jeudi 2 avril 2015

Les dix meilleurs rôles de Bette Davis.


Qu'on se le dise: il n'est rien de mieux qu'un film avec Bette Davis. En effet, je n'aime rien tant que passer une soirée devant l'une de ses performances, au point de revoir ses plus grandes œuvres au moins une fois par an, sinon plus. Il faut dire que celle que l'on peut légitimement qualifier de plus grande actrice du monde allie à son immense talent l'avantage d'avoir tourné dans des chefs-d'œuvre sous la direction des meilleurs réalisateurs de son temps (Wyler, Curtiz, Goulding, Mankiewicz), en plus d'avoir su durer dans un monde peu favorable aux actrices vieillissantes, même s'il faut reconnaître en toute honnêteté que rien de ce qui a suivi son retour triomphal de 1950 n'arrive à la cheville de la première partie de sa carrière.

Mais Bette n'en reste pas moins la reine incontestée de la période 1938-1942, très probablement la période la plus excitante de l'Age d'or d'Hollywood, d'où une admiration décuplée de ma part. Et puis, elle est aussi la toute première actrice classique que j'ai découverte, avec Vivien Leigh, au sortir de l'enfance, et icône gay oblige, je me suis tout de suite identifié à ses personnages originaux, un peu divas, voire très drama queens sur les bords, de telle sorte que Bette Davis fut vraiment mon modèle absolu dans la construction de mon identité au collège et au lycée, quitte parfois à être en total décalage par rapport aux gens de ma génération. En outre, étant moi-même un garçon très mélodramatique à l'intérieur, des phrases comme "With all my heart, I still love the man I killed!" ou "Fasten your seatbelts, it's going to be a bumpy night!" sont à mon goût des sommets de naturel que je pourrais sortir en n'importe quelle occasion si je suis ému. Je vis donc une histoire passionnée avec les héroïnes de Bette Davis, aussi était-il tout naturel que nous commencions cette série par elle.

Mais trêves de bavardages, et passons sans plus tarder au top 10 de ses meilleurs rôles, une liste établie après mûre réflexion mais où seul le top 5 coule de source. Pour les autres, la plupart de ces performances sont inamovibles, mais je pourrai vraiment les inverser au gré de mes humeurs. J'ai aussi hésité avec deux autres rôles pour la dernière place, avant de me tourner finalement vers:

10 ~ Mr. Skeffington (1944)

La plus honnie de ses performances, tout du moins parmi celles qui lui valurent une nomination aux Oscar. Et je suis d'accord pour dire que ce n'est pas son meilleur rôle, mais ça mérite amplement une place dans le top puisque Davis a le mérite de faire preuve d'originalité en jouant une femme entièrement superficielle, bien loin des héroïnes fortes qu'on lui connaissait alors, et force est de reconnaître que c'est un vrai challenge de devoir piquer l'intérêt deux heures durant avec si peu de profondeur d'esprit. Ça n'empêche nullement l'actrice de creuser justement en profondeur pour étoffer le rôle malgré la limite imposée par la personnalité de Fanny, et là où beaucoup ne voient qu'une série d'exclamations stridentes et de sourire grinçants, je décèle une véritable force de caractère qui permet à l'héroïne de mener les autres par le bout du nez l'air de ne pas y toucher. En fait, on sent bien que l'actrice accentue avant tout l'égocentrisme pour ne pas verser dans la stupidité, et c'est évidemment le bon choix. Par ailleurs, Fanny Skeffington lui permet également de briller dans le registre comique, ce qui n'est pas habituel chez la reine du drame sauce Warner, et chaque battement de paupières est à mourir de rire. Enfin, la performance se termine par quelque chose de très authentique et d'assez touchant lorsque l'héroïne se regarde, à présent flétrie, dans les miroirs, après s'être ridiculisée en public en continuant de minauder. Le rôle est donc vraiment riche et divertit constamment. A vrai dire, à chaque fois que je regarde le film pour voir ce qui déplaît tant aux autres, je me retrouve systématiquement conquis.


