mardi 1 mars 2016

Orfeoscar de la meilleure actrice 1949

Voici ma liste internationale concernant les actrices de 1949, une année qui m'a longtemps posé problème d'un strict point de vue américain, mais qui s'est par bonheur étoffée récemment. Je précise n'avoir toujours pas vu Ginger, qui s'ajoutera aux demi-finalistes en temps voulu si elle le mérite, et j'avoue avoir allègrement copié-collé mes avis de l'ancien article quand ça reste d'actualité, faute de temps oblige. Soyez indulgents, et découvrons sans plus attendre les nouveaux changements!

Les demi-finalistes:

Linda Darnell dans A Letter to Three Wives: Je suis navré pour Linda qui serait mon cinquième choix dans une liste purement oscarienne, mais une récente visite aux trois épouses du titre m'a légèrement laissé sur ma faim la concernant. Ça tient essentiellement à son jeu du chat et de la souris avec Paul Douglas, qui dure bien plus longtemps que dans mon souvenir et qui se met à tourner en rond trop vite: on a bien compris que Lora Mae ne ménage pas ses effets pour mettre le grappin sur son patron, mais voir la même scène répétée pendant une demi-heure entre personnalité entreprenante et refus coquet a fini par m'agacer. L'ennui, c'est que ça affecte la performance d'actrice qui reste sur la même note de désabusement pendant les trois quarts du film, ce qui ajouté à la relative antipathie que m'évoque Lora Mae depuis ma redécouverte, m'empêche de me laisser émouvoir par elle depuis. Pourtant, Linda n'a jamais été mieux utilisée, elle fait d'ailleurs preuve d'un charisme qu'on ne lui a pas toujours connu, et elle fait très bien monter les larmes aux yeux quand il le faut. Mais voilà, le caractère même du personnage m'énerve un peu, et je préfère finalement Paul Douglas dans leur histoire commune, celui-ci se révélant plus touchant que son statut l'aurait laissé supposer au départ. En me relisant, je note encore avoir vu de l'humour dans cette performance, son sourire de satisfaction alors qu'elle fait attendre son soupirant m'ayant apparemment amusé la première fois. Honnêtement, ce n'est plus le cas, puisque ça participe de ces tentatives de séduction agaçantes qui me sont trop exotiques pour pouvoir les apprécier réellement. Je reste donc plus déçu qu'à l'origine et n'arrive plus du tout à être touché par cette interprétation, mais je la nomme tout de même comme demi-finaliste car je suis toujours content de voir ce qu'une actrice généralement médiocre peut faire quand on se décide à lui placer un bon rôle entre les mains. Et puis Darnell est plus intéressante à suivre que Jeanne Crain dans le même film, quand bien même c'est la troisième épouse qui gagne la compétition.


Susan Hayward dans House of Strangers: Je n'ai pas revu le film depuis bien trop longtemps pour avoir un avis franchement objectif à l'heure qu'il est, mais s'il est bien une certitude qui reste, c'est que Susan Hayward n'aura jamais été aussi charismatique qu'ici, ce qui veut dire beaucoup compte tenu de ses autres héroïnes à forte personnalité dans ses meilleurs projets. Mais vraiment, ce charisme est tellement fort que je m'en souviens toujours même avec énormément de recul, alors que je me rappelle déjà moins les performances d'Edward G. Robinson et Richard Conte par comparaison, bien qu'ayant trouvé les acteurs excellents. Il faut donc que quelque chose m'ait extrêmement plu lors de ma découverte du film, ce qui à l'origine tenait en partie à la surprise de voir enfin une Susan Hayward mondaine et distinguée en lieu et place d'une chanteuse alcoolique. Mais il y a autre chose: je me souviens aussi qu'elle faisait une entrée détonante dans l'histoire, avec plein d'étincelles corrosives lors de sa rencontre avec Richard Conte, sans compter que j'avais beaucoup aimé son jeu sur l'image d'une femme dure que rien ne semble pouvoir affecter, tout en instillant par ses regards d'innombrables touches d'émotion qui en disaient long sur les véritables aspirations sentimentales d'Irene. Sa relation d'inimitié amoureuse avec Richard Conte m'avait en tout cas fortement intéressé, à tel point que j'avais davantage envie d'en savoir plus sur leurs rapports que sur les relations familiales entre père et fils, pourtant plus essentielles à la narration. A revoir au plus vite pour mieux en rejuger, mais la réminiscence reste tellement positive que je tiens à garder l'actrice parmi mes demi-finalistes.


