mercredi 14 mai 2014

Désir

Non, ceci n'est pas une critique de la délicieuse comédie de Borzage avec Dietrich et Cooper, mais un petit article osé en un soir où je me retrouve tristement isolé à la maison. Car voilà bientôt deux ans que Gretallulah est sortie de sa tour d'ivoire, et je viens juste de réaliser que nous n'avons toujours pas parlé du sujet ultime par excellence: le désir et la séduction.

Tallulah: Désir? Séduction? On peut participer?

Orfeo: C'est-à-dire que... N'avez-vous pas une Joan Crawford à courtiser?

Tallulah: Ah oui, c'est vrai, j'allais oublier. Eh bien, je repasserai peut-être une prochaine fois. Bye Dahling!

Ouf! Et maintenant que la voie est libre, profitons-en pour présenter mon top actuel des dix personnages du cinéma "classique" les plus excitants selon mes critères très particuliers. Et tuons le suspense tout de suite: plus un type est fou furieux, plus il a de chance de me séduire. La preuve ci-dessous:


10 ~ Le comte Orlok (Max Schreck) dans Nosferatu

Oups. Ça commence mal, me direz-vous. Alors évidemment, vous allez trouver qu'il est laid, et je ne peux pas vraiment vous en tenir rigueur, mais malgré tout, ça ne l'empêche nullement d'avoir une formidable puissance érotique, comme le veut de toute façon le scénario. Sans doute le costume y joue pour beaucoup, à commencer par sa plume au vent dans une campagne désolée, en plus de sa "mitre" pour le moins abracadabrante, mais il est vrai que physiquement, quelque chose d'extrêmement séduisant se dégage du comte: ses sourcils d'ébène, ses yeux cernés de noir, ses mains allongées laissant entrevoir la possibilité d'une étreinte, ou encore sa démarche rigide, tout concourt à évoquer un puissant désir chez moi. Même ses dents paraissent totalement acceptables après coup, c'est dire...


9 ~ The Lodger (Ivor Novello) dans The Lodger: A Story of the London Fog

Forcément, le fameux locataire d'Hitchcock est ceint d'une aura de mystère qui renforce son pouvoir de séduction, et rien que cette fabuleuse entrée en scène, un visage pâle à moitié dissimulé sous une écharpe obscure, lui fait gagner de très nombreux points. Et lorsqu'il se dévoile, son élégance et sa coiffure des années 1920 ne lui font rien perdre de son charme, au contraire.


8 ~ Richard Waldow (Brian Aherne) dans The Song of Songs

Objectivement, avec ses cheveux aplatis de la sorte, ce n'est pas nécessairement le type sur lequel je me retournerai en priorité dans la rue, mais avouons que dès qu'il se met à parler avec un brin d'agacement dans la voix, la séduction apparaît aussitôt avec son charisme. Et ce côté "artiste bohème" joue également beaucoup en sa faveur, a fortiori lorsqu'il peut évoluer sur mon morceau préféré de Tchaïkovski, au sein d'un film que j'aime beaucoup malgré ses défauts. Le fait que Brian Aherne soit aussi l'un de mes acteurs préférés, que je trouve fabuleusement séduisant et talentueux à peu près partout, même avec de gros favoris dans Juarez, mais plus encore dans Sylvia Scarlett et My Sister Eileen, doit aussi expliquer mon vif intérêt pour ce personnage.


7 ~ Jin De Hen/金德恩 (Jin Yan/金焰) dans Peach Blossom Weeps Tears of Blood/桃花泣血記

Difficile de trouver une image tirée du bon film tant l'acteur se fait rare sur les zones de recherches occidentales, mais j'ai toujours été totalement envoûté par son physique dès son entrée en scène aux côtés de la divine Ruan Lingyu. Et si je n'ai pas de préférence physique entre Greta Garbo et son alter ego chinoise, impossible de nier que Jin Yan est mille fois plus attrayant que son équivalent européen, le bellâtre Valentino. Pola Negri risque de n'être pas tout à fait d'accord avec moi, mais j'assume!


6 ~ Armand Duval (Robert Taylor) dans Camille

Là, c'était la mention facile de la soirée, mais impossible de faire l'impasse sur Robert Taylor dans Camille, mon fantasme ultime d'adolescent. Il faut dire que l'acteur est absolument sublime, aussi bien sur le plan physique qu'en termes de jeu, dans ce qui reste son plus beau rôle, et tout le romantisme qu'il dégage me charme à un point inimaginable, et me fait même désirer rencontrer un amant aussi affable qu'Armand, même si dans la vraie vie les connards prétentieux et autres pervers narcissiques parasitent malheureusement le marché des amours. Mais ne désespérons pas, et consolons-nous avec Armand et Marguerite dans l'immédiat!


