vendredi 13 novembre 2020

Oscar de la meilleure actrice: les années 2010

 


Les Années 2010


2010
Nicole Kidman (Rabbit Hole)
Annette Bening (The Kids Are All Right)
Michelle Williams (Blue Valentine)
Jennifer Lawrence (Winter's Bone)
Natalie Portman (Black Swan)

Mon choix: A partir des années 2010, ça devient vraiment trop récent pour me permettre d'avoir du recul sur la question. Quoi qu'il en soit, je n'ai jamais accroché à la performance de Natalie Portman, pourtant pas mal en jeune fille timorée bien qu'elle m'agace, encore que ça serve volontairement le personnage, mais surtout pas assez crédible dans son explosion de noirceur, cette partie du film ne m'ayant d'ailleurs jamais convaincu: ça ressemble juste à une descente de coke, rien de plus. Les quatre autres sont heureusement beaucoup plus solides, mais j'ai tout de même du mal à départager Annette Bening de Michelle Williams, dans des registres très différents où elles s'en sortent toutes deux très bien, sans me toucher pour autant. Dès lors, ma préférence va une fois de plus à Nicole Kidman, bouleversante en mère de famille meurtrie qui n'a pas peur de tenter d'aller de l'avant. Autrement, Jennifer Lawrence est finalement très bien dans le film qui l'a révélée, et son naturel la sauve absolument ici, mais une fois encore, c'est une performance qui me touche peu.

Dans l'absolu: Je n'ai plus beaucoup de souvenirs du film, mais à l'époque, j'avais beaucoup aimé Rachel Weisz et Agora. J'aimerais m'en refaire une idée pour confirmer. Autrement, la liste officielle reste top, mais j'aurais aimé y voir Kim Hye-ja (Mother), Lesley Manville (Another Year) et Tilda Swinton (Io sono l'amore). Par ailleurs, je meurs d'envie de découvrir Paprika Steen dans Applaus.


2011
Viola Davis (The Help)
Rooney Mara (The Girl with the Dragon Tattoo)
Glenn Close (Albert Nobbs)
Michelle Williams (My Week with Marilyn)
Meryl Streep (The Iron Lady)

Mon choix: Une sélection épouvantable, la pire de toutes dans l'histoire de cette catégorie, avec trois performances clairement mauvaises, Michelle Williams imitant très mal une star qui ne lui ressemble absolument pas, Glenn Close étant atrocement laborieuse et pas du tout crédible d'un point de vue physique, malgré une scène sur la plage assez réussie, et Meryl Streep se vautrant dans les pires facilités imaginables telle une jeune première imbue d'elle-même, le tout dans un film atroce qu'elle n'aurait jamais dû choisir en premier lieu. Vraiment, étant donné sa stature à Hollywood, je ne lui pardonne pas d'avoir pris ce rôle uniquement pour remporter un Oscar, alors qu'elle aurait pu faire naître des projets un milliard de fois plus intéressants. Quoi qu'il en soit, Rooney Mara a beau rester sur la même note durant tout le film, son jeu passe nettement mieux que celui de ses collègues légendaires, et Viola Davis s'impose par défaut, étant la seule qui prenne la peine de bien jouer. J'avouerai même qu'une récente revisite de son film m'a fait réaliser à quel point elle est excellente, car plus l'histoire s'ingénie à la reléguer dans les coulisses, plus elle ajoute des choses qui ne sont pas écrites à la base, de quoi se hisser au-dessus de ses consœurs dans un premier temps plus mémorables (Chastain, Janney, Spencer), mais qui n'ont pas vraiment l'occasion de faire autre chose que ce qu'on leur demande.

Dans l'absolu: Kirsten Dunst dans Melancholia, mais l'année est tellement forte que je ne sais plus où donner de la tête. La sélection officielle fait pâle figure à côté d'Elena Anaya (La piel que habito), Olivia Colman (Tyrannosaur), Catherine Deneuve (Potiche), Leila Hatami (Une Séparation), Tilda Swinton (We Need to Talk About Kevin), Charlize Theron (Young Adult), Kate Winslet (Carnage) et Yoon Jeong-hee (Poetry).


2012
Jessica Chastain (Zero Dark Thirty)
Emmanuelle Riva (Amour)
Naomi Watts (Lo impossible)
Jennifer Lawrence (Silver Linings Playbook)
Quvenzhané Wallis (Beasts of the Southern Wild)

Mon choix: Une sélection que j'ai aimé de prime abord, parce que c'était la première fois que j'avais réussi à voir toutes les nommées avant la cérémonie, et mon choix a toujours été évident. En effet, Jessica Chastain fait des merveilles dans un rôle très fin sur le papier, au point de réussir l'exploit de nous faire ressentir quelque chose pour l'héroïne alors qu'on ne sait rien d'elle, pas même son nom, et cette performance reste vraiment un exercice difficile qui me plaît beaucoup. Emmanuelle Riva est quant à elle très digne et captivante dans la première partie, mais après son accident, son interprétation devient très technique, ce qui me touche moins, d'autant que j'ai toujours préféré le rôle magnifique de Jean-Louis Trintignant, qui m'émeut davantage. De son côté, Naomi Watts est vraiment bien tout au long du film, mais j'ai trouvé cet exercice de style totalement bidon, surtout avec un tel dénouement. Jennifer Lawrence est pas mal mais ne m'a jamais intéressé outre mesure dans cette performance assez mince, et Quvenzhané Wallis a... 5 ans! Son personnage a du caractère, mais merci Benh Zeitlin!

Dans l'absolu: Helen Hunt pour The Sessions. Quand j'évoquais sa victoire dans les années 1990, j'avouais ne pas être son plus grand admirateur, mais impossible de ne pas s'incliner ici. L'année eut été plus forte eût elle été placée dans la bonne catégorie, aux côtés de Jessica Chastain (Zero Dark Thirty), Marion Cotillard (De rouille et d'os), Ann Dowd (Compliance), Eva Green (Dark Shadows) et Emmanuelle Riva (Amour). Je me rappelle avoir aimé Hysteria, mais j'ai peu de souvenirs de Maggie Gyllenhaal dedans.


2013
Cate Blanchett (Blue Jasmine)
Sandra Bullock (Gravity)
Amy Adams (American Hustle)
Judi Dench (Philomena)
Meryl Streep (August: Osage County)

Mon choix: Après revisite, Cate Blanchett me confirme qu'elle est exceptionnelle dans ce rôle, même si sa performance m'avait paru trop technique et démonstrative la première fois. Mais avec plus de recul, le personnage regorge effectivement de nuances et de vitalité, prouvant par-là même qu'il faut être une très grande actrice pour réussir ce qu'elle fait. Toutefois, bien que Sandra Bullock soit nettement moins complexe, sa performance me touche plus, et on lui reconnaîtra le mérite de porter l'intégralité de son film sur ses épaules, malgré la présence irritante de George Clooney, toujours là pour lui expliquer quoi faire. Autrement, Amy Adams trouve de véritablement nuances dans un personnage mal écrit coincé dans un film abominable, Judi Dench est correcte mais elle aurait pu jouer ça les yeux fermés et l'on oublie tout très vite de son personnage traité avec une hauteur imbuvable par son scénario. Pour Meryl Streep: lol!

Dans l'absoluPaulina García pour Gloria, une performance magnifique et nuancée, mais entourée de candidates exceptionnelles dont Cate Blanchett (Blue Jasmine), Sandra Bullock (Gravity), Adèle Exarchopoulos (La Vie d'Adèle), Martina Gedeck (Die Wand), Greta Gerwig (Frances Ha), Barbara Sukowa (Hannah Arendt) et l'incontournable Emma Thompson (Saving Mr. Banks). On a aussi une jolie performance naturaliste de Reem Abdullah avec Wadjda.


2014
Marion Cotillard (Deux jours, une nuit)
Reese Witherspoon (Wild)
Rosamund Pike (Gone Girl)
Julianne Moore (Still Alice)
Felicity Jones (The Theory of Everything)

Mon choix: C'est trop récent pour avoir du recul, mais le jeu très naturel de Marion Cotillard me convainc totalement, dans un projet intéressant qui plus est, aussi bien du point de vue de l'histoire que du point de vue de la composition. Je n'aime toujours pas l'actrice comme personnalité, mais cette performance-là me conquiert entièrement. A côté, Reese Witherspoon est excellente dans son rôle le plus dramatique, sans qu'elle m'émeuve plus ça néanmoins, tandis que la très captivante Rosamund Pike, à qui il faut donner plein de très grands rôles au plus vite (!!!), m'enthousiasme beaucoup, mais rate quelque peu son troisième acte, en particulier lorsqu'elle parle aux journalistes devant sa maison: l'un de ses gestes sonnait très très faux, on s'étonne que personne n'ait rien soupçonné à ce moment-là. Enfin, la Théorie s'avère finalement bien moins pire que présagé, mais ça n'est pas très intéressant pour autant, bien que Felicity Jones ait un meilleur arc narratif que son partenaire, puisqu'elle cherche à exister par elle-même malgré son rôle d'épouse dévouée. C'est tout l'inverse du côté de Julianne Moore qui, elle, doit jouer la progression de la maladie, mais autant sa toute dernière scène est frappante de justesse, autant voir un film exclusivement consacré à sa déchéance physique peine à captiver, même si ça lui donne finalement plus d'émotions à jouer que Jones.

Dans l'absolu: Marion Cotillard donne vraiment la performance de la décennie, il n'y a qu'à s'incliner. J'aime aussi Angelina Jolie (Maleficent), Agata Kulesza (Ida), Rosamund Pike (Gone Girl), Hilary Swank (The Homesman) et Reese Witherspoon (Wild). Je n'ai pas trop aimé Mommy, je préfère Anne Dorval dans J'ai tué ma mère. Nimrat Kaur était de mémoire sympathique dans The Lunchbox, de même que la délicieuse Emily Blunt dans Into the Woods, et Gugu Mbatha-Raw très distinguée dans Belle. Amy Adams est quant à elle nettement meilleure que son film (Big Eyes). Et si quelqu'un peut me trouver une copie d'Archaeology of a Woman pour la divine Sally Kirkland, je suis preneur!


