mercredi 2 septembre 2015

Oscar de la meilleure actrice 1956



Chose promise, chose due: mes résultats définitifs pour les actrices de 1956, une année qui, autant le dire de suite, reste assez épouvantable sur bien des points, d'où mon extrême lenteur à avancer dans les visionnages. Il faut dire que 1956 est par définition l'année des remakes les plus inutiles du monde, les studios s'étant ingéniés à reprendre les grands classiques d'antan (The Women, Waterloo Bridge, The Lady Eve) pour les faire jouer par des interprètes trois fois moins talentueux et charismatiques que les stars de jadis, et les faire réaliser par des metteurs en scène impersonnels, alors comment réussir à rester concentré quand on a déjà envie de décrocher au bout d'un quart d'heure à chaque fois? Bref, en 1956, il devenait vraiment urgent de passer à autre chose, et l'année gardera un goût amer d'un point de vue américain, dont la production se résume pour moi à seulement deux films que j'adore (Written on the Wind et Friendly Persuasion), deux autres que j'aime bien (Bigger Than Life et The Rainmaker), et enfin Giant, pour lequel je garde une bonne dose de sympathie même si la magie diminue à chaque visite. Pour le reste, le meilleur de l'année n'est au mieux que médiocre (Lust for Life, The King and I, Anastasia et autres productions colorées), ou pas aussi plaisant que certains me l'avaient certifié (The Searchers), et je suis finalement bien content d'être enfin débarrassé de cette année, pour laquelle je ne vous proposerai que ma sélection "américaine", n'ayant pas le courage de me mettre en plus aux films étrangers dans l'immédiat. Toujours est-il que si la sélection officielle m'avait semblé de prime abord assez paresseuse, force est de reconnaître que les votants n'avaient pas non plus l'embarras du choix, et chaque nomination me semble finalement justifiée:

Carroll Baker - Baby Doll
Ingrid Bergman - Anastasia
Katharine Hepburn - The Rainmaker
Nancy Kelly - The Bad Seed
Deborah Kerr - The King and I

A propos de la victoire, il est d'usage de dire que les électeurs cherchèrent moins à récompenser le meilleur de l'année qu'à donner un prix de sympathie à Ingrid Bergman, afin de se faire pardonner la campagne de dénigrement dont elle fut victime suite à ses aventures italiennes avec Roberto Rossellini. Ceci dit, le rôle d'une princesse amnésique soulevant de multiples fantasmes depuis quarante ans était tout de même payant, et je pense que c'est autant pour la performance que pour l'actrice que Bergman remporta la statuette cette année. Les cinéphiles considèrent pour leur part que c'eût probablement été au tour de Deborah Kerr si la dame suédoise n'avait fait son retour à ce moment-là, ce qui peut paraître logique étant donné que la rose britannique reste l'une des actrices ayant le mieux défini les années 1950. Néanmoins, elle était à l'affiche d'un film musical, or les Oscar préfèrent toujours choisir leur lauréate dans des rôles plus dramatiques. A vrai dire, si Eleanor Parker et Judy Garland avaient dû s'incliner les années précédentes pour des performances beaucoup plus chargées, rien d'étonnant à ce que Deborah Kerr ait perdu face au rôle le plus dramatique de la sélection.

Carroll Baker était quant à elle la jeune actrice très vogue de la saison (Giant et une adaptation de Tennessee Williams la même année (!), plus plein de propositions qu'elle refusa en attendant des rôles vraiment prestigieux), mais contrairement aux lauréates précédentes de sa génération, elle n'avait pas l'image d'une gentille princesse qui fit le succès d'Audrey Hepburn, ni la touche déglam qui valut un Oscar à Grace Kelly; et contrairement aux autres lauréates pour des adaptations de T. Williams, elle n'avait pas non plus la maturité d'une Vivien Leigh ou d'une Anna Magnani, et le rôle était de toute façon considéré comme trop sulfureux pour aller jusqu'à la victoire. Katharine Hepburn venait pour sa part de recevoir sa septième nomination, ce qui aurait peut-être pu lui valoir un trophée sans Bergman en face, car il était à présent clair qu'elle resterait la seule et unique actrice de sa génération qui poursuivrait une carrière prestigieuse, à une époque où Bette Davis peinait à retrouver de grands rôles, où Joan Crawford commençait à s'enfermer dans des personnages répétitifs, et où Barbara Stanwyck et Rosalind Russell allaient prendre leur retraite forcée sous peu, à l'image de toutes leurs consœurs des années 1930 ayant déjà disparu de la circulation. Par ailleurs, The Rainmaker n'était pas un rôle aussi dramatique qu'Anastasia, aussi n'y a-t-il rien d'étonnant à ce que les électeurs soient finalement allés vers Bergman dans leur désir de récompenser une légende vivante. Restait enfin Nancy Kelly, qui réapparut miraculeusement au cinéma après dix ans de télévision, et qui trouvait enfin un rôle dramatique inespéré après avoir dû se contenter de films de série B jadis. Etant sans doute la moins connue des cinq candidates de l'année, la nomination était déjà un honneur en soi, mais le Tony qu'elle remporta un an plus tôt pour exactement le même rôle contribua vraisemblablement à la mettre sur le devant de la scène pour la saison.

De mon côté, je précise être de moins en moins satisfait de ma liste personnelle, et je me demande finalement si ce classement officiel n'était pas le meilleur qu'on pouvait trouver dans l'industrie hollywoodienne. Dans le doute, je propose quand même ma version initiale afin de parler d'un plus grand nombre de performances, mais ma cinquième place me laisse de plus en plus perplexe... Aux dernières nouvelles, j'en étais arrivé à...


