jeudi 26 juillet 2012

Oscar de la meilleure actrice 1931/1932

Au programme:

* Marie Dressler - Emma
* Helen Hayes - The Sin of Madelon Claudet
* Lynn Fontanne - The Guardsman

Vu la minceur de la sélection, Helen Hayes pouvait difficilement perdre: outre le prestige que lui valait sa réputation de grande actrice de théâtre, son rôle de figure maternelle tourmentée et le vieillissement de son personnage accentué par un maquillage et un déguisement outranciers ont très vraisemblablement mis l'Oscar dans sa poche. De surcroît, si Lynn Fontanne jouissait elle aussi d'une solide réputation au théâtre, elle était pour sa part nommée pour une comédie, de quoi favoriser Hayes avec son personnage tragique. De son côté, Marie Dressler recevait sa dernière nomination pour un nouveau rôle typique de ces années-là, quoique sa victoire un an plus tôt ait encore dû jouer en faveur d'Hayes.

Quoi qu'il en soit, il est fort dommage que l'AMPAS ait décidé de limiter les nominations à trois seulement, car si les candidates officielles ne me posent pas de problème particulier à l'exception d'une sur laquelle je reste mitigé, il y avait tout de même moyen d'élargir à d'autres performances qui auraient bien mérité d'être reconnues. 

Je retire:

Helen Hayes - The Sin of Madelon Claudet: Ok, elle a de bons moments, mais dans l'ensemble le film comme sa performance sont too much et m'ont plutôt laissé de marbre. Déjà, je ne peux vraiment pas m'empêcher de bloquer sur le côté trop théâtral de son jeu: qu'elle déclare son amour au début du film ou qu'elle appréhende le suicide d'un être cher par la suite, j'ai trop eu l'impression de voir l'actrice jouer sans pour autant donner une réelle crédibilité au personnage. Néanmoins, elle sait parfois estomper ce côté over the top via ses regards touchants, de quoi gagner des points. Malheureusement, pour ce qui est de la partie suivant son emprisonnement, j'avoue que commençant à trouver le temps long j'ai regardé la fin d'un oeil distrait... Dès lors, j'ai bien peur de n'être pas dans les meilleures dispositions pour juger de cette prestation plus avant. Une chose est certaine en revanche, l'intrigue qui montre la destinée s'acharner sur cette héroïne de façon tellement exagérée ne m'a guère emballé... Donc non, pas de Madelon Claudet dans ma sélection.


Lynn Fontanne - The Guardsman: Je n'ai aucun reproche à faire à l'actrice qui, le temps d'un de ses très rares films, incarne un personnage qui m'a beaucoup plu. En effet, j'ai vraiment aimé ce personnage de grande comédienne dans l'âme que son époux tente de mettre à l'épreuve en se dissimulant sous un costume de cosaque. A ce titre, le couple fonctionne très bien et les deux partenaires prennent un plaisir manifeste à se donner la réplique, de quoi insuffler un très bon dynamisme à ce film qui n'est finalement rien d'autre que du théâtre filmé. Ajoutons encore au crédit de Fontanne qu'elle a énormément de classe et de charisme et que son caractère amusé mais tempéré vient à point nommé pour contrebalancer la performance plus agitée d'Alfred Lunt. En somme, une bonne performance dans un film amusant... Le problème c'est que j'ai pas mal de candidates qui lui passent devant dans ma liste. Ce qui ne m'empêche pas d'être reconnaissant envers l'AMPAS d'avoir distingué ce rôle qui m'a fait passer un très bon moment.