Katharine Hepburn dans Adam's Rib: J'ai longtemps eu une grande affection pour cette performance, car ce fut vraiment la première fois que j'étais parvenu à apprécier le jeu souvent trop démonstratif de Katharine Hepburn. De même, c'était la première de ses collaborations avec Spencer Tracy que j'avais vu, et je me souviens avoir été absolument ravi de découvrir ce tandem prestigieux dans une comédie ayant franchement bien tenu le coup, même si j'aime un peu moins le film maintenant. Disons qu'une fois l'effet de découverte éventé, et après avoir su mieux apprécier les autres performances de la dame, j'ai réalisé qu'elle ne fait finalement rien de si exceptionnel que ça dans Adam's Rib, ou tout du moins ne propose-t-elle rien de plus que ce qu'on l'avait déjà vu servir dans ses autres comédies. En fait, elle y est simplement impeccable: elle a sans surprise du charisme à revendre, elle se chamaille admirablement bien avec son partenaire, quitte à lui montrer ses jupons sous la table, et elle souligne surtout comment Amanda ne se rend pas compte qu'elle va parfois trop loin lorsque son époux se fait humilier publiquement. Mais à la fin, est-elle aussi drôle que ça? Pas vraiment: on ne rit pas aux éclats comme devant ses films de 1938, et il y a toujours ces scènes un peu trop surjouées, à l'image du suicide au réglisse, qui plombent légèrement sa performance, d'autant que la lumière du film est pour moi incarnée par un Spencer Tracy que j'ai rarement vu aussi bon. Sa partenaire reste néanmoins hors de tout reproche, et j'aime son féminisme revendiqué à travers son personnage d'avocate déterminée, mais ça reste simplement bon, sans l'étincelle qui me donnerait à présent envie d'offrir une nomination officielle à l'actrice pour ce rôle.


Les finalistes

5. Ann Sothern dans
A Letter to Three Wives

Comme je le laissais entendre en début d'article, c'est donc la fabuleuse Ann Sothern qui s'impose parmi les trois épouses du titre dans l'excellent film de Mankiewicz, ce qui tient principalement à la personnalité truculente d'une actrice jamais inintéressante, mais qui avait toujours été mal utilisée jusqu'alors, en particulier dans la médiocre série des Maisie. Mais ici, tout fonctionne à merveille: la réussite du film est au service de la performance et inversement, et on ne pouvait imaginer meilleure réussite de casting, puisque Ann Sothern est idéale pour illustrer le quotidien d'un couple de classe moyenne qui lorgne, au moins elle, vers les beaux quartiers, tout en pouvant se permettre de donner des conseils aux autres dames issues de milieux moins favorisés. A ce titre, la complicité que l'actrice noue avec ses partenaires est excellente, en particulier dans le cas de Jeanne Crain qu'elle est plus en mesure de prendre sous son aile sans jamais la juger, ce qui donne d'ores et déjà envie de s'intéresser à Rita avant même que le scénario ne se focalise sur elle. Cependant, c'est évidemment dans sa grande séquence que l'actrice est le plus à même de briller, et non contente d'avoir une bonne alchimie avec Kirk Douglas, elle montre surtout l'étendue de ses talents comiques en n'ayant jamais peur du ridicule à mesure que Rita se met à faire des courbettes à ses employeurs. On sent alors très bien la gêne que la comédienne suggère quand la tension monte devant les invités, et elle fait toujours en sorte de ne jamais s'écraser devant son principal partenaire, même lorsqu'il lui faut entendre la vérité. Son jeu calculé dont on ne voit jamais les ficelles lui permet ainsi d’électriser le centre du film, probablement la meilleure partie des trois, ou tout du moins celle qui me touche le plus, ce qui vaut à la dame une place bien méritée dans ma sélection officielle.