... retirer:


Ingrid Bergman - Anastasia: En soi, je n'ai absolument rien contre la performance d'Ingrid Bergman dans ce rôle iconique, et je dirai même que de ses trois Oscar, c'est à mon avis le plus mérité, l'actrice confirmant par ailleurs l'adage que les bons acteurs ne gagnent jamais pour les bons rôles. Mais vraiment, cette interprétation me plaît dans l'absolu, en particulier grâce à cette entrée en scène assez fracassante qui lui fait dominer la longue première séquence dans le sous-sol de Yul Brynner, lorsque celui-ci cherche à la convaincre de se prêter au jeu en vue d'une récompense non négligeable. La première fois, ces débuts m'avaient même réconcilié avec Bergman, avec qui j'étais un peu en froid après Gaslight, et j'avais pris un réel plaisir à la voir résister au charisme de son partenaire tout en soulignant ses doutes et incompréhensions (n'oublions pas qu'Anna vient tout juste d'être sauvée du suicide), d'où une impression très favorable de prime abord. L'ennui, c'est que deux problèmes majeurs, pourtant pas inhérents à elle, sont ensuite venus plomber mon ressenti, et ce de façon encore plus manifeste au second visionnage. Le premier relève du scénario. En toute honnêteté, je n'arrive absolument pas à digérer l'histoire d'Anastasia, dont la mémoire revient par à-coups, d'où certaines réminiscences improbables qui ne sont alors plus le fait d'une usurpatrice mais qui n'arrivent jamais au bon moment: sa colère lorsqu'un prince allume une cigarette devant elle est à mon goût mal amenée, de même que la révélation qui achève de convaincre l'impératrice, qui sort un peu de n'importe où. Bergman a néanmoins le mérite de suggérer le doute, mais ça n'aide pas vraiment à comprendre les motivations d'Anna, tout du moins ressent-on mal la transition qui s'opère dans son esprit, à mesure qu'elle se convainc qu'elle est bien la princesse disparue. Le second problème, c'est que la structure du film est telle qu'Anastasia est rapidement éclipsée par Bounine puis par l'impératrice douairière, et une fois les bases posées dans l'introduction, on a vraiment du mal à s'intéresser pleinement à l'héroïne, surtout dans son histoire d'amour franchement peu à sa place dans une intrigue d'abord centrée sur la quête d'une identité. En somme, Bergman vaut le coup d’œil dans l'absolu, mais le rôle aurait pu être mieux écrit.


Nancy Kelly - The Bad Seed: Idem, je n'ai pas de gros problèmes avec Nancy Kelly, et j'hésite même fortement à la réintégrer à ma liste, mais elle aussi souffre de deux problèmes majeurs, pas toujours de son fait, qui plombent quelque peu son interprétation. Tout d'abord, le film est mis en scène à la façon d'une pièce de théâtre, et le réalisateur peine tellement à élever le matériel vers quelque chose de plus cinématographique que ça s'en ressent dans sa direction d'acteurs. Ainsi, beaucoup de réactions semblent constamment disproportionnées devant une caméra, et Nancy Kelly n'échappe pas à la règle, à grand renfort de gestes de la main un peu brusques, de réactions étonnées très jouées ("C'est épouvantable, ce pauvre enfant!!!"), et de mouvements un peu grandiloquents, comme lorsqu'elle se tape le ventre de désespoir, ou quand elle crie en entendant sa fille jouer du piano. La scène où elle apprend qu'elle-même a été adoptée est elle aussi trop jouée pour avoir la fluidité requise d'une adaptation cinématographique, et la voix est pour le coup trop étudiée, passant d'un cri très mélodramatique ("God help me!") à une voix essoufflée pas loin de préfigurer Gollum (désolé, mais c'est le cas!), lorsqu'elle finit par s'accrocher au dossier d'une chaise. Bref, eût-elle tempéré son jeu, ces quelques défauts auraient pu être évités, mais comment aurait-elle pu estomper ses tics alors que le réalisateur choisit au contraire de rester dans une veine théâtrale, allant jusqu'à faire défiler les protagonistes à la toute fin pour saluer les spectateurs? L'autre problème, qui pour le coup n'a rien à voir avec l'actrice, c'est que le scénario suggère un déterminisme bidon qui justifie les actes de la fillette par le passé criminel de son grand-père naturel. La ficelle est beaucoup trop visible et ne donne pas franchement envie de s'intéresser au reste de l'histoire, mais c'est dommage, car Nancy Kelly n'a nullement démérité. En fait, on accroche d'emblée à son personnage à la fois riant et rassurant, et son évolution vers de plus en plus de terreur incrédule est franchement bien soulignée, notamment lorsqu'elle commence à comprendre certaines choses alors que sa fille lui fait des révélations. Ajoutons encore au crédit de l'actrice qu'elle ne se laisse absolument pas voler la vedette par les seconds rôles féminins croustillants, et elle donne à mon avis la meilleure performance du film en étant malgré tout plus mesurée que ses partenaires. En somme, un rôle sur lequel j'ai des réserves, mais mon sentiment reste bien plus positif que ce paragraphe le laisserait supposer, d'où mes hésitations à conserver l'interprète dans ma liste.