Marie Dressler - Emma: Marie Dressler dans un rôle qui lui va comme un gant, ça devait logiquement me plaire. Et même si sa performance n'atteint jamais le divin de son tour de force dans Min and Bill, l'actrice n'en est pas moins irréprochable. Comme à son habitude, elle est vraiment très drôle dès qu'il s'agit pour elle d'aborder les passages comiques: ses grimaces démesurées n'ont peut-être aucune subtilité mais elles sont irrésistibles, avec en point d'orgue cette scène historique à bord d'un simulateur d'avion! Et si l'on peut reprocher au film le décalage causé par des moments trop bouffons au sein d'une intrigue essentiellement tragique, l'actrice n'est nullement en cause puisqu'elle fait justement très bien la transition entre ces deux états. C'est pourquoi on ne s'étonnera pas de la retrouver également excellente dans toutes les scènes les plus émouvantes, avec notamment ce final où Dressler ne manque pas de briser le coeur grâce à des regards éminemment touchants. Une nomination tout à fait méritée, donc... mais là encore, c'est loin d'être le rôle qui m'a le plus emballé cette année, dommage.


Ma sélection:

Mae Clarke - Waterloo Bridge: Si je vous dis que le personnage le moins intéressant est joué par Bette Davis, ça vous donne une idée du niveau en face, non? Et quel niveau! Je n'avais jamais entendu parler de l'actrice avant de découvrir ce film, et autant dire que je fus immédiatement conquis. Probablement parce que son jeu m'a paru éminemment moderne, débarrassé de tout effet outrancier, de quoi permettre à l'actrice d'exprimer les émotions qui affectent l'héroïne avec un naturel désarmant. Elle fait ainsi preuve de beaucoup de retenue dans les moments dramatiques tout en affichant un caractère sympathique et spontané dans les scènes plus enjouées, et c'est finalement lumineux: impossible de ne pas être immédiatement touché par ce personnage ou de n'être pas dévasté par tous les problèmes que Myra subit, notamment dans sa scène clef avec sa potentielle belle-mère. Et comme le reste du casting est à l'unisson de cette performance très réussie, autant dire que j'ai passé un excellent moment, étant pas loin de classer le film comme chef-d'oeuvre. L'une des meilleures surprises cinématographiques parmi mes récentes découvertes.


Marlene Dietrich - Shanghai Express: A l'origine, le film m'avait déçu à cause de cette histoire assez improbable (on rentre dans le QG de la guérilla comme dans un moulin) et de ces personnages secondaires unidimensionnels (coucou Clive Brook). Mais finalement, il aura suffi d'une redécouverte pour reclasser l'ensemble comme chef-d'oeuvre. Marlene y est à nouveau sublimée par Sternberg et, contrairement à ce qu'indiquaient mes souvenirs, son rôle est encore plus riche que dans Morocco, et nécessite de sa part un surplus d'émotions qui lui va à ravir. Pour commencer, elle est une fois encore imbattable en terme de charisme et, non contente de dominer entièrement le reste de la distribution, elle fait preuve d'un humour et d'un peps qui la font sortir de sa froideur habituelle, de quoi me rendre totalement amoureux de l'héroïne, surtout lorsqu'elle joue avec la casquette de son amant! Mais ce n'est pas tout, car cette apparente légèreté masque évidemment de nombreuses blessures qu'elle fait parfaitement ressentir grâce à ses regards tristes, sans jamais tomber dans le piège de l'apitoiement. Il s'agit donc à mes yeux d'une très grande performance, dont l'éclat est autant à mettre sur le compte de l'actrice que dans la réalisation de Sternberg et la photographie de Lee Garmes. Tous ces aspects réunis m'enchantent au plus haut point!


Jean Harlow - Red-Headed Woman: Pour ne l'avoir trop longtemps connue que pour ses talents comiques affectés de Libeled Lady, je suis actuellement en train de découvrir une Jean Harlow de comédie beaucoup plus convaincante, dont ce délicieux Pre-Code a tout l'air d'être le sommet. Déjà, Lil est ultra cool, même si Leila Hyams se défend bien, et c'est un réel plaisir de voir Harlow attaquer le personnage à bras le corps sans jamais pâlir un seul instant. Elle se montre donc excessive à souhait, alors jusqu'à prendre plaisir à se faire gifler par l'objet de sa convoitise, et son absence complète de morale ajoute à l'hilarité qu'elle provoque en permanence, comme le prouvent ces nombreuses scènes où Lil garde tout son sérieux même dans ses entreprises les plus extravagantes. On pourra également s'amuser de la façon dont l'actrice donne un petit côté touchant à l'héroïne vu sa propension à s'illusionner totalement sur son avenir, quoiqu'elle se connaisse assez bien pour savoir ce qu'elle fait. En somme, il s'agit là d'une performance comique redoutablement efficace qui ne pâtit en aucun cas de la réponse dramatique qu'a donné Barbara Stanwyck dans Baby Face l'année suivante.