2015
Charlotte Rampling (45 Years)
Cate Blanchett (Carol)
Saoirse Ronan (Brooklyn)
Brie Larson (Room)
Jennifer Lawrence (Joy)

Mon choix: C'est là encore très récent, mais je n'ai aucun problème de recul, Charlotte Rampling s'imposant avec la plus parfaite des performances contemporaines imaginables, où tout est dans la nuance sans jamais rien de forcé. Brie Larson est quant à elle excellente dans la plupart de ses scènes en faisant bien ressentir le poids de sa désastreuse expérience sur ses épaules, tandis que Saoirse Ronan est exquise et lumineuse (un terme galvaudé mais absolument mérité ici) dans un très joli rôle attachant qu'elle élève très au-dessus d'un scénario où tout arrive à l'héroïne comme sur un plateau. La légère déception vient pour moi de Cate Blanchett, trop ostensiblement diva pour nous permettre de différencier Carol du reste de sa filmographie, et trop ostensiblement prédatrice pour croire que Rooney Mara puisse avoir envie de sillonner les Etats-Unis à ses côtés. Enfin, Jennifer Lawrence est correcte dans le détail, mais elle ne fait rien d'original et n'arrive jamais à élever le niveau de son film médiocre vers de plus hautes sphères. Par bonheur, les quatre autres films m'ont tous beaucoup plu et nous avons là la meilleure sélection d'actrices depuis 2006.

Dans l'absolu: Charlotte Rampling reste ma grande lauréate de l'année, malgré le grand retour de Gong Li dans un rôle sublime, Coming Home. En conservant les candidates officielles, et en leur ajoutant Rooney Mara (Carol), Carey Mulligan (Suffragette) et Charlize Theron (Mad Max: Fury Road), on obtient encore un très grand cru.


2016
Ruth Negga (Loving)
Emma Stone (La La Land)
Meryl Streep (Florence Foster Jenkins)
Isabelle Huppert (Elle)
Natalie Portman (Jackie)

Mon choix: Je suis incapable d'établir un classement sérieux, car personne ne m'inspire pour de bon. Bien sûr, il y a Isabelle Huppert, mais elle ne surprend à aucun moment dans Elle, où elle se contente de faire la tronche comme trop souvent, sans compter que son apologie du viol est proprement immonde. Elle peut s'estimer heureuse que le film soit sorti in extremis avant le mouvement Me Too: elle n'aurait jamais reçu de nomination un an plus tard. Alors adieu Ishupp. Mais que faire des autres? Curieusement, j'ai été plutôt agréablement surpris par l'inévitable biopic de l'année, Meryl Streep trouvant, une fois n'est plus coutume, de l'humanité derrière la caricature. Mais le rôle est tellement ancdotique comparé à ce qu'elle fut jadis que la citation est exclue. J'élimine également Natalie Portman, qui à force de pleurnicher sous tous les angles devient aussi inconsistante que son film: son jeu est tellement forcé que le personnage ne parvient jamais à se matérialiser à l'écran. Restent donc Emma Stone et Ruth Negga. La première est irréprochable dans son jeu, se révélant au passage charmante et touchante, mais elle ne sait ni chanter ni danser, ce qui est un véritable problème pour une star de comédie musicale. Mon choix se porte donc sur Ruth Negga, dont l'extrême intelligence captive à chaque regard, quoique la voir se forcer à incarner une jeune femme vraiment trop discrète crée un petit décalage qui finit par lui être défavorable. Le scénario aurait dû lui donner bien plus à faire, ça n'aurait jamais nui à son élégante sensibilité.

Dans l'absolu: En l'absence de Sônia Braga, qui ne fut apparemment pas éligible pour Aquarius bien qu'on entendît parler d'une possible citation à l'époque, mon vote se porte sur Amy Adams pour sa plus belle performance, Arrival. Je lui aurait donné une concurrence des plus sérieuses avec Haruka Ayase (Notre petite sœur), Annette Bening (20th Century Women), Viola Davis (Fences), ainsi qu'Emma Suárez (Julieta); mais également une compagnie délurée avec les méga divertissantes Emily Blunt (The Girl on the Train), Jessica Chastain (Miss Sloane) et Kate Winslet (The Dressmaker). En attendant de voir Krisha Fairchild (Krisha), Rebecca Hall (Christine) et Sally Field (Hello, My Name Is Doris), dont j'ai ouï dire le plus grand bien.


2017
Sally Hawkins (The Shape of Water)
Frances McDormand (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri)
Saoirse Ronan (Lady Bird)
Margot Robbie (I, Tonya)
Meryl Streep (The Post)

Mon choix: C'est tellement récent qu'il m'est encore difficile de départager les deux premières performances, toutes méritant vraiment leur nomination, entre Sally Hawkins, parfaite et nuancée dans une histoire d'amour atypique et sans paroles, et Frances McDormand, à la fois tragique et comique et bien entendu très forte et charismatique dans un film qui voudrait être trop de choses à la fois. Mais je les aime sincèrement toutes et pourrais changer mon vote à tout moment. De son côté, Margot Robbie est finalement pas mal dans un film assez affreux, et Meryl Streep, quoique délivrant là l'une de ses rares bonnes performances depuis dix ans, ne peut s'empêcher d'en faire des tonnes, et ce sans réussir à rendre son personnage intéressant par rapport à sa minceur scénaristique. La seule déception vient de Saoirse Ronan, toujours très bien, mais coincée dans un film si anecdotique qu'elle a du mal à rester mémorable dans un rôle en plein dans sa zone de confort.

Dans l'absolu: Kate Winslet dans Wonder Wheel. Le film a eu le malheur de sortir au mauvais moment, mais la comédienne méritait autant l'Oscar que l'autre Cate quatre ans plus tôt, pour un grand rôle théâtral et compliqué où elle fait des merveilles. Mais le choix reste extrêmement pénible tant j'aime Sally Hawkins... En conservant Frances McDormand dans le rôle que je lui préfère, j'aurais aimé voir Jennifer Lawrence (Mother!) dans la sélection. J'ai également vu plein de beau monde dont Carey Mulligan (Mudbound), Rosamund Pike (A United Kingdom), Emma Stone (Battle of the Sexes) et Daniela Vega (Une Femme fantastique), mais je suis surtout curieux de découvrir Annette Bening (Film Stars Don't Die in Liverpool), Salma Hayek (Beatriz at Dinner) et Cynthia Nixon (A Quiet Passion), apparemment fabuleuses.


2018
Glenn Close (The Wife)
Melissa McCarthy (Can You Ever Forgive Me?)
Yalitza Aparicio (Roma)
Olivia Colman (The Favourite)
Lady Gaga (A Star Is Born)

Mon choixGlenn Close est sans surprise magnifique: subtile et volcanique dans sa retenue, elle fait honneur au rôle tout en m'ayant fait aimer un film qui aurait pu rester parfaitement quelconque sans elle. Cela dit, Melissa McCarthy est excellente dans un rôle sérieux et compliqué: pas facile de rendre attachant un personnage aussi misanthrope, mais elle y parvient, en se montrant très à l'aise dans le bel esprit. En revanche, Olivia Colman en fait trop, à mon goût, et ce dans un film sinistre que je n'ai pas aimé, mais elle est assurément une actrice de profession qui fait des choix en âme en conscience. Alfonso Cuarón a quant à lui tiré de Yalitza Aparicio une performance magnifique de retenue que je préfère à la précédente, mais difficile de savoir ce que la dame a apporté par elle-même au rôle, alors qu'elle n'avait jamais joué auparavant, et que le personnage, judicieusement peu démonstratif, permet d'esquiver la prise de risques. Quoi qu'il en soit, je les préfère toutes deux à Lady Gaga, vulgaire et convenue, et dont le massacre de La Vie en rose dès son apparition donne davantage envie de partir en courant plutôt que de l'aller voir en concert. Le film, très mauvais, ne joue malheureusement pas en sa faveur.

Dans l'absolu: Glenn Close est vraiment sensationnelle, et contrairement à tout le monde, j'ai apprécié le film. Mais dommage pour Melissa McCarthy qui aurait vraiment mérité l'Oscar une autre année. En l'état de mes découvertes, je conserve la sélection officielle sauf une, mais je ne suis ébloui par aucune des alternatives, Toni Collette (Hereditary), Viola Davis (Widows) et Joanna Kulig (Cold War), sauf peut-être par Emma Thompson (The Children Act), bien que le film n'aille nulle part. J'ai entendu chanter les louanges de Maggie Gyllenhaal, Nadine Labaki et Charlize Theron, alors à vérifier.


2019
Saoirse Ronan (Little Women)
Scarlett Johansson (Marriage Story)
Renée Zellweger (Judy)
Charlize Theron (Bomshell)
Cynthia Erivo (Harriet)

Mon choix: Il me faudrait bien sûr en voir plus, mais Saoirse Ronan donne à mes yeux la plus belle performance de sa carrière dans le rôle de sa vie. C'aurait été le moment et le film absolument parfaits pour la récompenser! Cela dit, Scarlett Johansson est excellente de son côté, avec force nuances, et méritait elle aussi grandement sa nomination, tandis que Renée Zellweger est éblouissante, avec la performance la plus expressive de la sélection. Charlize Theron est quant à elle tout à fait bien dans un film correct, mais elle aurait gagné à esquisser le conflit entre les positions conservatrices du personnage et son combat avec davantage de précision.

Dans l'absolu: Adèle Haenel pour le film de l'année, Portrait de la jeune fille en feu, mais c'est extrêmement serré tant Noémi Merlant dans la même histoire, Saoirse Ronan, Scarlett Johansson et Renée Zellweger dans la sélection officielle, mais encore Alfre Woodard dans Clemency, sont magnifiques! On peut déjà parler d'une grande année malgré tout ce qu'il me reste à voir.


Statistiques

Lauréates officielles: Blanchett (13) > McDormand (17) > Larson (15) > Colman (18) > Stone (16) > Portman (10) > Lawrence (12) > Moore (14) > Streep (11).

Lauréates personnelles: Rampling (15) > Cotillard (14) > Close (18) > [Ronan (19)] > Hawkins (17) > Kidman (10) > Blanchett (13) > Chastain (12) > Davis (11) > Negga (16).

Années: 2015 > 2017 > 2010 > 2012 > 2014 > 2013 > 2016 >>>>> 2011.


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Oscar de la meilleure actrice: les années 2000


Les Années 2000

2000
Laura Linney (You Can Count On Me)
Julia Roberts (Erin Brockovich)
Joan Allen (The Contender)
Ellen Burstyn (Requiem for a Dream)
Juliette Binoche (Chocolat)

Mon choix: Commençons par l'évidence: Julia Roberts crève l'écran dans un rôle incroyablement charismatique, et elle éclipse si bien tout ce qui existe alentour qu'elle contribue énormément à la réussite du film, avec en prime des moments sérieux très bien joués, mais qui n'arrivent finalement pas à me convaincre qu'elle soit une grande actrice. Une grande star, indéniablement, mais il est permis de penser que d'autres actrices de l'année livrent des compositions plus intéressantes d'un point de vue artistique. C'est le cas de Laura Linney, exquise et merveilleusement nuancée dans son joli film, avec une bonne alchimie avec son partenaire et un indéniable talent à suggérer diverses émotions compliquées, avec une discrétion de bon aloi. Elle s'impose alors comme la meilleure actrice de la sélection à mon goût, même si Julia Roberts reste la plus grande star. Joan Allen est quant à elle toujours très bien quoique dans un film assez détestable, mais je la préfère mille fois aux suivantes, puisque je déteste absolument la caricature d'Ellen Burstyn dans un requiem basé sur sa transformation physique, et non sur ce qu'on pourrait ressentir pour ce personnage pathétique; tandis que Juliette Binoche n'a absolument rien à faire dans son horrible film, à part manger trois chocolats dans une rue bourguignonne. Mais je déteste tellement la performance de Burstyn que j'hésite parfois à la classer dernière.