9 ~ The Private Lives of Elizabeth and Essex (1939)

1939 fut une année très chargée pour l'actrice, compensant alors sa défaite dans la guerre d'obtention du rôle si convoité de Scarlett O'Hara par une boulimie de projets prestigieux, dont cette superbe romance historique flamboyante où chaque couleur est à ravir (je fais une fixation sur le bleu des fenêtres), et où Davis campe rien de moins que la plus célèbre souveraine britannique, dont le caractère bien trempé lui va comme un gant. En effet, l'actrice y est autoritaire à souhait, son charisme crève l'écran, et la performance est toujours très richement ornée, avec tout ce qu'il faut d'humour (le fou rire avec Essex), de regret (la reine, provoquée par une rivale, se regardant vieillie dans un miroir), de colère (le jeu d'échec), de larmes mais aussi de compassion (le dialogue avec Nanette Fabray) pour nuancer le personnage constamment. En outre, bien qu'ils se détestassent sur le plateau, l'alchimie avec Errol Flynn est crépitante, et l'on notera aussi le courage de la star de s'être rasé le haut du crâne pour ajouter au crédit physique de sa performance. Dans la lignée des grandes épopées aventurières de Curtiz, et porté par la plus belle partition de Korngold, le film est d'ailleurs l'un de mes préférés de l'année, et Davis n'y est pas pour rien. N'importe quel autre moment, elle aurait même décroché une nomination aux Orfeoscar pour cette composition.


8 ~ A Stolen Life (1946)

Malgré un rebondissement improbable, mais délicieusement mélodramatique, La Voleuse n'en reste pas moins un exploit, aussi bien technique qu'interprétatif, Bette y incarnant deux jumelles que rien ne peut distinguer, si ce n'est leur caractère. Kate, l'héroïne, est douce voire parfois masochiste à force de tout accepter sans rechigner, mais la comédienne lui donne tant de force de caractère dès le départ, avec tout ce qu'il faut de répondant et d'intrépidité, pour la rendre immédiatement captivante et piquer l'intérêt tout au long du film. A l'inverse, la teigneuse Patricia manque de subtilité, mais elle est si vigoureusement incarnée qu'on ne peut s'empêcher d'avoir un petit pincement au cœur lorsqu'un drame la frappe de plein fouet. Par moment, le jeu de Bette reste typique du cinéma hollywoodien de ces années-là, telle sa façon de s'effondrer à l'annonce des fiançailles, mais elle reste malgré si vivace et audacieuse, cherchant toujours à nuancer les deux sœurs, qu'il est difficile de ne pas être conquis. En outre, donner l'avantage à l'héroïne dotée du meilleur caractère lui permet de rompre quelque peu avec ses ogresses du reste de la décennie, et ça fait un bien fou de voir Bette Davis triompher une fois n'est pas coutume dans la gentillesse et l'abnégation. En définitive, malgré un scénario impossible à prendre au sérieux, cette performance double reste excitante tout du long grâce à l'aplomb d'une actrice qui n'a décidément rien perdu de son mordant.


7 ~ Now, Voyager (1942)

Plus masochiste encore que Kate Bosworth citée à l'instant, voici Charlotte Vale, l'héroïne d'un film qui ne fait pas l'unanimité dans mon entourage, mais que j'adore envers et contre tout. Peut-être cela tient-il de ce que cette délicieuse croisière au Brésil, qui permet au personnage de sortir de sa chrysalide, reste le film-phare pour tout homosexuel vivant mentalement dans les années 1930/1940. Quoi qu'il en soit, il se dégage de ce rôle quelque chose de très parlant pour moi, voire de très séduisant, et force est de reconnaître que si le personnage est un sommet de masochisme (avec en point d'orgue la réplique à sa nièce la main crispée sur la théière), virant méchamment en sombre manipulatrice qui se met à régenter la vie d'une pauvre innocente bien davantage dans le but de se rapprocher de l'être aimé que pour son bien à elle, il reste bien difficile de ne pas être touché par ses aventures. La transformation sur le bateau est ainsi délicieuse, et j'apprécie tout particulièrement la façon qu'a l'actrice de présenter, dès son premier dialogue avec Claude Rains, toute l'intelligence de cette femme pourtant éclipsée par ses sourcils. On sent vraiment une force bouillonnant en elle, dans la continuité logique du regard défiant lancé à la mère par la jeune fille lors de sa première croisière, et l'on ne perd donc jamais l'intérêt pour cette histoire. Reste à savoir si Davis a vraiment perçu le côté malsain du personnage ou si c'est moi qui l'interprète de cette façon-là.


