la scission des Globes, mais tant qu'à honorer une performance de comédie cette année-là, je serai évidemment allé vers Ginger Rogers pour son dernier grand rôle, dans lequel son génie comique scintille comme au temps de ses plus grands succès. Et d'accord, le film ne vole peut-être pas très haut, mais ça n'en reste pas moins un pur délice, notamment pour l'irrésistible transformation de l'actrice, faisant du personnage le plus sérieux de l'histoire le personnage le plus délirant. A ce titre, la première métamorphose de l'épouse très digne en fillette de cinq ans est hilarante, et les transitions suivantes sont elles aussi tellement bien gérées, sans rien de forcé, qu'elles en deviennent incontournables d'humour. Le plus drôle, c'est lorsqu'elle commence à retomber en enfance tout en conservant ses habits et sa coiffure d'épouse très digne, de quoi créer un contraste à mourir de rire, même si ça se borne à jouer avec des poissons ou une tarte à la crème. Mais l'Edwina décoiffée faisant la course dans les couloirs d'un hôtel ou jouant avec des pots de peinture possède également un charme inégalable, la grande force de cette performance étant que l'actrice se lâche avec une classe et une distinction tout à fait rafraîchissantes. Plus que Cary Grant, c'est bel et bien Ginger qui domine le film.


Lana Turner - The Bad and the Beautiful: Critiquée de toutes parts, décrite comme la plus grande imposture du Golden Age dans tous les bonus DVD, où il n'est pas un historien du cinéma pour voir en elle autre chose qu'une piètre actrice ayant parfois eu la chance d'être bien dirigée, Lana Turner n'en reste pas moins l'une de mes idoles ultimes, et une icône incontournable de mon panthéon, ne serait-ce que pour les projets de qualité qu'elle compte sur son CV. Ici, ça tombe bien, le film est un chef-d'oeuvre, et ce personnage d'actrice ayant bien du mal à se faire reconnaître est sans aucun doute son plus grand rôle. Mais outre la réussite de casting, la direction de Minnelli ou le brillant du film, la performance fonctionne également parce que Lana a su apporter quelque chose d'extrêmement touchant à Georgia, étant tout aussi crédible en fille paumée qu'en star adulée, et n'hésitant pas à partir dans des excès que d'aucuns décrieront mais qui sont à mes yeux du génie pur, à l'image de cette crise de nerfs paroxystique qui me semble personnellement réaliste vu que j'aurais tendance à réagir de la même manière à l'abri des regards. De surcroît, on sent constamment sa volonté de bien faire à tous les niveaux, et de toute façon, toute personne ayant l'audace de dessiner des moustaches à ses idoles est digne de tous les honneurs!

Et maintenant, l'heure de vérité. La grande gagnante est...


Ginger Rogers - Monkey Business

Oui, après mûre réflexion je ne suis plus autant séduit par Judy Holliday que par le passé, et je pense d'ailleurs que, n'eût-elle pas reçu l'Oscar en 1950, on ne parlerait pas autant de ses talents comiques certes évidents, mais pas aussi exceptionnels que chez certaines de ses collègues. En revanche, Ginger Rogers fait justement partie de cette cohorte d'actrices d'exception absolument brillantes dans le registre de la comédie (mais pas que : Stage Door, Kitty Foyle, I'll Be Seing You, s'il vous plait!), et lorsqu'elle décide de faire rire, elle s'y adonne avec une telle puissance qu'elle parvient à voler la vedette à tout ce qui existe alentour, même quand les acteurs en question s'appellent Cary Grant et Charles Coburn. Après, je ne nie pas que j'aurais préféré sacrer Ginger dix ans plus tôt, pour son tour de force irrésistible chez Billy Wilder, mais même si Monkey Business n'est pas un film du même niveau, ça n'enlève rien à la fraîcheur et au rayonnement de l'actrice qui reste décidément la meilleure lorsqu'il s'agit de retomber en enfance. Sur ce, je classe Joan Crawford seconde pour son portrait haletant ultra divertissant, Lana Turner troisième pour le rôle de sa vie, Shirley Booth quatrième pour son charisme capable de transformer un quotidien sordide en une expérience fascinante, puis Judy Holliday cinquième pour son savoureux mélange de douleur et de comédie dans un très beau film sur les relations de couple au quotidien.

