lundi 14 avril 2014

14 avril


En ces moments de pannes de temps libre et d'inspiration, je ne sais plus trop quoi vous dire. Alors, je me contenterai de ces quelques mots: j'aime tout! J'aime tout ce qui provient de ce chef-d'oeuvre de Sofia Coppola, le film sorti au bon moment dans ma vie: bac, permis, majorité, premières années d'études supérieures, premières soirées rock'n'roll, premières amours, ce sentiment troublant de se sentir adulte tout en restant fondamentalement adolescent... Bref, la période 2006-2007 reste à ce jour la plus intense et la plus grisante jamais vécue pour moi, et nul film n'aurait pu atteindre une meilleure réussite de timing pour accompagner tous ces instants. Inutile de préciser que le recul me rend quelque peu nostalgique...

Ceci dit, cette concordance absolument parfaite n'est que l'une des très nombreuses qualités de ce diamant sans aucun défaut, et comme il m'est très difficile de trouver les mots pour parler en bien de mon Humoresque des années 2000, j'irai directement à l'essentiel. Qu'on prenne l'écriture d'un destin unique qui évoque paradoxalement plein de sentiments universels grâce au judicieux parti-pris de briser les frontières entre histoire et actualité, qu'on prenne l'exploration richement détaillée de ces émotions parfois contradictoires qui nous tenaillent tous aux périodes charnières de nos vies, qu'on prenne cette atmosphère insouciante sous des ors éblouissants alors qu'on a le sentiment que le tragique arrive à grand pas, qu'on prenne ces lendemains d'anniversaire mélancoliques, qu'on prenne la sublime photographie de Lance Acord, sous l'oeil de qui des mouvements quotidiens tels une promenade dans les champs ou l'envol d'une abeille deviennent d'une beauté artistique rare, qu'on prenne ces clins d’œil humoristiques aux mœurs versaillaises dont ces irrésistibles mécaniques de levers royaux, qu'on prenne ces réjouissants échos à Norma Shearer ou Bob Fosse, et que l'on prenne encore cette avalanche de costumes et macarons colorés suscitant de multiples désirs, voilà autant d'arguments qui prouvent que oui, j'aime précisément tout dans ce film.

Les performances d'acteurs ne sont d'ailleurs pas en reste, qu'il s'agisse d'une Kirsten Dunst d'une émotion à fleur de peau, et absolument phénoménale lorsqu'elle s'effondre suite à ses déconvenues maternelles; d'un Jason Schwartzman touchant à souhait par sa gaucherie, d'une Judy Davis hilarante rien qu'avec trois grimaces, d'une vieille bique encore plus drôle avec ses trois tonnes de peinture sur des rides fossilisées, d'un Rip Torn totalement détonnant dans un univers sclérosé, et surtout d'une Rose Byrne plus inspirée que jamais en bonne copine complètement extravertie, donnant par-là même une brillante imitation de votre serviteur avec une coupe de champagne dans le nez!

Et cependant, il y a encore mieux, Marie Antoinette pouvant se targuer d'avoir la meilleure bande-son non originale jamais réunie en un même film, de New Order à Windsor for the Derby, de Siouxie and the Banshees à Bow Wow Wow, de Radio Dept. à The Cure, d'Air à Squarepusher, de Rameau à Vivaldi, avec en point d'orgue le sublime morceau April 14th d'Aphex Twin posté à l'instant. 

En somme, voilà le film parfait dans toute sa splendeur, et l'un de ceux qui me touchent le plus émotionnellement. Un 10/10 chamarré ne me semble même pas assez...


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