Miriam Hopkins - The Smiling Lieutenant: Je ne voulais pas la nommer dans cette catégorie puisque je l'ai déjà en second rôle la même année, mais finalement, impossible de me résoudre à la snober, sa performance faisant très clairement partie de la crème de la crème de ce qu'ont offert les actrices américaines à cette période. De toute façon, j'adore Miriam chez Lubitsch, et leur première collaboration est un tel sommet d'humour et d'élégance que je ne peux résister à leur offrir toutes les distinctions possibles. D'ailleurs, Hopkins domine réellement le film, même si en face Claudette Colbert reste également géniale, et comme elle bénéficie du personnage le plus drôle et doit en outre esquisser une transformation plus qu'hilarante, j'avoue n'avoir eu d'yeux que pour elle. Ainsi, sa princesse coincée et pas très dégourdie est à mourir de rire tant elle joue divinement bien sur les clichés, n'hésitant pas à y ajouter un petit côté touchant dans ses tentatives désespérées de plaire à Maurice Chevalier, clin d’œil totalement déplacé à l'appui! Par la suite, la jeune femme libérée devient absolument sublime et conserve bien entendu tout son humour, mais le clou du spectacle réside probablement dans la grande confrontation avec Colbert, sur l'air de Jazz Up Your Lingerie, où Miriam s'épanouit progressivement au piano, pour notre enchantement à tous. Pour moi, l'une des meilleures performances comiques du Golden Age.


Barbara Stanwyck - The Miracle Woman: Par où commencer? Barbara est tout simplement impressionnante dans ce qui reste assurément sa meilleure collaboration avec Capra. Certes, on ne s'étonnera pas que ce soit très bon puisque qu'on parle de Barbara Stanwyck, mais pour le coup je ne m'attendais pas à voir une performance d'une telle intensité. Qu'il s'agisse pour l'actrice de blasphémer au beau milieu d'une église, de pleurer la mort de son père, de prêcher la bonne parole dans une cage aux lions (dont elle n'était séparée que par un très mince filet), de faire preuve de beaucoup d'humour dans sa relation amoureuse, de se montrer émouvante, de se repentir suite à des événements qui la dépassent, de parler au beau milieu d'une salle en feu (et sans doublure!)... tout est absolument puissant et excellent. Et même si comme dans tout Capra on a droit à un final pas forcément crédible, Stanwyck fait complètement passer la pilule. Détail amusant, Richard Burton s'est, des années plus tard, révélé très bon dans une scène de sermon très similaire dans The Night of the Iguana, mais en toute honnêteté, j'ai trouvé Barbara encore plus bluffante et stupéfiante. 

Voilà pour mes nominations. Mais... mais... mais??? Où est Joan Crawford pour Grand Hotel? Et Ann Dvorak pour Scarface? Qu'on se rassure, elles figureront en très haute place d'un prochain article sur les Oscars du meilleur second rôle féminin puisque j'ai décidé de faire remonter cette catégorie jusqu'en 1928. Et je sais bien qu'on peut m'objecter qu'elles seraient tout autant à sa place en tant que leading actresses, mais personnellement, je les sens mieux en supporting: Crawford relie tous les personnages masculins entre eux et a plus de temps d'écran que Garbo, mais au sein de cette distribution particulièrement bondée elle peut très bien passer dans cette catégorie. Quant à Dvorak, le film reste avant tout centré sur les personnages masculins, aussi n'ai-je aucun scrupule à la faire migrer dans l'autre catégorie. Sur ce, retour aux premiers rôles qui cette année voient triompher...