Dans l'absolu: Parmi ce que j'ai vu, Laura Linney reste ma favorite. Ses concurrentes seraient Björk (Dancer in the Dark), Julia Roberts (Erin Brockovich), Kate Winslet (Quills) et Michelle Yeoh (Tigre et Dragon). Avec, sous réserve d'une revisite car le film ne m'avait pas marqué, Gillian Anderson (The House of Mirth).


2001
Nicole Kidman (Moulin Rouge!)
Judi Dench (Iris)
Sissy Spacek (In the Bedroom)
Halle Berry (Monster's Ball)
Renée Zellweger (Bridget Jones' Diary)

Mon choix: Une sélection en demi-teinte mais qui tend tout de même vers le positif, où je trouve des qualités mais aussi des défauts à toutes les candidates, à l'exception de Nicole Kidman, éblouissante à plus d'un égard dans tous les registres, des passages chantés aux scènes comiques, en passant par l'émotion fébrile des moments tragiques. Vraiment, une performance exquise dans chaque direction, dont le résultat reste un divertissement sans égal. J'ai plus de mal à classer les quatre autres, à l'exception de Renée Zellweger, revue récemment dans un abysse de misogynie grossière, où l'on conçoit mal ce qui a pu la tenter dans un tel projet, quoiqu'elle ne s'y repose jamais sur ses lauriers. De son côté, Judi Dench est bonne dans son propre film, mais ce n'est pas un très grand challenge pour elle, sans compter qu'elle y est à mon sens éclipsée par les trois autres acteurs. De même, Sissy Spacek est excellente en devant manifester des émotions tout en intériorité, mais son personnage est laissé pour compte par le scénario, qui finit par ne la réduire qu'au cliché de la femme triste fumant des cigarettes par terre. Halle Berry a quant à elle connu les très riches heures de sa carrière en 2001, et on lui reconnaîtra certaines scènes fort touchantes dans l'expression de la douleur, mais hélas autant de scènes de colère non maîtrisées et souvent hors de propos.

Dans l'absolu: Nicole Kidman pour Moulin Rouge!, qui avait en outre l'avantage d'avoir The Others la même année. Mais ça reste extrêmement serré avec Charlotte Rampling pour son plus beau rôle (Sous le sable) et Naomi Watts en son sommet (Mulholland Drive), juste en face.


2002
Julianne Moore (Far from Heaven)
Nicole Kidman (The Hours)
Renée Zellweger (Chicago)
Diane Lane (Unfaithful)
Salma Hayek (Frida)

Mon choix: 2002 prouve que tout n'est qu'affaire de subjectivité. En effet, alors que je passe mon temps à me plaindre des interprètes qui se maquillent de façon trop ostentatoire pour décrocher un trophée, voilà que je suis prêt à jeter mes convictions aux orties pour me laisser totalement éblouir par la Virginia Woolf de Nicole Kidman, qui me fait toujours autant d'effet après des milliers de visionnages. Mais vraiment: la scène de la gare est magnifique, le dialogue avec la sœur me bouleverse tout autant, et tout cela me touche au point que je n'ai jamais été gêné par les artifices, à la différence de Charlize Theron l'année suivante. Maintenant, malgré tout ce que j'ai pu dire l'année dernière, la revisite de Far from Heaven m'a prouvé qu'il s'agit là d'un grand film, et que Julianne Moore, pourtant pas mon actrice contemporaine préférée, y est merveilleuse. Elle garde toujours une façade lumineuse malgré son désarroi, ses pleurs son crédibles, on se soucie vraiment de toutes ses interrogations et elle porte ces questionnements sur ses seules épaules tout du long. Pour les autres, j'ai mis du temps avant de pouvoir apprécier Chicago, mais Renée Zellweger a fini par m'y faire rire, tandis que Diane Lane parvient in extremis à tirer son épingle du jeu de l'horrifiant Unfaithful. Salma Hayek bénéficie de bons moments dans Frida, mais ma détestation des biopics linéaires et mon manque de confiance total envers l'actrice vu le reste de sa carrière m'oblige à la classer dernière, même si je n'ai jamais haï sa performance autant que le reste du monde. Quoi qu'il en soit, une année excitante et colorée où chaque actrice touche à un degré de divertissement fort agréable.

Dans l'absolu: Bien qu'étant en froid avec l'actrice depuis 2016, Isabelle Huppert est trop surprenante dans 8 Femmes, car moins glaçante qu'à l'accoutumée, pour me donner envie d'aller voir ailleurs. La découverte de son interprétation, à seulement 13 ans, fut l'un des moments-phares de l'année 2002. Mais c'est une fois de plus très serré entre elle, Nicole Kidman (The Hours) et Julianne Moore (Far from Heaven). Salma Hayek (Frida), Diane Lane (Unfaithful), Lesley Manville (All or Nothing), Lucy Russell (L'Anglaise et le Duc), Meryl Streep (Adaptation et The Hours) et Renée Zellweger (Chicago), sont aussi formidables et captivantes. J'avais également beaucoup aimé Emily Watson dans Equilibrium, mais je n'ai pas revu le film depuis cette époque.


2003
Charlize Theron (Monster)
Samantha Morton (In America)
Diane Keaton (Something's Gotta Give)
Naomi Watts (21 Grams)
Keisha Castle-Hughes (Whale Rider)

Mon choix: Une sélection ennuyeuse au possible, où personne n'est mauvais ceci dit, mais où aucune des candidates ni aucun des films ne me tentent pour une deuxième visite, de quoi confirmer qu'il y a vraiment un problème avec les années en 3! Du coup, Charlize Theron s'impose vraiment par défaut, pour un travail d'une grande qualité sur le plan émotionnel (ses regards!), mais où son maquillage et sa métamorphose sont beaucoup trop ostentatoires pour réussir à nous connecter pleinement aux sentiments de l'héroïne, à l'image de ces cadeaux piégés où il faut déballer mille paquets avant de trouver le trésor. Samantha Morton est quant à elle très consistante pendant presque tout le film, mais sa grande scène à la clinique m'a semblé un peu trop surjouée par rapport à ce qui était montré de cette mère de famille jusqu'alors, d'autant que celle-ci est finalement un peu laissée pour compte par le scénario. Eût-elle été moins "secondaire", j'aurais pu lui donner ma préférence dans le groupe, mais en l'état, elle se contentera d'une bonne seconde place, devant Diane Keaton, dont les tics comiques fonctionnent à plein régime pour faire rire, même quand elle pleure, mais dont le film est beaucoup trop léger pour classer cette performance parmi ses sommets. De son côté, Naomi Watts se perd dans son film brouillon et misérabiliste, se partageant entre des scènes très bien jouées et des moments de douleur colérique atrocement surjoués. Néanmoins, si elle n'arrive pas à tirer son épingle du jeu, on sent qu'elle a évidemment plus de bouteille que Keisha Castle-Hughes, qui donne certes une performance relativement bonne pour une fillette de douze ans, mais qui joue toutefois avec la même expression tout du long.

Dans l'absolu: Patricia Clarkson, pour un joli rôle émouvant et nuancé (The Station Agent). J'aime aussi Anne-Marie Duff (The Magdalene Sisters), Scarlett Johansson (Girl with the Pearl Earring), Charlotte Rampling (Swimming Pool), même si une fois coutume je n'aime pas ce film d'Ozon; Charlize Theron (Monster) et celle qui aurait mérité une bien plus grande carrière, Evan Rachel Wood (Thirteen). Je n'ai pas aimé Japanese Story, de telle sorte que l'admirable Toni Collette en pâtit quelque peu, mais contre toute attente, il me semble avoir apprécié Jennifer Connelly dans House and Sand and Fog.


2004
Annette Bening (Being Julia)
Imelda Staunton (Vera Drake)
Catalina Sandino Moreno (Maria Full of Grace)
Kate Winslet (Eternal Sunshine of the Spotless Mind)
Hilary Swank (Million Dollar Baby)

Mon choix: C'est désormais officiel, Annette Bening est absolument imbattable avec sa grande performance de diva flamboyante et vulnérable, un rôle exquis qu'elle n'oublie jamais de rendre jubilatoire quelle soit l'émotion sollicitée. Pour les autres, force est de reconnaître que sans m'éblouir au plus haut, les trois suivantes exercent une grande séduction sur moi, Catalina Sandino Moreno se révélant très très forte dans son premier grand rôle, Kate Winslet se montrant dynamique tout en captant l'essence d'une époque, sans incarner pour autant le personnage le plus intéressant de la distribution (je lui préfère à la fois Carrey, Dunst et Ruffalo), tandis qu'Imelda Staunton donne une bonne performance où les émotions se bousculent sous son calme apparent, mais le style de Mike Leigh me laisse malheureusement assez froid. En revanche, Hilary Swank m'ennuie dans un film de Clint Eastwood, sachant que je dois toujours énormément lutter pour tenir jusqu'au bout devant un film de Clint Eastwood, sauf quand Jessica Walter vient pimenter le tout!

Dans l'absolu: Annette Bening reste mon actrice de l'année. Sa performance est un tel délice qu'elle en devient irrésistible et me donne envie de voter pour elle avec force enthousiasme. Outre la sélection officielle, j'aime aussi Julie Delpy (Before Sunset), Zhang Ziyi (Le Secret des poignards volants) et surtout Nicole Kidman pour deux mastodontes impressionnants, Birth et Dogville.