6 ~ The Little Foxes (1941)

L'une des raisons pour lesquelles Bette Davis reste mon idole absolue, c'est bel et bien le tandem qu'elle a formé avec William Wyler le temps de trois films, que j'ai bien du mal à classer tant chacun reste un chef-d' œuvre incontestable. Après avoir trôné en tête pendant bien longtemps, The Little Foxes est celle des performances que j'aime désormais un peu moins que les autres, mais ça n'en reste pas moins un rôle cinq étoiles et une extrême réussite, bien qu'il manque un petit quelque chose. En effet, Bette s'est volontairement restreinte afin de ne surtout pas imiter Tallulah Bankhead qui venait de triompher à Broadway dans le même rôle, d'où une performance apparemment moins nuancée, dominée par un masque de cire rendant l'héroïne plus dure encore que dans la pièce. En revoyant le film, j'aurais peut-être aimé une fragilité un peu plus marquée afin de rendre l'interprétation plus riche encore, mais nous féliciterons tout de même la comédienne pour sa volonté de proposer une caractérisation originale. De toute manière, c'est un feu d'artifice d'un divertissement sans égal: en particulier parce que l'actrice y réussit l'exploit de tout dire avec un visage figé lors d'une scène de haine violente absolument jouissive, sans surprise le plan le plus célèbre du film. En outre, la voir adapter son comportement en fonction de chaque partenaire (n'oublions pas qu'elle craint ses frères bien qu'elle les défie), est impressionnante: Regina sait faire preuve de séduction en société malgré son côté venimeux. Malgré tout, on aurait aimé un surplus d'émotions: celles-ci sont bien présentes, mais j'aurais adoré voir Tallulah brosser un portrait avec davantage de nuances.


5 ~ What Ever Happened to Baby Jane? (1962)

Si Bette Davis fut connue pour sa rivalité fort médiatisée avec Miriam Hopkins le temps de deux films, rien n'égale le duel nucléaire qu'elle entreprit contre Joan Crawford dans le mètre étalon du grand-guignolesque à l'hollywoodienne, où rien n'est plus jouissif que voir deux monstres sacrés se torturer mutuellement, l'un à coups de pieds et de rats morts, l'autre à coups de sonnette si irritants qu'on a presque envie de s'introduire dans leur villa pour couper l'électricité! Quoi qu'il en soit, c'est un rôle qui demande beaucoup d'expressivité, et l'on saluera l'énorme courage de l'actrice qui se vautre ainsi dans des flots de ridicule assumé faisant parfois trembler de terreur, en particulier lorsqu'elle se balade dans son salon avec un gros nœud sur la tête, et parlant ou chantant comme une petite fille de cinq ans. Je préfère en général les performances un peu plus subtiles, mais dans ce registre exacerbé si particulier, la réussite est bien au rendez-vous. Néanmoins, n'oublions pas de saluer la composition de Crawford, qui souffre si bien et ne perd jamais une occasion d'être agaçante sous ses airs de grande dame moralisatrice, bien que Davis domine davantage le film à force de sombrer inexorablement dans la folie. Quoi qu'il en soit, l'alchimie entre les deux stars fait des merveilles, et ce qui aurait pu n'être qu'un film d'horreur pour vieilles gloires en fin de carrière se métamorphose en direct en chef-d’œuvre camp dont peu d'actrices auraient pu sortir indemnes. Davis et Crawford l'ont fait: honneur à elles!