4. Jennifer Jones dans
Madame Bovary

C'est vraiment une performance qui gagne des points en laissant le temps agir en sa faveur. En effet, si elle ne m'avait pas paru plus mémorable que ça la première fois, l'actrice s'avère après revisite hors de tout reproche, en soulignant très bien, entre autres, la gêne occasionnée par la société où l'héroïne est forcée d'évoluer. Son apparition immaculée dans une cuisine rustique donne d'ailleurs le ton, puisque Jennifer nous présente une Emma fraîche et vive qui désire plus que tout sortir du monde médiocre où il lui faut habiter, et qui a déjà cent fois plus de distinction que la moitié de la Normandie réunie. Les graines de son parcours étant ainsi semées, c'est tout naturellement que l'actrice fait naître la déception et la mélancolie dans son langage corporel, choses qu'elle sait nuancer en s'exaltant comme la jeune fille romanesque qu'elle fut avant son mariage, en recevant notamment l'invitation au bal qu'elle attendait depuis toujours. C'est d'ailleurs dans cette séquence qu'intervient le clou du spectacle, alors qu'Emma se regarde entourée d'hommes dans le miroir et où son expression a juste ce qu'il faut de hauteur et de satisfaction pour résumer à merveille le personnage. L'aigreur et le dépit qui la rongent dans le dernier acte sont également très bien joués, et seule la scène du voyage avorté est interprétée de façon un peu trop excessive pour convaincre, mais c'est là le moindre défaut d'une performance parfaitement comprise, dans laquelle Jennifer surprend par une maturité étonnante après ses héroïnes plus juvéniles du début de la décennie. Je n'étais pas sûr de la nommer de prime abord, mais en y repensant, elle me touche énormément dans ce rôle, et la redécouverte du film fut si plaisante que j'ai à présent très envie de distinguer ce personnage littéraire de légende fort bien incarné. Dommage, néanmoins, que la narration trop descriptive donne constamment l'impression que l'actrice se fait dicter sa performance dans la première partie, mais ça n'efface nullement son mérite.


3. Bai Kwong (白光) dans
Une Femme oubliée (蕩婦心)

Attention, c'est là où je vais devenir très paresseux, mais j'ai déjà écrit un long article à ce sujet et n'ai pas le cœur de réécrire ma pensée juste pour faire joli, alors voici ce que je disais dans mon opinion sur le film le mois dernier: "L'interprétation de Bai Kwong n'est pas en reste puisqu'elle réussit absolument chacune des ses scènes, bien que j'aie du mal à être tout à fait impressionné par son jeu. C'est peut-être dû à ses larmes mécaniques lorsqu'elle pleure la mort de son père, mais dans la plupart des cas, on lui demande surtout de jouer calmement, ce qui fonctionne au mieux. Son air maussade des séquences de prison est notamment très bien joué, d'autant que ça sied parfaitement à son visage, et son petit sourire jaune nuance joliment ce genre de scènes via l'amertume de l'héroïne. La simplicité lui est aussi demandée pour traduire la modestie de la jeune paysanne aux champs, et la grande scène de pleurs où elle tente de rattraper son partenaire sur la colline est pour sa part très convaincante. A son actif également, l'excellente transcription de sa déconvenue, lorsque l'homme à qui elle est ravie de faire signe à la gare se jette dans les bras de Gong Qiuxia située devant elle. Bref, c'est très réussi, mais je n'arrive pas à être absolument ébloui non plus. L'actrice porte néanmoins le film sur ses épaules et y éclipse entièrement ses collègues, dont les personnages sont de toute façon assez transparents." En me relisant, j'ajouterai juste que ce rôle tolstoïen est l'un des plus prestigieux écrits pour une actrice chinoise à cette époque, et Bai Kwong relève le défi avec brio.


