samedi 17 décembre 2016

Alliés (2016)


Ce n'était pas du tout prévu au programme, mais pour des raisons diplomatiques, il s'avère que je suis allé voir le nouveau film de Robert Zemeckis cette semaine. Ce n'est pas un réalisateur qui m'inspire: l'agréable Romancing the Stone doit tout à la divine Kathleen Turner, Death Becomes Her est un sommet de vulgaire sauvé par Meryl Streep voyant à travers sa rivale, et Roger Rabbit restera un bon souvenir d'enfance, mais ce n'est évidemment pas un chef-d’œuvre. Quoi qu'il en soit, ces films atteignent tous un degré de divertissement non négligeable, ce qui est également le cas d'Alliés. Ça tombe bien, j'aurai passé un bon moment inattendu malgré d'indéniables défauts.

Pour aller à l'essentiel, ces défauts viennent principalement du rythme, qui accuse certaines longueurs, notamment dans la première partie marocaine où la montée en puissance vers le massacre est bien trop plate, avec tous ces dialogues d'intérieur entre Brad Pitt et Marion Cotillard. Il est tout de même intéressant de voir comment naît leur complicité, alors qu'ils ne se connaissent pas et doivent faire croire au reste du monde qu'ils sont mariés, mais l'évidence demeure: ça manque un peu de piquant. Il faut dire que les acteurs ne sont pas franchement bien assortis, car autant Marion a le mérite de sourire de façon charismatique avant de laisser monter l'émotion, autant le blondinet hideux dont elle est affublée a à peu près autant de présence qu'une pelle en plastique fondue, ce qui limite considérablement son jeu d'acteur, d'où l'installation de longueurs là où l'on aurait aimé une alchimie digne de Notorious ou Casino Royale. Après, le second acte londonien tient davantage en haleine via l'enquête menée par l'un des membres du couple sur son conjoint, mais là encore, force est de reconnaître que Brad Pitt ne se pose pas franchement de questions et reste assez inexpressif. On reprochera également au scénario de mal exploiter le fléchissement psychologique affectant les héros complices, en préférant se recentrer sur des scènes de violence virile entre soldats au lieu de rendre la relation centrale réellement complexe. Par ailleurs, l'histoire échoue à bien développer les personnages secondaires, à commencer par la sœur lesbienne, supposément très importante lors de son entrée en scène mais qui ne sert finalement à rien.

Cependant, rien de tout ça n'empêche de suivre le film avec intérêt. L'enquête londonienne cultive assez les impasses pour rebondir, et ce sans chercher à trop noyer le poisson pour mieux rester fidèle aux parcours présentés, et l'émotion qui affleure est toujours bienvenue. Mais la grande qualité du film, c'est sa réussite plastique: rien que l'introduction sur le parachute dans le désert donne envie d'acheter le DVD pour faire des captures d'écran (mon addiction). L'ambiance rétro marocaine est d'ailleurs délicieuse malgré la gravité de ton, avec une photographie lumineuse et de somptueux costumes, et la partie anglaise n'est pas en reste malgré un terrain moins exotique. J'arrive même à ne pas trouver totalement ridicules les scènes trop ahurissantes de l'accouplement dans la tempête de sable, et de l'accouchement sous les éclairs aveuglants du Blitz.

Alors... J'ai en effet passé un bon moment devant Alliés, qui vaut le coup pour son ambiance surannée, aussi bien sur le fond que sur la forme, mais qui n'est évidemment pas un grand film. Je me félicite surtout de n'avoir lu aucun synopsis avant d'entrer dans la salle, car j'aurais peut-être trouvé les situations plus convenues. Mais tout fut très divertissant, et tant mieux. Dommage que les performances n'aient pas été mieux façonnées: même Marion Cotillard, pourtant pas mal en soi, n'est qu'au minimum de ses capacités. Parce que c'est trop récent et que l'ensemble n'est pas d'une complexité folle, je laisse mon ressenti plutôt positif l'emporter et monte jusqu'à un minime 6/10 au regard du plaisir provoqué. Mais ç'aurait pu être tellement mieux entre les mains d'un meilleur metteur en scène...

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