4 ~ The Letter (1940)

Un nouveau chef-d’œuvre de William Wyler, et un nouveau triomphe d'interprétation. En effet, dans un monde où tout n'est que rayures et moiteur tropicale, l'actrice prend le parti de tout exprimer uniquement avec ses regards pour bien révéler le caractère froid d'une meurtrière qui se donne un côté respectable devant ses intimes, de quoi lui permettre d'exprimer avec une intensité rare toute une palette d'émotions, depuis l'assouvissement le plus glacial d'une pulsion vengeresse à l'inquiétude torturée de la seconde partie, en passant par le défi teinté de mépris lors d'une rencontre mythique et silencieuse avec l'autre personnage féminin. Tout se lit dans les yeux de l'héroïne, et son histoire se suit avec un rare degré d'excitation, alors que le personnage ne devrait théoriquement pas susciter de sympathie. La scène la plus jouée est également celle qui lui permet de donner la meilleure réplique du film, et ce n'est pas pour me déplaire, sans compter qu'elle parvient à exprimer de la honte tout en soutenant le regard de son mari. On sait que l'actrice et le réalisateur n'étaient pas d'accord quant à cette scène: Davis voulait détourner le regard car elle estimait qu'aucune femme un brin honorable ne pourrait regarder son époux dans les yeux pendant une telle réplique, mais c'est Wyler qui eut le dernier mot, ce qui permit à sa muse d'atteindre au zénith dans cette scène de honte défiante. Vraiment, une composition magnifique dans un sommet du film noir.


3 ~ Jezebel (1938)

Plus je revois ce film, plus je le trouve parfait, et il en va de même de la performance d'actrice qui réussit l'exploit de composer un personnage aussi sympathique dans son dynamisme, son avant-gardisme et sa repentance non dénuée d'intérêt, que manipulateur dans ses provocations en tous genres. Et même si la performance est plus jouée que dans La Lettre, beaucoup de choses passent aussi par le regard, en particulier la scène où Julie lève lentement les yeux vers son soupirant pour le faire céder alors qu'elle n'est pas vêtue de façon appropriée pour le bal; et surtout cette prodigieuse scène de déception incrédule dont on ne se lasse pas. Alors qu'il y avait mille façons d'incarner ce sentiment, Bette a fait le choix révolutionnaire de ne surtout pas verser dans la facilité du cœur brisé: elle ne perd jamais rien de sa force de caractère, se refuse momentanément à croire à l'annonce avant de finalement faire bonne figure le temps de mûrir sa vengeance. Et c'est bien avec cette sorte de choix d'interprétation que Bette Davis est définitivement entrée dans la légende! Ajouté à une atmosphère de Vieux Sud extrêmement excitante, ce rôle atteint un degré de divertissement extraordinaire et gagne des points chaque année.


2 ~ Dark Victory (1939)

Malgré tout, la meilleure performance de la plus glorieuse période de Bette Davis reste à mon avis la jeune héritière mourante de Victoire sur la nuit, l'un des rôles préférés de l'actrice elle-même, et ce dans un film très réussi où elle évite constamment tout mélodrame en choisissant au contraire de rester toujours dynamique et spontanée afin d'alléger un propos déjà assez lourd sur le papier. Davis y est vraiment lumineuse, en particulier dans la longue dernière séquence soulignant à la perfection la perte des facultés visuelles, et peut-être plus encore dans la scène de l'écurie où l'héroïne accepte enfin l'irrémédiable. C'est touchant et toujours plein d'entrain, et c'est de loin son meilleur rôle de 1939.


1 ~ All About Eve (1950)

Assurément, l'une des performances les plus iconiques de l'histoire du cinéma. En effet, on n'a jamais atteint un tel degré de perfection dans l'alliance talent d'actrice / aura de star, et c'est sans doute le plus bel hommage qu'une comédienne pouvait faire à sa profession, en plus d'être la performance la plus humaine de la carrière de Davis. On a du mal à croire que le rôle n'était pas prévu pour elle à l'origine, car chaque nuance, chaque punchline et chaque regard passablement agacé sont tellement ceux de Margo qu'il eût été impossible qu'elle ne fût pas incarnée par Bette Davis.


