samedi 5 décembre 2020

Actrices: A

Aujourd'hui, parlons un peu des actrices dont le patronyme commence par la lettre A. Qui sont-elles? Dans combien de films les ai-je vues? Combien m'en reste-t-il à découvrir? Faisons le point sans plus tarder!

Isabelle, Amy, Victoria, Reem et Hiam.

Hiam Abbass (هيام عباس) (היאם עבאס)

Née le 30 novembre 1960 à Nazareth.

Hiam Abbass est une actrice que je connais encore trop peu, mais qui semble avoir une belle filmographie à explorer. Je l'ai entendue à ce jour dans deux jolis films d'animation: Azur et Asmar (2006), où elle prête sa voix à la nourrice, véritable image maternelle de l'histoire; et Les Hirondelles de Kaboul (2019), dans le rôle de la femme mourante et sacrificielle. Je l'ai également croisée dans le film marocain Rock the Casbah en 2013, dont j'ai un souvenir assez flou.


Reem Abdullah (ريم عبد الله)

Née le 20 février 1987 à Riyad.

Cette actrice saoudienne a incarné la maman de Wadjda (وجدة) dans le film éponyme d'Haifaa al-Mansour sorti en 2012. Elle y donne une jolie performance intériorisée, alors qu'elle voit son mariage lui échapper et qu'elle resserre ses liens avec sa fille, tout en essayant de s'émanciper un peu en ne portant pas un voile intégral en public. En l'absence de cinéma officiel dans son pays, le reste de son œuvre est à trouver dans des séries télévisées, que je ne connais bien évidemment pas.


Victoria Abril

Née le 4 juillet 1959 à Madrid.

Cette actrice espagnole a l'insigne honneur d'avoir été dirigée par Pedro Almodóvar dans plusieurs films du début des années 1990, dont Kika et Attache-moi, que je n'ai pas vus, et Talons aiguilles (1991), où elle est attachante en jeune femme qui tente d'exister face à une mère dévorante incarnée avec brio par Marisa Paredes, tout en faisant des acrobaties comiques lors d'une agression sexuelle qui ne pourrait plus être montrée de nos jours. En scrutant un peu sa filmographie, je me rends compte qu'elle apparaît aussi dans La Rose et la Flèche (1976) et Max mon amour (1985), mais je ne m'y souviens pas de sa présence.


Jean Adair

Née le 13 juin 1873 à Hamilton (Canada), et décédée à New York le 11 mai 1953.

Cette comédienne a consacré l'essentiel de sa carrière aux planches, créant à Broadway son rôle le plus célèbre aux côtés de Josephine Hull, Arsenic et vieilles dentelles (1941), qu'elles jouèrent sans interruption plus d'un millier de fois. Les deux complices reprirent les personnages des deux adorables tantes qui aident à "soulager" les peines de cœur de leurs voisins, dans l'adaptation cinématographique de Frank Capra en 1944, volant au passage la vedette à Cary Grant dans une performance étonnamment mal calculée. Jean Adair est également apparue dans La Cité sans voiles (1948), sans être pour autant créditée au générique.


Amy Adams

Née le 20 août 1974 à Vicence.

Révélée aux débuts des années 2000 dans Arrête-moi si tu peux et Junebug, que je n'ai pas vus, Amy Adams s'est rapidement imposée comme la petite fiancée de l'Oscar du second rôle avec Doute (2008), où elle m'avait assez touché dans le rôle de la nonne timide dépassée par les événements; The Master (2012), une interprétation correcte qui reste pourtant loin d'être sa création la plus mémorable; mais encore The Fighter (2010) et Vice (2018), deux films que j'ai détestés, surtout le dernier, où elle verse un peu dans la caricature, sans jamais être mauvaise, afin de se fondre dans le style des réalisateurs. C'est ce qu'il fallait faire, mais le résultat ne m'émeut aucunement. Je la préfère assurément pour son joli personnage de femme esseulée dans Her (2013), où elle ne manque pas de faire forte impression avec trois fois rien.

Mais Amy Adams est aussi une star de premier ordre, capable de porter des films sur ses épaules dans des registres fort différents, à commencer par une comédie musicale, Il était une fois (2007), où elle est idéalement distribuée en princesse de contes de fées qui apprend à s'enhardir dans le monde contemporain, avec un beau regard silencieux dévoilant l'évolution de l'héroïne vers plus de maturité. Aux antipodes de cet univers féérique, elle fut une reine de l'escroquerie convaincante dans American Hustle (2013), un film malheureusement désagréable qui m'empêche d'apprécier son interprétation; puis une peintre luttant pour ses droits d'artiste dans Big Eyes (2014), un film totalement oubliable qu'elle sauve par son seul talent. 2016 reste néanmoins sa grande année, avec l'irritant Nocturnal Animals, dans le rôle d'une artiste qui peine à distinguer la fiction de la réalité; et surtout Premier Contact (Arrival), le plus beau rôle de sa carrière, où elle s'ouvre à un monde inconnu avec une retenue fascinante.

On peut la voir en ce moment dans Une Ode américaine (2020), où elle joue avec beaucoup d'emphase, comme le demande le style du metteur en scène, une redneck droguée. Le film est la chose la plus ennuyeuse du monde, mais elle n'y est certainement pas mauvaise. Son seul raté majeur à ce jour reste l'immonde Julie & Julia (2009), le seul rôle où elle est insipide à pleurer, dans une histoire tellement inutile que par comparaison, Leap Year (2010), une romance irlandaise à clichés, a presque l'air respectable. Je note enfin une apparition dans La Guerre selon Charlie Wilson (2007), mais je ne me rappelle aucunement de son personnage.


Maud Adams

Née le 12 février 1945 à Luleå.

Cette mannequin suédoise eut le privilège d'être deux fois James Bond Girl, d'abord dans L'Homme au pistolet d'or (1974), où elle ne fait pas long feu, puis dans Octopussy (1983), où elle se prend pour une maharani couvant les œufs de Fabergé. Bien qu'elle n'y soit qu'une silhouette, son meilleur film est certainement Les Garçons de la bande (1970), une histoire qui laisse peu de place aux femmes, et pour cause...


Isabelle Adjani

Née le 27 juin 1955 à Paris.

Véritable légende vivante du cinéma français, révélation dès ses débuts à la Comédie-Française, Isabelle Adjani est l'une des grandes incontournables de cette liste. Et ce n'est pas un adjaniste convaincu qui vous dira le contraire! Paradoxalement, les films qui m'intéressent parmi ses œuvres se comptent sur les doigts d'une main.

Révélée à seulement vingt ans pour L'Histoire d'Adèle H. (1975), elle imposa d'emblée son goût pour les héroïnes perturbées, dont la psyché vacillante garde une certaine dignité dans un premier temps, avant de sombrer totalement dans la folie. C'est là un coup de génie qui lui permit d'être immédiatement reconnue à l'international, et lui ouvrit la porte d'une belle carrière dans cette lignée. L'Été meurtrier (1983) la vit réitérer cet exploit, mais cette fois-ci dans un univers contemporain et un milieu social moins huppé, dans un film que j'ai du mal à apprécier, mais assez semblable à Adèle Hugo, Camille Claudel (1988) fut un nouveau triomphe pour cette actrice consommée, et reste après revisite son plus grand rôle. Le premier acte révèle une jeune fille volontaire qui a tout pour réussir, mais qui se laisse peu à peu gagner par la folie, d'où de fort belles nuances magnifiées par une caméra visiblement amoureuse d'elle. Autre exploit historique, mais toujours dans l'esprit morbide du Romantisme, La Reine Margot (1994) reste mon film français préféré de sa décennie, et Adjani n'y est évidemment pas pour rien, bien qu'elle surprenne peu compte tenu de ses réussites passées: mon regard est davantage attiré par les seconds rôles intenses, mais la reine de Navarre n'en reste pas moins une interprétation brillante et passionnée. Ces dernières années, je me souviens avoir aimé Adolphe (2002), mais la réminiscence est un peu floue après tout ce temps, et j'ai toujours pris grand plaisir devant Bon voyage (2003), dont la comédienne n'est cependant pas le point fort: elle s'y enferme dans un numéro de diva perturbée qui lui sied bien, mais qui commence à sentir la redite. Heureusement, Adjani sut rebondir à contre-emploi avec son dernier grand rôle en date, La Journée de la jupe (2009). Loin des costumes bourgeois d'antan, elle y incarne une enseignante de banlieue plus vraie que nature lorsqu'elle essaie de maintenir un semblant de discipline devant ses élèves, et force est de saluer cette introduction hautement convaincante, avant qu'un rebondissement ne fasse chanceler son équilibre mental vers des contrées plus connues, mais à nouveau explorées avec une justesse extraordinaire, sans jamais trahir ce personnage justement ordinaire qui voulait simplement transmettre sa passion de la littérature.

Comme précisé, ses autres films m'intéressent moins, mais cela n'a pas grande importance puisque cette poignée de grands rôles suffit à maintenir Adjani dans son statut de légende. Je l'ai également vue dans Le Locataire (1976), que j'ai détesté et où elle n'a rien à faire, et The Driver (1978), un film intéressant où elle fascine dans la peau d'une femme fatale élégante, mais où on lui demande de rester sur la même note de froideur: il est permis de lui préférer Ronee Blakley, le personnage le plus humain de l'histoire. Les Sœurs Brontë (1979), qui avaient tout pour me plaire, font malheureusement le choix d'interprétations glaciales qui ne convainquent nullement, et je suis resté en marge de la nouvelle version de Nosferatu (1979), qui méritera néanmoins une revisite. 1981 fut une bonne année pour Isabelle Adjani, mais je regrette de n'être pas touché par les films en question: Quartet a beau être filmé par James Ivory, je garde souvenance de m'être ennuyé tout du long et d'y avoir préféré Maggie Smith; alors que Possession de Żuławski, comme L'Important c'est d'aimer du même réalisateur, ne me donne l'impression d'aller nulle part: la comédienne y est impressionnante et donne tout ce qu'elle a, mais tout cela tourne un peu à vide, car elle n'a pas de personnage digne de ce nom à jouer. Enfin, L'Année prochaine... si tout va bien est une comédie... française, donc pas du tout ma tasse de thé, et je trouve l'actrice plus touchante dans les scènes sérieuses où elle reste dans son élément, malgré une personnalité espiègle inattendue dans le reste du film, encore qu'il soit difficile de crier au génie comique. Plus récemment, je l'ai croisée dans La Repentie (2002), dont je n'ai aucun souvenir, et David et Madame Hansen (2012), où elle est vraiment bien, mais dans un film pénible et laborieux. Loin de réitérer l'exploit de La Journée de la jupe, Carole Matthieu (2016) montre surtout une actrice paniquée par la soixantaine qui préfère se cacher derrière ses cheveux. Difficile d'émouvoir dans ces conditions... Pour finir ce tour d'horizon, j'aimerais la découvrir dans Antonieta de Saura, Subway et Mortelle Randonnée pour ses autres rôles connus des années 1980, et le diabolique Ishtar, qui souffre d'une male réputation mais qui reste dirigé par Elaine May: je suis curieux de voir ça!


Jenny, Renée, Shohreh, Anouk, Maria.

Renée Adorée

Née le 30 septembre 1897 à Hambourg, décédée à Sunland-Tujunga le 5 octobre 1933.