Ma sélection:

Carroll Baker - Baby Doll: Commençons par l'essentiel: s'il est une chose indéniablement marquante chez Carroll Baker, c'est qu'elle est très charismatique et ne passe jamais inaperçue, ce dont témoignent ses rôles dans Giant et The Big Country où elle crève l'écran malgré de prestigieux partenaires en face. D'autre part, avant de connaître un peu mieux l'actrice, je pensais à tort qu'elle n'était qu'une starlette n'ayant pas fait long feu au cinéma, et qui aurait pu ne valoir sa nomination aux Oscar que grâce à un rôle écrit par Tennessee Williams, à une époque où la critique était friande de ce type d'interprétations. Il n'en est rien: outre son charisme, l'actrice est clairement très talentueuse, et Baby Doll révèle qu'elle est très désireuse de jouer, et qu'elle prend le rôle très au sérieux. C'est manifeste dans sa façon de suggérer l'immaturité d'une jeune fille mariée trop jeune, qui sait autant s'amuser à séduire que se surprendre à être séduite, en l'occurrence par Eli Wallach. Les nombreux moments de séduction sont en fait joués avec une certaine dose d'érotisme, à grand renfort de regards en coin et de sourires savamment dosés, et cet érotisme n'est d'ailleurs pas, tout du moins de sa part à elle, quelque chose d'aussi sulfureux qu'on pourrait le croire, même s'il y a toujours quelque chose d'enfantin qui met légèrement mal à l'aise. Malheureusement, il m'est difficile de parler de ce rôle plus en détail car le film se faisant rare, je ne l'ai vu qu'une fois sur internet, mais il n'a jamais fait aucun doute que la réussite était bel et bien au rendez-vous, et que la jeune actrice faisait vraiment honneur à un rôle compliqué. On est en droit de lui préférer un Eli Wallach très bon dans son côté quelque peu malsain, mais Carroll Baker porte le film sur ses épaules, ce qui est d'autant plus impressionnant qu'il s'agit là de son premier "premier rôle".


Katharine Hepburn - The Rainmaker: Accordé, ce n'est pas le rôle auquel on pense le plus spontanément dans la filmographie de Katharine Hepburn, mais à chaque visionnage, j'ai toujours trouvé que c'était l'un de ses meilleurs, sachant que je ne suis pas le plus grand fan de la dame. Et réglons de suite le problème lié à son âge: je n'ai vraiment aucun souci à imaginer une Lizzie plus âgée mais toujours vieille fille à presque cinquante ans, et l'actrice n'accuse pas son âge plus que ça, aussi n'ai-je pas de mal à trouver le casting crédible. De toute façon, c'est ce qu'elle fait du personnage qui compte, et je suis absolument conquis. Tout d'abord parce qu'elle est dynamique, caractéristique typique d'Hepburn, et rien que son entrée en scène en descendant du train lui permet d'éclipser tout ce qui existe alentour, tandis qu'on ne compte plus les scènes où elle utilise son corps afin de dynamiser l'espace, comme lorsqu'elle finit les jambes en l'air dans son salon, et plus encore lorsqu'elle manifeste son contentement en levant les bras bien haut. Comme on s'en doute, ce comportement n'est pas particulièrement en phase avec l'âge du personnage, ce qui dérive sur des touches d'humour souvent très drôles, Lizzie n'hésitant pas à faire le pitre devant sa fratrie, et la séquence où elle minaude à mort devant son prétendant fait également son petit effet. Mais la grande force de cette performance, c'est aussi la façon qu'a l'actrice de se révéler très touchante dans ses tourments et frustrations sentimentales, ses pleurs étant toujours saisissants et très justes, quitte à donner constamment envie d'en savoir plus sur l'héroïne, qui arrive même à briser le cœur en se forçant à sourire un entonnoir sur la tête. Le personnage captive alors en permanence, sans jamais ennuyer, et l'actrice fait tout à fait honneur à ce rôle. Je ne vois vraiment pas quoi lui reprocher, et je m'étonne même de l'avoir oubliée après le premier visionnage, alors que le second m'a beaucoup marqué.


Deborah Kerr - The King and I: Je crois ne vraiment pas aimer les adaptations cinématographiques de Rodgers et Hammerstein, souvent beaucoup trop longues et bien trop mièvres pour donner envie de rester concentré aussi longtemps, mais contre toute attente, Le Roi et moi m'a vraiment fait plaisir la seconde fois, au point de réaliser que le jeu de l'actrice y est en fait beaucoup plus riche qu'il n'y paraît de prime abord. En effet, dans un film où la débauche de décors exotiques, et un partenaire assez atroce, font tout leur possible pour lui voler la vedette, Deborah ne se laisse pourtant jamais marcher sur les pieds, ce qui est certes facile vu la largeur de la robe, et elle révèle surtout la forte personnalité de l'héroïne à chaque rebondissement, sachant aussi bien faire monter le ton dans les scènes de conflit que faire preuve d'humour pour coller à l'esprit bon enfant du texte, le tout sans jamais se départir d'un formidable charisme, notamment visible lorsqu'elle se met à quatre pattes pour imiter le roi en souriant. Avec tout ça, elle rend Anna vraiment attachante, alors que la personne réelle devait être franchement imbuvable, et ce qu'Irene Dunne gagnait en drame dix ans plus tôt, Deborah le compense en s'en donnant à cœur joie dans le registre musical. Il est d'ailleurs fort dommage qu'on n'ait pas gardé sa vraie voix dans le montage final car, si Marni Nixon assure une continuité vocale du point de vue des intonations, elle n'apporte rien d'exceptionnel non plus à des morceaux pas très difficiles, d'où un doublage qui semble un peu vain. Malgré tout, ce n'est nullement handicapant pour Deborah qui fait un excellent usage de son corps dans les passages musicaux, et qui sait fort bien occuper l'espace avec des mouvements de crinoline très plaisants. En définitive, à part une scène un tout petit peu trop mélodramatique à un moment, Deborah fait le film à elle seule, malgré son alchimie avec un Yul Brynner trop agaçant, au point qu'on n'imagine personne d'autre dans un rôle qui me conquiert de plus en plus. Il y a vraiment quelque chose d'agréable et chaleureux dans cette performance, et je suis content d'avoir pris la peine de redonner une chance au film afin d'y découvrir les multiples détails qui ne m'avaient pas sauté aux yeux de prime abord, mais qui font de ce rôle une réussite.