2005
Reese Witherspoon (Walk the Line)
Judi Dench (Mrs. Henderson Presents)
Charlize Theron (North Country)
Keira Knightley (Pride and Prejudice)
Felicity Huffman (Transamerica)

Mon choix: Une sélection apparemment maudite mais pas si mauvaise que ça dans le détail, même si je ne pense garder aucune des candidates dans l'absolu. Quoi qu'il en soit, je considère que d'un point de vue technique, Charlize Theron donne la performance la plus riche de la sélection, en sachant bien se mettre dans la peau de son personnage, notamment à travers sa détresse lors des diverses agressions subies dans la mine (j'achète moins sa vulgarité de façade dans les moments sereins), mais ça reste une interprétation un peu trop démonstrative à mon goût, l'actrice cherchant plus à montrer ce qu'elle sait faire, sans vraiment me connecter aux tourments de son personnage. Dès lors, je lui fais passer deux autres performances sous le nez, chacune étant effectivement moins étoffée, quoique beaucoup plus cool et divertissante, d'où ma préférence pour elles. Après, Reese Witherspoon ne gagne vraiment que par défaut, mais elle est si charismatique et dynamique qu'elle me plaît beaucoup, et sauve à mon avis ce biopic atrocement ennuyeux du naufrage (avec Joaquin Phoenix), bien qu'on puisse la considérer comme un second rôle. Judi Dench est quant à elle très rigolote, même si son personnage n'évolue pas, dans un film amusant et divertissant à souhait; tandis que Keira Knightley donne une interprétation très erronée de Lizzie Bennet à force de sourires niais et de minauderies, mais comme j'ai découvert l'univers de Jane Austen par ce film, ça m'a attaqué par surprise, si bien qu'il m'est impossible de nier le pouvoir de séduction que l'actrice a eu sur moi en phase de découverte. Felicity Huffman est en revanche totalement à côté de la plaque à mon avis, ou tout du moins tellement technique qu'on ne peut rien ressentir pour elle, ce qui me pousse à croire que les rôles de trans ne devraient pas être donnés à des interprètes cis (je n'attends rien du tout de Redmayne cette année, vraiment rien).

Dans l'absolu: Joan Allen dans The Upside of Anger, un petit film pas très mémorable mais où elle donne la performance de sa carrière, en passant par toutes les émotions possibles avec une vigueur magnétique. En considérant Reese Witherspoon comme un second rôle, et en conservant la délicieuse Judi Dench, j'aime aussi Toni Collette et Cameron Diaz (In Her Shoes), Q'orianka Kilcher (The New World) et Laura Linney (The Squid and the Whale), en attendant d'autres découvertes.


2006
Penélope Cruz (Volver)
Helen Mirren (The Queen)
Meryl Streep (The Devil Wears Prada)
Judi Dench (Notes on a Scandal)
Kate Winslet (Little Children)

Mon choix: Une excellente sélection qui me ravit à chaque fois, et dont chaque film me divertit grandement, à l'exception de Little Children, où Kate Winslet me surprend peu, de toute façon. Mais pour les autres, c'est parfait, au point qu'on ne souhaiterait aucun changement. Parmi elles, Helen Mirren a toujours eu ma préférence pour son charisme et son humanité malgré son personnage imbuvable, sachant qu'elle doit suggérer beaucoup de choses sans en faire trop, de quoi me réjouir inconditionnellement. Ceci dit, Penélope Cruz est volcanique dans un rôle très riche où elle brûle la pellicule, tandis que Meryl Streep est à hurler de rire en faisant des choix très pertinents qui évitent constamment les faux-pas potentiels qu'on aurait pu attendre de ce film médiocre et très mal écrit (les amis d'Andy, brrrrr). Judi Dench est enfin effrayante de venin contenu dans Notes, mais son personnage est trop glauque pour m'éblouir autant que ses trois principales concurrentes, d'où son injuste quatrième place.

Dans l'absolu: Je reste avec Penélope Cruz pour son plus grand rôle, même si le choix est compliqué. Outre la sélection officielle qui menace fortement la muse d'Almodóvar, j'aime également Kirsten Dunst (Marie-Antoinette), Martina Gedeck (La Vie des autres) et Gong Li (La Cité interdite). Une belle année!


2007
Julie Christie (Away from Her)
Laura Linney (The Savages)
Cate Blanchett (Elizabeth: The Golden Age)
Ellen Page (Juno)
Marion Cotillard (La Môme)

Mon choix: Une sélection vertigineuse allant de l'Everest à la fosse des Mariannes, la légendaire Julie Christie atteignant sans surprise des sommets où elle bouleverse avec son jeu minimaliste et ses regards chaleureux et très charismatiques, tout en étant talonnée par la toujours excellente Laura Linney, hélas coincée dans un film indépendant assez désagréable, mais constamment juste et nuancée dans sa relation conflictuelle avec son frère. Ellen Page fait quant à elle preuve d'une forte personnalité qui pourrait séduire... n'était-elle logée dans un film atrocement mal écrit où le dialogue sonne faux dès les premières minutes, l'actrice n'étant pas à même de sauver les meubles dans ce naufrage qui fit en son temps la joie de tous mes camarades de classe. Autrement, j'ai le regret d'annoncer que Marion Cotillard délivre la pire performance à avoir non seulement remporté un Oscar, mais peut-être même à avoir été nommée dans cette catégorie, la faute à un film épouvantable, à des grimaces et un maquillage outranciers, et à un portrait pas du tout convaincant, qui tend moins vers l'image d'une chanteuse populaire que vers des abysses de ridicule où le personnage passe son temps à s'égosiller: "Marceeeel!" ou "Mômoneuuuh!" Beurk, c'est affreux et très pénible, et seule la séquence au restaurant parvient à émerger dans cet océan de nullité, reconnaissons au moins ça à l'actrice, qui s'est heureusement très bien rattrapée après cette horrible année. Autrement, ma découverte de Cate Blanchett n'aura pas été vaine car elle est irrésistiblement drôle dans un mauvais film et... une mauvaise performance. Page est sans doute meilleure dans l'absolu, mais Blanchett est si hilarante dans son je-m'en-foutisme notoire que je la fais passer devant!

Dans l'absolu: Je ne sais plus où donner de la tête, mais l'invitation au voyage est trop forte. Il me faudrait le don d'ubiquité entre la Chine et la Roumanie, mais parce que j'aime les grands drames romanesques, disons Tang Wei pour Lust, Caution, le chef-d'œuvre d'Ang Lee où elle se montre exceptionnellement douée à chaque instant. Avec mille excuses pour Anamaria Marinca qui arrive juste après pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours; Julie Christie (Away from Her) et Nicole Kidman (Margot at the Wedding). Les actrices de comédies musicales, Amy Adams (Enchanted) et Helena Bonham Carter (Sweeney Todd), donnent également une touche colorée à l'ensemble.


2008
Melissa Leo (Frozen River)
Anne Hathaway (Rachel Getting Married)
Kate Winslet (The Reader)
Meryl Streep (Doubt)
Angelina Jolie (Changeling)

Mon choix: Une année extrêmement ennuyeuse, et pas seulement à cause de la liste officielle, et il est effarant de constater à quel point les sélections d'actrices de cette fin de décennie reflètent ma propre vie: l'excitation suprême en 2006/2007, la dévastation ultime en 2007/2008, et la longue marche pénible pour remonter la pente en 2008/2009. Néanmoins, si ce cru 2008 est assez décevant, le top 3 reste tout de même assez solide, ma préférence allant à Melissa Leo qui m'a ému dès le premier plan du film, alors que je pensais détester l'actrice violemment après son discours de remerciement de 2010. Mais vraiment, elle est bluffante et attachante, et me plaît finalement plus qu'Anne Hathaway, vraiment très bonne dans son premier grand rôle dramatique malgré un personnage qui me touche assez peu; et Kate Winslet, pas mal du tout dans un rôle de composition très sec, où à l'image de Charlize Theron les artifices sont de toute façon trop évidents pour m'émouvoir autant que je l'aurais voulu. Pour les autres, le cabotinage de Meryl Streep est un plaisir coupable que je ne déteste pas foncièrement, mais ses tentatives de nuancer le personnage tournent rapidement au grotesque, en particulier ses sourires joufflus tout à fait hors de propos. Quant à Angelina Jolie, elle n'est pas en mesure de sauver son film atrocement brouillon, et se partage entre quelques moments convaincants et de multiples passages où l'on croirait qu'elle s'en fiche et va se mettre à buter tout le monde telle Lara Croft, ce qui n'a rien à voir avec une mère célibataire des années 1930.

Dans l'absolu: Je hais le film, car c'est un film de prof avec tous les clichés du monde à décortiquer pour une dissert, au mépris de toute intelligence scénaristique, mais Kristin Scott Thomas parvient à transcender l'horrible Il y a longtemps que je t'aime avec son jeu magnifique de retenue. Outre Anne Hathaway et Melissa Leo, j'aurais également nommée la délicieuse Sally Hawkins pour le rôle qui l'a révélée, Happy-Go-Lucky, sans être aussi enthousiaste que le reste du monde devant le film.


2009
Helen Mirren (The Last Station)
Carey Mulligan (An Education)
Gabourey Sidibe (Precious)
Sandra Bullock (The Blind Side)
Meryl Streep (Julie & Julia)

Mon choix: Dix ans plus tard, Helen Mirren est décidément la plus mémorable du lot: croustillante à souhait, à la fois drôle et pathétique mais toujours avec une forte personnalité, elle livre une fois de plus une composition savoureuse où sa facilité à changer de registre est un régal. Et puis, elle se roule sur une berge comme un morse et caquette dans son lit avec Tolstoï! Comment ne pas aimer cette performance? Il est assez incroyable de voir qu'autant de cinéphiles la trouvent peu inspirée, car elle est au contraire merveilleusement captivante. Cela dit, Carey Mulligan fut à l'époque une vraie révélation, aussi fraîche que talentueuse, ce qu'ont largement souligné ses rôles suivants, même ceux passés inaperçus comme Mudbound ou Suffragettes. En tout cas, son entrée en scène dans le film qui nous occupe,  rien qu'en se promenant sous la pluie, m'a toujours fasciné. Autre révélation de l'année, Gabourey Sidibe fut elle aussi très bien dans son premier rôle, mais impossible de rentrer dans son film, où je l'ai néanmoins trouvée plus intéressante que la désormais célèbre Mo'Nique. Quant à Sandra Bullock, elle est censée incarner un personnage sympathique, mais s'est-elle rendue compte qu'avec sa voix monocorde, son ton autoritaire ("Big Mike! Viens là! Dors là! Raconte-moi tout! Je veux savoir!") et sa démarche de movie star en lunettes de soleil sur le stade, elle compose plutôt une héroïne insupportable qui m'a donné envie de sauter par la fenêtre à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche (ce qui arrive en moyenne toutes les dix secondes vu les acteurs apathiques en face)? Par ailleurs, elle n'a vraiment rien à faire à part un regard compatissant dans la nouvelle chambre, donc non merci. Enfin, la caricature de cantinière de Meryl Streep ne me fait pas rire du tout, et le film est tellement épouvantable que je ne veux plus en entendre parler, même si l'actrice a plus à faire que Sandra Bullock et qu'elle a au moins le mérite d'essayer d'amuser le chaland.