Issue du milieu du cirque, Renée Adorée vécut la vie nomade des tournées en Europe avant de connaître son heure de gloire au cinéma dans les années 1920. Elle tourna avec Raoul Walsh mais dans un film hélas perdu, mais encore avec Tod Browning dans des œuvres qu'il me faut absolument voir. Je la connais à ce jour pour Grandeur et Décadence (1922), où elle hérite du rôle peu gratifiant de la fiancée patiente, qui attend que Buster Keaton se fasse une situation pour pouvoir l'épouser. C'est toutefois King Vidor qui lui donna ses rôles les plus célèbres aux côtés de John Gilbert. Dans La Grande Parade (1925), elle est ainsi la jeune fermière qui noue une idylle avec un soldat américain en pleine guerre; et dans La Bohème, elle se contente du second rôle croustillant de Musette, où son tempérament pétillant ajoute de la légèreté à une histoire bien triste soutenue avec le sérieux que l'on sait par Lillian Gish. Un rôle moins connu mais où je l'ai précisément adorée est à trouver chez Les Cosaques (1928), un film de George Hill terminé par Clarence Brown, et dominé par la présence exceptionnelle d'Ernest Torrence, où elle est idéalement distribuée en paysanne excédée par les idéaux pacifiques de son fiancé. Les trois interprètes de cette adaptation de Tolstoï moururent prématurément peu après, ce qui est déprimant.


Shohreh Aghdashloo (شهره آغداشلو)

Née le 11 mai 1952 à Téhéran.

À peine eut-elle le temps de savourer sa renommée toute nouvelle dans son pays à la fin des années 1970, qu'elle dût fuir la Révolution pour le monde anglo-saxon. Parmi ses lettres de noblesse persanes, elle laisse tout de même une collaboration avec Ali Hatami, Cœurs brisés (1978), où on la dit remarquable dans le rôle d'une prostituée; et un partenariat avec Abbas Kiarostami, Le Rapport (1977), heureusement plus accessible pour nous, et où elle interprète avec une belle énergie l'épouse exaspérée et suicidaire d'un fonctionnaire dans la tourmente. Elle tourna ensuite aux États-Unis et se fit connaître du grand public en 2003 dans House of Sand and Fog, qui lui valut une nomination pour l'Oscar du second rôle, en tant qu'épouse inquiète de Ben Kingsley. Le rôle ne m'avait pas paru aussi gratifiant que je l'eusse voulu, peut-être à cause d'un aspect larmoyant un tantinet affecté, mais la citation n'en restait pas moins méritée. Il faudrait apparemment la voir dans la saison 4 de 24 Heures chrono (2005), et dans La Maison de Saddam, une mini-série de 2008 qui lui valut un Emmy.


Jenny Agutter

Née le 20 décembre 1952 à Taunton (Angleterre).

Cette actrice britannique accéda à la notoriété dans les années 1970 pour ses rôles au cinéma dans L'Âge de cristal (1976) et Le Loup-Garou de Londres (1981), et à la télévision pour L'Oie des neiges (1971), qui lui valut un Emmy, soit autant de fictions que je n'ai pas vues. Idem pour Equus (1977), que je m'interdis de chercher en raison des atrocités du tournage, et pour lequel elle remporta un Bafta. Pour moi, Jenny Agutter restera surtout l'héroïne de La Randonnée (Walkabout), l'excellent film de Nicolas Roeg qui la montre errer dans le bush avec son petit frère, et tisser des liens improbables avec un Aborigène.


Anouk Aimée

Née le 27 avril 1932 à Paris.

D'une allure incroyablement photogénique, mais peut-être desservie par une voix fluette qui me touche peu, Anouk Aimée débuta au cinéma dès l'adolescence, avant de s'imposer comme l'un des grands visages des Nouvelles Vagues européennes des années 1960. On la vit en France pour le rôle de la danseuse Lola (1961) chez Jacques Demy, où je préfère néanmoins d'autres personnages dont l'exquise Élina Labourdette; puis en Amérique dans la suite du même film, Model Shop (1969), où elle traverse le film avec un désabusement gracieux qui sert avant tout de fantasme pour le héros principal. Au milieu de ce parcours, elle tourna son œuvre la plus célèbre, Un Homme et une Femme (1966) de Claude Lelouch, pour laquelle elle battit les reines d'Hollywood à la cérémonie des Golden Globes. Le film m'a paru plus agréable la deuxième fois, mais on regrette néanmoins que l'actrice y soit davantage une grande présence plutôt qu'un rôle de composition: son allure est, comme je le disais, absolument magnétique, mais seule la scène d'amour lui donne l'opportunité de faire briller son jeu, alors qu'elle se sent coupable de s'abandonner au plaisir si vite après un drame. En tout cas, elle participe pleinement de la magie de cette séquence mythique. Ses autres films très célèbres de la décennie sont évidemment les chefs-d'œuvre de Fellini, La dolce vita (1960) et Huit et demi (1963): il me semble qu'elle y est doublée, mais ça ne l'empêche nullement de donner deux interprétations charismatiques face à Marcello Mastroianni, d'abord comme bourgeoise désabusée qui hante les nuits romaines, puis comme l'épouse trompée mais hautement charmante d'un cinéaste en pleine crise existentielle. Sa filmographie reste longue et promet de belles découvertes à l'avenir.


Maria Aitken

Née le 12 septembre 1945 à Dublin.

Cette comédienne britannique détient le record de l'actrice ayant joué le plus de pièces de Noël Coward dans l'histoire du théâtre. Metteuse en scène distinguée, couverte d'éloges pour son adaptation des 39 Marches, et mère de l'acteur Jack Davenport, elle fit quelques apparitions au cinéma dont Marie Stuart, reine d'Écosse (1971). Néanmoins, le rôle de sa vie reste sans conteste celui de la femme trompée qui ne se doute de rien, mais sceptique sur bien d'autres questions, dans Un Poisson nommé Wanda (1988), l'une des performances les plus hilarantes qui soient! Elle aurait dû être nommée à l'Oscar pour ce personnage: sa gestuelle comique y fait de telles merveilles qu'il suffit de la voir en photo pour rire aux éclats, l'actrice prouvant par-là même qu'elle n'a rien à envier à l'énergie physique de Kevin Kline.


Yumeko, Lola, Jehanne, Jane, Norma.

Yumeko Aizome (逢初夢子)

Née le 25 décembre 1915 à Inawashiro, vue pour la dernière fois en 2002.

Il m'en reste beaucoup à découvrir, mais je l'adore déjà. Très active dans les années 1930, elle joua notamment pour Ozu, Naruse, Shimizu et Shimazu dont, pour ce dernier, son rôle le plus célèbre en Occident, Yaé, ma petite voisine (1934), où elle compose une jeune fille vivace et pleine d'esprit, qui sait aussi être joliment triste dans les scènes les plus sérieuses. En 1947, elle tourna pour Yoshimura le magnifique Bal de la famille Anjō, où elle interprète avec vigueur la sœur mélancolique de Setsuko Hara, observant avec une acuité tragique son univers se dérober sous ses pieds. J'espère qu'elle est encore en vie quelque part, et j'ai très hâte de découvrir la suite!


Lola Albright

Née le 20 juillet 1924 à Akron (Ohio), décédée le 23 mars 2017 à Los Angeles.

Ayant débuté à la fin des années 1940 avec de tous petits rôles dont je n'ai pas souvenance dans Le Pirate, Parade de printemps, La Belle imprudente (1948), Tulsa et Champion (1949), Lola Albright enchaîna ensuite avec des films de série B, avant de décrocher le rôle d'une chanteuse voluptueuse dans la série d'enquêtes Peter Gunn (1958), créée par Blake Edwards, pour laquelle les Emmy la citèrent dans leur sélection. Au cinéma, ses plus grands rôles sont à chercher dans Lord Love a Duck (1966), qui lui valut le prestigieux Ours d'argent berlinois mais que je n'ai pas vu à ce jour; et surtout Un Vent froid en été (1961), où elle joue avec élégance et brio une femme à l'approche de la quarantaine qui tombe amoureuse d'un jeune homme, lequel finit par déchanter lorsqu'il apprend qu'elle gagne sa vie comme strip-teaseuse. La scène des explications est jouée avec une retenue et une force de conviction impressionnantes qui auraient dû lui valoir une nomination à l'Oscar, le film eût-il été produit par un studio prestigieux.


Jehanne d'Alcy

Née le 20 mars 1865 à Vaujours, décédée le 14 octobre 1956 à Versailles.

Venue à Paris dans les années 1880 pour devenir comédienne, elle fit la rencontre de Georges Méliès lorsque celui-ci dirigeait le théâtre Robert-Houdin. Elle devint ainsi l'une des premières actrices de l'histoire du cinéma, en participant aux courts-métrages passionnants du cinéaste, mais hélas dans des plans moyens ou de demi-ensemble où il reste difficile de l'identifier. Il faudra que je me mette à jour sur l'œuvre de Méliès, mais j'ai vu à ce jour sa Jeanne d'Arc de 1900, et le célèbre Voyage dans la Lune de 1902, où elle ne fait que de la figuration. Elle fut aussi la première Cléopâtre jamais filmée, malheureusement dans un métrage que je n'ai pas vu, et causa un véritable scandale dans Après le bal (1897), où elle se déshabille devant le spectateur avant de se doucher dans une combinaison imitant la nudité. Ce métrage fut assimilé en son temps à de la pornographie, mais tout cela nous semble bien innocent désormais: on est davantage intrigué par le liquide noirâtre qui devait supposément ressembler à de l'eau, mais qui fait avant tout penser à un bain de boue! Loin des caméras, Jehanne d'Alcy tint par la suite un magasin de jouets et sucreries dans la gare Montparnasse, où elle fut secondée par Méliès qu'elle avait fini par épouser. Un documentaire de Georges Franju leur rendit hommage en 1952.


Rutanya Alda

Née le 13 octobre 1942 à Riga.

Après avoir grandi dans un camp de réfugiés pendant la guerre, Rutanya Alda émigra aux États-Unis et finit par décrocher de tous petits rôles dans des productions de prestige telles Next Stop, Greenwich Village (1976) et Voyage au bout de l'enfer (1978). Pour nous, elle restera surtout la Carol Ann de Maman très chère (1981), la gouvernante lobotomisée qui exécute tous les ordres de sa patronne avec une inconscience folle. Elle a relaté son expérience il y a cinq ans dans le livre Carol Ann Tells All, où elle accuse apparemment Faye Dunaway de ne lui avoir laissé aucun espace. Popcorn garanti!


Norma Aleandro

Née le 2 mai 1936 à Buenos Aires.

Véritable légende vivante dans son pays, elle accéda à la reconnaissance internationale pour ce qui reste peut-être la plus belle interprétation des années 1980, L'Histoire officielle (1985), où elle incarne une professeure d'Histoire confortablement installée dans une vie bourgeoise, et qui ose enfin ouvrir les yeux sur les années de dictature militaire, dont les témoignages qu'elle reçoit remettent en cause ses convictions. Elle y passe par toutes les émotions possibles et imaginables avec une vigueur incroyable, des rires chaleureux en famille aux larmes et aux doutes, le tout formant l'une des interprétations les plus brillantes et nuancées qui soient. Deux ans plus tard, elle joua dans Gaby (1987) la gouvernante de l'écrivaine mexicaine Gabriela Brimmer, une jeune fille entièrement paralysée à l'exception de son pied gauche, et devenue grâce aux bons soins de sa protectrice une étudiante diplômée et une autrice à succès. Norma Aleandro joue ce rôle attachant avec beaucoup d'émotion, ce qui lui permit de recevoir la nomination à l'Oscar qui lui avait scandaleusement échappé deux ans plus tôt. Son troisième film le plus connu en Europe est Le Fils de la mariée (2001), que je n'ai pas beaucoup aimé, mais où elle reste tout à fait convaincante en retraitée atteinte d'Alzheimer, que son mari veut épouser à nouveau car le mariage n'avait jamais été célébré à l'église. Plus récemment, Norma Aleandro aurait joué dans la version argentine de Thelma & Louise, ce qui semble évidemment être un must-see.


Jane Alexander

Née le 28 octobre 1939 à Boston.