Dorothy McGuire - Friendly Persuasion: Comme je le précisais plus haut, j'adore ce film, ce qui rejaillit forcément sur ses interprètes même si, en toute honnêteté, Dorothy McGuire n'a pas le rôle le plus complexe de l'année, ni le plus compliqué de l'intrigue. Mais enfin, elle est tellement lumineuse et chaleureuse en mère de famille Quaker qu'elle forme une harmonie parfaite avec le ton du film, et elle est d'autant plus marquante que le personnage a vraiment une existence propre, or l'actrice souligne bien ses désirs et son état d'esprit, sans se contenter de jouer à la matriarche juste là pour soutenir sa famille et en assurer la cohésion. Le rôle est également plaisant car Eliza occupe une place de premier ordre dans la société, étant ministre présidant la prière le dimanche, et son acte héroïque en pleine guerre de Sécession, alors que des rebelles sudistes veulent piller sa maison qu'elle doit défendre en l'absence de son mari, la rend d'autant plus intéressante d'un point de vue féministe. Eliza a donc des actes importants à accomplir, lors desquels l'actrice reste très fidèle à l'esprit du personnage en restant très calme, digne et conviviale malgré l'inquiétude qu'elle suggère en toute discrétion, mais les moments quotidiens sont rendus tout aussi captivants par l'interprète qui n'appuie jamais la relative austérité d'Eliza, tout en la nuançant allègrement en révélant ses tentations secrètes, comme le plaisir non feint qui la surprend en entendant de la musique à la foire. D'autre part, si Gary Cooper ne voulait pas d'elle comme partenaire pour ne pas la trouver très bonne actrice, on n'entrevoit absolument aucune des possibles tensions sur le plateau tant leur alchimie est parfaite, à l'image de la scène de la grange où Dorothy est vraiment mignonne alors qu'elle tente de bouder. En définitive, on n'a jamais l'impression que l'actrice a eu du mal à rentrer dans la peau de l'héroïne les premiers jours du tournage, et de toute manière, le résultat est trop attachant pour lui faire le moindre reproche.


Marilyn Monroe - Bus Stop: Une question: peut-on apprécier Marilyn dans un film excessivement médiocre, affublée du pire partenaire envisageable, du pire costume de scène possible et d'un teint incroyablement blafard qui lui donne l'air d'être en convalescence? Franchement oui, mais c'est une performance qui fait quand même meilleure impression avec l'effet de découverte qu'une fois celui-ci éventé. Reconnaissons tout du moins que malgré les difficultés rencontrées lors du tournage, rapport au mal-être bien connu de l'actrice, on sent constamment qu'elle est soucieuse de jouer et de briser le cliché de la blonde pas très futée à laquelle on l'identifiait jusqu'alors. Cependant, Chérie ne rompt pas tout à fait avec la tradition: ce n'est pas elle qui vous traduira Kant en coréen, mais si elle n'est pas très maline, elle marque les esprits par sa volonté de s'en sortir, l'actrice étant même vraiment mignonne lorsqu'elle montre naïvement la ligne droite que forme son trajet jusqu'à Hollywood sur la carte, et l'on apprécie également son désir d'indépendance lorsqu'elle fuit les attaques profondément misogynes, et pas drôles du tout même si c'est censé l'être, du fermier qui la harcèle avec son lasso. Par ailleurs, la performance est réussie, car Marilyn a bien conscience que Chérie n'a aucun talent, aussi prend-elle bien soin de chanter très mal lors de son numéro au cabaret, afin de souligner que le personnage est moins une artiste qu'une prostituée. Ses confessions au fermier, alors qu'elle tente de ne pas le blesser en lui révélant "avoir connu bien des hommes", sont quant à elles éminemment touchantes tant l'actrice sait comment détourner la tête avec des regards gênés en disant ça, et ses confidences à Hope Lange dans le bus, puis sa dernière crise dans le bar, où elle parle à moitié couchée sur son bras, sonnent également très vrai d'un point de vue dramatique. En somme, l'impression générale est positive, mais en revoyant le film, le sexisme du propos m'a vraiment dérangé, et hormis les scènes très réussies évoquées à l'instant, je me demande si c'est autant un rôle de composition que ça n'en a l'air de prime abord, tant l'extrême naïveté de l'héroïne semble dans la continuité des autres performances monroesques. Disons que j'ai beaucoup moins aimé la seconde fois, et l'absence totale d'alchimie causé par Don Murray n'aide vraiment pas le film à remonter la pente. Marilyn en reste néanmoins le meilleur élément, et son interprétation méritait qu'on s'y arrête une minute. Sachant toutefois que je préférerais la nommer pour son rôle comique de 1959 malgré le tournage catastrophique, j'hésite finalement à l'échanger avec Nancy Kelly cette année.

Bien. Alors, entre la jeune mariée du Sud, l'artiste larguée, la vieille fille dynamique, la gouvernante distinguée et la Quaker raffinée, qui va remporter le prix? La réponse est...


Katharine Hepburn dans The Rainmaker.

Ça en surprendra peut-être plus d'un mais en définitive, Katharine Hepburn donne vraiment la performance qui me satisfait le plus cette année, et si j'avais dit dans un article précédent qu'elle me semblait livrer sa meilleure variation de vieille fille dans Summertime, je suis actuellement encore plus conquis par ce qu'elle fait dans The Rainmaker, et elle surpasse à mon goût toutes ses concurrentes de l'année. Pour y voir plus clair, il est nécessaire de vous parler du processus qui m'a finalement conduit à ce classement.

