samedi 16 janvier 2016

Ex Machina (2015)


Toujours dans ma tentative de rattraper en marche le train de 2015 (et dieu sait si certaines nominations aux Oscars ne m'enchantent pas du tout!), j'ai récemment cédé à la tentation de découvrir Ex Machina, d'une part pour voir ce qu'allait donner un film de science-fiction acclamé par la critique, mais aussi pour essayer de comprendre le truc avec Alicia Vikander, une actrice non dénuée de charisme dans Anna Karénine, mais dont la personnalité publique et le physique très commun m'ennuient profondément.

La concernant, j'ai heureusement fait le bon choix! C'était soit The Danish Girl la semaine prochaine au cinéma (mais aucune envie, y'a Eddie Redmayne dedans...), soit Ex Machina en promotion à la librairie, et je dois dire que le film d'Alex Garland m'a plutôt conquis. Sa grande force, c'est la mise en place d'une ambiance oppressante à souhait, à travers un balancement entre le spectacle de la nature norvégienne où chaque montagne et chaque cascade écrase les personnages de son auguste présence, et une maison ultra moderne où l'immensité des surfaces vitrées vous donne le sentiment irritant d'être à deux doigts de pouvoir toucher l'extérieur tout en étant pris au piège malgré tout. Le plus angoissant: la chambre sans fenêtre éclairée nuit et jour par des lumières artificielles, soit disant pour protéger le secret de la recherche des scientifiques. Et lorsque les portes se verrouillent automatiquement à la moindre coupure de courant, la panique atteint son paroxysme... Ces émotions désagréables mais intenses sont renforcées par le choix d'avoir centré le film sur un huis clos à seulement quatre personnages dont trois sont techniquement effrayants autour d'un héros sain d'esprit, entre un génie de l'informatique franchement glauque, une servante ambiguë et un robot monstrueusement intelligent. Leurs interactions forment un scénario qu'on suit avec intérêt, même s'il m'est difficile de dire avoir été surpris par certains rebondissements, et si le rythme peut sembler assez lent d'une façon générale, ça sert finalement très bien cette atmosphère pesante à souhait. J'aime aussi le jeu sur les images, entre une descente d'escaliers derrière une baie vitrée où se reflète la nature, opposée à une montée des marches plus loin dans l'intrigue. Enfin, j'apprécie la parfaite utilisation des effets spéciaux: la grande réussite du film, c'est qu'il s'agit avant tout d'une histoire servie par les effets, et non l'inverse. A la fin, Ex Machina est plus un film de sensations que de science-fiction, ce qui me parle plus et m'a certainement fait aimer l'ensemble.

Un regret tout de même, Ex Machina n'est pas exactement un film d'acteurs. Pour être honnête, tout le monde est adéquat, mais je ressens difficilement quelque chose pour l'un ou l'autre des personnages. Domhnall Gleeson, par exemple, est assez bon en passant d'une certaine candeur à une forme d'obsession effroyable (le miroir), mais ce n'est pas un genre de héros qui m'intéresse outre mesure. Alicia Vikander est quant à elle judicieusement mystérieuse pour bien restituer l'esprit d'un robot nouveau-né, tout en jouant très bien les émotions qu'on lui demande, Ava étant programmée pour tout comprendre de la nature humaine, sentiments compris, afin de voir si on peut la prendre pour un véritable être humain. Honnêtement, l'actrice est parfaitement correcte, mais là encore, je suis assez peu impressionné, vu que son jeu reste obligatoirement sobre et froid par rapport au personnage à incarner. En fait, je doute qu'elle eût été sérieusement prise en considération pour ce rôle dans les remises de prix récentes, n'eût-elle figuré dans 50% de la production cinématographique de l'année. Pour moi, on est dans la continuité d'Anna Karénine: c'est vraiment bien, mais c'est nettement plus prometteur qu'éblouissant. Autrement, Ex Machina était aussi l'occasion de comprendre pourquoi tout le monde commence à se caresser depuis deux ans à la seule mention du nom d'Oscar Isaac au générique d'un film. En effet, le type est indéniablement séduisant, mais je l'ai rarement trouvé mémorable jusque ici (sans avoir encore vu Llewyn Davis). Dans le film qui nous occupe, il incarne une sorte de mélange glauquissime de geek et de hipster mégalomane: son intérêt est d'être flippant pour le héros et pour le spectateur, ce qui fonctionne plutôt pas mal, mais il accentue trop vite ce côté malsain dès le départ et laisse finalement peu de place à une forme d'ambiguïté qui aurait pu ajouter d'autres dimensions à son personnage. Il y a bien quelques émotions à la fin mais ça arrive assez tard et ce n'est pas forcément très convaincant... Je reste donc une fois de plus sur ma faim. Sonoya Mizuno a quant à elle un joli corps je suppose, mais c'est à peu près tout ce qu'on lui demande, dans le rôle le plus misogyne du film.

A la réflexion, Ex Machina reste une bonne expérience alors que ce n'est pas a priori mon style de cinéma. Mais je sens fortement qu'une fois l'effet de découverte éventé, je risque de trouver le rythme vraiment trop long lors d'une seconde tentative, dans une histoire où les personnages me touchent peu. Le film est néanmoins une incontestable réussite qui lui vaut bien un 7, et la découverte est vraiment plaisante.

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