Actrice distinguée, remarquée aux Tony pour chacun de ses rôles importants à Broadway mais également primée aux Emmy, elle fut également nommée quatre fois aux Oscars, et ce dès son premier film, L'Insurgé (1970), qui lui avait justement valu son Tony et dans lequel elle joue la fiancée blanche du boxeur noir incarné par James Earl Jones. Je me souviens d'une bonne performance, qui manquait cependant un peu d'éclat, mais il faudrait m'en refaire une idée plus précise. Plus tard, elle hérita d'un second rôle dans les célèbres Hommes du président (1976), un film interminable qui m'a, sacrilège, profondément ennuyé, et où son personnage a du mal à exister face à tous ces journalistes qui se prennent très au sérieux. Bien plus intéressant reste son joli rôle de confidente dans Kramer contre Kramer (1979), où d'abord amie intime de Meryl Streep, elle finit par nouer une belle complicité avec Dustin Hoffman en lui découvrant des talents paternels insoupçonnés. L'histoire est désormais critiquée pour son aspect misogyne, mais ça n'empêche nullement l'actrice d'être attachante et nuancée et de marquer les esprits. Dans le très sombre Testament (1983), elle joue cette fois-ci une mère de famille qui tente de survivre à une attaque nucléaire, alors que les radiations font de nombreuses victimes dans la ville. Je me souviens encore d'une bonne interprétation, mais il faudra à nouveau me rafraîchir la mémoire à ce sujet. Le dernier film en date où je l'ai croisée est Fur (2006), mais j'avais honnêtement oublié qu'elle y apparaissait. Ma découverte la plus récente reste le téléfilm Malice in Wonderland (1985), un soap-opera de la pire espèce où elle incarne avec énergie une Hedda Hopper frustrée, s'opposant de manière acharnée à la Louella Parsons d'Elizabeth Taylor.


Elizabeth Allan

Née le 9 avril 1908 à Skegness (Lincolnshire), décédée le 27 juillet 1990 à Hove (Sussex).

Cette actrice anglaise parvint à décrocher des seconds rôles dans les grandes productions de prestige de la MGM des années 1930, se cantonnant à des personnages mièvres comme la mère de David Copperfield chez Cukor (1935); la fiancée éplorée dans Un Conte des deux villes (1935), où elle se laisse dévorer toute crue par des actrices consommées telles Edna May Oliver et Blanche Yurka; ou encore la mariée au surnom ridicule dans Camille (1936). Contrairement à ses personnages en détresse, elle sut se battre à la ville en attaquant le puissant studio en justice, après avoir été remplacée sans préavis par Greer Garson dans Au revoir, Mr. Chips.


Trois Allen, et deux témoins de l'Âge d'or.

Debbie Allen

Née le 16 janvier 1950 à Houston.

Principalement connue pour ses rôles à la télévision, que je n'ai jamais vus, elle fut au début des années 1980 la professeure de danse de l'école de musique dans Fame (1980), rôle développé par la suite dans une série qui lui valut des trophées; puis, de manière plus consistante, la tragique Sarah de Ragtime (1981). Le rôle est minuscule, mais elle parvient à marquer les esprits en épouse d'un pianiste à succès inspiré de Scott Joplin, accusée par la police d'avoir abandonné son enfant, avant de tenter vainement de parler au président Roosevelt en personne pour plaider la cause de son mari. J'aimerais néanmoins la découvrir dans des rôles plus développés, sachant qu'elle semble très talentueuse avec à son actif des crédits comme réalisatrice, compositrice, chorégraphe et metteuse en scène. Elle a notamment dirigé sa sœur Phylicia Rashād sur les planches dans une adaptation de La Chatte sur un toit brûlant.


Joan Allen

Née le 20 août 1956 à Rochelle (Illinois).

Remarquée dès ses débuts au cinéma dans le mythique Peggy Sue s'est mariée (1986), joliment photographiée dans le plus décevant Tucker (1988), toujours de Coppola, et lauréate d'un Tony à la même période, elle s'imposa surtout dans les années 1990, en enchaînant des seconds rôles de prestige soutenus par son très grand talent. Elle fut ainsi une Pat Nixon convaincante et nuancée aux côtés d'Anthony Hopkins dans le rôle du président (1995), et surtout une éblouissante épouse trompée dans le chef-d'œuvre d'Ang Lee, The Ice Storm (1997), où ses dialogues en voiture en pleine tempête, alors que se déroule dans le quartier une orgie des plus gênantes, confinent au sublime par la précision et la variété de ses regards. L'un de ses plus beaux rôles fut celui de la mère au foyer modèle de l'émission Pleasantville (1998), une sitcom des années 1950 en noir en blanc perturbée par l'arrivée de Reese Witherspoon malencontreusement happée par sa télé. Sous son influence délétère, les gens commencent à prendre des couleurs, en particulier la pauvre matriarche qui découvre l'onanisme dans son bain! Présenté de la sorte, le scénario a l'air peu recommandable, mais Joan Allen est sincèrement magnifique au gré de son épanouissement, alors que tous ses doutes et ses désirs se fracassent dans sa tête au même instant. Son alchimie avec Jeff Daniels est également des plus merveilleuses et donne une touche poétique à cette comédie originale. Dans un tout registre, elle fut une sénatrice implacable dans un film qui ne m'a pas vraiment plu, The Contender (2000), avant de donner l'une de ses plus grandes performances dans Les Bienfaits de la colère (2005), dans le rôle d'une mère de famille portée sur la boisson, et qui tente de maintenir un semblant de cohésion entre ses filles au gré d'un festival d'émotions en tous genres. Tragiquement défigurée à la fin des années 2000 lors d'une opération esthétique ratée, son talent est heureusement resté intact, ce dont témoigne son joli personnage dans Room (2015), une femme inquiète qui retrouve sa fille disparue depuis plusieurs années avec une émotion particulièrement poignante. En attendant de voir la version des Sorcières de Salem (1996) qui lui valut à nouveau d'excellentes critiques.


Karen Allen

Née le 5 octobre 1951 à Carrollton (Illinois).

Après un petit caméo chez Woody Allen dans Manhattan (1979), et avant son second rôle dans L'Usure du temps (1982) qu'il me faudra revoir, Karen Allen trouva le rôle de sa vie en se mesurant à Harrison Ford dans Les Aventuriers de l'arche perdue (1981). Faisant une apparition mémorable lors d'un concours d'ingestion d'alcool au Népal, elle y impose d'emblée un personnage fort, qui ne se laisse nullement impressionner par un héros athlétique, avec qui elle partage un bon sens de la repartie qui en a fait une héroïne très populaire depuis les années 1980. On regrette simplement qu'elle se fasse sottement enlever dans un panier d'osier, ce qui la fait momentanément sombrer dans le cliché de la demoiselle en détresse, et nous prive par la même occasion de moments forts avec son partenaire: son temps d'écran est d'ailleurs celui d'un second rôle. Quoi qu'il en soit, compte tenu du succès du personnage, elle retrouva Indiana Jones dans le quatrième opus de la saga, Le Royaume du crâne de cristal (2008), malheureusement une suite des plus mauvaises qui aurait mieux fait de ne pas être transcrite sur pellicule. Par bonheur, la carrière de Karen Allen ne se résume pas à Marion Ravenwood, puisqu'elle apparut entre autres dans Malcom X (1992) et In the Bedroom (2001), où je ne me souviens pas d'elle, et hérita du joli rôle de la fille de Joanne Woodward dans La Ménagerie de verre (1987), une adaptation de Tennessee Williams qu'il me faudra également revoir, et où j'ai très envie de la redécouvrir.


Sara Allgood

Née le 31 octobre 1879 à Dublin, décédée le 13 septembre 1950 à Los Angeles.

Dirigée par Hitchcock dans ses premiers films parlants, Chantage (1929) et l'épouvantable Junon et le paon (1930), elle eut surtout l'insigne honneur de jouer la sympathique mère de Lady Hamilton (1941), assistant par-là même Vivien Leigh dans sa plus belle performance, ce qui veut dire beaucoup. La même année, elle fit ses débuts au cinéma américain avec de petits rôles dans le merveilleux film de Duvivier, Lydia, puis une belle redite de Dr. Jekyll and Mr. Hyde, avant de passer à la postérité grâce à John Ford, qui lui offrit le beau rôle d'une mère de famille au grand cœur dans son chef-d'œuvre, Qu'elle était verte ma vallée. Y imposant sa présence chaleureuse, témoignant d'une fierté réelle pour ses enfants derrière une apparence un peu rude de ménagère réaliste, et nouant une complicité lumineuse avec Donald Crisp, elle sut nuancer son interprétation en dévoilant toutes les inquiétudes d'un personnage qui ne se laisse pourtant pas abattre, la dame étant capable de haranguer une foule sous la neige. Je regrette qu'on ne donne pas assez de crédit à l'actrice pour ce rôle, qui lui valut une nomination aux Oscars, bien que ses partenaires y soient également brillants et qu'il reste difficile d'octroyer sa préférence à l'un d'entre eux. À l'opposé du spectre, elle fut un an plus tard une matonne surprenante dans La Folle Histoire de Roxie Hart (1942), où elle a l'air aussi déchaînée que Ginger Rogers malgré le sérieux de son travail, l'occasion pour elle de donner un joli relief comique à son personnage. Le reste de sa filmographie est par ailleurs impressionnant, même si je ne me souviens pas nécessairement de sa présence dans des films comme Âmes rebelles (1942), Jane Eyre (1943), Les Clefs du royaume (1944), Oncle Harry (1945), La Duchesse des bas-fonds (1945), The Spiral Staircase (1946), La Folle ingénue (1946), Ivy (1947), Le Deuil sied à Électre (1947) ou encore Treize à la douzaine (1950). Je garde cependant un bon souvenir d'elle dans The Lodger (1944), une variation du chef-d'œuvre d'Hitchcock loin d'être aussi indigne qu'on le prétend.


Pernilla Allwin

Née le 4 septembre 1970 à Stockholm.

Révélée à 12 ans dans Fanny et Alexandre, le chef-d'œuvre de Bergman fut son unique contribution au septième art. Ce sera d'ailleurs à revoir, car je n'ai pas un souvenir précis de sa manière de jouer. Loin des caméras, elle travaille aujourd'hui dans une entreprise de recherche.


June Allyson

Née le 7 octobre 1917 à New York, décédée le 8 juillet 2006 à Ojai (Californie).

Ayant débuté dans les films musicaux de la MGM en temps de guerre, malgré une absence de talent qu'elle était la première à reconnaître, June Allyson reçut ses meilleures critiques pour des œuvres que je n'ai soit pas encore vues, à l'instar de Too Young to Kiss (1951) qui lui valut un Globe d'or, soit pour un film choral où je lui ai préféré d'autres personnages, quoiqu'elle y fût de mémoire irréprochable: La Tour des ambitieux (1954). Je la connais davantage pour l'extrême fin des années 1940, où elle fut tour à tour une princesse médiévale dans l'une des séquences amusantes de Ma vie est une chanson (1948), sans être la lumière de la distribution, loin s'en faut; une Constance Bonacieux convaincante mais forcément éclipsée par Milady chez Les Trois Mousquetaires (1948); puis une Jo March sympathique mais beaucoup trop âgée, et au timbre bien trop rauque, pour être réellement crédible dans la maisonnée des Quatre Filles du Docteur March (1949). Si Francesco veut bien me suggérer d'autres titres à découvrir, je suis preneur.


Trini Alvarado

Née le 10 janvier 1967 à New York.

Fille de danseurs de flamenco, elle travailla dès l'enfance sur les planches, avant de se frayer un chemin étroit à la télévision dans les années 1980. Elle doit ses films les plus importants à Gillian Armstrong, qui la fit d'abord jouer la fille de Diane Keaton chez la captivante Mrs. Soffel (1984), avant d'en faire une sympathique Meg dans son adaptation des Quatre Filles du Docteur March dix ans plus tard.


Elena Anaya

Née le 17 juillet 1975 à Palencia.