En effet, la première fois que j'ai vu The Rainmaker, je me suis dit: "Katharine Hepburn mérite vraiment un Oscar pour ce rôle." Puis, le film s'est complètement estompé dans ma mémoire et lorsque j'ai découvert les autres concurrentes, seule Carroll Baker m'a fait forte impression, au point de chercher des remplaçantes par défaut du côté des charismatiques mais pas vraiment surprenantes Eleanor Parker dans The King and Four Queens et Liz Taylor dans Giant. J'ai ensuite mis la main sur Friendly Persuasion et Dorothy McGuire s'est imposée dans mon top, une revisite de Rainmaker a permis à Kate de faire un retour triomphal dans ma liste, et j'ai enfin été assez séduit par Marilyn dans un premier temps, tout cela pour finir par Bigger Than Life où Barbara Rush ne passe pas du tout inaperçue dans un rôle à clichés. Comme la plupart des performances officielles ne me semblaient toujours pas plus mémorables que ça, j'étais alors parti sur une sélection composée de Carroll Baker, Katharine Hepburn, Dorothy McGuire, Marilyn Monroe et Barbara Rush, avant de réaliser avec horreur que la dernière est quand même coincée dans un rôle peu intéressant de femme entièrement dévouée à son mari, ce qui m'a conduit à l'éliminer juste avant la rédaction de cet article, toute charismatique soit-elle. Mais alors, par qui la remplacer? Du coup, en revoyant les films pour me rafraîchir la mémoire, j'ai réalisé que le rôle de Deborah Kerr était bien plus riche que je ne l'avais cru de prime abord, et c'est elle qui a finalement pris la cinquième place, tout cela pour découvrir... que Marilyn Monroe m'inspirait finalement assez peu malgré ce rôle essentiel dans sa filmographie, au point que la fameuse dernière place se joue bel et bien entre elle et Nancy Kelly à présent, cette dernière m'ayant fait une impression encore plus positive la seconde fois. J'ai également pensé inclure Giulietta Masina dans La strada, éligible pour les Oscar 1956, mais le décalage de déjà deux ans m'ennuie, et je ne suis pas sûr que le rôle me plaise tant que ça, de toute façon. En définitive, mon classement actuel donne: Katharine Hepburn sur la première marche, Carroll Baker sur la seconde, Dorothy McGuire sur la troisième, Deborah Kerr sur la quatrième, et Marilyn Monroe ou Nancy Kelly sur la cinquième. N'aimant ni Bus Stop ni The Bad Seed, snober l'un des deux films ne me fait ni chaud ni froid, et je me demande si ça ne serait pas plus cool de distinguer Nancy Kelly pour son seul grand rôle de cinéma alors qu'on retrouvera Monroe en 1959.

Pour les curieux, je conclurai en vous proposant un embryon de liste internationale, sachant que dans l'immédiat, seules deux performances en langue étrangère pourraient prétendre au top, sans que je sois sûr de les préférer aux interprétations anglophones sus-citées. La première, c'est Setsuko Hara dans Pluie soudaine (Shû u), où elle est aussi drôle que lumineuse dans ses commérages quotidiens, mais où elle ne m'éblouit pas autant que d'autres, n'étant pas le plus grand amateur de tous ces personnages somme toute très banals des grands films japonais des années 1950. La seconde, c'est Maria Schell dans Gervaise, vraiment marquante dans un rôle assez riche que j'ai envie de revoir. Je pourrais éventuellement leur faire remplacer ma cinquième candidate et Deborah Kerr, cette dernière étant sûre de pouvoir se hisser dans mes tops internationaux à plusieurs reprises, mais évidemment, j'ai vu trop peu de films étrangers pour être certain du dénouement. La seule certitude, c'est que Katharine Hepburn reste ma gagnante tous pays confondus dans l'immédiat, ce qui me soulage finalement, étant à peu près sûr de la récompenser cette année si d'aventure je n'arrive pas à le faire plus tôt. Oui, j'ai revu Holiday récemment, et je préfère bel et bien Bette Davis en 1938, donc... Bref, j'en reparlerai dans un futur article après avoir davantage exploré l'année d'un point de vue international.

Pour finir, le classement fowlerien, plus compact que d'ordinaire devant les difficultés éprouvées à lister mes préférences parmi les interprétations...

qui m'inspirent: Carroll Baker (Baby Doll): voir ci-dessus. Joan Crawford (Autumn Leaves): un rôle qui ne surprend guère après Sudden Fear, mais Crawford pourrait être l'ombre d'elle-même que j'arriverais encore à être fan. Accessoirement, elle est sincèrement excellente, avec tout ce qu'il faut de charisme et d'émotions pour me convaincre entièrement. Katharine Hepburn (The Rainmaker), Nancy Kelly (The Bad Seed), Deborah Kerr (The King and I): voir ci-dessus. Giulietta Masina (La strada): je ne la sélectionne pas car, étant à présent de plus en plus intéressé par les sélections internationales, les décalages de plusieurs années spécifiques aux Etats-Unis m'inspirent peu, et je ne sais pas, par ailleurs, ce que sait faire l'actrice dans des registres autres que felliniens. Il n'empêche, son personnage est très attachant et la réussite de casting idéale: j'avais vraiment été touché lors du visionnage, alors que ce n'est pas, a priori, un rôle qui devait me captiver d'un point de vue dramaturgique. Dorothy McGuire (Friendly Persuasion): Marilyn Monroe (Bus Stop): voir ci-dessus. Eleanor Parker (The King and Four Queens): comme pour Crawford, une Eleanor Parker qui se contente d'être Eleanor Parker avec beaucoup de charisme suffit à m'enthousiasmer au plus haut point. En outre, elle est vraiment très drôle, et elle pulvérise allègrement le reste du casting. Barbara Rush (Bigger Than Life): comme précisé plus haut, elle a une grande présence à l'écran, et elle joue très bien la douleur qui l'affecte quant à sa vie de famille, en sachant toujours se ressaisir et rester maîtresse d'elle-même. Le film est en outre très réussi, mais à part dans la séquence de la salle de bain, le personnage peine à réellement exister par lui-même, étant davantage tributaire des actes de son mari. Esther Williams (The Unguarded Moment): je n'ai jamais vu la dame ailleurs, mais elle impressionne vraiment par son charisme et son maintien ici. Dommage que le film n'ait pas vraiment de sens, au point de plomber quelque peu l'effet de sa performance.


