dimanche 28 novembre 2021

En Mauriacois


Dernière étape d'Auvergne évoquée cette année, voici Mauriac. Cette paisible sous-préfecture du Cantal est injustement laissée pour compte par les guides touristiques, alors que j'y ai passé un très bon moment. Moins tapageuse que Saint-Flour, évidemment moins peuplée qu'Aurillac, un peu éclipsée par les mastodontes obligatoires comme Salers ou le puy Mary, dont elle est pourtant un point d'accès plus qu'honorable, Mauriac est une ville discrète qui ne cherche pas à tromper le visiteur, préférant le laisser découvrir ses nombreux atouts à tête reposée au lieu de lui en mettre d'emblée plein la vue. C'est là une mentalité que j'apprécie. C'est d'ailleurs à Mauriac que j'ai passé la nuit la plus agréable de mon séjour, mais il faut dire qu'avoir récupéré une suite parentale pour moi tout seul avec vue sur des chevaux paissant dans les prés était assez enchanteur pour dormir comme un loir. Surtout, après avoir passé deux jours à courir dans tous les sens pour voir le maximum de choses, j'ai débarqué à Mauriac en fin d'après-midi avec la ferme intention de me relaxer, ce qui m'a permis de poser ma valise le plus tranquillement du monde et de n'avoir d'autres préoccupations qu'arpenter les vieilles rues baignées par le soleil couchant. On était loin de l'angoisse de trouver une chambre la nuit tombée dans des préfectures comme Clermont-Ferrand et Le-Puy-en-Velay!

De toute manière, j'ai un faible pour les petites sous-préfectures excentrées, qui sont généralement de jolis mélanges de ville et de campagne sans trop de béton. Ainsi, voir les champs à perte de vue depuis les remparts est assez rassurant : je pourrais tout à fait m'établir dans ce genre de villes, à condition de leur redonner plus de poids. D'ailleurs, si ça ne tenait qu'à moi, tous les chefs-lieux de cantons devraient avoir en leur sein tous les services publics imaginables, dont entre autres des hôpitaux et des médiathèques largement garnies en raretés : l'accès aux soins et à la culture devrait même être gratuit pour tout le monde, et personne ne devrait avoir à traverser la moitié d'un département pour en bénéficier. Politique de décentralisation à revoir, donc.


L'édifice le plus renommé de Mauriac est certainement la basilique Notre-Dame-des-Miracles, qui trône sur la place Pompidou aux côtés de la modernité d'un hôtel de ville de style Restauration. Il s'agit de la plus grande église romane de Haute Auvergne, à savoir l'actuel Cantal (la Basse Auvergne historique désignant le Puy-de-Dôme et le Brivadois), mais le charme opère joliment sans que ses dimensions phagocytent le centre-bourg. En ses entrailles se niche une cuve baptismale polychrome que ajoute des couleurs chaleureuses à la pierre grise, tandis que le portail occidental fait la part belle aux animaux, des signes du zodiaque accueillant l'ascension du Christ à ce lion pas vraiment volatil. Signe de l'importance de la religion, la même place centrale de la ville accueille également le monastère Saint-Pierre, qui n'était plus ouvert à mon arrivée mais qui mérite apparemment le détour. Ce sera l'occasion d'y revenir, ainsi que de parcourir les environs à la recherche du studiolo du château de La Vigne, apparemment exceptionnel.



En attendant, le clou du spectacle mauriacois reste pour moi l'hôtel d'Orcet, superbe construction du XVIIIe siècle à partir d'éléments Renaissance, qui fut jadis la demeure du receveur des tailles et qui abrite aujourd'hui les bureaux de la sous-préfecture. Le tympan ornant le porche, issu du réfectoire du monastère Saint-Pierre, représente Samson terrassant un lion, épisode déplorable qui rappelle les méfaits de l'homme envers la nature.


Autre bâtiment Renaissance remanié au siècle des Lumières, le collège des Jésuites s'est quant à lui orné de ce magnifique portail d'inspiration antique en devenant collège royal. C'est aujourd'hui un lycée. Les élèves ont la chance d'y entrer par la grande porte.


Tous ces monuments sont concentrés au même endroit, quasiment dans la même rue, preuve que l'on se situe dans une petite ville qui pourrait presque passer pour un gros village. Mais les lieux n'en restent que plus charmants et chaleureux. Mauriac est aussi une place d'échanges d'importance qui se drape de tissus multicolores les matins de marchés. C'est aussi une commune qui regorge de surprises! En effet, qui aurait imaginé, au sortir de la basilique, être accueilli par une salve de notes de trompette lancée depuis ce balcon? En espérant que le « musicien » apprenne le solfège d'ici la prochaine visite, car le spectacle n'était rien de plus qu'une cacophonie de la pire espèce! Maurice André, sauvez-nous!

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