Cette comédienne apparemment tumultueuse reste assez inconnue de moi, sans doute parce que les films où je l'ai vue ne sont jamais centrés sur ses personnages, réduits à l'état de caméos. Je ne me souviens dès lors pas de sa présence dans Parle avec elle (2002), ni même dans, hum, Van Helsing (2004), ce qui reste nettement moins grave, puisque c'est là un film destiné à n'être vu qu'une fois dans sa vie, lors d'une soirée étudiante chez une camarade gothique. Il faudra alors que j'explore davantage sa filmographie, mais heureusement, elle doit son grand rôle à rien moins qu'Almodóvar pour La piel que habito (2011), un film compliqué où elle brille par son énergie alors qu'elle est retenue prisonnière par un savant fou qui lui a fait changer de sexe sans son consentement. L'histoire est trop dure pour me donner envie de la revoir, mais l'actrice y était de mémoire impressionnante.


La splendeur des Anders(s)on.

Gillian Anderson

Née le 9 août 1968 à Chicago.

Il m'est difficile d'évoquer Gillian Anderson sans parler d'X-Files, mais j'étais évidemment trop jeune dans les années 1990 pour qu'on m'autorisât à regarder cette série, sur laquelle nul ne tarit d'éloges dans ma société. Pour moi, l'actrice restera donc l'héroïne complexe et fascinante d'Edith Warton Chez les heureux du monde (2000), assurément son grand rôle de cinéma, et dans une moindre mesure la doctoresse attachante du Dernier Roi d'Écosse (2006), dont le dernier regard, tout de mépris et de déception, reste poignant malgré la brièveté de son temps d'écran. Plus récemment, je l'ai vue dans La Maison biscornue (2017), malheureusement dans un second rôle trop caricatural pour toucher de quelque manière, et je viens de regarder la quatrième saison de La Couronne (2020) rien que pour elle, alors que je n'ai même pas vu les épisodes précédents! Comme tout le monde le sait, elle y incarne Margaret Thatcher, donnant de la dame une impression qui divise l'opinion. Je suis moi-même perplexe: d'un côté, elle s'est imposée comme mon personnage préféré (mais je n'ai jamais trouvé d'attrait aux Windsor), avec un jeu tout à fait juste et nuancé qui lui permet d'être touchante lorsque la famille royale l'humilie ouvertement, mais aussi menaçante lorsqu'elle s'impose face aux parlementaires, ou expose à la reine en personne son mépris des héritiers nés avec toutes les cartes en main. Mais de l'autre, ses choix vocaux sont catastrophiques: elle parle comme si la ministre était à l'article de la mort et, bien que la dame suscite non sans raison la caricature depuis quarante ans, force est de reconnaître qu'elle s'exprimait de manière parfaitement vivace devant les caméras. Le résultat est étrange mais ne laisse pas d'intriguer: une scène brillante est tout à son honneur, alors qu'elle refuse les sanctions contre l'Afrique du Sud avec une exaspération tempérée de dignité, où perce un embryon d'amusement puisqu'elle ne doute jamais de contrôler la situation. Quant au dernier épisode, elle y est honnêtement brillante alors que la Dame de fer commence à s'oxyder. En définitive, la voix a beau être étrangement placée, on s'y habitue, et c'est une interprétation que l'on guette avec impatience: merci à Gillian Anderson de proposer ces moments lumineux qui éclairent une série autrement monotone.


Judith Anderson

Née le 10 février 1898 à Adélaïde, décédée le 3 janvier 1992 à Santa Barbara.

Comédienne légendaire qui fut paraît-il une Médée exceptionnelle, on le croit volontiers, elle fut remarquable dès son tout premier film, La Boule rouge (1933), qui ne rencontra pourtant pas le succès escompté. Par bonheur, les années 1940 furent plus favorables à la dame, qui amorça la décennie dans l'un des rôles les plus célèbres de l'histoire du cinéma, celui de la gouvernante lesbienne de Rebecca (1940), l'excellent film d'Alfred Hitchcock qu'elle domine de son auguste présence, en dévoilant une sécheresse et une frustration des plus intenses à travers des regards hautement expressifs et un port de tête royal. À vrai dire, sa prestation est tellement puissante qu'elle eut du mal à se défaire de cette image lugubre, incarnant dans ses films suivants une mère de famille peu avenante dans le très bon Crimes sans châtiment (1942), la mauvaise tante de Gene Tierney dans Laura (1944), la tante non moins tyrannique de Barbara Stanwyck dans l'horrible Emprise du crime (1946), la meurtrière de son neveu, décidément (!), elle-même assassinée dans Dix petits indiens (1945), ou encore la méchante patronne de Paulette Goddard dans Le Journal d'une femme de chambre (1946), une adaptation curieusement comique d'un célèbre roman du XIXe siècle, où elle se prête au jeu d'une manière qu'on pourrait trouver fort drôle, le film n'était-il une catastrophe. 

De manière plus saine, elle fut la sœur d'Edward G. Robinson qui tente de percer le mystère de la lugubre Maison rouge (1947) de Delmer Daves, avant de donner sa performance la plus merveilleusement nuancée dans Les Furies d'Anthony Mann (1950). Femme vulgaire qui cherche à s'approprier l'héritage de Barbara Stanwyck après avoir épousé son père, son appât du gain est tempéré par une humanité réelle, Judith Anderson faisant le choix hardi et judicieux d'éviter toute agressivité envers sa bru afin d'avoir d'autant plus d'emprise sur elle. Les dernières scènes, alors qu'elle est gravement blessée, révèlent une femme terriblement humaine qui émeut, donnant un cachet d'autant plus fort à une performance qui aurait dû lui valoir l'Oscar cette année-là. De retour à plus de sécheresse dans Les Dix Commandements (1956), elle rebondit en surprenant à nouveau son monde dans le rôle de la matriarche pas très futée de La Chatte sur un toit brûlant (1958), femme exaspérante mais touchante qu'elle incarne avec un brio magistral, en donnant une sonorité toute poignante à la scène très forte où elle se fait humilier par un mari ogresque, devant lequel elle s'était laissée berner toute sa vie. En espérant pouvoir trouver sa Lady Macbeth qu'elle joua pour la télévision en 1960: vu son intensité jamais démentie, cela promet!


Mary Anderson

Née le 3 avril 1918 à Birmingham (Alabama), décédée le 6 avril 2014 à Burbank.

Ayant débuté à Hollywood avec des rôles non crédités dans Femmes (1939) et L'Aigle des mers (1940), ou de minuscules caméos dans Autant en emporte le vent (1939), L'Étrangère (1940) et Le Chant de Bernadette (1943), elle eut heureusement l'occasion de jouer des rôles plus consistants dans Cheers for Miss Bishop (1941), Wilson (1944) et À chacun son destin (1946), soit autant de films que j'ai hélas oubliés et qu'il me faudra revoir pour me remémorer ses personnages. Par bonheur, elle restera dans les annales grâce à Hitchcock, qui lui offrit le joli rôle de l'infirmière coincée sur un canot de sauvetage en plein Atlantique dans Lifeboat (1944). Délicate lorsqu'elle confie ses émotions à l'inimitable Tallulah Bankhead, ou lorsqu'elle noue une relation des plus fortes avec Hume Cronyn, elle surprend également par une force de caractère inattendue lorsque sa haine du soldat allemand prend le dessus. Elle aurait mérité une nomination à l'Oscar du second rôle cette année-là.


Bibi Andersson

Née le 11 novembre 1935 à Stockholm, décédée dans la même ville le 14 avril 2019.

Révélée par Ingmar Bergman dès le début de sa carrière, Bibi Andersson commença avec de petits rôles dans les premiers chefs-d'œuvre du maître, dont Sourires d'une nuit d'été (1955), Le Septième Sceau (1957), et surtout Les Fraises sauvages (1957), où elle ne manque pas de faire forte impression lors des réminiscences de Victor Sjöström, en robe blanche parmi les herbes folles et les fruits des bois. Un an plus tard, elle fut l'une des trois patientes d'Au seuil de la vie (1958), jouant une toute jeune femme tombée enceinte et qui ne souhaite pas garder l'enfant puisqu'elle ne voit pas d'avenir dans sa relation avec le père. Allant crescendo sur la gamme des grands rôles, elle fut ensuite la fille d'un pasteur courtisée par Don Juan dans L'Œil du diable (1960), où elle sort miraculeusement des sentiers battus en incarnant avec vigueur une femme spontanée, dont la sérénité devant les jeux de la séduction lui permet d'affirmer d'autant plus ses convictions quant à l'amour conjugal. On est assurément loin de l'oie blanche qu'on aurait pu craindre avant l'introduction du personnage... Son rôle le plus célèbre reste néanmoins celui de l'infirmière de Liv Ullmann dans Persona (1966): exceptionnelle de nuances alors qu'elle se confie à sa patiente mutique, elle donne l'une des plus grandes interprétations de la décennie, et prouve qu'elle mérite amplement son statut de légende. À l'ombre d'un tel sommet, ses autres rôles chez Bergman, dont Toutes ses femmes (1964), Scènes de la vie conjugale (1973), et l'exécrable Une Passion (1969),  sont un peu moins marquants, mais sa présence distinguée y est toujours hautement appréciée. Son caméo dans Le Festin de Babette (1987) est également ravissant. Il me reste encore pas mal de découvertes à faire dans sa filmographie, dont j'attends beaucoup.


Harriet Andersson

Née le 14 février 1932 à Stockholm.

Autre muse de Bergman, Harriet Andersson peut se targuer, comme son illustre homonyme, d'avoir elle aussi son content de chefs-d'œuvre et de grands rôles scandinaves. J'admettrai cependant être resté un peu en marge de ses premiers films de 1953, La Nuit des forains et Un Été avec Monika, ayant une nette préférence pour ceux de 1955, où elle se défend bien quoique restant dans l'ombre d'Eva Dahlbeck. Dans Rêves de femmes, elle est ainsi une mannequin qui se laisse éblouir par la richesse d'un consul, avant de perdre rapidement ses illusions; et elle fut aussi la femme de chambre sympathique dans Sourires d'une nuit d'été. Malgré tout, ses deux plus grands rôles chez le réalisateur légendaire sont un peu plus tardifs. Le premier est évidemment À travers le miroir (1961), où portée par une présence physique saisissante, elle se livre à la folie avec une énergie peu commune. Le second, encore plus fort peut-être, se niche dans mon film préféré du maître, Cris et Chuchotements (1972). Elle y incarne la sœur mourante d'Ingrid Thulin et Liv Ullmann et y dégage une lumière et une dignité que ses deux sœurs névrosées n'ont plus. Et derrière ce calme apparent, ses scènes les plus expressives sont d'autant plus marquantes, alors qu'elle est en proie à une souffrance abominable et qu'elle réclame l'affection dont elle a toujours manqué en s'appuyant sur l'image maternelle de Kari Sylwan. Comme pour Bibi Andersson, j'ai un souvenir moins précis de ses autres performances après de tels exploits, mais Toutes ses femmes (1964), Fanny et Alexandre (1982) et, pour changer de metteur en scène, Dogville (2003) de von Trier seront à revoir. Les films qu'elle a tournés sous la direction de Mai Zetterling, Les Filles et Les Amoureux, où encore Nuits d'été de Gunnel Lindblom, m'intéressent beaucoup.


Julie, Paule, Yalitza, Susan, Ann-Margret.

Paule Andral

Née le 14 septembre 1879 à Paris, décédée à Nice le 26 mars 1956.

Comédienne de théâtre ayant rayonné dans le vaudeville comme à l'Odéon, et grande amie de la légendaire Réjane, elle apparut dès les années 1910 dans plusieurs courts-métrages, dont Le Pain des petits oiseaux d'Albert Capellani (1911) où elle joue la ballerine qui danse avec un voile blanc dans son salon, avec une gestuelle comique qu'il faut saluer. Cependant, son plus grand rôle de cinéma se niche dans le chef-d'œuvre de Raymond Bernard, Tarakanova (1930). Elle y incarne une Catherine de Russie impériale, dont le génie politique se nuance d'un certain degré de perversité, et dont le rire est moins une façon de s'amuser qu'une arme terrifiante dont elle connaît bien le pouvoir.