Dans l'absolu: Tilda Swinton pour Julia. C'est le plus grand rôle de sa carrière, et elle parvient à évoquer Gena Rowlands alors qu'on ne s'y serait pas attendu de la part d'une actrice aussi iconoclaste. En tout cas, c'est la performance de l'année, sans aucune contestation possible. La compétition reste pourtant très forte, avec Abbie Cornish (Bright Star), Kyōko Koizumi (Tokyo Sonata), Helen Mirren (The Last Station), Carey Mulligan (An Education) et Gabourey Sidibe (Precious).


Statistiques

Lauréates officielles: Kidman (02) > Mirren (06) > Roberts (00) > Theron (03) > Witherspoon (05) > Winslet (08) >> Swank (04) > Berry (01) > Bullock (09) >>> Cotillard (07).

Lauréates personnelles: Kidman (01) > Bening (04) > Christie (07) > Cruz (06) > Linney (00) > Moore (02) > Leo (08) > Mirren (09) > Theron (03) > Witherspoon (05).

Sélections: 2006 > 2002 > 2004 > 2001 > 2008 > 2000 > 2007 > 2005 > 2003.


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jeudi 12 novembre 2020

Oscar de la meilleure actrice: les années 1990

 


Les Années 1990


1990
Meryl Streep (Postcards from the Edge)
Anjelica Huston (The Grifters)
Joanne Woodward (Mr. and Mrs. Bridge)
Julia Roberts (Pretty Woman)
Kathy Bates (Misery)

Mon choix: L'une des sélections les plus épouvantables qui soient, où je déteste tout le monde sauf la superbe Meryl Streep, laquelle se surpasse dans tous les registres pour livrer une performance détonante qui relève considérablement le niveau. Quant aux autres? Joanne Woodward n'a quasiment rien à faire à part vaguement ennuyer dans un film insipide, Julia Roberts a au moins le mérite d'être charismatique mais dans une atrocité que je n'ai jamais pu finir, Anjelica Huston est affreusement caricaturale et se fait entièrement éclipser par Annette Bening, tandis que Kathy Bates donne une performance lourde, lourde, lourde et si pesante qu'il est absolument incroyable qu'ils lui aient donné un Oscar à elle, et pas à une Glenn Close beaucoup plus humaine et nuancée dans Fatal Attraction. Bref, je ne veux vraiment revoir aucun de ces quatre films, et avoir snobé la meilleure performance américaine de l'année discrédite complètement l'Académie.

Dans l'absolu: Mia Farrow pour Alice, le sommet de sa collaboration avec Woody Allen, et un joli rôle qu'elle nuance richement. Autrement, il me faut vraiment explorer l'année davantage: Meryl Streep est heureusement là pour colorer le tout, mais je n'ai personne d'autre à proposer en l'état. Bien sûr, Glenn Close est sensationnelle, à la fois pour Hamlet et Reversal of Fortune, mais ce sont davantage des seconds rôles. J'ai noté une longue liste de performances à découvrir, espérons qu'il y aura matière à piocher dedans.


1991
Susan Sarandon (Thelma and Louise)
Geena Davis (Thelma and Louise)
Jodie Foster (The Silence of the Lambs)
Laura Dern (Rambling Rose)
Bette Midler (For the Boys)

Mon choix: Pour effacer le souvenir de l'horrible année précédente, les votants se sont heureusement rattrapés avec 1991, dont seule la dernière de la liste, Bette Midler, n'avait rien à faire ici, entre son maquillage tapageur de vieille dame et des scènes dramatiques franchement maladroites, malgré un incontestable talent de bête de scène qui colle bien au propos. Les quatre autres sont en revanche extrêmement solides, mais si Laura Dern méritait vraiment sa nomination, il ne fait aucun doute que la victoire devait tout de même se jouer entre les trois autres et, malgré l'impossibilité de départager les excellentes et iconiques Thelma et Louise, j'en arrive quand même à préférer un tantinet plus Susan Sarandon, pour le moment dans ce que je considère comme son meilleur rôle, avec tout ce qu'il faut de charisme et de nuance pour éblouir au plus haut point. Avec sa non moins mythique Clarice, Jodie Foster trouve quant à elle une héroïne forte dont elle doit détailler la psychologie, de quoi faire remonter l'actrice dans mon estime alors que je suis loin d'être son plus grand fan.

Dans l'absolu: Je reste convaincu que Thelma and Louise reste la plus belle performance de Susan Sarandon, et le rôle-phare de sa carrière. Mais Geena Davis et Jodie Foster sont également superbes, de même que Marisa Paredes (Talons aiguilles) et deux actrices d'un même film mais dans des registres on ne peut plus différents: Kathy Bates et Mary Stuart Masterson pour Fried Green Tomatoes.


1992
Emma Thompson (Howards End)
Mary McDonnell (Passion Fish)
Catherine Deneuve (Indochine)
Michelle Pfeiffer (Love Fields)
Susan Sarandon (Lorenzo's Oil)

Mon choix: Une sélection un peu décevante, certes, surtout par rapport à l'année précédente, mais je garde une grande affection pour le top 3, dont Emma Thompson émerge triomphante grâce à une démonstration de talent qui me touche peu, mais qui reste franchement inégalable vu tout ce qu'elle apporte au rôle. A ses côtés, Mary McDonnell séduit par son charisme et son humour malgré la situation de son personnage, tandis que la reine de France en personne a plein d'excellents moments à son actif, bien qu'elle mette un peu de temps à trouver le ton juste à cause d'une première partie bancale. Les deux dernières m'ont curieusement ennuyé à mourir, si bien que je n'ai plus grand chose à dire sur elles tant elles sont peu mémorables, quoique Michelle Pfeiffer m'ait toujours paru plus intéressante de son côté.

Dans l'absolu: Alfre Woodard pour Passion Fish, l'une des mes actrices préférées, qui aurait ainsi fait l'histoire. Avec Mary McDonnell pour le même film, Catherine Deneuve (Indochine), Michelle Pfeiffer (Batman Returns), Miranda Richardson (Enchanted April), Winona Ryder (Dracula) et Emma Thompson (Howards End) à ses côtés.


1993
Emma Thompson (The Remains of the Day)
Holly Hunter (The Piano)
Angela Bassett (What's Love Got to Do with It)
Stockard Channing (Six Degrees of Separation)
Debra Winger (Shadowlands)

Mon choix: Contrairement à tout le monde, je n'aime pas particulièrement cette sélection, qui reste honorable, mais qui se résume pour moi au top 2, vraiment exceptionnel. J'ai d'ailleurs beaucoup de mal à départager mes deux finalistes, et force est de reconnaître qu'Holly Hunter est vraiment prodigieuse via tout ce qu'elle parvient à exprimer, de façon intense qui plus est, rien qu'avec son langage corporel, mais je dois avouer n'avoir jamais aimé La Leçon de piano même si j'ai tenté de me convaincre du contraire jadis, et je n'ai pas tout à fait compris où l'actrice voulait en venir, en fonction de la lecture fluctuante que j'ai du film. En fait, je préfère un milliard de fois Les Vestiges du jour, où la merveilleuse Emma Thompson est sublime, voire plus touchante encore que dans Howards End, et même si l'exploit d'Holly Hunter est indéniable étant donné les limites structurelles de son rôle, je n'ai pas de mots pour décrire l'effet qu'a la performance de Thompson sur moi. Pour les autres, Angela Bassett fait un bon travail, et réussit notamment très bien ses moments dramatiques tout en ayant beaucoup de charisme sur scène, mais son film est une fois de plus un biopic linéaire ennuyeux à mourir qui rend à mon avis les performances un peu vaines d'un point de vue artistique. Stockard Channing est pour sa part assez amusante, et Debra Winger fait le choix d'un jeu calme assez touchant malgré son problème d'accent, de telle sorte que si aucune d'entre elles n'a démérité, je ne me verrais vraiment pas les nommer pour ma part.

Dans l'absolu: Emma Thompson, qui méritait sa double nomination cette année-là, mais pour le doublé gagnant Les Vestiges du jour et Beaucoup de bruit pour rien. Pasttime with good company avec Angela Bassett (What's Love Got to Do with It?), May Chin (Garçon d'honneur), Holly Hunter (The Piano), Diane Keaton (Manhattan Murder Mystery), Michelle Pfeiffer (The Age of Innocence) et, pour la voir faire des miracles dans un petit rôle, Sigourney Weaver (Dave). Tilda Swinton est idéalement distribuée dans Orlando, mais je suis plus impressionné par le film que lui-même que par son interprétation.


1994
Jessica Lange (Blue Sky)
Susan Sarandon (The Client)
Jodie Foster (Nell)
Winona Ryder (Little Women)
Miranda Richardson (Tom and Viv)

Mon choix: Un cru de très mauvaise réputation, mais un petit bijou de perfection comparé à 1990. D'ailleurs, le top 2 me semble vraiment solide, en particulier grâce à Jessica Lange, surprenante en prenant le risque de sortir de son habituelle subtilité quelque peu agaçante pour aller vers quelque chose de plus expressif qui lui sied à merveille, et réussissant à me faire enfin ressentir quelque chose pour son personnage. Vraiment, son prix de 1994 n'est pas seulement un prix de consolation parce qu'elle n'avait toujours pas gagné comme premier rôle et qu'il n'y avait personne en face, c'est une vraie victoire méritée. Ceci dit, Susan Sarandon est éblouissante de charisme dans un film certes très décevant, mais où elle bénéficie d'un grand rôle fort qui justifie amplement sa nomination à mon goût, bien que ce fût perçu à l'époque comme une citation assez surprenante. Toutefois, si ces deux là élèvent cette sélection vers un bon niveau, je n'en dirais pas tant des trois autres, Jodie Foster m'énervant dans un rôle atrocement démonstratif que je ne souhaite nullement revoir, Winona Ryder étant modérément mémorable même si sa performance reste mignonne pendant le visionnage, et Miranda Richardson suggérant trop maladroitement les excentricités de son personnage, ce qui m'oblige à la classer cinquième, quoique ses bons moments soient supérieurs à ce que font Ryder et Foster de leur côté.

Dans l'absolu: Crissy Rock pour Ladybird, Ladybird, l'une des plus grandes performances qui soient, malgré une compétition miraculeuse comptant Isabelle Adjani (La Reine Margot), Gong Li (Vivre), Jessica Lange (Blu Sky), Sigourney Weaver (Death and the Maiden), mais aussi Kate Winslet et Melanie Lynskey pour le chef-d'œuvre de l'année, Heavenly Creatures.