5 ~ Dr. Henry Jekyll (Fredric March) dans Dr. Jekyll and Mr. Hyde

Ici, je ne parle que du docteur Jekyll, pas de l'ignoble Mr. Hyde qui martyrise effroyablement la plus grande actrice de l'univers (devinez qui!). Il faut dire que Fredric March jeune est déjà très beau en soi, mais là où le charme opère vraiment, c'est lorsque le personnage commence à se lâcher, passant du type très propre sur soi au savant fou beaucoup plus négligé, avec en point d'orgue cette mèche sur le front qui achève de le rendre savoureusement séduisant. Le trouble d'identité et de personnalités le rend également d'autant plus excitant.


4 ~ Georges de la Croix (Alfred Abel) dans Sappho

Comme je le révélai plus haut, je me trouve systématiquement attiré par les psychopathes et les fous furieux. Avec Alfred Abel dans ce génial film muet haut en couleurs, je suis servi, puisque le comte de la Croix subit lui aussi une évolution drastique qui le fait passer du beau mondain intègre aux costumes impeccablement repassés au fou le plus effrayant de l'univers, mal rasé et dont le visage tordu dans tous les sens lui confère un aspect effrayant, que sa beauté naturelle sait tout de même rendre fascinant, voire carrément attrayant. Du coup, il a beau tenter de s'en prendre à l'immense Pola Negri dans son plus beau rôle, je n'arrive même pas à lui en tenir rigueur...


3 ~ Comte Alexei Alexandrovich Karénine (Basil Rathbone) dans Anna Karenina

J'ai longtemps hésité avec Sir Guy of Gisbourne tant Basil Rathbone parvient à être extrêmement séduisant en costume historique, mais comme il donne sa meilleure performance dans Anna Karénine et que je fantasme totalement sur la Russie du XIXe siècle, c'est finalement l'époux engoncé dans ses principes qui a emporté l'adhésion. En même temps, Karénine a beau être dur, voire carrément cruel par moments, il a aussi un véritable côté touchant qui l'humanise et le rend d'autant plus séduisant, tout du moins grâce à la performance de l'acteur. Et Basil Rathbone est vraiment très beau, si bien qu'il est difficile de lui résister, tous méchants ses personnages soient-ils.


2 ~ Scott ffolliott (George Sanders) dans Foreign Correspondent

En général, George Sanders est plus mémorable lorsqu'il incarne de vilains personnages effroyablement cyniques, et je vous rassure tout de suite, je le trouve extrêmement attractif dans ces rôles-là, Addison DeWitt en tête. Mais curieusement, le sympathique Scott à l'initiale perdue est vraiment le rôle où je le préfère côté séduction, sans que j'aie de véritables arguments à avancer. Dans tous les cas, je suis extrêmement sensible aux voix, et à ce titre, George Sanders bénéficie sans conteste de la voix la plus suave et attirante du septième art. On en viendrait même à fantasmer sur un tigre rien que pour l'écouter parler...


1 ~ Nicholas van Ryn (Vincent Price) dans Dragonwyck

Alors là, il est méchant, drogué et sans doute un peu fou sur les bords, mais aussi méprisant et d'un maintien tout aristocratique, donc... bingo, c'est tout ce qui m'attire! Ajoutons à cela le mystère qui entoure ses actions, et la grande performance d'un acteur au meilleur de sa forme qui fait durer le suspense jusqu'au bout, injectant par-là même des petites touches de nuances dans ce personnage a priori glacial, et l'on obtient vraiment l'homme le plus excitant qui soit au cinéma.

Sinon, je dois avouer que Cary Grant dans La Mort aux trousses, Clark Gable dans Les Révoltés du Bounty, Gary Cooper jeune, Charles Boyer dans Gaslight, Paul Robeson dans Show Boat, Montgomery Clift dans The Search, James Dean dans la Fureur de vivre, Paul Newman dans La Chatte sur un toit brûlant, mais surtout Errol Flynn dans toute sa filmographie, malgré un côté playboy trop prononcé pour me séduire totalement, en ce qui le concerne; auraient été des alternatives très honorables. Malheureusement pour eux, je leur préfère les fous, les psychopathes, les fourbes, les cruels et les vampires. Priez pour moi!