Ursula Andress

Née le 19 mars 1936 à Ostermundigen (Suisse).

Sortie des eaux telle Vénus en 1962, son apparence sculpturale dans James Bond contre Dr. No fut en quelque sorte la rançon de la gloire: elle n'a tenu que des rôles misant sur son physique, dans des comédies médiocres telles Les Tribulations d'un Chinois en Chine, Quoi de neuf, Pussycat? (1965) et autres films de très mauvaise réputation. Je note toutefois une collaboration avec Sergueï Bondartchouk dans Les Cloches rouges (1982), un film apparemment raté mais qui m'intéresse tout de même.


Julie Andrews

Née le 1er octobre 1935 à Walton-on-Thames (Surrey).

Devenue éternelle à seulement trente ans pour avoir prêté ses traits à Mary Poppins (1964), Julie Andrews restera à jamais l'un des visages les plus célèbres de l'histoire du cinéma. C'est pourtant sa voix qui, plus encore que ses talents d'actrice, la fit entrer dans la légende par la grande porte: ses contributions musicales au cinéma telles "Feed the Birds", "My Favorite Things", "Whistling Away the Dark", "The Girl in No Man's Land", ou encore "Le Jazz Hot" et "Crazy World" comptent toutes parmi mes chansons préférées, le timbre, la maîtrise et la diction de la chanteuse n'y étant pas pour rien. En tant que comédienne, le génie de Julie Andrews vient surtout de son charisme, qui lui a toujours permis de tempérer l'image trop saine de ses héroïnes, et c'est là tout à son honneur qu'avoir su éviter toute forme de mièvrerie dans une histoire aussi sucrée que La Mélodie du bonheur (1965), un film irrésistible où elle ne manque pas de charmer son monde en mâtant des marmots insupportables. C'est encore sa forte personnalité qui lui fit tenir tête à tout un régiment dans Les Jeux de l'amour et de la guerre (1964), mais ce trait de caractère ne l'a pas sauvée partout, puisqu'elle fut notoirement mal distribuée en blonde hitchcockienne courant après un Paul Newman avec qui elle n'avait rien en commun dans Le Rideau déchiré (1966). Heureusement, ce faux pas fut rapidement effacé par un retour en grande pompe aux comédies musicales, dont Millie (1967), que je n'ai toujours pas vue, et Star! (1968), un film brillant davantage par son esthétique que par son histoire et ses personnages.

Sentant que le vent tournait en cette fin de décennie tumultueuse, Julie Andrews chercha rapidement à casser son image trop fraîche, en allant crescendo sur la gamme de l'audace. C'est ainsi qu'elle commença en douceur avec le joli film de son mari Blake Edwards, Darling Lili (1970), où après avoir enchanté toute la Grande-Bretagne au gré des refrains les plus populaires de la Grande Guerre, elle se lance dans un effeuillage inattendu, chose qui fit pourtant peu de bruit à l'époque puisque le film fut un échec. Je ne sais pas ce qu'il en est de leur seconde collaboration, Top Secret (1974), que je ne connais pas, mais force est de reconnaître que le désaveu public de Darling Lili faillit sonner le glas de la carrière de la star, qui termina la décennie avec un second rôle d'épouse accrochée au téléphone dans Ten (1979), une proposition étrangement vulgaire de son époux. Non moins prosaïque, mais avec cette fois-ci une véritable importance, le cruel S.O.B. (1981) fut l'occasion pour la dame d'achever sa métamorphose, en jouant un personnage inspiré de sa propre carrière, passant d'un petit chaperon rouge inoffensif à une actrice érotique dans l'espoir de se refaire une jeunesse. La satire est osée, et chapeau à l'actrice d'avoir eu le courage de se prêter à un jeu d'une telle noirceur, bien que le résultat n'en finisse pas de mettre tout le monde mal à l'aise: voir celle qui fut Maria von Trapp arracher son corsage pour se promener la poitrine à l'air sur un plateau a quelque chose de réellement dérangeant.

Heureusement sortit un an plus tard Victor / Victoria (1982), à la fois le meilleur film de l'année, le chef-d'œuvre de Blake Edwards, et le plus grand rôle de Julie Andrews. Jouant sur plusieurs degrés le rôle d'une chanteuse se faisant passer pour un homme... se faisant passer pour une femme afin de rencontrer le succès, l'actrice irradie dans des numéros musicaux tous plus somptueux les uns que les autres, n'oubliant pas au passage de crever l'écran par son charisme imbattable et son abattage comique au pic de son ingéniosité. D'aucuns lui reprochent de ne pas être assez androgyne, mais l'ambiguïté me satisfait amplement telle quelle, et j'aime tellement le film que tout fonctionne à merveille pour moi. Sans compter que l'histoire est l'une des rares à traiter l'homosexualité sur le même pied d'égalité que la norme, ce qui est un miracle quand on sait l'époque à laquelle sortit le film. En tout cas, l'alchimie de Julie Andrews avec Robert Preston est excellente, ce qui contribue à faire de cette œuvre le sommet respectif de toutes les personnes impliquées. Désireuse d'interpréter des personnages plus sérieux par la suite, Julie trouva l'un de ses derniers rôles notables avec Duo pour une soliste (1986), l'histoire d'une violoniste empêchée de jouer par la maladie, ce qui préfigure tristement le sort de la chanteuse légendaire, qui perdit son propre instrument dix ans plus tard suite à une opération des plus malheureuses. Elle laisse dieu merci une discographie de haut vol qui réjouira encore de multiples générations dans les décennies à venir.


Jennifer Aniston

Née le 11 février 1969 à Los Angeles.

Révélée dans la sitcom à succès Friends (1994), dont j'ai dû voir deux-trois épisodes qui m'ont laissé de marbre, Jennifer Aniston a enchaîné au cinéma avec une série de comédies romantiques que je n'ai pas vues, hormis Bruce tout-puissant (2003), un film médiocre où elle a du mal à exister face à un Jim Carrey en roue libre, donc catastrophique. Il faudrait apparemment la voir dans Cake (2014), un contre-emploi dramatique pour lequel elle fit une campagne acharnée aux Oscars.


Ann-Margret

Née le 28 avril 1941 à Stockholm.

Repérée entre autres par Marilyn Monroe, elle débuta au cinéma dans Milliardaire pour un jour (1961), la nouvelle version de Frank Capra de son propre film des années 1930, avec Bette Davis dans le rôle créé à l'écran par May Robson. Elle n'y joue pas le personnage le plus marquant, mais prend le temps d'y chanter la jolie ballade traditionnelle "The Riddle Song", offrant un moment de grâce à une redite autrement décevante. Il lui fallut toutefois attendre encore deux ans pour se métamorphoser en star, avec sa participation au délirant Bye Bye Birdie (1963), dont j'ai parlé récemment. L'histoire, celle d'une adolescente décérébrée qui veut aller au concert de son idole, y tient sur un ticket de métro, mais Ann-Margret y révèle un génie comique insoupçonné: qu'elle y fasse une apparition tonitruante ou s'empêtre dans un pull trois fois trop grand, elle fait admirablement bien l'idiote et saisit ce faisant une certaine vérité quant à l'insouciance de la jeunesse, juste avant le passage à l'âge adulte et l'arrivée des premiers signes d'une séduction romantique avec son petit ami. 

Plus tard, elle fut remarquée par les Oscars en tant qu'amante humiliée par Jack Nicholson dans Ce plaisir qu'on dit charnel (1971), un film qui m'a laissé sur le carreau puisque j'ai toutes les peines du monde à appréhender cette vision cynique des rapports amoureux, mais elle y était de mémoire pas mal du tout, malgré un rôle peu gratifiant. Toujours est-il qu'Ann-Margret peut se targuer d'avoir reçu la nomination la plus inclassable de l'histoire des Oscars, pour son rôle indescriptible dans l'ahurissant Tommy de Ken Russell (1975). Se prêtant sans rechigner aux extravagances du réalisateur, elle n'y compose pas un personnage à proprement parler, mais enchaîne malgré tout les séquences d'anthologie, secouant d'abord la tête en un rythme saccadé, avant de se vautrer sans pudeur aucune dans des flots de purée de haricots! À l'opposé du spectre, elle fut la très sérieuse cousine vieille fille d'Alan Bates dans le magnifique Retour du soldat (1982), où elle impressionne par une rigueur, une maturité et une force dramatique auxquelles ses comédies adolescentes de jadis ne nous avaient en rien préparés. Décidément, moi qui pensais ne jamais pouvoir prendre cette actrice au sérieux lorsque je ne la connaissais que de nom, je suis le premier surpris par son talent comique indéniable et sa capacité à exceller à contre-emploi. Cerise sur le gâteau, elle reçut un hommage personnel de Barbara Stanwyck lorsque celle-ci vint chercher son troisième Emmy, ce qui vaut mieux que tous les prix d'interprétation du monde!


Annabella

Née le 14 juillet 1907 à Paris, décédée le 18 septembre 1996 à Neuilly.

Je regrette de constater que j'ai vu bien des films avec Annabella, mais que je ne me souviens nullement de sa présence dans aucun d'entre eux. Ce n'est pas un jugement négatif sur son jeu: j'ai surtout regardé ces œuvres là pour d'autres raisons et n'ai par conséquent pas trop prêté attention à cette actrice que je connaissais mal à l'époque. Un coup d'œil sur sa filmographie me révèle donc qu'elle est apparue dans le chef-d'œuvre d'Abel Gance, Napoléon (1927), Maldone (1928) de Grémillon, le ravissant Million (1931) de René Clair, que j'ai adoré et où je me souviens de son personnage, mais où je n'ai eu d'yeux que pour l'excellent René Lefèvre; Les Nuits moscovites (1934) où elle n'avait, à l'image du film, pas su retenir mon attention; La Bandera (1935), une nouvelle réussite de Duvivier où tous les regards se tournent forcément vers Gabin; Hôtel du Nord (1938) de Carné, mais encore Sous la robe rouge (1937), le dernier film de Victor Sjöström, et malheureusement son seul raté. Cela n'en constitue pas moins une liste de haute qualité qu'il sera bon de revisiter en me focalisant davantage sur cette comédienne, à propos de qui j'ai l'impression d'être injuste en écrivant ce soir. En attendant aussi Veille d'armes (1935), qui lui valut la coupe Volpi à Venise, et La Baronne et son valet (1938), chaudement recommandée par Francesco.


Susan Anspach

Née le 23 novembre 1942 à New York, décédée le 2 avril 2018 à Los Angeles.

Cette comédienne et activiste inspirée connut son heure de gloire dans les années 1970, malheureusement pour des films que je n'ai pas vus. Je n'ai pas non plus un souvenir précis de ses seconds rôles dans Le Propriétaire (1970) et Play It Again, Sam (1972), ce qui me laisse avec son exquise performance dans Cinq pièces faciles (1970). Elle y incarne la petite amie bourgeoise et sophistiquée de Jack Nicholson, contrepoint à la simplicité généreuse de Karen Black, résistant d'abord à son attirance pour le héros avant d'être déçue par le cynisme de celui-ci. J'aurais aimé voir les deux actrices nommées à l'Oscar cette année-là.


Yalitza Aparicio

Née le 11 décembre 1993 à Tlaxiaco.

Issue d'une famille modeste et se destinant à être institutrice, elle fut repérée par hasard par Alfonso Cuarón, qui en fit la vedette de Roma (2018). Jouant des similitudes entre sa propre vie d'indigène et celle de son personnage également d'origine mixtèque, elle dut apprendre cette langue que ne lui avait pas enseignée sa mère, elle-même source d'inspiration pour ce rôle de domestique. Et bien que sans expérience du jeu scénique avant le tournage, le metteur en scène a tiré d'elle une performance magnifique de retenue, la filmant avec une mélancolie des plus photogéniques. On attend de voir ce qu'elle fera par la suite, mais sa nomination à l'Oscar lui permettra de rester dans les annales pour ce joli rôle intériorisé.