Voilà où j'en suis. Parmi le reste de sa filmographie, j'ai également vu: Waterloo Bridge (1931), Hell's House (1932), The Man Who Played God (1932), So Big! (1932), The Cabin in the Cotton (1932), Three on a Match (1932), Ex-Lady (1933), Fashions of 1934 (1934), Jimmy the Gent (1934), Fog Over Frisco (1934), Of Human Bondage (1934), Housewife (1934), Bordertown (1935), Dangerous (1935), The Petrified Forest (1936), Marked Woman (1937), That Certain Woman (1937), It's Love I'm After (1937), The Sisters (1938), Juarez (1939), The Old Maid (1939), All This, and Heaven Too (1940), The Great Lie (1941), The Bride Came C.O.D. (1941), The Man Who Came to Dinner (1942), In This Our Life (1942), Watch on the Rhine (1943), Old Acquaintance (1943), The Corn Is Green (1945), Deception (1946), Winter Meeting (1948), June Bride (1948), Beyond the Forest (1949), Payment on Demand (1951), Another Man's Poison (1951), Phone Call from a Stranger (1952), The Star (1952), The Virgin Queen (1955), The Catered Affair (1956), Pocketful on Miracles (1961), Hush... Hush, Sweet Charlotte (1964), Connecting Rooms (1970), Madame Sin (1972), Lo scopone scientifico (1972), Burnt Offerings (1976), Death on the Nile (1978) et The Whales of August (1987), ainsi que des téléfilms tels Out There - Darkness (1959), The Disappearance of Aimee (1976), Strangers (1979) et Murder with Mirrors (1985).


Si je devais sélectionner dix autres rôles parmi cette liste, ce serait: The Cabin in the Cotton, pour son dynamisme et sa séduction qui volent la vedette aux autres acteurs; Ex-Lady, pour son approche moderne d'un sujet délicat; Of Human Bondage, pour sa prise de risque démentielle à l'époque, même si le résultat n'a pas aussi bien vieilli qu'on l'aurait voulu; Bordertown, pour sa plongée révolutionnaire dans la folie; Dangerous, la version d'Of Human Bondage qui a curieusement mieux vieilli que le projet d'origine; The Petrified Forest, pour sa capacité hors pair à incarner une jeune fille cultivée en décalage avec son milieu social; That Certain Woman, pour son jeu fabuleusement moderne dans une histoire datée; The Old Maid, parce que Bette Davis en vieille fille est toujours un succès; Old Acquaintance, parce que son charisme tranquille est le parfait contrepoint au déchaînement comique d'une Miriam Hopkins en très grande forme; et Strangers, une prestation sublime, et un grand duel d'actrices avec la non moins mythique Gena Rowlands. Dans l'absolu, les années 1950 furent la période la moins intéressante de sa carrière puisqu'elle y a perdu son inventivité et s'est contentée de recycler des tics habituels, à l'exception de Virgin Queen où sa présence "rabelaisienne" fait mouche. Mais Juarez, All This, and Heaven Too, The Great Lie, Sweet Charlotte, Connecting Rooms et Death on the Nile n'en restent pas moins des performances tout aussi alléchantes. Bref, j'aime cette actrice!


Pour finir, amusons-nous à établir un top 10 de ses meilleurs films. Après quelques minutes de réflexion, ça donnerait quelque chose comme: 1. All About Eve, 2. The Little Foxes, 3. The Letter, 4. Waterloo Bridge (où elle ne fait cependant que de la figuration, mais le film est un chef-d'œuvre), 5. Jezebel, 6. Dark Victory, 7. The Private Lives of Elizabeth and Essex, 8. Now, Voyager, 9. What Ever Happened to Baby Jane? 10. The Petrified Forest.


PS: Vous aurez constaté un léger retard dans le programme annoncé. Je manque actuellement d'inspiration pour finir 1956 et n'ai pas le temps de revoir certains films, donc publication décalée pour ce début d'avril. En outre, je viens d'entamer un marathon Norma Shearer ces dernières semaines, avec entre autres sept films inédits. Résultat, grâce à l'ouverture des Orfeoscars aux années 1920, ses nominations orfeoscariennes viennent de doubler: que je suis content! Cependant, comme il me manque encore ses films des années 1940, j'attends un peu avant de jouer avec elle, aussi le prochain Top 10 Performances sera-t-il consacré en toute logique à... Joan Crawford!