1995
Susan Sarandon (Dead Man Walking)
Meryl Streep (The Bridges of Madison County)
Elisabeth Shue (Leaving Las Vegas)
Sharon Stone (Casino)
Emma Thompson (Sense and Sensibility)

Mon choix: Comme pour l'année précédente, je pense que la lauréate méritait vraiment son prix outre les facteurs externes qui ont conduit à cette victoire, et je fais d'ailleurs le même choix, vu que j'ai adoré la façon de Susan Sarandon de suggérer plein de choses sans jamais se dissimuler derrière le côté assez sympathique du personnage. Meryl Streep est quant à elle vraiment touchante dans le seul film de Clint Eastwood que j'arrive à supporter, mais je n'ai pas pleuré à la fin. Autrement, je ne pense pas grand chose de Sharon Stone, mais force est de reconnaître qu'elle est charismatique dans un second rôle, tandis qu'Elisabeth Shue est effectivement à la hauteur de sa réputation, sans me toucher plus que ça pour autant. Quant à Emma Thompson, elle est hélas affublée de l'héroïne la plus ennuyeuse de l'univers de Jane Austen, si bien que malgré une performance parfaitement comprise, je n'arrive absolument pas à m'intéresser à Elinor. J'aurais néanmoins nommé l'actrice comme scénariste, histoire d'entendre les merveilleux discours qu'elle a donné lors des remises de prix de l'année.

Dans l'absolu: Gong Li pour Shanghai Triad. Sa reprise de l'ode au Clair de Lune de Zhou Xuan est l'un des instants les plus magiques de l'histoire du cinéma. Et sa dureté de diva surprend après les héroïnes plus humbles qu'on lui connaissait jusqu'alors. On conservera autour d'elle la sélection anglophone, mais en ajoutant les candidates océaniennes éligibles cette année-là à Hollywood, Toni Collette pour le rôle qui la révéla (Muriel's Wedding) et Rena Owen pour sa magnificence dans Once Were Warriors.


1996
Emily Watson (Breaking the Waves)
Kristin Scott Thomas (The English Patient)
Brenda Blethyn (Secrets and Lies)
Frances McDormand (Fargo)
Diane Keaton (Marvin's Room)

Mon choix: Une année que je n'aime vraiment pas contrairement à ce qui se raconte un peu partout, même si Emily Watson est tellement éblouissante qu'elle éclipse totalement les autres, dans un rôle que j'aimerais revoir pour plus de détails, mais dont l'effet reste intact des années après. Autrement, Kristin Scott Thomas n'a plus grand chose à faire une fois les bases posées, dans le déjà assez vieillot Patient anglais, bien qu'elle m'y captive largement plus que Juliette Binoche. Brenda Blethyn compose pour sa part un personnage extrêmement irritant, mais à l'exception de son excellente scène de retrouvailles avec sa fille, sensationnellement bien jouée, sa performance qui reste uniquement sur la même note agaçante me crispe les nerfs rien que d'y repenser, même si j'entends la démarche. Pour Frances McDormand, c'est très simple: elle est à l'image de son film, à savoir une étrangeté inclassable bien mise en scène, mais qui ne me fait absolument ni chaud ni froid. Vraiment, ça ne me fait absolument pas rire, et je tombe constamment des nues quand je vois le nombre de fans autour de moi. Diane Keaton est quant à elle coincée dans un mélodrame médico-familial déjà plus du tout d'actualité à la fin de cette saison de remises de prix, même si elle n'y est pas mal en soi.

Dans l'absolu: Emily Watson est vraiment impressionnante. En glissant Kristin Scott Thomas du côté des seconds rôles, je lui ajoute la sublime Marianne Jean-Baptiste (Secrets & Lies), Nicole Kidman (The Portrait of a Lady), Kate Winslet (Jude), et les deux Evita, Esther Goris et Madonna, avec toutefois une nette préférence pour la seconde, évidemment très à l'aise dans un film entièrement musical.


1997
Helena Bonham Carter (The Wings of the Dove)
Julie Christie (Afterglow)
Judi Dench (Mrs. Brown)
Kate Winslet (Titanic)
Helen Hunt (As Good As It Gets)

Mon choix: Je n'aime aucune de ces interprétations dans l'absolu, mais le classement est extrêmement facile pour le moment, Helena Bonham Carter donnant une très belle performance intériorisée et nuancée dans un superbe éblouissement visuel qui me la rend d'autant plus sympathique. Je regrette néanmoins qu'elle s'efface de plus en plus dans la seconde partie, au point de me faire finalement préférer le personnage d'Alison Elliott. Pour les autres, Julie Christie est captivante dans un film brouillon au possible, Judi Dench impériale comme il se doit et surtout très intéressante dans l'expression de sentiments contenus, et j'ai adoré Kate Winslet instantanément en la découvrant sur son gros bateau. Je maintiens même qu'elle ne s'efface absolument pas derrière la débauche d'effets spéciaux et qu'elle donne une bonne performance dans ce film peu subtil, mais elle a fait tellement mieux après que ce rôle reste à présent l'un des moins intéressants de sa carrière. Helen Hunt est bien, sincèrement, mais je hais son film, où elle n'a pas grand-chose à faire de toute façon, sans compter que je suis insensible à sa personnalité lisse à mourir.

Dans l'absolu: Helena Bonham Carter continue de dominer l'année. En dehors de la liste officielle, on pourrait également citer Glenn Close (Paradise Road), Alison Elliott (The Wings of the Dove) et Gong Li (Temptress Moon). Pam Grier est idéalement distribuée en Jackie Brown, mais on lui demande de tout jouer sur la même note.


1998
Fernanda Montenegro (Central do Brasil)
Emily Watson (Hilary and Jackie)
Gwyneth Paltrow (Shakespeare in Love)
Cate Blanchett (Elizabeth)
Meryl Streep (One True Thing)

Mon choix: Une année un peu décevante, où rien de catastrophique n'est à signaler, mais rien de très excitant non plus, d'autant que les alternatives ne sont pas vraiment légion d'un point de vue américain. Ceci dit, en y repensant, j'ai vraiment appris à aimer ce que fait Fernanda Montenegro, puisqu'elle ne se repose jamais sur le cliché de la dame aigrie au grand cœur et détaille avec précision les aspects négatifs du personnage, bien qu'il y ait un peu trop de froideur pendant une trop longue première partie. Pour sa part, Emily Watson me semble une fois encore très consistante, et je garde sincèrement un bon souvenir de sa performance qui, elle aussi, ne lésine pas sur les imperfections d'un personnage que tout nous porterait à plaindre sur le papier. "Gwynie chérie" est quant à elle lumineuse dans une belle histoire qui me divertit constamment, en dépit d'une moustache de collégienne, tandis que Cate Blanchett a fini par m'ennuyer: elle surjoue beaucoup trop dans tous ses rôles, en particulier dans celui-là, et le film est si peu subtil qu'on se retrouve avec une caricature angoissante. Disons que j'ai constamment l'impression de voir une jeune actrice soucieuse de montrer ce qu'elle sait faire, au lieu de venir toucher le spectateur par ce qu'elle dégage. Enfin, Meryl Streep souffre du même problème que Diane Keaton deux ans plus tôt, même si je l'y trouve meilleure.

Dans l'absolu: Holly Hunter, exceptionnelle dans son plus grand rôle, Living Out Loud. Elle reste pour le moment mon principal atout pour nuancer la liste officielle, avec peut-être Ally Sheedy dans High Art, sous réserve d'une révision.


1999
Janet McTeer (Tumbleweeds)
Julianne Moore (The End of the Affair)
Meryl Streep (Music of the Heart)
Hilary Swank (Boys Don't Cry)
Annette Bening (American Beauty)

Mon choix: Là, il n'y a pas photo, Janet McTeer étant à des kilomètres au-dessus des autres, grâce à une performance surprenante où elle se fond merveilleusement bien dans le rôle d'une héroïne américaine, sans qu'aucune ficelle ne soit jamais apparente. En outre, c'est nuancé tout en restant irrésistiblement sympathique, d'où mon profond respect pour cette composition. Hélas, elle est la seule de la liste que j'aime vraiment. En effet, Julianne Moore m'impressionne par son charisme mais la scène du bombardement m'a toujours laissé un arrière-goût amer; Meryl Streep est très cool en jouant du violon, mais dans un petit film qui l'éloigne temporairement de ses plus grands exploits, et Annette Bening me plaît beaucoup lorsqu'elle se gifle violemment des deux mains, quoique son rôle tende malheureusement vers la caricature, d'autant que je n'ai jamais réussi à digérer son film. Reste le cas Hilary Swank: oui, on ressent vraiment quelque chose pour son personnage, mais pour moi, ça tient avant tout au scénario dans lequel toute la performance était déjà contenue sur le papier, l'actrice se contentant uniquement de la rendre vivante en faisant le strict minimum, c'est-à-dire en jouant avec le même sourire en coin dans la première partie, puis en pleurant dans la seconde. Sa composition est néanmoins très crédible, mais c'est aussi qu'elle a le physique de l'emploi. Bref, je ne suis pas assez convaincu même si je dois être seul sur Terre dans ce cas là.

Dans l'absolu: Bien du monde pourrait prétendre au titre, mais Janet McTeer continue de m'impressionner le plus. Avec néanmoins Julianne Moore, Cecilia Roth (Tout sur ma mère) et Chloë Sevigny (Boys Don't Cry) à peu de distance derrière elle. J'aime également beaucoup Catherine Keener (Being John Malkovich) et Gwyneth Paltrow (The Talented Mr. Ripley), mais ce sont plutôt des seconds rôles.


Statistiques

Lauréates officielles: Thompson (92) > Hunter (93) > Sarandon (95) > Lange (94) > Foster (91) > Swank (99) > Paltrow (98) > McDormand (96) > Hunt (97) > Bates (80).

Lauréates personnelles: Thompson (93) > Watson (96) > McTeer (99) > Sarandon (91) > Sarandon (95) > Streep (90) > Montenegro (98) > Bonham Carter (97) > Thompson (92) > Lange (94).

Sélections: 1991 > 1993 > 1992 > 1999 > 1997 > 1996 > 1998 > 1994 > 1990.