Arletty, Jean, Fanny, Anne et Eve.

Anne Archer

Née le 24 août 1947 à Los Angeles.

Ayant commencé au cinéma et à la télévision pour des œuvres que je ne connais pas, Anne Archer eut son heure de gloire en 1987 pour Liaison fatale. Elle y incarne l'épouse trompée de Michael Douglas, qui ne se doute de rien dans un premier temps, mais qui finit par avoir sa grande scène lorsque son mari lui doit des explications nécessaires sur sa conduite. L'actrice s'empare de cette séquence pour la jouer d'une manière touchante et convaincante, ce qui lui permet de reprendre du poil de la bête et de se défendre face à rien moins que Glenn Close dans l'un de ses rôles d'anthologie. Bien que finalement banale, Beth Gallagher devient un personnage attachant grâce à l'interprétation de la comédienne, sa nomination à l'Oscar du second rôle étant bien méritée. Je note par ailleurs une apparition chez Altman avec Short Cuts (1993), qui est sur mon radar depuis longtemps: ce sera l'occasion de la découvrir ailleurs.


Fanny Ardant

Née le 22 mars 1949 à Saumur.

Il y a un grand débat autour de Fanny Ardant au sein de ma famille: ma mère la trouve très féminine, alors que je la trouve au contraire très masculine. Quoi qu'il en soit, elle est assurément une personnalité singulière, dont le timbre sonnant n'est pas pour rien dans ses succès. Elle fut dirigée par François Truffaut dans deux films qui ont établi sa renommée: d'abord dans La Femme d'à côté (1981), dont l'une des scènes m'a beaucoup marqué, alors qu'elle se roule dans l'herbe en proie à la dépression; puis dans Vivement dimanche! (1983), un film que j'avais très envie d'aimer et qui a produit l'effet inverse, puisque l'ensemble m'a laissé de glace. Cela dit, il me reste encore beaucoup de films à découvrir parmi ses œuvres, avec une liste de metteurs en scène impressionnante qui me donne d'autant plus envie de les dénicher: s'y bousculent Alain Resnais, Ettore Scola, Nadine Trintignant et Margarethe von Trotta, entre autres noms prestigieux, sachant que la comédienne a également donné la réplique à Edwige Feuillère dans la mini-série des Dames de la côte (1979). À ce jour, son grand rôle reste pour moi celui de la belle-sœur honnie dans 8 Femmes (2002) où, armée d'une sensualité affolante et d'un charisme imbattable, elle se défend avec un certain degré de perversité dans cette intrigue malsaine mais extraordinairement divertissante. Le tout avec de très belles émotions qui affleurent sous les couleurs chamarrées, lors de gros plans lourds de sens qui la mettent à l'honneur. Le dernier film en date où je l'ai vue est Callas Forever (2002): ça remonte à trop loin pour que je puisse avoir un avis sur la question, mais j'avais été impressionné par le nombre de spectateurs dans la salle. Nous étions deux.


Eve Arden

Née le 30 avril 1908 à Mill Valley (Californie), décédée le 12 novembre 1990 à Los Angeles.

Artiste touche-à-tout, primée au théâtre comme à la télévision, Eve Arden se spécialisa au cinéma dans les seconds rôles à forte personnalité, qui ne laissaient pas d'en remontrer aux plus grandes stars de l'époque. À la fois sarcastique et distinguée, avec toujours un trait d'esprit au bord des lèvres, elle parvint systématiquement à retenir l'attention dans des films tels Pension d'artistes (1937), La Danseuse des Folies Ziegfeld (1941), L'Entraîneuse fatale (1941), La Reine de Broadway (1944), L'Aventure à deux (1947), Cinq mariages à l'essai (1952), The Dark at the Top of the Stairs (1960), et ce jusqu'à Grease (1978) dans le rôle de la proviseure, avec pour seul raté un accent français déplacé dans Nuit et jour (1946). Cependant, ses plus beaux rôles sont à chercher dans l'immédiat après-guerre, avec celui de la croustillante amie de Joan Crawford dans Le Roman de Mildred Pierce (1945), qui lui valut d'être remarquée par les Oscars, et celui plus subtil de la confidente de Barbara Stanwyck dans Le Droit d'aimer (1946). Sa dernière prestation remarquable au cinéma se niche dans le chef-d'œuvre d'Otto Preminger, Autopsie d'un meurtre (1959), où la relative modestie de la secrétaire ne l'empêche nullement de briller. Finalement, ce qu'il y a d'admirable chez Eve Arden, c'est que même en ayant joué toujours le même personnage d'adjuvante caustique, elle n'a jamais oublié d'apporter des variations à chacune de ces femmes, se promenant sur les sentiers de la gouaille ou de la retenue en fonction des histoires.


Asia Argento

Née le 20 septembre 1975 à Rome.

Fille d'un auteur de gialli renommé, Dario Argento, dont je n'ai jamais testé le cinéma jusqu'à présent, cette personnalité atypique fut révélée dans les années 1990. Je la connais à ce jour pour trois films, dont deux royaux: La Reine Margot (1994), où elle est la figure de proue de l'escadron volant de Catherine de Médicis, et Marie-Antoinette (2006), où elle incarne à nouveau une courtisane dans tous les sens du terme, en prêtant ses traits à une comtesse du Barry coquine mais trop vulgaire pour m'enthousiasmer. Son plus joli rôle reste celui de la jeune fille intrépide mais perdue dans Transylvania (2006), un voyage initiatique et folklorique à la croisée des mondes tsigane, turc et roumain.


Arletty

Née le 15 mai 1898 à Courbevoie, décédée le 23 juillet 1992 à Paris.

Actrice au style déconcertant, elle m'avait laissé sur le carreau par son détachement singulier dans Les Enfants du paradis (1945), avant de me ravir au plus haut point dans les autres chefs-d'œuvre de Marcel Carné. Les Visiteurs du soir (1942) lui permettent par exemple de révéler un charisme foudroyant malgré un jeu des plus minimalistes, sachant que la comédienne n'a pas son pareil pour être idéalement androgyne en troubadour mélancolique. Son plus beau rôle reste cependant celui de la partenaire tragique de Jules Berry et Jean Gabin dans Le Jour se lève (1939), où non contente d'être formidablement charismatique, elle est aussi beaucoup plus expressive et nuancée qu'à l'accoutumée. Avant Carné, elle fut également remarquable dans Pensions Mimosas (1935) de Jacques Feyder, en parachutiste paumée qui touche par sa forte spontanéité, avec toujours cette distance étrange qui était déjà sa marque de fabrique à ses débuts. Son allure était encore intacte et inoubliable en fin de carrière avec Un Drôle de dimanche (1958), et je regrette de ne plus avoir aucun souvenir d'Hôtel du Nord (1938), où se niche l'une de ses répliques gouailleuses les plus célèbres. On jettera en revanche un voile pudique sur son grimage éthiopien dans Les Perles de la couronne (1937), mais je serai tout de même curieux de la découvrir dans le rôle saphique de la sulfureuse Garçonne (1934).


Patricia Arquette

Née le 8 avril 1968 à Chicago.

Révélée au cinéma dans les années 1990, elle fut à l'affiche de True Romance (1993), Lost Highway (1997) et The Hi-Lo Country (1998), mais je n'ai vu aucun de ces films à ce jour. Elle tint également un second rôle pour Tim Burton, celui de la fiancée exaspérée d'Ed Wood (1994), mais il lui fallut vingt ans pour connaître la consécration, lorsqu'elle reçut l'Oscar du second rôle pour Boyhood (2014), un film tourné entre 2001 et 2013 qui lui permet de montrer en trois heures son cheminement de la jeunesse à la maturité. Je n'ai pas vraiment aimé le film, la faute à un choix d'acteur principal qui n'a malheureusement pas porté ses fruits sur le long terme, mais Patricia Arquette y donne une performance tout à fait juste, malgré quelques gestes affectés qui gâchent un peu l'ensemble. C'est néanmoins Ethan Hawke qui s'impose dans ce film à mes yeux. À la télévision, la comédienne fut l'héroïne de la série Medium (2005), une femme capable de lier contact avec les esprits des morts afin d'aider la police à identifier leurs assassins. Je n'ai vu que la première saison à l'époque: la série m'avait paru correcte mais peu passionnante, et m'avait nettement plus intéressé pour les passages familiaux montrant la medium maintenir le cap dans sa vie privée malgré la pression du travail.


Rosanna Arquette

Née le 10 août 1959 à New York.

Sœur aînée de la précédente, elle tourna dans les années 1980 pour Blake Edwards avec un petit rôle dans S.O.B. (1981), où je ne me souviens absolument pas de son personnage; pour Martin Scorsese dans After Hours (1985), que je n'ai pas vu; et pour Luc Besson dans Le Grand Bleu (1988), que j'ai détesté, mais où elle est la plus intéressante de la distribution, malgré un bonnet péruvien du plus mauvais goût. Dans les années 1990, Tarantino lui donna un second rôle dans le célèbre Pulp Fiction (1994), que je me suis abstenu de rechercher jusqu'à présent, avant que Cronenberg ne la dirige dans Crash (1996), un film pénible qui m'a laissé sur le carreau. Son rôle le plus célèbre semble se nicher dans Recherche Susan désespérément (1985), une fiction plus connue comme étant la première apparition de Madonna au cinéma. À découvrir à l'occasion.


Gemma Arterton

Née le 2 février 1986 à Gravesend (Kent).

Cette actrice anglaise est apparue comme Bond Girl dans Quantum of Solace (2008), puis comme fille de rien dans l'exécrable Tamara Drewe (2010) de Stephen Frears, où elle est inintéressante à pleurer. Elle s'est heureusement rattrapée avec le rôle de la poétesse amante de Virginia Woolf dans Vita & Virginia (2018), où malgré quelques expressions affectées elle donne une bonne performance en mondaine qui méprise royalement les conventions. Hélas, elle y est fatalement éclipsée par Elizabeth Debicki, celle-ci réussissant le miracle de faire oublier sa trop grande jeunesse par une interprétation précise et nuancée des troubles sexuels de l'écrivaine de légende.


Jean Arthur

Née le 17 octobre 1900 à Plattsburgh, décédée le 19 juin 1991 à Carmel-by-the-Sea.

Cette comédienne de légende avait déjà pléthore de films à son actif dès le cinéma muet, mais il lui fallut attendre le milieu des années 1930 pour devenir la grande star que l'on sait. Et cela en grande partie grâce à Frank Capra: leur chef-d'œuvre M. Smith au Sénat (1939) est toujours aussi d'actualité 80 ans plus tard, même si ce n'est paradoxalement pas le plus grand rôle de la comédienne. Elle est pourtant idéale en secrétaire dynamique qui se surprend à avoir de l'estime pour un jeune élu honnête et naïf venu du fin fond de la campagne, mais elle avait déjà joué ce rôle trois ans plus tôt dans le non moins excellent Mr. Deeds Goes to Town (1936), où elle donnait sa plus grande performance, lumineuse et nuancée, en journaliste cynique transfigurée par l'amour d'un campagnard simple et intègre. La scène où elle regarde Gary Cooper lui parler sur un banc au clair de Lune est assurément la plus magique de sa carrière, grâce à la lumière qui émane d'elle. Son troisième film avec Capra, Vous ne l'emporterez pas avec vous (1938), m'avait en revanche laissé de marbre: tourné à l'époque où la screwball comedy avait atteint son pic avec My Man Godfrey, la famille déjantée y était beaucoup trop sage pour faire rire, et Jean Arthur moins inspirée que d'habitude, mais ce sera à revoir. Le reste de la décennie la vit supplanter Myrna Loy auprès de William Powell, mais avec moins d'éclat, dans The Ex Mrs. Bradford (1936), s'adonner au Western chez DeMille, mais sans casser des briques, avec The Plainsman (1936), être la vedette d'un joli quiproquos dans Vie facile de Leisen (1937), et dominer une distribution de prestige dans Seuls les anges ont des ailes (1939), un film d'Howard Hawks que d'aucuns considèrent son meilleur, mais qui n'est honnêtement pas ma tasse de thé. En attendant de découvrir La Fiancée imprévue (1935) et Le Destin se joue la nuit (1937), qui ont bonne presse.