14 commentaires:

  1. Je profite de cet article pour faire mon outing. Mes Davis préférés sont en général ceux considérés comme ses plus mauvais :

    La Garce
    In this our Life
    Le Grand Mensonge

    (Aussi appelés "la Sainte Trilogie du Camp")

    Ensuite :
    Jalousie/Déception (arg ... ses robes et coiffures dans ce film ... )
    Winter Meeting
    The Star (elle même n'est pas très bonne dedans mais enfin ... j'aime beaucoup le film)
    L'Ambitieuse
    Another'man poison

    Ses meilleures interprétations (sans ordre mais les deux premier sont ses plus grands rôles) :
    Eve, Victoire sur la Nuit, La Lettre, L'Insoumise, Mr Skeffington, La Vipère, Winter Meeting

    Les films célèbres ou distingués pour laquelle je ne la nomme pas parce qu'elle n'est pas à son meilleur : Servitude humaine, L'Intruse, Femmes marquées, The Star
    Les films célèbres ou distingués pour laquelle je ne la nomme pas parce que la concurrence est rude : L'Insoumise, Une femme cherche son destin, La Vipère, Milliardaire pour un jour
    Les films pour lesquels je la nomme alors qu'elle n'a reçu aucune distinction :
    Ombres vers le Sud (supporting), Juarez (supporting) et sans doute, si j'étais allé jusqu'à là, Mort sur le Nil ( supporting toujours - le problème de ce film, c'est qui choisir entre elle, Smith et Lansbury ...)
    Les films pour lesquels elle est 6ème :
    L'Insoumise, La Vipère, L'Ambitieuse
    Total des nominations (1932-1971) : 6 (ça me semble bien peu pour mon actrice préférée, même en comptant la nomination potentiel de 1978, ce qui la ferait arriver à 7). :- (

    L'AACF

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    1. La Garce, je ne l'ai vu qu'une fois et ai trouvé ça outré. Ça mériterait quand même une seconde chance. In This Our Life, je n'ai eu d'yeux que pour OdeHa, sans que le film m'intéresse outre mesure. The Great Lie, j'adore! Je l'ai revu le mois dernier et c'est excitant à souhait, voire éprouvant dans toute la dernière partie avec le séjour d'Astor à la maison. Je valide.

      The Star, j'avoue avoir vu le film deux fois et ça m'a suffit, même si je ne déteste pas. Idem pour Another Man's Poison, vu une fois seulement. Je note néanmoins Winter Meeting, que tu cites comme film aimé et comme l'une de ses meilleures interprétations.

      Pour les seconds rôles, j'ai très envie de voir Cabin in the Cotton, d'autant qu'il me manque une place pour 1932. Juarez, c'eut été avec plaisir mais la concurrence est trop rude, et je l'ai déjà en premier rôle en 1939, donc place à d'autres.

      Pour le moment, j'en suis à 8 nominations assurées (38, 39, 40, 41, 42, 44, 50, 62), ce qui la classe au sommet de ma liste, à égalité avec Barbara Stanwyck, Kate Hepburn et Meryl Streep. Seule Vanessa Redgrave arrive à les surpasser (9 ou 10 nominations), grâce à tous les grands seconds rôles qu'elle a endossés depuis les années 80. Hopkins et Crawford sont en passe de monter à 8 elles aussi.

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    2. Quant à Mort sur le Nil, je suis tout à fait disposé à nommer le trio de choc Smith/Davis/Lansbury en 1978. Ça dépendra de la concurrence en face néanmoins: il me manque encore Streep et Cannon au compteur, pour les autres, j'enlève Milford qui est complètement oubliable, et s'il doit y avoir Smith, je préfère que ce soit pour le Nil, et non pour l'infâme (où elle est vraiment bien néanmoins) California Suite. Stapleton est sublime, mais je ne sais pas dans quelle catégorie classer Geraldine Page pour Interiors. Je considère Mary Beth Hurt comme lead, mais tout le film tourne autour de Page, où elle est d'ailleurs impressionnante... On est dans le même cas de figure que pour Anthony Hopkins en 91. Et pour en revenir à 78, j'ai déjà une place pour Stockard Channing, donc en admettant que Page tombe dans la catégorie seconds rôles, il va falloir sacrifier l'une des dames du Nil, sous réserve de nouvelles découvertes en outre.

