De prime abord, quelques précisions pour régler la crise de succession arthurienne de 1949. Je viens de revoir My Foolish Heart, dont j'avais, horreur, une vision totalement erronée, conséquence très probable de mes découvertes simultanées des films majeurs de Susan Hayward, au point d'avoir mélangé certaines séquences d'une œuvre à l'autre, avec le recul. Surprise: elle ne joue pas du tout une alcoolique à la manière de Smash-Up ou I'll Cry Tomorrow puisqu'on la voit principalement avant et après sa descente aux enfers, et le film insiste tout particulièrement sur sa vie sentimentale. L'actrice trouve le ton le plus juste à chaque séquence, aussi bien en jeune romantique un peu réservée qu'en post-alcoolique au timbre plus rauque, et rien de forcé ne transparaît dans son jeu. J'ai réécrit son paragraphe dans l'article concerné pour de plus amples détails, mais elle est actuellement ma favorite de la sélection officielle de 1949, loin devant Olivia de Havilland qu'elle bat sur le terrain de la subtilité et de la sobriété. Dès lors, la nomination me paraît amplement méritée, et ce bien plus que la distinction fantoche pour House of Strangers où elle ne fait rien d'autre qu'être très charismatique, mais je ne suis pas sûr d'être assez ébloui pour parler victoire, le problème étant que le film accuse de nombreuses longueurs dans ses dialogues amoureux, au point de lasser par moments. D'un autre côté, plus je pense à cette performance, plus je réalise que je n'ai absolument rien à reprocher à l'actrice, qui m'a d'ailleurs constamment diverti même dans les séquences les plus ennuyeuses. A la réflexion, elle pourrait vraiment l'emporter cette année-là, où je crois même la préférer à Kate Hepburn, elle aussi revue il y a peu. Un trophée pour My Foolish Heart ne me choquerait pas, d'ailleurs, car sans être le sommet atteint par l'actrice dans I'll Cry Tomorrow, c'est finalement une performance qui me plaît davantage que celle de Smash-Up, que j'ai rarement envie de revoir toute réussie soit-elle.
Dès lors, en admettant qu'Hayward gagne en 1949, je réattribuerai son prix de 1947 sans aucune hésitations à Deborah Kerr dans Black Narcissus, où elle m'y a toujours plus séduit que dans Heaven Knows, Mr. Allison, encore que je la trouve parfaite dans le Huston. Mais il est vrai que sa froideur et son charisme puissants laissent une empreinte plus indélébile encore dans les esprits. Reste à savoir qui gagnerait en 1957, alors... Autrement, dans la foulée de My Foolish Heart, j'ai également revu Edward, My Son, où Kerr bénéficie vraiment d'un rôle secondaire, et où elle m'a moins exaspéré que dans mon souvenir dans la première partie en bonne femme un peu geignarde, quoiqu'elle reste affreusement catastrophique dans les séquences finales. Mais ça ne change rien dans ma liste, elle n'aurait jamais été nommée pour ce rôle-là.
Dans un tout autre registre, j'ai également été amené à revoir Old Acquaintance, The Song of Bernadette, National Velvet et Fallen Angel récemment, quatre films qui ont pour point commun de comporter une performance d'Anne Revere, qui vient de faire un grand bond dans mon estime. Dans le premier, elle est très classe et imposante dans un rôle très restreint de journaliste, où elle n'oublie pas de faire preuve d'autodérision en parlant de se trancher la gorge après une bévue devant Miriam Hopkins. Dans le second, elle a beau jouer la matriarche standard qui se bat pour sa progéniture, elle apporte énormément au rôle par sa présence puissante, sa façon de restituer sans jamais la forcer la dure vie d'une paysanne du XIXe siècle, et ses yeux lumineux où se lisent aussi bien l'inquiétude que le respect que lui inspire sa fille. Dans National Velvet, elle est également intense en mère de famille, au point de donner lieu à une belle performance enrichie par le passé du personnage, ce qui rend son Oscar bien plus mérité que je ne l'avais trouvé de prime abord. Quant à Fallen Angel, elle y impressionne à nouveau, toujours dans un rôle protecteur où elle n'oublie pas d'être charismatique et suspicieuse à souhait. Du coup, celle qui m'avait paru comme l'archétype même de la figure maternelle un peu terne révèle en réalité des compositions toutes très bien détaillées qui ne se ressemblent pas tant que ça, et qui divertissent constamment. Je suis de plus en plus enthousiaste.