dignes d'intérêt: Ingrid Bergman (Anastasia): voir ci-dessus. Angela Lansbury (Please Murder Me!): si le film brille par son absence totale de mise en scène, Angela sait heureusement sauver les meubles grâce à une performance incroyablement charismatique, avec tout ce qu'il faut de dureté et de nervosité pour laisser présager de ce qu'elle aurait pu donner sous la baguette d'un meilleur réalisateur. Elizabeth Taylor (Giant): je l'adore absolument dans ce film même si elle n'y fait pas grand chose, tout du moins comparé à ses rôles suivants, bien plus complexes. Mais j'ai vraiment un faible pour sa dignité de dame faussement mûre à vingt-cinq ans! Lana Turner (Diane): le film est raté et le scénario se détourne de son personnage à mi-chemin, mais elle est tellement classe et distinguée, et porte si joliment les costumes Renaissance, que cette performance revêt un aspect franchement addictif pour moi. Barbara Stanwyck (There's Always Tomorrow): je garde le souvenir d'une performance touchante et charismatique, même si l'actrice est beaucoup plus marquante dans All I Desire, tant qu'à rester dans ce même registre.


quelconques: June Allyson (The Opposite Sex): elle n'est techniquement pas mauvaise même si j'ai déjà tout oublié de sa performance, mais... rendez-nous Norma Shearer!!! Doris Day (The Man Who Knew Too Much): je n'ai pas revu le film depuis des lustres, mais de mémoire, elle n'avait pas grand chose à y faire, à part se montrer inquiète et chanter un instant. Olivia de Havilland (The Ambassador's Daughter): un film et une performance très oubliables, que je n'ai pas le courage de revoir pour en parler plus en détail. Ava Gardner (Bhowani Junction): une actrice un peu éclipsée par les jolies couleurs du film, mais c'est aussi que la censure lui a coupé ses meilleures scènes. On aurait quand même préféré la voir se brosser les dents avec du whisky. Jane Greer (Run for the Sun): l'actrice a toujours une bonne présence à l'écran, mais le film est très dispensable. Shirley Jones (Carousel): le rôle n'a jamais permis aux interprètes de briller, et Jones y est quand même assez effacée, bien qu'elle ait l'occasion de chanter. Grace Kelly (High Society): contrairement à tous les autres remakes de l'année, Kelly est loin de faire déshonneur à la version d'origine. Mais elle ne fait rien de transcendant non plus. Deborah Kerr (Tea and Sympathy): le film était intéressant, mais je n'ai pas trouvé que l'actrice y fût plus exceptionnelle que ça. Donna Reed (Backlash): elle a au moins une certaine présence et de la dureté dans ses expressions, mais ça s'arrête là. Debbie Reynolds (Bundle of Joy): une performance très maniérée qui sert son propos, rien à signaler. Ginger Rogers (Teenage Rebel): Ginger est bien. Le rôle moins. Barbara Stanwyck (The Maverick Queen): je refuse de revoir ce film pour savoir comment y est vraiment l'actrice. C'est l'un de ses rôles les plus mineurs de toute façon.


insipides ou laborieusesJoan Bennett (Navy Wife): Joan Bennett qui apprend à ses domestiques japonais comment faire marcher des ustensiles ménagers... En attendant "Gary Merrill apprend aux Tokyoïtes comment puiser de l'eau" et "Judy Nugent apprend aux Sapporais à faire du feu avec des silex". Leslie Caron (Gaby): un remake de Waterloo Bridge totalement insipide. J'avoue n'avoir pas eu le courage d'aller jusqu'au bout. Linda Darnell (Dakota Incident): elle minaude à mort en essayant d'être charismatique. De toute façon, on la voit vraiment jouer à dix kilomètres, et ce n'est pas la faute de son ensemble rouge. Doris Day (Julie): la pauvre Doris doit ici empêcher sa voiture de faire une sortie de route alors que son méchant mari appuie comme un fou sur l'accélérateur, tout ça avant de faire atterrir un avion toute seule comme une grande, bien que n'ayant jamais piloté... Mitzy Gaynor (The Birds and the Bees): non mais! Croyiez-vous qu'il était possible de faire un film pas drôle à partir de The Lady Eve? J'ai le regret de vous apprendre que oui. Susan Hayward (The Conqueror): l'actrice a l'air tellement peu concernée qu'il ne fait aucun doute qu'elle n'avait nullement envie d'être là. On la comprend. Mais penser que c'est ce film qui aura causé sa mort à long terme fait sincèrement mal au cœur. Katharine Hepburn (The Iron Petticoat): brrrrrrr! Qu'y a-t-il de plus sinistre: son uniforme... ou son accent? Par ailleurs, que fait Kate Hepburn dans une comédie de Bob Hope? Betty Lou Keim (Teenage Rebel): ce qui aurait été accepté d'une enfant ne peut l'être d'une actrice de dix-huit ans. Deborah Kerr (The Proud and Profane): on dirait From Here to Eternity en raté, et Kerr surjoue beaucoup trop (la scène de la gifle). Jayne Mansfield (The Girl Can't Help It): contrairement aux autres, elle n'est ni insipide ni laborieuse, mais concrètement, que fait elle à part se dandiner partout où elle passe? Jane Russell (The Revolt of Mamie Stover): l'actrice reste monoexpressive alors qu'on aurait pu attendre beaucoup plus d'un tel personnage. Jane Wyman (Miracle in the Rain): bon, je comprends bien que pour rester fidèle à l'héroïne, l'actrice a pris soin de gommer toute trace de flamboiement, mais de là à être éclipsée par sa coupe de fillette de cinq ans, non merci.