2. Madeleine Carroll dans
The Fan

Idem, je recopie mon article de 1949, car mon avis est très récent et donc toujours d'actualité: "Ouf! Je viens de revoir le film, et me voilà ravi de lui avoir redonné une chance. En effet, si j'avais été très sévère avec car déçu que ça ne ressemble pas à la pièce d'origine, ou à la merveilleuse adaptation par Lubitsch dans les années 1920, cette réinterprétation d'un texte mythique reste tout de même fort plaisante, bien soignée sur la forme et plutôt bien soutenue par des effets de mise en scène intéressants (le placement des personnages dans la boutique). Et dans le détail, Madeleine Carroll vient de faire une remontée considérable dans mon estime, puisque là où je gardais le souvenir d'une performance seulement digne d'intérêt se niche en fait un grand travail d'actrice qui donne vie au personnage le plus touchant de l'histoire. Ici, Mrs. Erlynne apparaît de prime abord dans ses vieux jours avant de se remémorer son passé, et force est de reconnaître que Madeleine Carroll s'acquitte au mieux de ce vieillissement imposé, à grand renfort d'une voix âgée dont elle sent qu'elle a vécu, et d'une démarche toujours gracieuse malgré la lenteur des pas et l'appui d'une canne. Le plus intéressant reste néanmoins la grande partie centrale où Mrs. Erlynne entre dans la maturité, et qui se décompose à peu de choses près en trois actes. Dans le premier, l'actrice y est pétillante à souhait, avec quelque chose de presque "dunnien" dans le sourire, tant elle est prête à jouer de sa séduction auprès de Lord Windermere afin d'en obtenir quelque avantage, avec toujours ce même esprit mordant déjà entrevu chez la vieille dame. Dans le second, elle passe fort bien de l'inquiétude de voir ses manigances sociales ébranlées par son gendre secret à une forme de dépit menaçant, quitte à accentuer un peu trop son jeu sur les regards, ce qui ne gêne pas au demeurant. Dans le troisième, elle devient enfin quasi maternelle avec une lady qu'elle tente de protéger, en faisant bien sentir tout le poids de ses erreurs passées et le désir de s'amender une bonne fois pour toutes. La dernière séquence avec Lady Windermere en devient alors particulièrement émouvante, d'où un très beau plan final sur l'héroïne jeune qui clôt définitivement la réminiscence. En somme, c'est léger et tragique à la fois, et cette petite merveille interprétative s'impose de loin comme le meilleur atout du film."