D'autre part, je n'ai pas le temps de réécrire mes articles pour les détailler, même si j'essaie de faire quelques mises à jour si possible quand je revois une performance. Actuellement, je ne me suis pas encore décidé pour Susan Hayward en 1949, je laisse donc mes articles en l'état. Je signale juste avoir réintégré Kate en 1940, au détriment de Greer Garson. Désolé Greer, que j'aimerais nommer plus souvent que je ne le fais, mais elle a tout de même son moment de gloire en 1942, et après mûre réflexion, je trouve Kate vraiment plus méritante pour The Philadelphia Story. Je cherche à remplacer sa nomination de 1942 pour Woman of the Year qui me séduit beaucoup moins en comparaison, mais je n'arrive pas à déterminer par qui. Jean Arthur dans The Talk of the Town, découverte il y a peu et terriblement séduisante? Ingrid Bergman si l'on considère Casablanca comme un film de 1942? J'y suis tout disposé, reste que sans Casablanca en 1943, je vais avoir bien du mal à trouver un top 5 dans la catégorie meilleur film... Et si je prends en compte les dates originelles de sortie des films, ça m'obligera à décaler Garbo en 1936 pour Camille. Je n'ai pas eu le temps de réécrire cet article, mais j'avais déjà prévu depuis bien longtemps de remplacer Myrna Loy, en particulier par une fabuleuse Jean Arthur dans Mr. Deeds. Si Garbo s'en mêle, elle prendra incontestablement la place, et je me demande si ce serait tricher de considérer Arthur comme second rôle dans Deeds, un film avant tout centré sur Gary Cooper et dont le personnage féminin n'est que l'un des acteurs qui l'affectent. Je ne suis néanmoins pas sûr de moi pour ce placement.
Enfin, je n'ai toujours pas résolu le problème Mae Clarke dont je parlais l'autre jour. Pour le moment, j'ai Vivien en 1939 et Bette en 1938, et il faut trouver une place pour Kate dans ces années-là. Miriam en 1931 alors? Ne serait-il pas dommage, toutefois, de sacrifier Mae Clarke sous prétexte que sa carrière a tourné très court avant de sombrer dans la série B la plus horrifiante? De toute façon, 1931 sera la prochaine année en lice quand j'en aurai fini avec 1956, je compte alors me programmer un marathon Smiling Lieutenant / Waterloo Bridge pour être sûr de mon fait.
Voilà où j'en suis dans l'immédiat. Je réalise surtout que les filmographies de Miriam Hopkins, Susan Hayward et consœurs m'intéressent plus que ma propre existence, et je me demande si c'est une bonne chose.
Je viens de voir My Foolish Heart, qui est mon premier film de Susan Hayward et... j'ai plus ou moins le même ressenti que toi. J'ai trouvé le film agréable à regarder, mais l'histoire un peu trop "Hollywood romance" pour m'enthousiasmer. Par contre, les acteurs m'ont beaucoup plus, en particulier Susan Hayward. J'ai vraiment envie de la découvrir un peu plus après avoir vu ça.
RépondreSupprimerJ'ai pour ma part bien aimé Anne Revere dans "Body and Soul" (1947), où elle joue la mère de John Garfield. La performance m'avait marqué.
"sans Casablanca en 1943, je vais avoir bien du mal à trouver un top 5 dans la catégorie meilleur film" - Je confirme ! Je résous le problème en n'en sélectionnant que trois ! (en attente d'une heureuse découverte, sait-on jamais)
Pour Susan, c'est sa performance la plus calme, dirons-nous. Attends-toi à des explosions en tous genres dans ses autres films!
SupprimerPas vu Body and Soul mais je note, merci pour la suggestion. Cette année-là, je ne connais Revere que dans Gentleman's Agreement, où elle commence à devenir redondante même si je décèle toujours une dose d'intensité dans sa performance. Mais je n'aime pas vraiment le film à vrai dire, et je n'ai d'yeux que pour Celeste Holm.
Concernant Miriam Hopkins, n'y a-t-il pas la place pour elle en 1932 (Trouble in Paradise) ? Ce qui permettrait de ne rien changer à tes choix du moment...
RépondreSupprimerAlors évidemment, peut-être que la place en 1932 est déjà attribuée (Jean Harlow, Marlene Dietrich... il y a du beau monde aussi cette année là !).
Je traiterai de 1932 ce printemps, surprise!
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