8 commentaires:

  1. "Malheureusement pour eux, je leur préfère les fous, les psychopathes, les fourbes, les cruels et les vampires" ... cela dit Charles Boyer dans Hantise n'est pas mal non plus dans le genre ... J'ajouterais que tu apprécies l'onctuosité quoi ...

    Alors je note en tout cas pour "Sapho", j'aime à la fois le roman et l'opéra et j'ai été déçu par la version Garbo trop "damocameliaisée" et (moins) par la version Maria Felix.

    Sinon au moins pour le numéro 10 je pense que tu seras seul sous le coup (je vais éviter le jeu de mots avec pieu, l'histoire de rester au diapason de l'élégance du blog).

    Et tu n'es pas le seul garçon à fondre pour Vincent Price, Georges Sanders et j'en passe, j'ai l'impression qu'ils sont dans la liste de beaucoup, si, si (pas la mienne, cela dit, mais je respecte !)

    PS : il faut vraiment que me mette aux chinoiseries un jour.

    L'Anonyme.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Charles Boyer a beau ne pas être le mari le plus sympathique qui soit dans Gaslight, il est quand même la principale victime de l'affaire... Supporter les pleurnicheries d'Ingrid Bergman toute la journée... Le pauvre!

      Et en effet, Inspiration est l'un des plus mauvais films de Garbo. Rien de désastreux non plus, mais c'était pour le moins... soporifique. Rien à voir avec le chef-d'oeuvre d'Abel et Negri.

      En tout cas, je suis très fier de mon n°10, et je sais que personne n'ira me le piquer si je tombe sur lui en vrai!

      Et dans ta liste, on trouverait qui?

      Supprimer
  2. Alors, si l'on prend une liste de ce type je pense qu'il y aurait évidemment Robert Taylor dans Camille (il devrait figurer dans la liste de n'importe quelle personne sensée).

    Mais sinon, sans ordre ça donnerait il y aurait :
    Jeff Chandler dans Female on the beach/L'Oiseau du Paradis
    Michael York dans Justine/Cabaret/Les Trois mousquetaires etc...
    Tyrone Power dans Marie-Antoinette
    Charles Korvin dans Tentation (je pense qu'il devrait te plaire aussi d'ailleurs)
    Robert Taylor dans Camille donc
    Troy Donahue dans les Delmer Daves
    Louis Jourdan dans Gigi/Lettre d'une inconnue/Le Cygne etc...
    Buddy Rogers dans My Best girl
    Marlon Brando Le Tramway
    Gene Kelly dans à peu près tout.



    Je suis beaucoup plus conventionnel quoi ...


    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai l'impression d'être seul au monde à ne pas trouver Marlon Brando absolument irrésistible (du point de vue de la séduction)... Mais je connais une fille qui, selon ses propres mots, fantasme sur lui "surtout depuis qu'il est mort". Il y avait vraiment des gens bizarres dans ma promo...

      Supprimer
  3. Je découvre que, sans son attirail de créature de la nuit, Max Schreck est plutôt charmant. Même si je ne doute pas que tu préfères le magnétisme cadavérique du comte Orlok.
    http://25.media.tumblr.com/tumblr_m6cm0r1Sha1qeu6ilo1_500.jpg

    Sans avoir vraiment réfléchi au sujet, je pense qu'au moins deux personnalités de ta liste se logeront sans problème dans mon propre top.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Lesquels? Je parie sur Taylor, mais je ne sais pas trop qui annoncer pour le deuxième. Quant à Max, il est certes pas mal sur la photo choisie, mais je le préfère quand même en vampire!

      Supprimer
    2. Ce n'est pas un scoop, Armand Duval se trouve effectivement dans ma liste. Quant au second, il s'agit bien évidemment du grand Basil Rathbone, dont l'interprétation du prince Karénine n'a qu'un seul défaut: il est beaucoup trop séduisant pour qu'on puisse croire qu'Anna préfère s'encanailler avec Vronski (Fredric March n'est jamais aussi falot que quand il joue les héros) alors qu'elle a Basile Rathbone à la maison.

      Supprimer
    3. Oui, tout à fait! D'autant que Karénine n'est jamais aussi séduisant que lorsqu'il se trouve face à Vronski. Je pense surtout à l'arrivée d'Anna en gare de Saint-Pétersbourg : entre un Basil décontracté et un Fredric constipé, n'importe qui passerait la nuit avec le premier!

      Supprimer