Et laissons enfin l'immense Sylvia Fowler classer les interprétations...

dignes d'un Oscar: Joan Crawford (Sudden Fear), Ginger Rogers (Monkey Business), Lana Turner (The Bad and the Beautiful): voir ci-dessus.





dignes d'une nomination: Shirley Booth (Come Back, Little Sheba), Judy Holliday (The Marrying Kind); voir ci-dessus. Jennifer Jones (Ruby Gentry): sincèrement impressionnante en présentant un personnage bien plus sulfureux que d'habitude, mais si je n'ai aucun reproche à lui faire en terme de jeu, il n'empêche qu'on sent trop la technique à chaque instant (dont sa façon de rendre sa voix plus grave), au point d'occulter le reste. Jadis, j'ai également vu Carrie, mais j'avoue avoir trop peu de souvenirs pour en parler sans piqûre de rappel. Barbara Stanwyck (Clash by Night): là encore, je n'ai plus un grand souvenir du film, mais je sais qu'elle était, comme toujours, impeccablement juste et parfaite.


dignes d'intérêt: Olivia de Havilland (My Cousin Rachel): comme Jones, elle a cherché à casser son image et ça fonctionne plutôt bien, mais je ne peux pas dire que ça m'ait séduit outre mesure. Marlene Dietrich (Rancho Notorious): toujours très charismatique, classe mais un brin vulgaire, avec une dose d'émotion touchante. Connaissant Marlene, on aurait toutefois aimé que ça sorte plus de l'ordinaire. Rita Hayworth (Affair in Trinidad): une enquête sympathique qui confirme que, sans avoir été une actrice d'exception, Rita a toujours eu cette étincelle de charisme capable d'accrocher le spectateur en un clin d’œil. Maureen O'Hara (The Quiet Man): elle est très attachante, mais sincèrement, son personnage reste avant tout un énorme cliché, et on ne comprend pas toujours très bien où elle veut en venir, entre amour et fierté.


décevantes: Bette Davis (The Star), Julie Harris (The Member of the Wedding), Susan Hayward (With a Song in My Heart): voir ci-dessus. Eleanor Parker (Above and Beyond): ça commence pourtant sur les chapeaux de roues, et l'actrice est évidemment très captivante tout au long de l'histoire, mais à force de jouer à l'épouse aimante et fidèle, qu'elle nuance néanmoins très bien en lui donnant du caractère sous des sourires trop doux, elle finit par vaguement ennuyer. En outre, sa storyline est totalement hors de propos dans un film qui parle avant tout d'Enola Gay.


à découvrir: Irene Dunne (It Grows on Trees), Joan Fontaine (Something to Live For), Katharine Hepburn (Pat and Mike)




Ah, et pour ceux qui s'étonnent de ne voir aucune mention de Debbie Reynolds, c'est juste que je la considère davantage comme supporting. Soyons honnêtes: elle a moins d'importance que Donald O'Connor, en a à peine plus que Jean Hagen, et le film est majoritairement centré sur Gene Kelly, à qui elle sert plus d'adjuvant qu'elle n'est une héroïne en tant que telle. Certes, d'aucuns me diront que je nomme Turner en leading alors qu'elle n'apparaît principalement que dans un segment des Ensorcelés, mais ce long segment tourne entièrement autour d'elle et les autres séquences font également écho à Georgia, aussi est-elle clairement un premier rôle à mes yeux. Autrement, de façon assez curieuse, 1952 a vu de nombreuses stars incarner des rôles secondaires: Bette Davis (Phone Call from a Stranger), Danielle Darrieux (5 Fingers), Joan Fontaine & Liz Taylor (Ivanhoé), Eleanor Parker & Janet Leigh (Scaramouche), Ava Gardner & Susan Hayward (The Snows of Kilimanjaro), Deborah Kerr (The Prisoner of Zenda), Grace Kelly (High Noon)... Difficile de piocher dans cette liste pour trouver des alternatives dans cette catégorie. De toute façon, sans être la meilleure de toutes, ma sélection m'excite énormément et je ne voudrais la changer pour rien au monde!

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