Mae Clarke - Waterloo Bridge

Après avoir revu tous les films sélectionnés, la victoire ne fait plus aucun doute : Mae Clarke est l'actrice de l'année! Sans mentir, sa performance est l'une des plus éblouissantes que j'aie jamais vues, et entre toutes ces scènes radieuses où Myra est divinement enjouée, et tous ces passages tragiques dévastateurs, cette approche du personnage semble tellement moderne que même une certaine Vivien Leigh n'a pu atteindre de tels sommets en reprenant le rôle neuf ans plus tard. Vraiment, voir Mae Clarke dans Waterloo Bridge reste l'une des expériences les plus lumineuses au monde, au point que l'on regrette sincèrement que l'actrice n'ait pas eu une carrière plus étoffée, malgré quelques seconds rôles marquants. Mais en définitive, le reste de sa filmographie importe peu : on tient là quelque chose de sublime qui domine de très loin cette saison. Sur ce, Miriam Hopkins se classe seconde pour son rôle hilarant, Marlene Dietrich troisième pour son charisme éblouissant, Barbara Stanwyck quatrième pour son intensité à couper le souffle, tandis que Jean Harlow clôt brillamment ce classement par son génie comique et son personnage dénué de scrupules.

Et à présent, la minute Sylvia Fowler, à propos des performances...

dignes d'un Oscar: Mae Clarke (Waterloo Bridge), Marlene Dietrich (Shanghai Express), Miriam Hopkins (The Smiling Lieutenant), Barbara Stanwyck (The Miracle Woman): voir ci-dessus. Joan Crawford (Grand Hotel), Ann Dvorak (Scarface): classées en seconds rôles selon les critères suivants.


dignes d'une nomination: Jean Harlow (Red-Headed Woman): voir ci-dessus. Constance Bennett (What Price Hollywood?): j'aurais adoré distinguer l'actrice pour son plus grand rôle, notamment pour cette première partie très solide qui ne lui demande cependant pas un grand effort. Un possible remaniement de la sélection est à prévoir en sa faveur. Nancy Carroll (Broken Lullaby): elle surjoue peut-être avec ses mains, mais sa force de caractère et les choix inattendus que fait l'héroïne méritent amplement reconnaissance. Claudette Colbert (The Smiling Lieutenant): parce que sans bénéficier du personnage le plus intéressant, elle parvient à briller et à donner une dimension touchante à cette divine comédie. Et parce que Jazz Up Your Lingerie, of course! Irene Dunne (Consolation Marriage): une bataille d'oreillers mythique, et une performance exemplaire de modernité préfigurant son sommet dans Back Street. Jeanette MacDonald (One Hour with You): parce qu'elle m'a encore fait hurler de rire en jeune épouse romantique pas si mièvre que ça, sans toutefois toucher au divin de Florence Vidor dans The Marriage Circle. Gloria Swanson (Tonight or Never): un excellent rôle comique très bien dosé dans un film sympathique à souhait. Lilyan Tashman (Girls About Town): composant le personnage le plus fun, et finalement le plus sensé du film, Lilyan crève à nouveau l'écran pour notre plus grand plaisir.


sympathiques: Tallulah Bankhead (The Cheat): une actrice charismatique qui joue un milliard de fois mieux qu'on aurait pu le croire, à cause de cette héroïne ahurissante qui, venant de s'entendre dire qu'on ne l'a pas épousée pour son intelligence, réplique qu'elle croit en son mari comme en Dieu... Et vous croyez vraiment qu'on va gober ça? Tallulah fait illusion, et c'est tout à son honneur. Marie Dressler (Emma), Lynn Fontanne (The Guardsman): voir ci-dessus. Bette Davis (Hell's House): ok, le film est naze, mais Bette y est assez charismatique pour ne pas donner l'impression qu'on perd son temps. Irene Dunne (Symphony of Six Million): à voir pour observer l'actrice s'élever bien au-delà de ce film laborieux. Greta Garbo (As You Desire Me): le film a beau être raté, la Divine parvient toujours à m'y scotcher. Et dans (Mata Hari), elle se révèle finalement d'un charisme et d'un humour incroyables qui me font à présent vibrer, tout en faisant chavirer les cœurs avec de grandes émotions finales sublimes dans leur théâtralité. Barbara Stanwyck (Forbidden): après revisite, le film s'avère bien meilleur que dans mon souvenir, et l'actrice n'y est pas mal du tout, même si c'est l'un des rares rôles où elle m'intéresse peu.