1. Susan Hayward dans
My Foolish Heart

Dernier recopiage pour finir, mais là aussi c'est très récent, donc rien de nouveau à ajouter: "J'ai finalement revu My Foolish Heart, dont j'avais en fait une vision erronée, tant j'avais le souvenir d'une performance "alcoolique" comme les affectionnait l'actrice. Il n'en est rien, et si l'alcool occupe certes une place importante dans l'histoire, ça n'a rien à voir avec le déchaînement majestueux de films comme Smash-Up et I'll Cry Tomorrow. En fait, on découvre ici les périodes ante et post-alcool, mais seule l'une des séquences finales montre réellement l'héroïne en train de sombrer, si bien que la performance d'actrice sort des sentiers battus, et frappe par une grande sobriété qu'on ne lui a pas toujours connu, et un aspect romantique s'inscrivant sur le long terme, au risque de friser parfois l'ennui lors de longs dialogues amoureux. Quoi qu'il en soit, l'actrice me paraît, après redécouverte, extrêmement bonne à chaque instant: elle fait notamment une entrée en scène fabuleusement charismatique, clin d’œil et sourire à l'appui, et sa voix rauque dans le temps présent souligne, sans rien de forcé, qu'Eloise a vécu avant d'en arriver là. Dans cette entrée en matière, la nostalgie est aussi jouée de façon très inspirée lorsqu'elle se souvient de l'homme aimé, et l'on apprécie d'autant plus sa capacité à passer très facilement à la mélancolie après une dispute intense avec son époux. Les changements d'expressions sont encore très bien esquissés dans le long flashback central, en particulier lorsque l'actrice passe de méfiance à désir en rallumant une lampe éteinte par son soupirant, ou lorsqu'elle fait naître du regret après avoir accueilli son père en souriant à l'aéroport. Par ailleurs, le contraste entre la dureté du présent et le charme cerné de timidité du passé est incarné avec tout le liant nécessaire pour qu'on ne doute jamais de l'évolution de l'héroïne, et le flashback frappe d'autant plus qu'on a rarement vu Susan Hayward aussi réservée dans ses sentiments, à tel point qu'on ressent vraiment la solitude qui a dû peser sur l'héroïne avant une rencontre salvatrice: le "hyyyyouhou" qu'elle lance, excitée, en recevant enfin un appel à l'internat illustre à merveille la situation, et montre également que l'actrice évite constamment toute mièvrerie, faisant au contraire preuve de beaucoup de charme et d'humour, voire d'autodérision lorsqu'elle relate son renvoi de l'école "I thought that, too!" Enfin, Hayward évite tout pathos, principalement lorsqu'elle joue le choc qui bouleverse Eloise, ou lorsqu'elle serre sa fille dans ses bras en jetant un dernier regard inquiet à la fenêtre en entendant une voiture démarrer. En somme, c'est une performance qui gagne vraiment à être redécouverte et qui s'en tire avec tous les honneurs, je m'étonne même de ne pas l'avoir aimée davantage la première fois." Susie reste donc ma lauréate de l'année malgré la compétition internationale en face. Félicitations!


Susan Hayward brandissant fièrement son Orfeoscar en salle de presse.


En conclusion, on rappellera que selon les dates d'éligibilité oscariennes, je remplace Bai Kwong par Linda Darnell, ce qui constituera le seul changement notoire si vous vous amusez à comparer les deux listes. Et afin de célébrer ma nouvelle motivation pour me remettre à bloguer, retour du classement fowlerien afin d'évoquer toutes les autres performances de l'année, réparties dans les catégories suivantes:

J'apprécie: June Allyson dans Little Women: je n'ai pas revu le film depuis des années, mais je le garde le souvenir d'une performance sympathique. Jeanne Crain dans A Letter to Three Wives et The Fan: finalement, elle n'y est pas mal du tout quoique toujours éclipsée par les autres dames, et ces films me confirment qu'elle fut une bien meilleure actrice que sa performance dans Pinky pouvait le laisser croire. Joan Crawford dans Flamingo Road: une Crawford égale à elle-même, donc très compétente et toujours captivante, sans que ce soit ce qu'elle a fait de mieux. Isa Miranda dans Le mura di Malapaga: une actrice doté d'une forte présence, qui maîtrise très bien le bilinguisme et pense à ajouter de plus en plus de tendresse à mesure que l'histoire avance. Dommage que le film, très médiocre, plombe un peu sa performance en la rendant amoureuse et quasi sacrificielle d'un claquement de doigts. Ann Sheridan dans I Was a Male War Bride: elle y est drôle et présente une bonne alchimie avec Cary Grant. Dommage que le film ne mette pas la barre très haut... Loretta Young dans Come to the Stable: elle se repose essentiellement sur son charisme de star et n'a de ce fait pas beaucoup d'émotions à jouer, mais j'en ai toujours gardé un bon souvenir. De mémoire, il me semblait que le personnage était français et qu'elle ne faisait pas d'effort sur l'accent, mais la nonne est apparemment américaine.