La quarantaine lui seyant bien, elle continua sur sa lancée avec un autre western, Arizona (1940), que je n'ai pas beaucoup aimé, et surtout une poignée de comédies qui lui vont comme un gant: Le Diable s'en mêle (1941) et Plus on est de fous (1943), où elle forme un joli partenariat avec l'excellent Charles Coburn et provoque le rire avec finesse; et dans un registre plus sérieux La Justice des hommes (1942), où elle donnait de mémoire une très bonne interprétation, bien que je n'aie plus de souvenirs précis du film à ce jour. Son sommet de la décennie reste assurément La Scandaleuse de Berlin (1948) de Billy Wilder, qui fut également son dernier grand rôle. Prêtant ses traits à la rigide déléguée du Congrès nommée Phoebe Frost, tout un programme (!), elle domine le premier acte avec une rigueur qu'elle sait rendre hilarante, avant de se laisser gagner par des sentiments inattendus et de noyer ses illusions dans l'ivresse, au milieu des ruines de Berlin, lors d'une scène d'anthologie où elle danse avec des soldats sur l'hymne officieux de l'Iowa! Alors qu'elle avait très mal vécu le tournage face à la séduction insolente de Marlene Dietrich, le résultat final est tout à son honneur, car elle parvient à lui voler la vedette par ses talents comiques imbattables et son abnégation devant un rôle qu'elle renia des années durant. Après cet exploit, elle ne fit plus qu'une dernière apparition au cinéma, dans L'Homme des vallées perdues (1953) de George Stevens, puis renoua avec sa vocation première, l'enseignement. L'une de ses élèves à la prestigieuse université Vassar fut une certaine Meryl Streep, qui est donc allée à bonne école.


Peggy, Mary, Stéphane, Lorraine, Eileen.

Lorraine Ashbourne

Née le 7 janvier 1961 à Manchester.

Fort célèbre dans son pays pour ses nombreux rôles à la télévision, Lorraine Ashbourne n'est connue de moi que pour son personnage dans le chef-d'œuvre de Terence Davies, Distant Voices, Still Lives (1988). Elle y incarne l'une des sœurs du réalisateur, battue comme les autres par un père violent, et qui tente d'avancer dans la vie à travers son goût pour la musique et les chansons. À la ville, elle a eu trois enfants avec Gollum. Il fallait en vouloir!


Peggy Ashcroft

Née le 22 décembre 1907 à Croydon, décédée le 14 juin 1991 à Londres.

Cette légende du théâtre anglais tourna peu pour le cinéma, mais eut le temps de se faire remarquer dans de tous petits rôles, à l'image de l'adjuvante des 39 Marches (1935), à laquelle elle donne une profondeur impressionnante malgré la brièveté du temps d'écran, ou de la religieuse d'Au risque de se perdre (1959), qui marque les esprits par la forte lumière qu'elle dégage. Elle fut également la partenaire de Glenda Jackson dans Un Dimanche comme les autres (1971), puis de Shirley MacLaine chez Madame Sousatzka (1988), et fut encore à l'affiche de fictions que j'aimerais découvrir, comme Cérémonie secrète (1968) et Le Joyau de la couronne (1984). Malgré tout, son plus grand rôle reste indéniablement celui de l'exquise Mrs. Moore sur La Route des Indes (1984), le dernier chef-d'œuvre de David Lean, où sa lumière naturelle que nous venons d'évoquer irradie un sol légendaire, chargé en tensions sexuelles et politiques. Je regarde en moyenne le film une fois par an, et Peggy Ashcroft m'y ravit à chaque fois: parfaitement nuancée, magnifique de retenue et de dignité, elle est le meilleur choix imaginable pour donner vie à l'exceptionnelle ouverture d'esprit d'une femme en inadéquation avec ses pairs, et qui plus est tourmentée dans le plus grand secret par des visions funestes. Inutile de préciser que l'Oscar était, une fois n'est pas coutume, immensément mérité.


Mary Astor

Née le 3 mai 1906 à Quincy (Illinois), décédée le 25 septembre 1987 à Los Angeles.

Celle que l'on peut à juste titre considérer comme la plus grande actrice de seconds rôles de l'âge d'or hollywoodien avait toutes les cartes en main pour devenir une grande star, mais elle choisit volontairement de se spécialiser dans cette catégorie afin de n'avoir jamais le souci de porter un film sur ses seules épaules. Ayant déjà une carrière prolifique dès les années 1920, on put la voir dans l'amusante comédie de Milestone dominée par l'immense Louis Wolheim, Two-Arabian Knights (1927), dans le costume d'une princesse arabe qui n'est clairement pas son plus grand rôle, mais où elle reste loin d'être indigne. Dès l'arrivée du parlant, elle tourna dans Ladies Love Brutes (1930), que je n'ai pas aimé, mais surtout dans la première adaptation de la pièce à succès Vacances (1930), dans le rôle de la sœur arrogante d'Ann Harding, qui lui permit de donner sa première interprétation de génie. En effet, loin de jouer d'emblée à la bourgeoise méprisante, elle se montre d'abord attachante et amusée alors qu'elle fait visiter sa maison à son petit ami, avant de révéler une nature aigrie devant son incapacité à faire preuve d'une plus grande ouverture d'esprit, à la différence de sa partenaire. Dans le même ordre d'idée, elle fut par la suite la femme distinguée aux antipodes de La Belle de Saïgon (1932) jouée par Jean Harlow, assurément attirée par Clark Gable mais pas au point de faire fi de la haute opinion qu'elle a d'elle-même. Le reste des années 1930 la vit impliquée dans le célèbre Meurtre au chenil (1933), que tout le monde adore sauf moi, ou dans les aventures du Prisonnier de Zenda (1937), où Douglas Fairbanks Jr. éclipse tout le monde, ce qui n'en fait pas les rôles les plus intéressants de sa carrière. Mais loin d'avoir dit son dernier mot, elle fut la maîtresse attachante de Walter Huston dans Dodsworth (1936), puis une maîtresse de maison à nouveau remarquable bien que l'histoire ne soit pas centrée sur elle dans L'Ouragan de John Ford (1937), soit deux personnages auxquels elle apporte par son seul jeu une densité qui n'était pas forcément écrite sur le papier de prime abord.

Sa période la plus faste fut cependant celle de la Seconde Guerre Mondiale, qui la vit briller dans des registres aussi différents que la screwball comedy, le mélodrame et le film policier. Son film le plus célèbre reste d'ailleurs l'illustre Faucon maltais (1941), où elle incarne une femme fatale essoufflée, John Huston lui ayant précisément demandé de courir avant chaque prise afin de lui donner un air agité, ce qui l'aide grandement à faire forte impression alors qu'elle passe d'une sœur inquiète qui cache bien son jeu à la femme vénale et agressive qui était sa vraie nature depuis le début. C'est toutefois pour Le Grand Mensonge (1941) qu'elle remporta l'Oscar cette année-là, pour son rôle de pianiste capricieuse qui se laisse prendre son enfant par sa rivale Bette Davis, avant de revenir menacer celle-ci lorsqu'un événement inattendu revient changer la donne. L'histoire, hautement divertissante, a beau n'être qu'un mélodrame éhonté, Mary Astor y est fabuleuse et nuancée, avec cependant toute l'emphase qu'on peut attendre d'une diva, tant et si bien qu'elle y éclipse sa partenaire, qui pour la seule fois de sa vie accepta de laisser un grand rôle lui échapper afin d'aider son amie à sauver sa carrière. Cela en dit long sur le respect dont Mary Astor jouissait auprès de ses pairs, à l'époque où tout Hollywood se moquait d'elle à cause d'un divorce scandaleux. Sans doute pour oublier de tels soucis, c'est dans la légèreté qu'elle se surpassa à cette période, avec deux rôles comiques d'anthologie face à Claudette Colbert, celui de la délicieuse princesse excentrique chez Preston Sturges, The Palm Beach Story (1942), et surtout celui de l'aristocrate aigrie mais divine de La Baronne de minuit (1939), probablement son sommet absolu. Dans cette immense réussite de Mitchell Leisen, scénarisée par Brackett et Wilder, elle est d'une sophistication inimitable, d'un charme tout hypocrite envers sa rivale mais d'une décontraction non feinte sur la piste de danse, avec pour morceau de bravoure une réconciliation avec John Barrymore d'une élégance et d'une modestie qui parviennent à rendre cette antagoniste profondément attachante.

Après ces quatre pics gravis avec une versatilité inouïe, sa carrière ralentit progressivement, la comédienne se contentant de jouer des mères de famille chaleureuses dans la seconde version des Quatre Filles du Docteur March (1949), et surtout dans le chef-d'œuvre de Vincente Minnelli, Le Chant du Missouri (1944), soit deux expériences que la comédienne ne vécut pas très bien, car apparemment gênée par le manque de politesse des jeunes stars qui lui donnaient la réplique. Faut-il y voir un conflit de générations, où la difficulté pour l'actrice d'aborder la quarantaine? Difficile à dire, mais elle choisit de ne pas renouveler son contrat avec la MGM après ces films, ne souhaitant pas continuer à jouer les gentilles matriarches costumées. Elle fit néanmoins une dernière apparition au cinéma au milieu des années 1960, redevenant un temps l'ennemie de son amie Bette Davis dans Chut... Chut, Chère Charlotte (1964), un film d'exploitation qui n'est pas sans charme, sans être du dernier apparat pour autant.


Génica Athanasiou

Née le 3 janvier 1897 à Bucarest, décédée le 13 juillet 1966 à Lagny-sur-Marne.

Venue à Paris après la guerre pour devenir comédienne, Génica Athanasiou tourna ses meilleurs films à la fin des années 1920. Elle fut ainsi l'héroïne surréaliste de La Coquille et le Clergyman (1928) de Germaine Dulac, avant d'être dirigée par son compagnon Jean Grémillon dans Maldone (1928), où elle donne la réplique à son mentor Charles Dullin, puis dans le chef-d'œuvre du metteur en scène, Gardiens de phare (1929). Très honnêtement, je ne me souviens pas de ses interprétations, d'autant que le dernier film est entièrement consacré à ses partenaires, mais cela me donne justement envie de les redécouvrir.


Eileen Atkins

Née le 16 juin 1934 à Londres.

Cette comédienne de réputation difficile s'est fait assez rare au cinéma, en prenant toutefois le temps de se faire remarquer dans The Dresser (1983), un film que j'avais envie d'aimer, ce qui n'est malheureusement pas arrivé, la faute à deux comédiens caricaturaux qui ne laissent d'ailleurs pas beaucoup de place à la dame. Ses plus belles performances sont à chercher au début des années 2000, avec Gosford Park en 2001, où elle joue une cuisinière sèche et rude qui devient finalement bouleversante à mesure que les secrets du manoir sont révélés; et Wit, sorti à la télévision la même année, où elle est à nouveau magnifique en enseignante qui assiste Emma Thompson dans ses derniers instants. Je note également des petits rôles dans Cold Mountain (2003), Magic in the Moonlight et Suite française (2014), ou encore les nullissimes Avengers (1998), mais je ne m'y souviens pas d'elle, à l'exception de sa fleuriste sceptique dans The Hours (2002).