sans saveur: Bette Davis (The Man Who Played God): le film qui a sauvé l'actrice dans la moins bonne partie de sa carrière. Kay Francis (24 Hours) (Girls About Town): toi, tu te fais méchamment voler la vedette par tes partenaires blondes. Greta Garbo (Grand Hotel): elle a beau réciter sa réplique phare, elle reste bien trop dépressive pour emporter l'adhésion. Helen Hayes (Arrowsmith) (The Sin of Madelon Claudet): absolument pas mémorable dans le premier et trop théâtrale dans le second.


atroces: Greta Garbo (Susan Lenox: Her Fall and Rise): une maison, un poisson, des étoiles sur les seins, une thèse sur le désir masculin, des retrouvailles au coeur de l'Amazonie et... un gigantesque facepalm.


à découvrir: Olga Baclanova (Freaks), Tallulah Bankhead (My Sin), Joan Blondell (Blonde Crazy), Mae Clarke (Frankenstein), Claudette Colbert (Secrets of a Secretary), Joan Crawford (Possessed), Miriam Hopkins (Dancers in the Dark), Myrna Loy (Transtlantic) (Vanity Fair), Marian Marsh (Five Star Final), Sylvia Sidney (Merrily We Go to Hell), Lilyan Tashman (The Road to Reno), Anna May Wong (Daughter of the Dragon), Loretta Young & Jean Harlow (Platinum Blonde). Et j'attends surtout de mettre la main sur Private LivesNorma Shearer a l'air tout particulièrement alléchant!


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9 commentaires:

  1. Les listes c'est bien. Les listes argumentées, c'est encore mieux.

    Si je suis prête à suivre Marie Dressler dans n'importe laquelle de ses prestations comiques tant sa gestuelle me fait hurler de rire, je me montrerai un tantinet plus mitigé pour la partie dramatique d'Emma. Certes, le scénario passablement brinquebalant n'aide guère à faire la transition entre le comique léger du début et le drame pur de la seconde partie (l'animosité de la fille aînée qui semble tirée d'un chapeau tant son temps d'apparition à l'écran est limité). La Emma gouvernante montrait tellement peu de tendresse et d'empathie envers les enfants (minus le fils qui a un rôle plus conséquent) que l'on a dû mal à croire que cette histoire de procès puisse lui faire autant de mal. Disons que j'ai trouvé tout cela brutal et pas du tout subtil.
    A contrario, je l'ai trouvé bien meilleur dans le rôle de Carlotta Vance (plus léger certes) puisque son côté désabusé est perceptible dès le départ. En gros, il manque un peu de liant entre les deux parties, liant qui aurait dû être porté par Marie Dressler.

    Claudette Colbert. Ayant passé la moitié du film à me cacher la tête sous l'oreiller pour ne pas voir Maurice Chevalier cabotiner et l'autre à n'avoir d'yeux que pour Miriam Hopkins en princesse pas très douée, je ne suis peut-être pas très apte à juger. Mais je maintiens qu'elle n'est drôle que dans ses scènes avec Miriam, celles avec Chevalier prêtant plus à sourire du bout des lèvres qu'autre chose. Donc film sympa mais pas pour elle!

    Lilyan Tashman. En revanche, ça c'est une performance véritablement hilarante, ce qui n'empêche pas l'actrice de garder une classe certaine à tout instant. De toute façon, quoiqu'elle fasse, Lilyan Tashman est une voleuse de scènes et parvient à tirer la couverture à elle.