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Oscar de la meilleure actrice: les années 1980

 


Les Années 1980

1980
Ellen Burstyn (Resurrection)
Gena Rowlands (Gloria)
Mary Tyler Moore (Ordinary People)
Goldie Hawn (Private Benjamin)
Sissy Spacek (Coal Miner's Daughter)

Mon choix: L'année ne m'enthousiasme pas du tout, dans cette catégorie mais aussi en général, encore que je ne déteste personne parmi les cinq candidates. Sincèrement, aucune n'est indigne de sa nomination, mais de là à toutes les garder... Finalement, Ellen Burstyn reste ma favorite dans l'un des rares rôles où elle m'a vraiment touché, n'étant pas le plus grand fan de son jeu très "Actor's Studio", sachant qu'elle évite absolument tout pathos et qu'elle est totalement crédible et digne de bout en bout, au point d'être toujours, dans l'immédiat, ma favorite dans l'absolu vu le peu de films visionnés. Disons que seule la dernière partie avec sa coiffure de prophète me pose problème, mais dans l'ensemble, c'est très bon. Gena Rowlands est quant à elle badass et nuancée dans une histoire aberrante et s'élève à des kilomètres au-dessus du matériel, tandis que Mary Tyler Moore est très intéressante par ses souffrances masquées par une apparente dureté, quoiqu'elle aurait été plus à sa place comme second rôle. Goldie Hawn est à son habitude très sympa mais elle ne me fait pas rire du tout, son film encore moins, d'où la quatrième place, et Sissy Spacek est excellente, vraiment, dans une performance où tout vient de l'intérieur et où elle chante elle-même, son seul défaut étant de figurer dans un biopic ennuyeux au possible qui aligne les tranches de vie sans souci de raconter quelque chose. Dès lors, elle est peut-être meilleure que Hawn et Moore, mais son travail me semble finalement caduque à cause de son film, ce qui m'oblige à la classer (injustement) dernière. Mais en y repensant, toutes ont quelque chose, et toutes ces performances planent à des lieues au-dessus des films où elles ont le malheur d'être nichées.

Dans l'absolu: En l'état actuel de mes découvertes, ce n'est toujours pas l'année de mes rêves, et je reste avec Ellen Burstyn. En plus de Gena Rowlands et Mary Tyler Moore, je l'aurais nommée en compagnie de Judy Davis (My Brilliant Career), Nastassja Kinski (Tess) et Romy Schneider (Claire de femme).


1981
Susan Sarandon (Atlantic City)
Marsha Mason (Only When I Laugh)
Katharine Hepburn (On Golden Pond)
Diane Keaton (Reds)
Meryl Streep (The French Lieutenant's Woman)

Mon choix: Après des années d'attente, j'ai enfin vu Marsha Mason, et je ne sais franchement pas quoi en penser: j'aime certains aspects de son interprétation, d'autres moins, et le film m'ennuie au plus haut point. En attendant, Susan Sarandon plane loin au-dessus des autres, dans une performance qui mériterait un rafraîchissement de mémoire, mais que j'avais vraiment adorée sur le coup. Elle est donc ma gagnante provisoire, devançant largement les autres qui n'ont soit pas grand-chose à faire à part être sympathiques en jouant leur propre rôle (Kate), soit m'ont toujours paru relativement quelconques malgré deux essais, et ce alors que j'aime vraiment Reds (Keaton), soit qui sont atrocement techniques au point qu'on ne peut tout simplement rien ressentir pour leur personnage, d'autant que la déception fut rude après un scénario extrêmement alléchant sur le papier (Streep).

Dans l'absolu: Sissy Spacek pour son plus beau rôle, Raggedy Man, un choix très évident pour moi. L'autre évidence, c'est que Faye Dunaway méritait absolument sa nomination pour Mommie Dearest. Je les aurais proposées toutes deux en compagnie de Sally Field (Absence of Malice), Isabelle Huppert (Heaven's Gate) et Susan Sarandon (Atlantic City). Je ne sais pas si Catherine Deneuve était éligible pour Le Dernier Métro, mais d'autres performances, données par Julie Andrews, Jacqueline Bisset, Jessica Lange, Bernadette Peters et Hanna Schygulla, sont également très intéressantes.


1982
Meryl Streep (Sophie's Choice)
Julie Andrews (Victor Victoria)
Jessica Lange (Frances)
Debra Winger (An Officer and a Gentleman)
Sissy Spacek (Missing)

Mon choix: Une sélection particulière où tout le monde est bien, mais qui a surtout l'insigne honneur de comporter deux de mes performances favorites nommées aux Oscar. En effet, j'adore Meryl Streep dans son rôle-phare, où elle est aussi émotionnellement éblouissante que techniquement très maîtrisée entre larmes, accent et comportement rassurant, sans compter que je reste très fan du Choix de Sophie, qui a mon sens n'a pas du tout mal vieilli et me tente pour une revisite aux moins une fois par an malgré son triste sujet. En somme, Meryl méritait vraiment cet Oscar, mais voilà, ça tombe l'année de Julie Andrews dans le rôle de sa vie, où elle a nettement plus à faire que dans Mary Poppins et La Mélodie du bonheur, d'autant que Victor Victoria est possiblement le film qui me parle le plus personnellement, aussi bien d'un point de vue professionnel que d'un point de vue sentimental. Et puis vraiment, Julie est délicieuse, d'un charisme incroyable, d'un humour sans pareil et d'un éblouissement de tous les instants dès qu'elle monte sur scène, ce qui en fait un régal absolu pour moi! Mais puisque je suis actuellement d'humeur à la primer en 1965, je dis Meryl Streep en 1982: ça semble tellement évident. Pour les autres, Jessica Lange est à la hauteur de sa réputation dans une performance intense où son jeu naturel trouve un bel écrin pour s'épanouir, même si elle ne m'a jamais touché autant que Meryl Streep la même année; tandis que Debra Winger a de la personnalité à revendre dans un mauvais film que je n'ai aucun désir de revoir. Sissy Spacek finit encore cinquième par défaut, à mon grand regret, car malgré une performance réussie où elle joue surtout d'inquiétude et de nervosité, elle est tout de même éclipsée par son partenaire, d'autant que les bases de son personnage sont posées trop vite pour nous connecter à son parcours.

Dans l'absolu: Meryl Streep pour Le Choix de Sophie, mais je reste le cœur brisé pour Julie Andrews. Avec Jessica Lange juste derrière, la compétition reste extraordinaire, en composant avec Karen Black, Cher et Sandy Dennis pour Jimmy Dean, Diane Keaton (Shoot the Moon), Barbara Sukowa (Lola) et Rosel Zech (Veronika Voss). Une grande année!


1983
Julie Walters (Educating Rita)
Meryl Streep (Silkwood)
Debra Winger (Terms of Endearment)
Shirley MacLaine (Terms of Endearment)
Jane Alexander (Testament)

Mon choix: Un cru sur lequel je n'ai rien à redire, chaque candidate ayant mérité sa nomination, malgré mes difficultés à trouver ma favorite dans l'absolu. Pour le moment, c'est Julie Walters qui a cet honneur, tant elle est délicieuse et très charismatique à travers sa métamorphose de dame gouailleuse en dame cultivée. Meryl Streep sait quant à elle enrichir sa performance de multiples détails, bien que Silkwood ait à mon goût plus mal vieilli que Sophie's Choice. Mais ça n'enlève rien à la réussite de l'actrice, en dépit de ma préférence pour la divine Sophie. Pour les Tendres passions, j'ai longtemps hésité entre la mère et la fille, mais c'est finalement la seconde qui l'emporte, car même si elle n'a pas du tout l'air malade sur son lit d'hôpital, son discours avec ses enfants reste sublime, tandis que Shirley MacLaine reste drôle et touchante, quoique trop survoltée par moments pour me séduire autant que par le passé. Jane Alexander, enfin, reste très intense dans son film apocalyptique, et je l'ai vraiment trouvée digne d'une nomination sur le coup, même si elle ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.

Dans l'absolu: Il me faudrait explorer l'année davantage, mais puisque Le Retour du soldat semble s'être qualifié pour cette cérémonie, Glenda Jackson devient imbattable pour ce qui est devenu à mon goût le point d'orgue de sa carrière. Elle y est sensationnelle et dévastatrice, éclipsant au passage les pourtant excellentes Ann-Margret et Julie Christie. En les ajoutant aux candidates officielles, on arrive à une jolie sélection, qui mériterait encore de s'enrichir avec des rôles importants mais peut-être secondaires comme Hanna Schygulla dans La Nuit de Varennes et Janet Suzman pour Meurtre dans un jardin anglais.


1984
Judy Davis (A Passage to India)
Vanessa Redgrave (The Bostonians)
Sally Field (Places in the Heart)
Jessica Lange (Country)
Sissy Spacek (The River)

Mon choix: Une sélection qui a injustement mauvaise réputation, alors que toutes ces performances sont plus qu'honorables, hormis peut-être Sissy Spacek qui n'a rien à faire dans un mauvais film, à moins d'être coincée sous un tracteur. Les autres fermières sont en revanche très intéressantes, et Sally Field est chaleureuse et déterminée à souhait, mais je la classe tout de même quatrième car elle n'est vraiment qu'un personnage parmi d'autres dans son film choral, dont certains ont des parcours plus intéressants, tandis que Jessica Lange doit porter sa propre histoire sur ses seules épaules, sans compter que son choix d'une subtilité intense me semble être un plus grand challenge pour capter mon attention, de quoi lui valoir un point en plus. Néanmoins, ce sont surtout les dames en costumes qui dominent cette année à mes yeux, avec encore et toujours une magnifique Vanessa Redgrave, absolument parfaite dans un rôle délicieusement désagréable, où elle suggère tout ce qu'il faut au bon moment pour enrichir le rôle. Mais si Vanessa reste mon actrice préférée toutes générations confondues, je vote tout de même pour Judy Davis dans un grand rôle tout de désirs refoulés, dont les nuances fabuleuses colorent son austère héroïne au même titre que les images chamarrées de son voyage aux Indes.

Dans l'absolu: Je reste en compagnie de Judy Davis, dont je revoie le film une fois par an et dont la performance s'enrichit à chaque vision de multiples détails précis. Il me reste encore bien des films à découvrir, mais dans l'état actuel des choses, je la nomme aux côtés de Sally Field (Places in the Heart), Diane Keaton, sensationnelle Mrs. Soffel, Vanessa Redgrave (The Bostonians) et Kathleen Turner, immense dans deux rôles très différents (Crimes of Passion et Romancing the Stone). Isabelle Adjani est encore excellente dans L’Été meurtrier, de même que Mia Farrow dans Broadway Danny Rose, mais je n'aime vraiment pas leurs films, ce qui me refroidit quelque peu.


