vendredi 19 août 2016

The Green Years (1946)


Je ne suis pas le plus grand admirateur des histoires de type "coming-of-age", où l'on suit le parcours d'un orphelin jusqu'à l'âge adulte, afin de voir comment il triomphera de l'adversité pour devenir médecin ou écrivain reconnu. Ça donne souvent lieu à des scénarios d'une banalité exaspérante ou à des choix de casting peu inspirants, loin de mes héroïnes de prédilection, charismatiques, tragiques ou complètement cinglées. Cependant, toutes vertes soient elles, les plus belles années de la vie d'Archibald Cronin ont donné lieu à un bon film, dirigé avec élégance par Victor Saville, et interprété par Tom Drake, Charles Coburn et Hume Cronyn.

Outre la similarité des titres verdoyants, The Green Years ressemble fortement à How Green Was My Valley: ça se passe dans la périphérie des îles britanniques (Ecosse ou Pays de Galles), et l'on retrouve exactement le motif des premiers jours à l'école, où le jeune héros se fait massacrer par toute sa classe avant que sa famille ne lui apprenne à se défendre. Après, les histoires diffèrent grandement: il n'y a pas de critique sociale dans The Green Years, et l'on se recentre sur les thèmes de l'amour et des études, pour savoir si le héros réussira le concours de médecine, et s'il gagnera le cœur de son amie d'enfance. On reste dans la banalité en quelque sorte, à tel point qu'on se demande si deux heures ne sont pas un peu longues pour une histoire aussi simple. La principale source de conflit, le grand-père froid qui traite durement le petit-fils qu'il a dû recueillir, est d'ailleurs rapidement rejetée puisque Hume Cronyn disparaît très vite à l'arrière-plan, si bien que le jeune Robert parcourt le film en compagnie de gentils adjuvants prêts à l'aider au moindre problème: son arrière-grand-père super sympa, sa copine d'école assez accommodante, et son instituteur qui l'aide face aux autres élèves. On suit pourtant le film sans déplaisir, mais ce n'est pas un genre qui me touche.

Le plaisir est en fait renforcé par la mise en scène. L'ambiance villageoise est notamment chaleureuse à souhait, avec ces petites maisons bien alignées, ces murets de pierre, ces vues de lac ou encore la fête traditionnelle dans les champs, avec pour seul bémol l'usage obligatoire d'insupportables cornemuses. Mais le clou du spectacle reste indéniablement la photographie de George Folsey: les plans sur les lanternes dans les rues sont magnifiques, la rencontre entre le héros et son arrière-grand-père est poignante parce que filmée entre les barreaux d'un vieux lit, la façon d'avoir toujours une roue de charrette dans le cadre des scènes urbaines enrichit considérablement l'image, et l'on retiendra encore les plans larges sur les étudiants dans une salle dominée par de vastes fenêtres en verre poli, la manière dont l'ombre de l'instituteur domine la scène lors d'un dialogue avec la famille, ou encore la séquence ferroviaire, impressionnante par son contraste de nuit noire et de fumée blanche. A vrai dire, même les plans où la fiancée chante sont d'une richesse exemplaire, de quoi corser considérablement le jeu pour la rubrique de la meilleure photographie de l'année: je ne sais plus où donner de la tête avec au moins huit films en compétition.

Pour finir, l'interprétation est très correcte. Tom Drake n'est peut-être pas l'acteur le plus charismatique du monde, mais sa réserve juvénile sert bien ce héros timide et gentil; Charles Coburn est quant à lui égal à lui-même en arrière-grand-père farceur d'une inébranlable sympathie, avec en prime une barbe en broussaille qui accentue le comique du personnage; tandis que Hume Cronyn n'a pas le temps de marquer les esprits en grand-père austère, puisqu'il disparaît sans aucune raison en moins de cinq minutes. La grande surprise vient en fait de Gladys Cooper, qui d'assez sèche au départ se transforme en arrière-grand-mère au grand cœur qui se lance... dans un strip-tease torride à mesure qu'elle enlève ces cinquante jupons de vieille dame encore ancrée dans le XIXe siècle! Dans le rôle de l'amie fidèle, Beverly Tyler est lumineuse à souhait, quoique pas complexe pour deux sous.

Décidément, je n'ai pas grand chose à reprocher à ces vertes années: ça ne me touche pas, mais ça reste un film élégant et chaleureux, embelli par une photographie très haut de gamme. Rien ne m'empêche d'aller jusqu'à un petit 7/10 même si c'est loin d'être l’œuvre la plus mémorable de l'année.

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