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    3. Pour les années 70, pas de doute, tu es bien plus avancé que moi. Tu comptes Ullmann leading ou supporting ? Mais, à la réflexion, elle ne peut pas rentrer dans ta sélection, c'est bien ça ? A cause de la langue étrangère. Je me posais la question l'autre jour quand tu disais que tout le monde était ennuyeux en 1974 et je me disais que, quand même, le numéro de Face à face était assez extraordinaire.

      Qui tomberait en 78 alors ? Davis parce qu'elle vole des perles ? Lansbury parce qu'elle boit ? Smith parce qu'elle s'habille avec un costume trois pièces ? Ah, non, mince ... je me trompe, c'est précisément pour ça qu'on a envie de les nommer toutes !!! Vive le cinéma !

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    4. Ullmann lead, c'est vraiment un duel d'actrices avec Bergman. Et je ne sais jamais quoi faire des rôles en langue étrangère. Faut-il considérer avant tout les Oscar comme une industrie locale américaine, puis anglo-hollywoodienne au fil du temps? Ou doit-on se baser sur leur dimension de prix international de prestige? C'est tout le problème: je peux très souvent parvenir à des sélections parfaites rien qu'avec des actrices hollywoodiennes, surtout dans les années 1930, mais les Oscar ayant pris en compte des actrices en langue étrangère à partir des années 1960, difficile de les snober. Dans mon esprit, ça a tout de même plus de sens de rester sur l'industrie (anglo)américaine, ça fait sens géographiquement et surtout culturellement.

      Le grand problème des langues étrangères aux Oscars, c'est qu'on a souvent tendance à n'en sélectionner qu'une, une année donnée, et de laisser le reste pour compte. Ça donne souvent des listes hybrides, mais pourquoi ne considérer, mettons en 2007, que Marion Cotillard dans son film débile, et passer sous silence Tang Wei dans Lust Caution, ou Anamaria Marinca dans les avortements?

      J'ai commencé à envisager une solution pour mon idole Adjani dans les années 1970, en dédoublant ma cérémonie. D'un côté les actrices anglophones, de l'autre celles en langue étrangère, ce qui refléterait les deux aspects des Oscar, à la fois leur dimension locale et leur prépondérance mondiale. Mais je ne sais pas si c'est une bonne chose.

      Autrement, pour Liv Ullmann dans Face to Face, j'ai un ressenti un peu particulier. Je la trouve techniquement exceptionnelle tout en restant absolument indifférent à son numéro... Je ne sais pas trop quoi en penser, mais ce n'est pas le rôle où je la préfère chez Bergman, étant nettement plus intéressé par Cris, Sonate et Persona; et dans le reste de sa carrière, je préfère sa subtile profondeur dans le diptyque sur les immigrés, surtout le second (Nybyggarna).

      Quant à 1978, on a quand même Davis qui tape sur les fesses d'un âne avec son ombrelle pour faire chanceler Maggie Smith, et qui est très fière de son acte en plus! Et toutes les répliques qu'elle lui envoie à la figure: délicieux! Mais Smith en crypto-lesbienne frustrée est peut-être encore plus marquante... Ceci dit, personne ne bat Lansbury en alcoolique nymphomane. Rien que son tango hilarant devrait lui valoir tous les trophées du monde, sans parler de la séquence où on la raccompagne à sa cabine, après avoir mis la honte à sa fille devant tout le monde en parlant séduction! Bref, s'il faut n'en retenir qu'une de Mort sur le Nil, c'est Lansbury, mais les deux autres sont trop délicieuses pour être ignorées. J'ai aussi un faible pour Farrow, mais ça tient surtout à ses apparitions rocambolesques au milieu de nulle part, juste pour emmerder la Bond girl qui ne sait pas jouer: mythique!

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  2. PS : finalement tu n'as jamais donné ta liste d'actrices favorites. Hopkins passe bien avant Davis ?

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    1. Alors, j'avais publié mon panthéon en 2012, mais j'ai remis l'article en brouillon pour le modifier, et devant l'ampleur de la tâche, ça n'a toujours pas été republié. J'ai énormément de mal à me tenir à un top 25, seul un top 30 pourrait me satisfaire... Quant au classement, il est presque impossible de toutes les départager, aux dernières nouvelles j'étais parti sur un système alphabétique, mais ce n'est pas aussi satisfaisant qu'une vraie liste avec des numéros.