1985
Geraldine Page (The Trip to Bountiful)
Meryl Streep (Out of Africa)
Whoopi Goldberg (The Color Purple)
Anne Bancroft (Agnes of God)
Jessica Lange (Sweet Dreams)

Mon choix: A l'inverse, une sélection trop surestimée à mon goût, où le top 2 se détache très largement des autres. Je n'ai plus de souvenirs détaillés de Bountiful, mais j'avais adoré le cabotinage de Geraldine Page sur le coup, et son souvenir reste assez fort pour en faire ma gagnante parmi ce cru assez faible. Cependant, si Meryl Streep ne trouve pas le plus grand challenge de sa carrière dans Out of Africa, le simple fait d'entendre son délicieux accent danois et sa voix de conteuse qui fait monter les larmes aux yeux dès l'ouverture me rend extrêmement attaché à cette performance, l'actrice étant par ailleurs sublimée par les paysages du film, surtout dans son costume de chasse dans la neige nordique: c'est purement subjectif, mais cette séquence me fascine totalement. Pour les autres candidates, la fascination est hélas loin d'être au rendez-vous, et je suis désolé d'avoir à classer Anne Bancroft dernière, car ses meilleures scènes sont nettement plus captivantes que les performances de Jessica Lange et Whoopi Goldberg réunies, mais comme certains de ses choix comptent aussi parmi les plus grotesques de l'année, impossible de la prendre au sérieux la moitié du temps. Du coup, je suis forcé de classer Goldberg troisième dans un rôle où je la trouve fade beaucoup trop longtemps, et ce dans un film dégoulinant de bons sentiments qui m'exaspère. Jessica Lange est aussi charmante que touchante dans un film vraiment épouvantable, mais elle est parfois assez maladroite, si bien que la transformation de Whoopi Goldberg me semble en définitive plus consistante. Mais vraiment, je n'aime pas du tout ces deux performances dans l'absolu, et celle de Bancroft me divertit beaucoup plus malgré son naufrage...

Dans l'absolu: Norma Aleandro donne probablement la performance de la décennie dans L'Histoire officielle, sachant qu'elle y dévoile toutes les émotions possibles et imaginables dans un grand rôle fascinant. Mais j'enrage, cette même année, Vanessa Redgrave donne également sa plus grande performance dans l'intrigant et captivant Wetherby. Je veux vraiment voter pour les deux! Avec Cher (Mask), Mia Farrow (The Purple Rose of Cairo), Kelly McGillis (Witness), Geraldine Page (The Trip to Bountiful) et Meryl Streep (Plenty ou Out of Africa), on obtient encore une très belle année.


1986
Kathleen Turner (Peggy Sue Got Married)
Marlee Matlin (Children of a Lesser God)
Sissy Spacek (Crimes of the Heart)
Sigourney Weaver (Aliens)
Jane Fonda (The Morning After)

Mon choix: Une excellente sélection où j'aime toutes les performances, bien que seule Peggy Sue me passionne du côté des films, ceci étant en grande partie dû au travail de la merveilleuse Kathleen Turner dans un rôle où l'on ne voit jamais les ficelles, alors que c'est aussi drôle que déchirant (l'appel de la grand-mère, le regard de regret en passant devant le bar). Vraiment, j'adore, et j'éprouve le besoin de revoir ce film au moins une fois par an sinon plus, l'actrice y trouvant à mon avis son plus beau rôle. Ceci dit, Marlee Matlin est elle aussi sensationnelle, avec son jeu et son langage corporel aussi intenses qu'expressifs: il me faudrait revoir Children pour en parler plus en détails, mais de mémoire, l'Oscar est amplement mérité. Sigourney Weaver est quant à elle aussi badass que dans le premier opus, avec en prime un rôle plus étoffé qui interroge une personnalité maternante qu'on n'aurait pas soupçonnée, même si je la trouve tout de même plus intense et touchante dans le premier épisode, où elle me surprend plus, de toute façon. Sissy Spacek est délicieuse et drôle de son côté, éclipsant au passage ses illustres partenaires, mais dans un film malheureusement raté qui n'enlève par bonheur rien à sa performance. Du coup, c'est Jane Fonda qui doit fermer la marche cette fois-ci, la faute à son film épouvantable (on a vraiment du mal à croire que ça vienne de Lumet!), bien qu'elle y soit absolument charismatique et n'oublie jamais de nuancer sa détresse par un peu de légèreté. Mais vraiment, peu importe la qualité des films: personne ne tire l'année vers le bas dans cette sélection.

Dans l'absolu: Kathleen Turner dans ce rôle-là, c'est l'évidence même. C'est aussi l'occasion de récompenser une grande performance comique cette décennie, ce qui fait un bien fou. Je garde actuellement les autres candidates et remplace simplement Jane Fonda par Geena Davis pour La Mouche (The Fly), un film que je ne reverrai jamais mais où elle est sensationnelle. Julie Andrews à contre-emploi (Duet for One) et Helena Bonham Carter dans le chef-œuvre de l'année (A Room with a View), sont également parfaites. 


1987
Sally Kirkland (Anna)
Glenn Close (Fatal Attraction)
Holly Hunter (Broadcast News)
Cher (Moonstruck)
Meryl Streep (Ironweed)

Mon choix: Un autre très bon cru où tout le monde méritait sa nomination, même si la lauréate est quand même largement au-dessus du lot. En effet, Sally Kirkland crève l'écran telle l'ex-star qu'elle incarne, à laquelle elle donne autant de magnificence que de pathétique pour former un cocktail explosif qui écrase allègrement la compétition. En face, Glenn Close est particulièrement jouissive en psychopathe malade devenue mythique pour de bonnes raisons, même si ce n'est pas, pour moi, une performance aimable de prime abord. En revanche, Holly Hunter n'est pas la plus mémorable du lot, mais elle est excellente, et je n'ai strictement rien à redire sur sa composition. De son côté, Cher accroche le regard en un clin d’œil par son charisme, mais elle manque un peu de drôlerie pour marquer réellement les esprits dans un film avant tout comique. Meryl Streep est enfin très intéressante en clocharde, mais n'ayant jamais réussi à entrer dans son film franchement daté, impossible d'être vraiment touché par ce qu'elle fait, d'où sa dernière place, absolument pas représentative vu le niveau en face.

Dans l'absolu: J'aime tellement Sally Kirkland en dépit de la médiocrité de son film qu'il m'est absolument impossible de voter pour une autre. Et pourtant, la concurrence est rude avec, outre Cher, Glenn Close et Holly Hunter, Faye Dunaway (Barfly), Lillian Gish (The Whales of August), et Carmen Maura, exceptionnelle dans La Loi du désir. Hélas, Maggie Smith reste toujours introuvable à l'heure actuelle.


1988
Glenn Close (Dangerous Liaisons)
Sigourney Weaver (Gorillas in the Mist)
Meryl Streep (A Cry in the Dark)
Jodie Foster (The Accused)
Melanie Griffith (Working Girl)

Mon choix: Une victoire évidente, Les Liaisons dangereuses étant le film culte de mon adolescence, et Glenn Close ayant par conséquence gardé toute ma sympathie par pure nostalgie, mais aussi par mérite, tant son portrait délicieusement machiavélique me ravit au plus haut point, le grand exploit de l'actrice étant qu'elle parvient à me mettre totalement de son côté, autant pour la première partie piquante à souhait que pour les fêlures du deuxième acte. C'est parfois très joué, et pas forcément subtil par moments dans sa façon d'adresser des regards satisfaits à la caméra, mais ça fonctionne à merveille dans ce contexte, et on en redemande! Sigourney Weaver finit pour sa part seconde pour son joli rôle chaleureux et déterminé, tandis que les trois autres m'ont en revanche beaucoup déçu, ayant un réel problème avec la moitié de la performance de Meryl Streep malgré ses qualités, et n'arrivant pas à acheter la fausse vulgarité de Jodie Foster dans un film où sa collègue l'éclipse. Melanie Griffith, elle, porte un brushing... Quel courage!

Dans l'absolu: Glenn Close est l'actrice de l'année (et quelle année!), la question ne s'est jamais posée pour moi. Jamie Lee Curtis (A Fish Called Wanda), Faye Dunaway (Burning Secret), Gong Li (Le Sorgho rouge), Christine Lahti (Running on Empty), Carmen Maura (Femmes au bord de la crise de nerfs), Michelle Pfeiffer (Dangerous Liaisons), Gena Rowlands (Another Woman) et Sigourney Weaver (Gorillas in the Mist), forment autour d'elle le plus beau des écrins.


1989
Isabelle Adjani (Camille Claudel)
Michelle Pfeiffer (The Fabulous Baker Boys)
Jessica Lange (Music Box)
Pauline Collins (Shirley Valentine)
Jessica Tandy (Driving Miss Daisy)

Mon choix: Une assez bonne sélection où je ne déteste personne, mais où le top 2 fait la course en tête. En général, c'est considéré comme l'année Michelle Pfeiffer dans un rôle mythique où elle émeut et chante avec la même puissance, avec en prime un grand pouvoir de séduction, mais ma préférence ira toujours à mon idole Isabelle Adjani, d'une intensité incomparable dans sa lente descente vers la folie, à travers une passion dévorante pour son art, et une joie de vivre non moins violente dans le premier acte, de quoi rendre le second d'autant plus choquant dans cette belle réussite cinématographique. En revanche, je suis moins fan des trois autres, mais Jessica Lange est irréprochable à mesure qu'elle fait des découvertes dramatiques dans son enquête, et Pauline Collins a de la personnalité à revendre, mais hélas dans une mauvaise adaptation qui la force à être plus théâtrale que cinématographique, d'où un rôle qui ne fonctionne qu'à moitié. Jessica Tandy était sincèrement sympathique à découvrir la première fois, mais elle n'est finalement pas très mémorable après coup, sans compter que le film ne me plaît pas assez pour avoir envie de lui redonner une chance. Mais elle n'est pas mauvaise du tout, que cela soit dit!

Dans l'absolu: Isabelle Adjani pour sa plus grande performance, Camille Claudel, ce que m'a confirmé une révision cet été. Malgré tout, l'année n'en reste pas moins très riche avec Annette Bening (Valmont), Isabelle Huppert (Une Affaire de femmes), Michelle Pfeiffer (The Fabulous Baker Boys), Meg Ryan (When Harry Met Sally...), Kathleen Turner (The War of the Roses) et mon coup de cœur méconnu, Angela Walsh (Distant Voices, Still Lives).


Statistiques

Lauréates officielles: Streep (82) > Matlin (86) > Page (85) > MacLaine (83) > Cher (87) > Field (84) > Hepburn (81) > Spacek (80) > Tandy (89) > Foster (88).

Lauréates personnelles: Close (88) > Streep (82) > Kirkland (87) > Adjani (89) > Turner (86) > Davis (84) > Sarandon (81) > Walters (83) > Page (85) > Burstyn (80).

Sélections: 1986 > 1987 > 1982 > 1983 > 1989 > 1984 > 1980 > 1988 > 1981 > 1985.


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