Je m'interroge: Bai Kwong dans Le Bégonia rouge-sang (血染海棠紅): parfois trop expressive et presque reléguée au second plan, mais elle captive en permanence et sa rencontre pleine d'énergie avec Gong Qiuxia, qu'elle ne cherche pas à éclipser, fait des étincelles. Joan Bennett dans The Reckless Moment: je sais que tout le monde l'aime, mais après avoir revu le film, je la trouve souvent trop mécanique dans sa façon de parler, et je n'aime vraiment pas l'histoire. Danielle Darrieux dans Occupe-toi d'Amélie. Je ne supporte pas le film. C'est du Feydeau avec son lot insupportable de jeux de mots douteux, et ça caquette à n'en plus finir: "Oh j'étais coquette, alors je suis devenue cocotte!" Néanmoins, ce n'est absolument pas une mauvaise interprétation puisque Danielle est parfaitement à l'unisson de la tonalité du texte. Sally Forrest dans Not Wanted: je n'arrive pas vraiment à m'intéresser à elle, mais je n'ai rien à lui reprocher non plus... Setsuko Hara dans Banshun: elle est tellement pure et virginale qu'elle finit par agacer, à force de dire oui à tout et de tout accepter avec le sourire. Mais le moment où son visage s'endurcit lorsqu'elle perd ses illusions est très bien joué. Susan Hayward dans Tulsa: l'actrice a été bien mieux employée ailleurs, mais elle n'est absolument pas inintéressante et rend même ce proto-Géant médiocre regardable. Margaret Lockwood dans Madness of the Heart. Au début, elle semble un peu niaise, puis devient technique à cause des rebondissements ahurissants d'un scénario mélodramatique au possible. Mais elle parvient à tirer son épingle du jeu dans la seconde partie, quoique éclipsée par devinez qui. Patricia Neal dans The Fountainhead: trop exacerbée quoique charismatique. Margaret O'Brien dans The Secret Garden: je me rappelle bien l'ambiance du film et ses décors, mais impossible de me souvenir du moindre détail de la performance de la jeune actrice... Lizabeth Scott dans Too Late for Tears: je ne sais jamais quoi penser de Lizabeth Scott, qui a indéniablement beaucoup d'allure mais qui s'arrange toujours pour avoir des expressions maladroites sur son visage lorsqu'elle parle. Ici, elle est coincée dans un polar de série B qui m'ennuie, mais elle n'y passe absolument pas inaperçue. Gene Tierney dans Whirlpool: je n'irai pas jusqu'à dire que c'est raté, mais je suis assez perplexe. En effet, elle paraît constamment trop nerveuse et a des regards assez maladroits devant son partenaire, au point de laisser une impression un peu laborieuse. Zhou Xuan dans Mò fù qīngchūn (莫负青春) (Ne gâchons pas notre jeunesse): à l'image du film qui s'égare entre drame et comédie, l'actrice est en peu en demi-teinte en surjouant bien trop les pleurs, malgré une excellente énergie qui met en valeur son don pour la comédie.

Ratées: Ingrid Bergman dans Under Capricorn: non contente de n'être pas convaincante en folle alcoolique au départ, à force de plissements d'yeux agaçants, elle retombe surtout dans son pire travers lors de confessions hystériques franchement insupportables. En outre, elle se fait complètement éclipser par Margaret Leighton, nerveuse à souhait. Jeanne Crain dans Pinky: outre l'erreur de casting notoire qui tue l'histoire dès le commencement tant on ne saurait croire que Pinky a une origine afro-américaine, l'actrice garde souvent un air crispé qui rend ses scènes toutes plus maladroites les unes que les autres. Bette Davis dans Beyond the Forest: on sent tellement qu'elle n'avait pas envie d'être là qu'elle passe son temps à se tortiller les cheveux en ayant l'air de s'ennuyer, avant de tenter de secouer un peu la torpeur de son quotidien à travers des moments hystériques plutôt désastreux. Surtout, comment croire qu'une personne comme Rosa ne soit pas capable de faire ses valises pour Chicago et se contente d'attendre quelque chose depuis chez elle? Olivia de Havilland dans The Heiress: une interprétation beaucoup commentée sur le blog, mais impossible de m'y faire. La première partie est catastrophique tant elle force dans la caricature et nous présente une Catherine complètement crétine; la seconde lui fait prendre un virage à 180° en accentuant cette fois-ci beaucoup trop la dureté de l'héroïne; et la transition ne me convainc plus autant que jadis bien que ça reste sa scène la plus réussie. Mais comment croire que les deux Catherine sont une seule et même personne? Deborah Kerr dans Edward, My Son: là encore, une performance extrêmement caricaturale, l'actrice n'arrivant pas à se contrôler et se vautrant dans les excès les plus grotesques possibles.