      Reste à savoir qui passe devant qui dans le trio de tête. Davis a la longévité pour elle, Hopkins est mon grand coup de cœur original dont personne ne parle, et je me demande si Crawford ne pourrait pas leur damer le pion à toutes deux...

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  3. Davis est formidable dans Winter Meeting. Je ne sais pas si tu aimerais, c'est un film sur la religion entre autres, mais c'est vraiment follement romantique. Je ne vois pas trop à quoi le comparer finalement dans sa filmographie. Tout est dans le titre, c'est une espèce de "brève rencontre" entre un héros de guerre paumé et une (presque) vieille fille. C'est très tendre ... ça peut annoncer Miracle sous la pluie. Davis est non seulement très belle et élégante mais avec son jeu "rentré" elle fait des merveilles. A voir donc, ça n'est pas non plus rarissime. Mais 48 est une année tellement riche ...

    J'ai vérifié, je nomme donc Davis sur la période 6 fois, mais c'est pareil pour Hopkins (qui est aussi dans mon trio de tête) et Russell (la dernière du triumvira ... euh triummatrona) ainsi que pour Dunne. Les autres actrices dont je suis fan sont nommées 5 (Turner) ou le plus souvent 4 (Hayward, Crawford, Wyman, Parker ...) mais je joue beaucoup sur les seconds rôles et j'essaye finalement souvent de laisser une place à des actrices moins nommées. C'est le problème des nominations rétrospectives, on veut arriver à quelque chose de parfait et de représentatif, donc ça n'est pas toujours objectif. Par exemple, en 1938, Bette Davis est certainement meilleure qu'Alice Faye (La Folle Parade) mais la seule autre chance d'Alice en leading est pour Lilian Harvey/Little Old New York ... en 1940, c'est à dire une des meilleures années de tous les temps. Bref .... tu sais ce que c'est !

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    1. "Bref... tu sais ce que c'est!"

      Oh que oui! Même si pour moi, les deux années les plus impossibles, outre 1938, sont 1928 et 1941. En fait, j'ai souvent tendance à aller vers ce qui m'excite le plus, et tant pis pour certaines actrices que je nomme trop peu. Je pense notamment à Greer Garson, dieu sait si j'ai essayé de la nommer plusieurs fois, mais ça risque très fortement de n'être, hélas, qu'une seule et unique fois. Avec victoire à la clef tout de même, ouf!

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  4. Je suis très content que tu aies fait cet article. N'étant pas (pour le moment) un inconditionnel de Bette Davis, je n'ai pas encore vu tous les films que tu cites. Du coup, je suis d'autant plus curieux de te lire.

    A l'heure actuelle, c'est sa performance dans The Little Foxes qui m'a le plus séduit. Il faut dire que le film en lui-même est vraiment de mon style. Pour le reste, je dois être quasiment seul au monde à avoir des réserves sur All About Eve (film qui m'a un peu ennuyé, même si Davis ne démérite évidement pas).

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    1. J'adore The Little Foxes. Je lui donne même mon prix du meilleur film, devant Citizen Kane!

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    2. Je suis du même avis. J'aime beaucoup Citizen Kane visuellement et pour le personnage hors-normes de Kane, mais l'histoire ne m'emballe pas plus que ça. The Little Foxes m'a bien plus captivé. Et en plus, les performances "secondaires" m'ont bien plu (Wright, Marshall, etc.).

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  5. Gloups ! Dans "1955", je viens de lire ton appréciation de Miracle sous la pluie ... alors c'est peu probable que tu supportes Winter Meeting !!!! Sauf que Davis est vraiment belle et qu'il y a un personnage secondaire à la Clifton Webb.

    L'AACF

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    1. Miracle sous la pluie... C'est surtout que j'ai été très déçu: j'espérais pouvoir donner un prix à Wyman cette année-là, sauf que non. Les héros étaient très fades et la fin très mélo, bien que le film eût l'air alléchant de prime abord.

      Ça ne m'empêchera pas de courir voir Davis quand je mettrai la main sur Winter Meeting. Même si en toute honnêteté Clifton Webb a tendance à me laisser de marbre.

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