Ces dernières années, elle gravit les échelons de la société en devenant la délicieuse matriarche d'Upstairs Downstairs (2010), dont elle fut la scénariste des premières saisons dans les années 1970; puis la princesse Dragomiroff du Crime de l'Orient-Express dans la série Hercule Poirot (2010), une adaptation étonnamment sombre qui ne lui permet pas d'être aussi mémorable que Wendy Hiller en 1974. Décidément polyvalente, c'est encore elle qui adapta Mrs. Dalloway pour le cinéma en 1997, offrant à la splendide Vanessa Redgrave un nouveau grand rôle.


Cécile Aubry

Née le 3 août 1928 à Paris, décédée le 19 juillet 2010 à Dourdan.

Cette autrice à succès des séries Poly et Belle et Sébastien fut, sous la direction d'Henri-Georges Clouzot, une Manon Lescaut convaincante, dans une adaptation contemporaine (1949) toute de sable et de ruines. À l'étranger, elle donna la réplique à Orson Welles et Tyrone Power dans l'épopée orientale La Rose noire (1950), que je n'ai pas vue.


Eleanor Audley

Née le 19 novembre 1905 à New York, décédée le 25 novembre 1991 à Hollywood.

Apparue physiquement dans des rôles de figuration au sein de grands films des années 1950, dont Tout ce que le ciel permet (1955) et Retour avant la nuit (1958), elle fut avant tout l'une des grandes voix des studios Disney, donnant vie à la marâtre de Cendrillon (1950) par son timbre d'une hauteur tout aristocratique, et incarnant surtout la méchante la plus classe de l'univers, Maléfique, dans La Belle au bois dormant (1959). Si la belle-mère de Blanche-Neige, à laquelle elle prêta sa voix pour l'histoire contée sur disque, reste la femme la plus excitante du monde par sa froideur inatteignable, Maléfique devient, grâce aux inflexions de la comédienne, la pièce maîtresse de l'univers Disney, alliant humour et légèreté sous la glace et la rancune. C'est là un très beau travail vocal qui aurait mérité récompense, et prouve à quel point le métier du doublage est plus essentiel qu'on ne l'a pensé pour l'industrie.


Stéphane Audran

Née le 8 décembre 1932 à Versailles, décédée le 27 mars 2018 à Neuilly.

Muse de Claude Chabrol, dont elle partagea la vie, Stéphane Audran accéda à une notoriété internationale dès la fin des années 1960 pour des rôles de bourgeoises glaciales et hautaines, telle la lesbienne oisive des Biches (1968), ou encore la maîtresse de maison savamment critiquée par Buñuel dans Le Charme discret de la bourgeoisie (1972). Moins grandiloquente mais avec toujours la distance singulière qui fut sa marque de fabrique, elle fut également l'institutrice courtisée par Jean Yanne dans Le Boucher (1970), un film qui lui permet d'abandonner sa froideur naturelle à mesure que la menace grandit. La fin des années 1970 la vit donner la grande performance de sa carrière, toujours sous la direction de Chabrol, avec Violette Nozière (1978): elle y joue la mère d'Isabelle Huppert, que celle-ci empoisonne en vain, et qui doit par conséquent témoigner au tribunal. La scène humiliante où elle explique à quoi servait le chiffon décrit par sa fille, devant un public forcément gêné, m'a toujours marqué. Elle retrouva encore Isabelle Huppert dans Coup de torchon (1981), mais je suis complètement passé à côté de ce film et n'ai pas prêté attention aux performances, puis fut nommée pour la troisième fois pour un prix d'interprétation anglais grâce à l'adaptation danoise du Festin de Babette (1987). Ce film de Gabriel Axel est un chef-d'œuvre, et mon favori de l'année, soulignant par-là même la qualité de la filmographie de la dame. Elle y incarne l'héroïne de Karen Blixen avec sa retenue habituelle, les drames du passé l'obligeant à une réserve inévitable, mais s'y laisse un peu éclipser par les actrices de légende qui lui donnent la réplique.

À la télévision, elle fut la tante excentrique de La Bicyclette bleue (2000), et eut encore un second rôle touchant de grand-mère d'une personne trans dans la mini-série Trois femmes… un soir d'été (2005). Mais pour en revenir au cinéma, je relève des titres comme La Femme infidèleLa Rupture, Juste avant la nuit, Les Noces rouges et Folies bourgeoises, dirigés par devinez qui, mais aussi des apparitions dans Vincent, François, Paul... et les autres de Claude Sautet et Les Voleurs de la nuit de Samuel Fuller, soit autant de propositions qui piquent ma curiosité.


Claudine Auger

Née le 26 avril 1941 à Paris, décédée dans la même ville le 18 décembre 2019.

Cette reine de beauté fut en 1965 la partenaire de Sean Connery dans Opération Tonnerre. Personne ne se souvient d'elle parce que Luciana Paluzzi y éclipse tout le monde, mais je note dans sa filmographie des petits rôles chez Carné, Cocteau et Scola, dans des films que j'aimerais voir à l'occasion. Toujours dans le registre de l'espionnage, elle apparut aussi dans La Fantastique Histoire vraie d'Eddie Chapman (1966), où elle eut bien du mal à exister face au couple charismatique formé par Christopher Plummer et Romy Schneider.


Marie, Chikage, Haruka, Margaret, Sabine.

Marie Ault

Née le 2 septembre 1870 à Wigan (Lancashire), décédée à Londres le 9 mai 1951.

Comédienne de théâtre à la carrière prolifique, Marie Ault apparut dès le cinéma muet dans des productions à grand succès, telles Le Rat (1925) avec Ivor Novello comme vedette. Elle fit également de la figuration dans des films parlants, devant lesquels il ne faut cependant pas cligner des yeux si l'on veut tenter de la repérer, dont La Taverne de la Jamaïque (1939), Major Barbara (1941), L'Esprit s'amuse et César et Cléopâtre (1945). Elle doit son grand rôle de cinéma à Hitchcock dans son premier chef-d'œuvre, Les Cheveux d'or (1927): elle y incarne la logeuse du mystérieux Ivor Novello, qui l'intrigue et l'effraie à la fois, soit un joli rôle qui lui permet de donner une interprétation vigoureuse et nuancée.


Margaret Avery

Née le 20 janvier 1944 à Mangum (Oklahoma).

Ayant commencé sur les planches, qui lui valurent de bonnes critiques au début des années 1970, Margaret Avery a trouvé le rôle de sa vie dans La Couleur pourpre (1985) de Steven Spielberg. Charismatique et nuancée, elle y incarne une chanteuse d'abord hostile à Whoopi Goldberg, avant de nouer une belle complicité avec elle. J'aurais voté pour elle dans la sélection des Oscars cette année-là.


Chikage Awashima (淡島千景)

Née le 24 février 1924 à Tokyo, décédée dans la même ville le 16 février 2012.

Un peu moins connue que les superstars japonaises des années 1950, Chikage Awashima est pourtant l'une des meilleures, et l'une de mes archi favorites. Dirigée dès ses débuts par Ozu, elle fut l'amie espiègle de Setsuko Hara dans l'un des innombrables chefs-d'œuvre du maître, Été précoce (1951), puis l'amie non moins remarquable de Michiyo Kogure dans Le Goût du riz au thé vert (1952). Cependant, son plus grand rôle chez Ozu est à chercher dans Printemps précoce (1956): elle y incarne une mère de famille meurtrie par la disparition de son enfant, et qui sent en outre son mari lui échapper pour les beaux yeux d'une collègue intrépide. Elle y est sans surprise magnifique: d'une retenue renversante, elle touche droit au cœur en traversant le film avec une dignité remarquable, et une personnalité beaucoup plus forte qu'on aurait pu le croire de prime abord. Autre chef-d'œuvre à son actif, mais cette fois-ci chez Naruse, Nuages d'été (1958) lui offrit un nouveau rôle à sa mesure, celui d'une agricultrice qui travaille sans rechigner et qui tombe amoureuse d'un journaliste venu enquêter dans la région, le tout avec une délicatesse incomparable. Elle apparut également chez Ichikawa, Kinoshita et dans le triptyque de Kobayashi, La Condition de l'homme, soit autant de films que j'ai évidemment très envie de découvrir.


Awkwafina

Née le 2 juin 1988 à New York.

Ayant accédé à la célébrité comme rappeuse au milieu des années 2010, Awkwafina est apparue ces dernières années dans quelques films de cinéma, dont Ocean's 8 et Crazy Rich Asians, que je n'ai pas vus. Je la connais à ce jour pour L'Adieu (2019), où elle se montre parfaitement dynamique dans le rôle d'une jeune Américaine qui renoue avec ses racines chinoises, en revenant voir sa grand-mère appelée à vivre ses derniers instants. Je ne suis pas ébloui par sa performance, mais l'énergie est là.


Haruka Ayase (綾瀬はるか)

Née le 24 mars 1985 à Hiroshima.

Star de la télévision japonaise, avec un grand nombre de dramas à son actif, mais également interprète de chansons pop trop sirupeuses à mon goût, Haruka Ayase fut révélée en Occident pour le joli rôle de la sœur aînée, la plus sérieuse et nuancée de la fratrie, dans mon film préféré de 2015, Notre petite sœur, de Kore-eda. J'ai eu un gros coup de cœur pour ce personnage sur qui reposent toutes les responsabilités, et ça me donne très envie de découvrir l'actrice ailleurs.


Reiko Aylesworth

Née le 9 décembre 1972 à Evanston (Illinois).

Je me suis arrêté à la saison 3 de 24 Heures chrono (2003), ce qui m'a laissé le temps de faire connaissance avec cette actrice au prénom japonais. J'ai précisément pensé à elle cette année, car je me souviens l'y avoir vu se promener dans un hôtel infesté par un virus mortifère, devant lequel elle avait la chance insolente d'être asymptomatique, alors que toutes les autres victimes devaient se suicider en avalant du cyanure pour éviter une agonie pénible. À part ça, le visionnage remonte à trop loin pour me rappeler autre chose de son parcours, mais son personnage était de mémoire l'un de mes préférés dans la série. Je note qu'elle est également apparue dans la saison 3 de Damages (2010), mais j'en suis resté à la 2.


Sabine Azéma

Née le 20 septembre 1949 à Paris.

Personnalité espiègle du cinéma français, immanquable avec sa coupe au carré et partenaire de prédilection d'Alain Resnais, Sabine Azéma est une comédienne que je connais encore trop peu. Ne pas avoir vu l'essentiel de ses collaborations avec son époux légendaire n'aide pas, mais j'entends bien y remédier. Je l'ai croisée à ce jour dans La Dentellière (1977), un film qui m'a laissé de marbre et dont j'ai peu de souvenirs, mais surtout dans Un Dimanche à la campagne (1984) de Bertrand Tavernier, une fiction que j'aurais voulu aimer davantage, mais où elle est très à l'aise dans le rôle d'une bourgeoise anticonformiste en avance sur son temps, qui vient pimenter le quotidien par trop réglé de sa famille lors d'une journée d'été du début du siècle dernier. Ce rôle dynamique lui valut son premier César. Dans les années 1990, elle fut la lumière du film choral On connaît la chanson (1997): entourée de personnages dépressifs et névrosés, elle est la plus spontanée de l'équipe, soutenant sa petite sœur avec une gestuelle comique fort bien trouvée, avant d'éclater lors d'une crise d'hystérie mémorable lorsqu'elle apprend que la superbe vue parisienne pour laquelle elle s'était battue sera à terme entièrement bouchée. Je me rappelle encore l'avoir vue au début des années 2000 dans Tanguy et Le Mystère de la chambre jaune, mais j'avais de mémoire détesté ces deux films. Il me faudra alors voir ses grands rôles des années 1980 - 1990 pour en savoir un peu plus sur elle.


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En attendant, voulez-vous me suggérer la prochaine lettre de l'alphabet?