Au regard de cette liste, vous remarquerez certainement que je n'ai pas vu tous les films annoncés lors des pronostics: certains ont été effacés entre temps, d'autres ne me faisaient vraiment pas envie, et je souhaite ardemment passer à une autre année. Les seconds rôles sont néanmoins à prévoir pour la fin de semaine.


8 commentaires:

  1. Moi, à l'inverse, comme tu le sais, j'adore cette année et la décennie, même si je vois en quoi ça peut déplaire. Mais c'est une période qui a ses passionnés et ses détracteurs, les deux acharnés.

    En ce qui concerne les films déjà vus, j'adore les deux Sirk (j'aime vraiment beaucoup There's Always Tomorrow) ainsi que les films que tu cites comme au moins médiocres, au mieux bons (même si je suis clairement moins fan que toi du Faiseur de pluie et de Katharine Hepburn) et j'avoue ma fascination complète pour le scénario et l'interprétation dans La Mauvaise Graine (je suis content que tu ne sautes pas à pieds joints sur Nancy Kelly et, au passage, que tu aies trouvé intéressante Esther Williams, qui, autant le préciser immédiatement, n'a jamais été réellement bonne, à part dans ce rôle ... et je dis ça alors qu'en tant que personnalité cinématographique, je l'apprécie). Je suis aussi fan de Feuilles d'Automne, mais vraiment, je reconnais que c'est "un genre" et qu'on n'est pas obligé de s'extasier sur TOUS les mélodrames de la période.

    Pour les interprétations "à défendre", je parlerais de Doris Day (que personnellement je ne nomme pas) dans L'Homme qui en savait trop. J'avais lu tout un essai sur la qualité de la représentation de l'hystérie chez Doris Day, ça se fondait en grande partie sur ce film et ça donnait envie de le revoir (ce que je n'ai pas fait).

    Dans les films que je n'ai pas vu : je suis très curieux maintenant de découvrir Please Murder Me et ... le remake de Lady Eve !!! Je ne savais pas du tout que ce film existait. Comme j'avoue que je ne suis pas fan du premier (oui, j'ai honte) un remake couleurs (et musical ?) pourrait peut-être passé. J'avoue aussi que j'ai bien ri quand tu as parlé de Navy Wife et que du coup, ça m'intéresse aussi.

    J'ai exactement le même parcours que toi concernant Carroll Baker, c'est drôle.

    Pour les films non vus (mais j'ai compris que tu n'étais pas prêt de te replonger dans la période ;-), je conseillerais sans doute pour leur importance historique le Lang (la 5ème victime) et le Kubrik (L'Ultime Razzia ... très dur cependant, mais comme tout le monde est pourri ...). Sans doute aussi le Repas de Noce (je ne suis pas fan, mais certains aiment beaucoup Davis dedans ...et elle même pensait que c'était son grand film de deuxième carrière avec Baby Jane). Mais finalement, il y aussi assez peu d'interprétations dont je suis un admirateur absolu :

    Ca se joue entre Kelly/Schell/Baker/McGuire/Williams avec en effet Bergman, Kerr (Le Roi et moi) et Monroe, voire Jones dans L'Homme au complet gris et Audrey Hepburn dans Guerre et Paix en outsiders. Donc une liste "top ten" très proche de la tienne.

    L'AACF qui a récupéré the Wild, Wild Rose.

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    1. Ce qu'il y a de très excitant avec 1956, malgré mon ressenti un peu mitigé à la fin, c'est que ça reste avant tout l'année des grandes fresques colorées, de quoi divertir grandement même si je n'aime pas forcément les histoires ou les personnages. Je retire d'ailleurs ce que j'ai dit sur Lust for Life: c'est toujours trop long et trop lent, mais quel sens de la mise en scène, de l'interprétation, des décors et de la photographie! Hop, ça revient dans mon top 5, n'arrivant vraiment pas à me décider à aimer The Searchers.

      J'ai bien vu le Fritz Lang et le Kubrick, mais j'en parlerai pour les seconds rôles. J'avoue n'en avoir aimé aucun des deux malgré leurs qualités: impossible de rentrer dedans pour ma part. Le Bette Davis a été effacé, mais ça me fait très envie.

      Je compte plutôt Audrey et Jennifer comme supporting autrement. Quant à Carroll Baker, je l'ai découverte dans The Big Country, j'avais préféré Jean Simmons sur le coup, mais quel charisme tout de même! J'ai aussi revu Giant récemment, et elle crève l'écran dans la deuxième partie. Il n'y a que dans Harlow où je ne l'ai pas vraiment aimée, sur les quatre films vus. Baby Doll reste néanmoins son sommet.

      Cool pour The Wild, Wild Rose! J'espère que je ne me suis pas trop emballé dans ma critique et que tu ne vas pas être déçu. Par contre, le remake de Lady Eve, c'est niet! Pour finir, je réalise finalement que Katharine Hepburn est l'interprétation que tu aimes le moins de la liste officielle. C'est évidemment ma préférée, mais on ne peut pas être d'accord sur tout, et je peux également considérer Carroll Baker pour la victoire.