    Mae Clarke.J'ai été tellement marquée par sa performance que je refuse pour l'instant de voir le remake de 1940 tant que je crains de le trouver pâlichon. Alors qu'il y a Vivien Leigh dans le rôle principal. Ça donne une bonne idée de ce que j'ai ressenti devant le film.

    Sinon pas vu le Barbara Stanwyck gagnant et étant donné l'identité du réalisateur, ce n'est pas pour tout de suite. Parce qu'avec Capra, les chances qu'un bus se renverse, qu'une femme s'évanouisse parce qu'elle n'a pas mangé ou que l'héroïne décide de tout sacrifier sans raison valable sont quand même assez élevées.

    Conseil: Jean Harlow dans Red-Headed Woman qui fait preuve d'un petit talent comique. On est loin de l'insipide Fine Mouche. Si j'ajoute à cela qu'une de ses scènes a probablement inspiré Osa Massen dans le rôle de sa vie, tu comprendras que c'est un must-see.

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    1. Un an plus tard, Emma ne m'a laissé aucun souvenir. A revoir pour cette histoire de liant, donc.

      Pour mes candidates, je suis sûr de conserver Carroll, Clarke, Stanwyck et Tashman. Je maintiens que j'aime beaucoup Colbert dans TSM, mais je suis le premier à reconnaître que c'est avant tout un film "Miriam Hopkins", auquel cas il semble un peu étrange de nommer que Colbert pour ce Lubitsch (Hopkins étant encore meilleure la même année dans Dr. Jekyll & Mr. Hyde, en second rôle). Et comme j'aime de plus en plus Jean Harlow depuis Dinner at Eight et que Colbert a déjà quatre autres nominations dans ma liste, pourquoi ne pas la remplacer le cas échéant?

      Sinon: Osa Massen! Mon idole! You can't take my jewelery! Rien que de voir son nom dans ton commentaire me met en joie! Osa! Osa! Osa!

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  2. Tu préfères Garbo en blonde platine dans As You Desire Me qu'en danseuse étoile recluse dans Grand Hotel? D'accord, elle a écopé d'un rôle convenu et pas franchement intéressant, elle se fait voler la vedette par une Joan Crawford toute pimpante... Mais je ne comprends pas comment on peut adhérer à une Greta Garbo blonde platine (oui, ça m'a traumatisé) qui joue -très mal- la chanteuse de cabaret portée sur la bouteille pendant 15 longues et humiliantes minutes. Je suis choquée.

    Dans le genre, je ne comprends pas comment Marlene peut être "juste" séduisante dans Shanghai Express et Gloria digne d'une nomination dans sa sympathique-mais-faut-pas-exagérer comédie. Gloria Swanson aurait pu faire une bonne actrice comique si on lui en avait laissé l'opportunité mais c'est Marlene qui se tient en face. Je dirais même plus Marlene magnifiée par Sternberg, Marlene qui parvient à reconquérir un ancien amour et échapper à une attaque par des méchants extrémistes chinois pendant la même journée.

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    1. Je maintiens que Gloria est très drôle dans Tonight or Never, et m'a fait passer un excellent moment: pour moi, c'est nom worthy! Quant à Marlene il me faudra la revoir, je ne me souviens plus vraiment de son jeu à l'heure actuelle. Mais on n'est évidemment pas à l'abri de surprises: en redécouvrant L'Ange Bleu il y a deux mois, j'ai réalisé qu'elle livre une très bonne performance tout à fait digne d'un Oscar, peut-être même davantage que dans Morocco. Un rafraîchissement de mémoire s'impose alors pour Shanghai.

      D'autre part, pas revu As You Desire Me depuis des lustres: j'ai totalement oublié comment joue Garbo en blonde platine mais le reste de sa performance m'a totalement diverti, nettement plus que sa recluse assez crispante de Grand Hotel. Je n'ai d'ailleurs jamais autant détesté Desire que toi, bien qu'ayant toujours reconnu que c'est un film raté.