N'ont rien à faire: Ava Gardner dans The Great Sinner: je ne dirai pas qu'elle est insipide mais on ne lui demande rien de plus qu'être vraiment très jolie. Néanmoins, je n'ai vu le film qu'une fois voilà des lustres, et impossible de me rappeler si elle dispose d'un moment dramatique ou non. Hedy Lamarr dans Samson and Delilah: DeMille lui demandant juste de vamper le héros en petite tenue, ça n'en fait évidemment pas un très grand rôle... Janet Leigh dans Holiday Affair: encore un film vu il y a trop longtemps, je garde le souvenir d'une romance assez insipide où l'actrice n'avait pas le temps de briller. Jeanette MacDonald dans The Sun Comes Up: ou comment Jeanette est passée de star de premier plan au rôle peu enviable de second couteau auprès de Lassie. Le deuil qui amorce l'histoire était de mémoire trop édulcoré pour permettre à l'actrice d'en extraire quelque substance.

Insipides: Barbara Bel Geddes dans Caught: j'ai du mal à en parler parce qu'elle m'a toujours semblé si inintéressante que son souvenir s'est systématiquement effacé de ma mémoire, même après le deuxième visionnage. Danièle Delorme dans Gigi: j'ai toujours détesté cette histoire de jeune fille naïve formée à devenir cocotte par ses tantes demi-mondaines, et pour couronner le tout, l'actrice est tellement enfantine que ça renforce d'autant plus le malaise.

A découvrir: Ginger Rogers dans The Barkleys of Broadway reste la grande priorité. Avec déjà plusieurs performances non américaines au compteur dont une dans le top 5, je laisse à présent 1949 de côté et compléterai l'article en temps voulu.

4 commentaires:

  1. Finalement, tu parles beaucoup de 1949, qui n'a plus l'air d'être une année maudite !
    Vive Susan Hayward ! Ok pour le coup on a quasiment la même liste, à part Bai Kwong, et sachant que je "récompenserais" plutôt Susan pour House of Strangers. A moins que Madeleine lui repasse devant. Ce sont deux performances qui se valent dans mon esprit, même si elles sont bien sûr très différentes.

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    1. 1949 n'est plus une année maudite... mais je n'ai tout de même que trois demi-finalistes à proposer, dont deux le sont davantage par nostalgie: Hepburn pourrait rejoindre la catégorie des Crawford pour une performance "très compétente qui surprend peu" et Darnell a surtout le mérite d'avoir été bien utilisée une fois. Quoi qu'il en soit, je dois te remercier puisque c'est après t'avoir vu sélectionner Jennifer Jones et Madeleine Carroll que je me suis décidé à revoir les films, et ce pour le mieux. C'est d'ailleurs mon gros problème avec le blog: quand je n'aimais pas un film au début des années 2010, j'avais tendance à occulter les performances d'actrices au lieu de leur redonner une chance, d'où une première série de listes erronées.

      Je reste tout de même sur My Foolish Heart pour Susan Hayward, où elle est plus au centre de l'intrigue que dans House of Strangers. Madeleine Carroll reste néanmoins la seule susceptible de lui damer le pion, nous sommes d'accord!

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  2. Même si tu n'as pas encore vu l'atroce fausse Sarah Bernhardt de Gingembre, tu seras peut-être intéressé par ceci :

    https://www.youtube.com/watch?v=yG7ar0J0mto

    Dans la mesure où le film est rare et où Glenda Jackson a été nommée aux GG !

    L'AACF

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    1. Ouh! Merci! En plus c'est un film de 1976 et il y a encore des places à prendre (même si Jackson n'est pas à plaindre dans ma liste). J'essaie de regarder ça cette semaine avant que ce ne soit effacé.

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