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  2. Je relisais ce que j'avais écrit à propos de Katharine Hepburn et, en réalité, juste après avoir vu le film, j'étais nettement plus enthousiaste que dans mon souvenir. J'ai certainement dû, en réalité, envisager de la nommer aussi. Comme je la nomme déjà une demi-douzaine de fois, je pense que je la fais facilement passer à la trappe (ce qui est injuste).

    C'est un casse-tête pour Monroe, parce que je ne sais jamais si je la nomme là ou en 57 (pour le Prince et la danseuse) puisque je dois confesser que, comme souvent, je suis un peu à contre-courant (je n'en tire pas gloire, d'ailleurs) et que je l'avais presque trouvée maladroite dans Certains l'aiment chaud. Bref ...

    Et je n'ai pas vu Lust for Life ... (Ben oui moi évidemment, s'il n'y a pas d'actrices et que ça parle de Van Gogh ... ça n'est pas pour moi !)

    Je n'ai pas revu le Repas de Noce depuis des siècles (néoréalisme, pas mon trip etc. ) mais le fait est que Davis et Brooks étaient tous les deux très fiers de ce film, je pense que Davis doit y être meilleure et plus inventive que dans The Star, par exemple. A réfléchir. Et puis Debbie Reynolds avait reçu un prix prestigieux et de bonnes critiques comme second rôle.

    L'AACF

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    1. Pour Hepburn, j'ai l'impression d'aller à contre-courant en la nommant de préférence pour Summertime et The Rainmaker, mais pas pour The African Queen, Suddenly, Last Summer (à moins qu'il n'y ait rien en face, je ne maîtrise pas du tout l'année), ni pour... attention, tout le monde va hurler... Long Day's Journey Into Night. Je sais, sacrilège, tout ça, mais je n'ai jamais réussi à rentrer dans le film et je préfère d'autres interprétations cette année ultra chargée, tout excellente soit-elle. 1955 et 1956 restent vraiment les deux moments où elle me plait le plus dans la deuxième partie de sa carrière, sous réserve d'un nouveau visionnage du Lion en hiver, vu il y a trop longtemps.

      Je ne suis vraiment pas fan de Monroe, en définitive, mais dans ce qu'on peut voir du montage final de Some Like It Hot, elle me fait sincèrement rire, même si sa performance est finalement due au réalisateur qui n'a eu qu'à choisir l'unique bonne prise sur les cent cinquante mille disponibles... Bus Stop, c'était plus pour la retrouver une seconde fois pour un rôle où elle s'était vraiment investie, mais comme précisé plus haut, je suis de plus en plus tenté par Nancy Kelly, et Maria Schell leur damera probablement le pion à toutes deux d'un point de vue international...

      Quant à Lust for Life, les décors (!), la photographie (!) et un personnage mi-fou mi-passionné (!), trait qui a ma préférence quand on en vient à l'interprétation masculine, me font totalement apprécier le film à présent, malgré l'absence d'actrices et un scénario franchement barbant qui raconte tout linéairement de B à Z, hormis la naissance. Et l'effort pour recréer les tableaux par la photographie me fait totalement jubiler, moi qui aime prendre en moyenne 300 captures d'écran par film.

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    2. Pour 1962, il y a tellement de grandes interprétations qu'on est bien obligé d'en sacrifier une, voire deux, sur la liste officiel, aucune ne me choque donc !
      Et pour revenir à 1956 : j'ai eu un flash que je viens de confirmer en consultant le livre : Danny Peary (le classique "Alternate oscars") choisit lui aussi Hepburn (il nomme Bergman Monroe, Baker et Holliday). Il considère que la scène d'amour entre Lancester et Hepburn compte parmi les plus réussies de toute sa carrière, par exemple. Je pense qu'on peut tomber amoureux de cette performance, de fait ... et donc tu n'es pas seul !

      L'AACF

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    3. Hallelujah, je ne suis donc pas seul! Cependant, je n'ai jamais lu le livre de Peary et ne connais que sa liste de lauréats via internet: ça vaut le coup? Les explications y sont-elles pertinentes? Je demande ça parce que parfois, il semble aimer des trucs assez horrifiants, genre Jerry Lewis à qui il donne un prix, brrrrrrr...

      En 1962, la liste officielle est littéralement parfaite, mais le sort aura voulu que ça tombe l'année de pléthore de très grandes performances non nommées... Et d'un point de vue international, Leslie Caron redevient éligible cette année, argh...

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  3. J'ai encore revu Le Faiseur de pluie et, en réalité, mon plaisir augmente à chaque visionnage. D'ailleurs, je pense que c'est une excellente pièce.

    Même si pour moi le décalage reste important (elle est vraiment beaucoup plus âgée que ses frères - d'un autre côté, ses robes ridicules ne l'avantagent pas mais c'est un fait exprès) je la trouve réellement formidable, y compris (là j'y ai été particulièrement sensible) dans les passages comiques, ceux où elle minaude ou fait le clown. Franchement, la performance est d'une richesse exceptionnelle.

    Je me demande néanmoins ce que faisait Geraldine Page (que dans l'absolu je préfère en tant qu'actrice) dans le rôle à la scène (elle avait elle 32 ans).

    L'AACF

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    1. Merci! Je me sens finalement moins seul dans mon estime pour cette performance. Il est d'ailleurs amusant de noter que si Hepburn n'est pas ma comédienne préférée dans l'absolu, ce rôle-là est un de ceux qui me touchent le plus, alors que ses plus grands fans le rejettent en général. La scène comique et pathétique à la fois sur la barrière est prodigieuse!

      Je n'ai d'autre part ni le temps ni l'envie, du moins dans l'immédiat, de mettre cet article à jour, mais aux dernières nouvelles, je remplace Marilyn Monroe par Doris Day. Baker, Day, Hepburn, Kerr, McGuire, avec Crawford juste derrière.

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