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    2. "Je maintiens que Gloria est très drôle dans Tonight or Never, et m'a fait passer un excellent moment: pour moi, c'est nom worthy!"

      Je trouve Tonight or Never très décevant pour une comédie romantique. On a une partie comique réduite à peau de chagrin (je ne me souviens que de Gloria harcelant la direction de l'hôtel pour faire éjecter un jeune couple amoureux) et une partie romance un peu terne. C'est d'autant plus décevant qu'il s'agit d'un des rares talkies comiques qu'elle a fait et que je suis sûre qu'elle aurait pu faire mieux.

      Shanghai Express vaut le coup pour la discussion sur la plate-forme arrière avec une Marlene absolument splendide. C'est un des passages qui est demeuré le plus vif dans mon esprit.

      « J'ai totalement oublié comment joue Garbo en blonde platine mais le reste de sa performance m'a totalement diverti, nettement plus que sa recluse assez crispante de Grand Hotel. »

      J'ose la comparaison : Garbo joue aussi bien en blonde platine que Ingrid Bergman en prostituée dans Jekyll & Hyde. On n'y croit pas un instant et ce début cataclysmique m'a laissé une très mauvaise impression même si elle se rattrape lors des passages italiens où elle est dans son élément.
      Je n'arrive pas à voir ce que Grusinskaya a de si crispant. C'est Garbo qui fait du Garbo tout en étant coincée dans une storyline moisie. En face il y avait une Crawford plus pétillante que jamais donc j'ai un peu laissé de côté mon actrice favorite. Perplexité.

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    3. Se rafraîchir la mémoire a du bon: je viens de revoir Shanghai Express et As You Desire Me et...

      ... Marlene passe dans la catégorie nom worthy, voire Oscar worthy: elle crève l'écran comme jamais, elle est charismatique au-delà du possible, et les touches d'humour et d'émotion qu'elle ajoute à Shanghai Lily sont en tout point sublimes. J'étais biaisé car je restais fixé à ma première impression (j'avais enchaîné Shanghai Express juste après The Scarlet Empress), mais le film se révèle être un chef-d'oeuvre total, en dehors des deux/trois incohérences qui restent, et Marlene est tout aussi géniale ici que dans Morocco et l'Ange Bleu.

      Par contre, Garbo m'intéresse toujours plus dans As You Desire Me que dans Grand Hotel. La partie blonde platine est d'ailleurs loin d'être catastrophique: elle est certes hors de son élément et mime assez mal l'alcoolisme, mais le charisme et l'humour dont elle fait preuve dans cette scène d'ouverture élève le niveau. Elle est évidemment meilleure dans le reste du film, malgré ses envolées lyriques un peu trop appuyées. Concernant Grand Hotel, j'admets que je suis sans doute un peu sévère avec elle et qu'on est plus dans la catégorie "séduisante" que "sans saveur". Mais sa comtesse de Desire est tout aussi digne d'intérêt que Grusinkaya, donc pas de déclassement en perspective, navré.

      Quant à Tonight or Never, j'aime toujours beaucoup ce film qui reste bien plus séduisant que décevant. Pas de quoi le faire entrer dans mon top 10 1931, certes, mais le charme de l'ensemble et la performance de Swanson sont tout à fait dignes de la catégorie "nom worthy". Je préfère même Tonight à Indiscreet, d'ailleurs.

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  3. "Performance séduisante: Greta Garbo dans Grand Hotel pour sa réplique absolument mythique, bien que ce ne soit pas sa performance la plus intéressante."

    Dans ce cas, tu dois absolument voir Blondie of the Follies où Marion Davies réalise une hilarante parodie de Garbo dans Grand Hotel. Ça dépasse de très loin ce que Carole Lombard a pu réaliser dans Princess Came Across.

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    1. Sachant que Carole m'a fait rire aux éclats, hâte de voir ça!

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